PARENT, AMAND (baptisé François-Amant), journalier et ministre de l’Église méthodiste, né le 14 juillet 1818 à Québec, fils de Pierre Parent, charpentier, et de Marguerite Le François ; décédé le 18 février 1907 à Troy, New York.

Les parents d’Amand Parent s’installèrent non loin de Saint-Hyacinthe, au Bas-Canada, quand il n’avait que quatre ans. À la mort de son père en 1834, Parent dut aider sa mère, laissée seule avec six enfants, et il s’engagea auprès d’un forgeron où il poursuivit son apprentissage jusqu’à l’éclatement de l’insurrection de 1837. Partisan de la cause patriote, il était présent à Saint-Charles-sur-Richelieu le 25 novembre. À la suite de la défaite des patriotes, il se réfugia aux États-Unis et s’installa à Hinsdale, au Massachusetts. Il y travailla d’abord comme journalier, puis offrit ses services à un monsieur Lyman, forgeron et missionnaire méthodiste. Sous l’influence de ce dernier, Parent se convertit au méthodisme en 1840. Dès lors, il forma le projet de consacrer sa vie à la conversion de ses compatriotes.

Parent revint au Bas-Canada en 1843 et, après avoir rencontré Henriette Feller [Odin*], il accepta de prendre charge de la mission presbytérienne de Berée, rattachée à la mission de Mme Feller à Grande-Ligne. Il travailla aussi pour la mission baptiste, au même endroit, et y rencontra sa première femme, Hortense Brissette. Sa vocation de missionnaire le porta ensuite à Farnham-Ouest, à Ball’s Corner et à Roxton Pond où il prêcha la doctrine méthodiste en français.

En 1856, Parent se rendit à Clarenceville, où se tenait l’assemblée régionale de l’Église méthodiste wesleyenne en Canada, dans le but de se présenter comme pasteur. Après avoir été examiné, il fut recommandé à la Conférence de l’Église méthodiste wesleyenne, qui l’admit à l’essai. Il fut immédiatement envoyé à Roxton Pond, où il établit la première classe d’instruction méthodiste offerte aux Canadiens français dans leur langue. En 1858, la Conférence lui confia la charge de la congrégation de Saint-Armand-Ouest et, pendant plusieurs années, il desservit aussi celles de Dunham et Bedford. Sa femme mourut le 23 janvier 1860 lui laissant cinq enfants ; peu après, il épousa Maria Stewart, de Saint-Armand-Ouest. En 1860, Parent devint aussi le premier Canadien français à être ordonné par l’Église méthodiste wesleyenne. Tout en conservant ses responsabilités à Saint-Armand-Ouest, il dut également s’occuper de la congrégation de Saint-Pie après 1866.

En 1870, Parent se rendit à l’assemblée de la Conférence de l’Église méthodiste wesleyenne en Canada tenue à Hamilton, en Ontario. Il fit alors un bref séjour au village de Bayfield, puis la conférence le nomma missionnaire auprès des Amérindiens d’Oka (Kanesatake, Québec). À l’exception d’une année qu’il passa à Lacolle en 1872–1873, Parent œuvra à la mission d’Oka, qui comptait surtout des Iroquois (Mohawks) et des Algonquins, jusqu’en 1879. Sa présence donna un appui important aux Amérindiens protestants, surtout des Iroquois, qui, sous la direction de leur chef Joseph Onasakenrat*, revendiquaient le libre exercice de leur culte et les droits de propriété de la seigneurie du Lac-des-Deux-Montagnes, accordée aux sulpiciens en 1718 afin qu’ils puissent s’y établir avec les convertis dont ils avaient la charge. Depuis 1787, les Iroquois tentaient, mais sans succès, de faire reconnaître leurs droits sur la seigneurie ; en 1875, le gouvernement fédéral chercha à régler le conflit en les déplaçant. Cette année-là, Parent participa à une mission qui se rendit jusque dans la région de la rivière Mattawa, en Ontario, dans le but de leur trouver une réserve. Les Iroquois préférèrent toutefois demeurer sur leur territoire ancestral. Les sulpiciens cherchèrent alors à réprimer la pratique du protestantisme à Oka en s’adressant aux tribunaux. Ils obtinrent une réquisition ordonnant la démolition de la chapelle méthodiste que Parent et Onasakenrat avaient fait construire, ce qui fut exécuté par des agents de la cour le 8 décembre 1875. L’affaire fut portée à l’attention générale grâce aux articles du Montreal Witness. À la suite de cet événement, l’église des sulpiciens fut incendiée le 15 juin 1877, acte pour lequel certains Iroquois d’Oka furent traduits en justice. Le procès, où Parent fut appelé à témoigner, attira de nouveau l’attention de la presse. À travers tous ces incidents, Parent demeura le défenseur acharné des Amérindiens protestants d’Oka qu’il affirma avoir été les victimes de l’exploitation et de la persécution des sulpiciens ainsi que de la hiérarchie catholique de Québec.

En 1879, la Conférence générale de l’Église méthodiste du Canada releva Parent de sa charge à Oka et le nomma au district de Waterloo, dans les Cantons-de-l’Est. Deux ans plus tard, il retourna à Roxton Pond, où il semble avoir terminé sa carrière de pasteur. En 1887, il publia son autobiographie, The life of Rev. Amand Parent, the first French-Canadian ordained by the Methodist Church [...], dans laquelle il décrit sa conversion au méthodisme et les obstacles qu’il rencontra en tentant de prêcher auprès des Canadiens français. Particulièrement sévère envers le clergé catholique de sa province natale, Parent affirme dans son livre que le catholicisme avait plongé les Canadiens français dans l’ignorance. Fidèle en tous points aux critiques des protestants anglophones de l’époque dans sa condamnation du catholicisme canadien-français, il ne manque pas de souligner l’intolérance et l’isolement culturel qu’entraînèrent sa conversion et son zèle missionnaire. Ce sont d’ailleurs des thèmes auxquels il revient souvent dans son autobiographie. Se sentant lui-même persécuté, il s’identifia facilement à la cause des Iroquois d’Oka, qui l’acceptèrent comme un des leurs.

Amand Parent semble avoir passé ses dernières années à Waterloo, puis près de la baie Missisquoi. Il mourut lors d’un voyage aux États-Unis en 1907 et fut inhumé dans le cimetière méthodiste de Philipsburg, au Québec.

Louis-Georges Harvey

La majeure partie des renseignements sur la vie d’Amand Parent ont été puisés dans son autobiographie, The life of Rev. Amand Parent, the first French-Canadian ordained by the Methodist Church [...] (Toronto et Montréal, 1887).

AC, Bedford (Cowansville), État civil, Méthodistes, Philipsburg Methodist Church, 20 févr. 1907.— ANQ-E, CE2-87, 25 janv., 4 juin 1860, 23 avril 1863.— ANQ-Q, CE1-1, 15 juill. 1818.— Waterloo Advertiser (Waterloo, Québec), 22 févr. 1907.— Cornish, Cyclopædia of Methodism.— Paul Villard, Up to the light ; the story of French Protestantism in Canada (Toronto, 1928), 9–35.

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Louis-Georges Harvey, « PARENT, AMAND (baptisé François-Amant) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/parent_amand_13F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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