MECHTLER, GUILLAUME-JOSEPH (William), musicien, professeur de musique, officier de milice et fonctionnaire, baptisé le 24 juillet 1764 à Bruxelles, fils de Pierre-Paul Mechtler et de Marie-Madeleine Moreau ; le 17 juin 1793, il épousa à Montréal Marie-Anne-Angélique Landriève ; décédé le 13 février 1833 au même endroit.

Guillaume-Joseph Mechtler arriva peut-être dans la province de Québec avec une troupe de théâtre. En avril 1787, il dut retarder le paiement d’une dette en souffrance à l’homme d’affaires et compositeur montréalais Joseph Quesnel*, parce que le maigre revenu de £2 environ par semaine qu’il gagnait avec une troupe de comédiens était saisi dès qu’il le recevait afin de rembourser d’autres dettes. En juillet, Mechtler annonça dans la Gazette de Québec qu’il avait « complètement quitté le théâtre » et qu’« il a[vait] l’intention de s’installer dans cette ville, où il se propos[ait] d’enseigner le violon et le clavecin ». En novembre, sa situation financière ne s’était pas améliorée.

C’est peut-être parce qu’il ne pouvait gagner convenablement sa vie à Québec que Mechtler décida d’aller s’établir à Montréal. En septembre 1789, il fit paraître une annonce dans la Gazette de Montréal, où il disait qu’il s’était installé dans cette ville comme professeur de musique et qu’il comptait donner des cours de « piano-forte, clavecin et violon ». En 1790, il enseigna le violon à Frederick William Ermatinger ; ses honoraires s’élevèrent à 15s en février, puis à 20s les mois suivants. C’est probablement lui qui enseigna la musique à Rachel-Charlotte Frobisher, fille de l’homme d’affaires montréalais Joseph Frobisher* ; le cahier de musique manuscrit de la jeune fille indique que « Mr. M. » avait commencé à donner ses leçons le 3 avril 1793.

En juillet 1791, Mechtler avait été nommé organiste à la Christ Church, moyennant un salaire de £20 par année. Un an plus tard, il devint organiste à l’église Notre-Dame avec Jean-Louis Foureur, dit Champagne. Son salaire était à peu près équivalent à celui qu’il recevait à la Christ Church ; en 1800, il demanda à la fabrique de Notre-Dame une augmentation de £10. Un certain Mechtler interpréta un concerto pour piano de Leopold Antonín Koželuh à Philadelphie en janvier 1795 et joua de la harpe dans cette ville en avril. Il est douteux qu’un organiste montréalais ait pu s’absenter de son poste pour une période aussi longue ; le musicien de Philadelphie était peut-être apparenté à Guillaume-Joseph Mechtler. De même, il est peu probable que la dame Mechtler qui chanta à Halifax, à New York (où l’on écrivit qu’elle était « récemment venue d’Angleterre ») et à Boston au début des années 1790 ait été la femme de Guillaume-Joseph. Par ailleurs, on peut raisonnablement supposer que le dénommé Mechtler qui exécuta un concerto pour piano à Montréal, le 14 septembre 1796, était Guillaume-Joseph. En plus de jouer, Mechtler composait ; en 1811, il reçut £48 pour des œuvres de sa composition, vraisemblablement écrites pour l’église Notre-Dame.

Les honoraires que touchait Mechtler comme organiste à Notre-Dame, professeur de musique, interprète et compositeur étaient de toute évidence insuffisants pour vivre. Pour arrondir son revenu, il exerça au moins une autre fonction, celle d’ « inspecteur du marché ait foin et étampeur des poids et mesures », poste qu’il occupa de 1809, au moins, jusqu’à sa mort. Il s’était apparemment enrôlé dans la milice de Montréal peu après son arrivée dans cette ville et, en 1813, il était quartier-maître du 5e bataillon de la milice d’élite incorporée, que l’on réorganisa en 1814 pour en faire les Chasseurs canadiens.

Pendant une certaine période à partir de l’été de 1814, Mechtler s’absenta de son poste d’organiste à l’église Notre-Dame, probablement pour s’acquitter de ses fonctions militaires. La fabrique de Notre-Dame ne put trouver un catholique capable de le remplacer, et Mgr Joseph-Octave Plessis autorisa l’engagement d’un protestant (S. Brewer). Comme la musique d’orgue durant la messe avait beaucoup d’importance pour les Canadiens, on craignait en effet que certains aillent assister aux offices protestants pour entendre cet instrument. Les sulpiciens, qui desservaient cette paroisse, contestèrent vivement la décision de Mgr Plessis et, en septembre, on présenta l’affaire devant la Propagande à Rome pour qu’elle prenne une décision ; elle donna raison à Plessis en 1820. Entre-temps, Mechtler avait quitté les Chasseurs canadiens en février 1815 et avait signé un nouveau contrat comme organiste en juillet. Il recevait alors un salaire de £60 par an, lequel comprenait la rétribution du souffleur.

