McCORMICK, ROBERT, chirurgien de marine, explorateur de l’Arctique et naturaliste, né le 22 juillet 1800 à Runham, près de Great Yarmouth, Angleterre, fils unique de Robert McCormick, de la marine royale, décédé le 25 octobre 1890 à Wimbledon, Angleterre.

Robert McCormick passa son enfance près de Great Yarmouth et fut instruit par sa mère et ses sœurs. Son père, chirurgien de marine, l’avait encouragé à devenir officier de pont, mais il perdit la vie dans le naufrage du Defense en décembre 1817, laissant son jeune fils dépourvu de l’influence et des moyens nécessaires pour y parvenir. En 1821, Robert McCormick décida d’embrasser la carrière de chirurgien dans la marine royale. Accepté comme apprenti par le célèbre sir Astley Paston Cooper, originaire du Norfolk, il étudia à Londres dans les hôpitaux Guy et St Thomas, puis il devint membre du Royal College of Surgeons le 6 décembre 1822. L’année suivante, il fut affecté au vaisseau amiral Queen Charlotte en qualité de chirurgien auxiliaire.

La première mission de McCormick le conduisit dans les Caraïbes où il servit jusqu’en 1825 ; il attrapa alors la fièvre jaune et fut renvoyé chez lui pour cause de maladie. Il remplit ensuite les fonctions de médecin sanitaire dans des stations côtières durant deux ans. McCormick fit son premier voyage dans l’Arctique en 1827, accompagnant William Edward Parry* à l’archipel du Spitzberg à bord du Hecla, sans se joindre, cependant, au convoi de traîneaux que l’explorateur mena sans succès vers le Pôle. Il joua un rôle important dans l’expédition, gardant l’équipage en santé et étudiant les plantes, les animaux et la géologie de l’archipel. À la suite de ce voyage, il fut promu au rang de chirurgien le 27 novembre 1827.

Après une année en demi-solde, on affecta McCormick au Hyacinth qui naviguait dans les Caraïbes, mais on le renvoya de nouveau pour cause de maladie en 1830, au moment où il se trouvait au Brésil, à Rio de Janeiro. Envoyé une nouvelle fois en mission dans les Caraïbes, il subit une autre attaque de fièvre jaune et dut retourner chez lui en 1834. Il demeura en disponibilité pendant les quatre années suivantes, excepté un mois passé à bord du Terror qui dégageait les baleiniers pris dans les glaces.

En 1839, McCormick obtint d’être nommé chirurgien et zoologiste à bord du Terror que James Clark Ross* devait mener dans l’Antarctique. En mer de septembre 1839 à septembre 1843, l’expédition permit d’accomplir des travaux scientifiques importants et variés dans l’Antarctique, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Ce n’est pourtant pas à McCormick que l’on confia l’étude des nombreux échantillons zoologiques recueillis ; le travail n’ayant pas encore été fait quelque temps après le voyage, l’Amirauté ordonna que John Edward Gray et sir John Richardson* en prennent la responsabilité. McCormick n’avait apparemment pas l’énergie, ni l’habileté, ni la compétence scientifique qu’il fallait pour venir à bout de collections de cette envergure. On lui témoigna cependant une certaine considération en 1844 en l’élisant fellow honoraire du Royal College of Surgeons. L’année suivante, avec sa nomination comme chirurgien du yacht William and Mary, il pensait tenir un poste permanent. Mais à son grand regret, on modifia cette décision et il fut affecté au Woolwich Dockyard, situé à l’est de Londres. Même à ce poste, il connut une déception : on le remplaça en 1849.

Soutenant l’idée d’entreprendre des recherches en vue de retrouver sir John Franklin*, McCormick fut l’un des premiers qui, à cette fin, soumirent des projets détaillés à l’Amirauté et à la chambre des Communes. Il proposa d’utiliser de petites embarcations et des traîneaux pour explorer le détroit de Wellington et descendre ensuite à la péninsule de Boothia et à la terre du Roi-Guillaume. Ses suggestions, fondées sur l’expérience qu’il avait acquise dans l’Arctique et dans l’Antarctique, n’avaient aucun caractère officiel, car elles venaient d’un chirurgien de marine plutôt que d’un officier de carrière, et elles furent rejetées. (Francis Leopold McClintock* allait montrer plus tard qu’elles s’avéraient judicieuses.)