Guillaume-Joseph Mechtler réintégra les rangs de la milice sédentaire en 1815 comme capitaine dans le 2e bataillon de milice de la ville de Montréal, unité composée de Canadiens. Il fut promu major vers 1821 et conserva ce grade jusqu’en 1830. Cette année-là, il offrit de démissionner avec le grade de lieutenant-colonel car, en vertu d’une nouvelle loi sur la milice, il ne remplissait plus les conditions requises pour être officier. Mechtler ne fut peut-être pas continuellement harcelé par des soucis financiers, mais il connut encore des temps difficiles vers la fin de 1820. Le shérif de Montréal procéda alors à la saisie de 200 acres de terre qui lui appartenaient dans le canton de Hinchinbrook, à la requête d’une société montréalaise, la J. J. and L. Henshaw. Mechtler semble avoir beaucoup exercé son travail et sa profession de musicien parmi la population britannique. Les annonces qu’il fit paraître en 1787 et 1789 furent rédigées en anglais seulement, bien que la Gazette de Québec et la Gazette de Montréal aient été des journaux bilingues. Il se fit appeler Guillaume-Joseph jusqu’au début des années 1800 au moins. Toutefois, en 1799, il signa William Mechtler dans une annonce publiée en anglais et, en 1813, il signait ainsi même les lettres qu’il écrivait en français. Il garda cependant des liens étroits avec la collectivité canadienne grâce à ses fonctions dans la milice et son poste d’organiste de l’église Notre-Dame, qu’il occupait encore peu de temps avant sa mort.

Helmut Kallmann

ANQ-M, CN1-121, 23 juill. 1792.— AP, Notre-Dame de Montréal, Reg. des baptêmes, mariages et sépultures, 17 juin 1793, 15 févr. 1833 ; Reg. des délibérations du conseil de la fabrique, 22 juill. 1792.— APC, MG 19, A2, sér. 3, 31 : 71.— Arch. de l’Hôpital Général de Québec, R.-C. Frobisher, « Chants, textes anglais ou français ».— Arch. municipales, Bruxelles (Belgique), État civil, Sainte-Gudule, 24 juill. 1764.— AUM, P58, U, Mechtler à Quesnel, 24 avril, 22 nov. 1787 ; Mechtler à Guy, 4, 16 oct., 16 nov. 1813, 1er juin 1830.— La Gazette de Montréal, 3 sept. 1789.— La Gazette de Québec, 12 juill. 1787, 25 juill. 1799, 16 févr. 1815, 16 nov. 1820, 22 févr. 1821.— Almanach de Québec, 1810–1827.— Encyclopédie de la musique au Canada, Helmut Kallmann et al., édit. (Montréal, 1983), 75, 612.— Willy Amtmann, la Musique au Québec, 1600–1875, Michelle Pharand, trad. (Montréal, 1976), 296–297, 300–301.— Helmut Kallmann, A history of music in Canada, 1534–1914 (Toronto et Londres, 1960), 84.— O. G.[T] Sonneck, Early concert-life in America (1731–1800) (Leipzig, République démocratique allemande, 1907), 141–142, 190, 292.— « An account of Christ’s Church in the city of Montreal, province of Lower-Canada », Canadian Magazine and Literary Repository (Montréal), 4 (janv.–juin 1825) : 217–224.— Cécile Huot, « Musiciens belges au Québec », Les Cahiers canadiens de musique (Montréal), 8 (1974) : 69–71.— Helmut Kallmann, « From the archives : the Montreal Gazette on music from 1786 to 1797 », Canadian Music Journal (Toronto), 6, no 3 (été 1962) : 7–8.— O.[-M.-H.] Lapalice, « les Organistes et Maîtres de musique à Notre-Dame de Montréal », BRH, 25 (1919) : 245–246.— « Souvenirs artistiques de Notre-Dame de Montréal », Le Canada musical (Montréal), 7 (1880) : 135.

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Helmut Kallmann, « MECHTLER, GUILLAUME-JOSEPH (William) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 8 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mechtler_guillaume_joseph_6F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
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