En 1851, toutefois, McCormick fut nommé au poste de chirurgien sur le North Star qui faisait partie de l’escadre de recherche dirigée par sir Edward Belcher* ; en février 1852, William John Samuel Pullen fut nommé commandant du navire. McCormick vit enfin se réaliser l’ambition de toute sa vie : au cours de cette expédition, il prit la tête d’une équipe de chercheurs en qualité d’officier commandant. En août et en septembre 1852, il explora le détroit de Wellington, parcourant 240 milles terrestres dans un bateau nommé Forlorn Hope. Il n’aperçut aucune trace des navires de Franklin, l’Erebus et le Terror, mais il dressa la carte de la rive est du détroit et il put établir qu’il existait probablement un passage entre la baie Baring et le détroit de Jones, démontrant, à toutes fins utiles, que, de l’île Beechey, l’expédition de Franklin s’était rendue plus à l’ouest.

McCormick reçut la médaille de l’Arctique en 1857. Deux ans plus tard, il devint sous-inspecteur général ; ce fut là sa dernière promotion. On l’inscrivit sur la liste de retraite en 1865, et, en 1876, il obtint du Greenwich Hospital une pension de £80 par année, grâce aux bons offices de son ami, le directeur général du corps médical de cet établissement, sir Alexander Armstrong*, lui-même un vieux routier des régions arctiques. En 1884, McCormick fit paraître un ouvrage intitulé Voyages of discovery in the Arctic and Antarctic seas, and round the world [...]. Malgré d’excellentes illustrations, des connaissances solides et une narration intéressante, l’œuvre arriva trop tard pour éveiller une grande curiosité, car la plupart des renseignements fournis étaient déjà bien connus et les événements rapportés, trop anciens pour susciter l’enthousiasme.

McCormick passa les 20 dernières années de sa vie dans une relative obscurité. Il n’avait pas réussi à se hisser au sommet du service médical de la marine, ni à devenir un biologiste de renom. Il se montra un explorateur endurant et compétent, mais il n’eut guère l’occasion de prendre une part active aux expéditions, sauf peut-être à celle du North Star. Ses difficultés avec l’Amirauté s’expliquent, a-t-on dit, par un manque de tact et une attitude fortement individualiste qui l’empêchèrent maintes fois de s’entendre avec les directeurs généraux du service de santé de son époque et en particulier avec sir William Burnett. Parce qu’il avait attrapé la fièvre jaune et qu’il n’aimait pas les navires légers, il cherchait à éviter d’être nommé dans les Caraïbes, allant même jusqu’à l’insubordination. Toutefois, ces aspects de son caractère n’expliquent pas son insuccès dans le domaine scientifique. McCormick était en bons termes avec beaucoup de scientifiques influents de son temps, y compris sir John Barrow, sir Joseph Dalton Hooker et sir Charles Lyell, et il eut l’occasion de se faire un nom. Cependant, il lui manquait la volonté, la patience et le savoir qui, ces années-là, permirent à des hommes comme Hooker et Francis Beaufort de faire des carrières remarquables.

Le nom de McCormick fut donné à plusieurs sites : on trouve dans l’Antarctique le cap McCormick, ainsi baptisé par Ross, dans l’Arctique, la baie McCormick, baptisée par Beaufort, et l’inlet McCormick, par McClintock ; une vallée dans le nord-ouest du Groenland porte également son nom. En 1853, McCormick avait eu la fierté de voir Stephen Pearce peindre son portrait dans une série de tableaux représentant les commandants qui partirent à la recherche de l’expédition de Franklin, ce qui lui était apparu comme l’annonce d’un brillant avenir. Mais, à la vérité, le Forlorn Hope fut le premier et le seul navire dont il eut le commandement.

Robert E. Johnson

Robert McCormick est l’auteur de Narrative of a boat expedition up the Wellington Channel in the year 1852 [...] (Londres, 1854) ; et de Voyages of discovery in the Arctic and Antarctic seas, and round the world [...] (2 vol., Londres, 1884).

PRO, ADM 11/104.— H. Berkeley, « Naval biography : Deputy Inspector-General Robert McCormick, R.N., F.R.G.S. », Illustrated Naval and Military Magazine (Londres), nouv. sér., 1 (1889) : 607–611.— Frederic Boase, Modern English biography [...] (6 vol., Truro, Angl., 1892–1921 ; réimpr., Londres, 1965), II : 576.— DNB.— [V. G.] Plarr, Plarr’s lives of the fellows of the Royal College of Surgeons of England, D’Arcy Power et al., édit. (2 vol., Bristol, Angl., et Londres, 1930), I : 100.— Arctic Pilot (Londres), III (5e éd., 1959) : 295, 575, 595, 631.— J. J. Keevil, « Robert McCormick, R.N., the stormy petrel of naval medicine », Royal Naval Medical Service, Journal (Londres), 29 (1943) : 36–62.

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Robert E. Johnson, « McCORMICK, ROBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 12 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mccormick_robert_11F.html.

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Auteur de l'article:    Robert E. Johnson
Titre de l'article:    McCORMICK, ROBERT
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 11
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1982
Année de la révision:    1982
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