PÉREZ HERNÁNDEZ, JUAN JOSEF, officier de marine et explorateur, né vers 1725 à Majorque (Espagne), mort en mer, au large de la Californie, le 2 novembre 1775.

On connaît peu la carrière de Juan Josef Pérez Hernández avant 1767. Cette année-là, il entra au département de San Blas (état de Nayarit, Mexique), quartier général de l’administration des postes de la côte oeust de la Nouvelle-Espagne situés au nord de San Blas. Pilote diplômé, il avait servi sur la route des galions de Manille ; on le jugea suffisamment important pour être admis dans la junte convoquée à San Blas, en 1768, par le visitador José de Gálvez. La junte, en réponse aux rapports relatifs à l’expansion des Russes vers l’est à partir des Aléoutiennes (Alaska), projetait de coloniser l’Alta California (actuel état de Californie). En février 1769, Pérez, au commandement du « paquebot » Principe, transporta un des premiers groupes de colons à San Diego et à Monterey, et, les années suivantes, il commanda des navires qui approvisionnèrent les nouveaux établissements. Bien qu’il ne fût qu’enseigne de frégate, Pérez fut, en 1774, choisi par Antonio Maria Bucareli y Ursûa, vice-roi de la Nouvelle-Espagne, pour diriger une expédition chargée de vérifier la direction du littoral au nord de l’Alta California et de reconnaître l’activité des Russes. Le commandement de l’expédition aurait dû incomber à un officier plus haut en grade que Pérez, mais à ce moment-là personne dans le département – l’une des bases les plus insalubres et les moins prisées de l’Amérique espagnole – n’avait préséance sur lui.

À bord de la frégate Santiago, Pérez fit voile de San Blas le 25 janvier et relâcha à San Diego et à Monterey. Il quitta ce dernier port en juin 1774, avec ordre de se rendre au moins au 60° de latitude nord, de prendre officiellement possession des terres situées au sud de ce point, de reconnaître les établissements étrangers, quels qu’ils fussent, et de se renseigner sur les Indiens de la côte. Après avoir navigué en direction nord-oeust, puis en direction nord, Pérez aperçut une terre près de l’actuelle frontière du Canada et de l’Alaska, le 15 juillet. Le lendemain, au large de l’extrémité nord de ce qu’on appelle aujourd’hui les îles de la Reine-Charlotte, Colombie-Britannique, les membres de l’expédition rencontrèrent des Haïdas et leur firent comprendre qu’ils étaient prêts à troquer des fourrures contre de l’étoffe, des perles de verroterie et des morceaux de cuivre. Pérez poursuivit sa route vers le nord, atteignant 55° 30’ de latitude nord le 30 juillet, mais il fut découragé d’aller plus loin par les vents défavorables, le brouillard, les courants et de redoutables vagues. Faisant voile au sud le long de ce qu’il croyait être le continent, et qui était en fait l’île de Vancouver, Pérez découvrit, le 8 août, une ouverture qu’il appela Surgidero de San Lorenzo (baie de Nootka). Le lendemain son équipage trafiqua avec les Nootkas et leur fit présent de coquillages « abalone » de la Californie. Les Nootkas volèrent à Esteban José Martínez, l’officier de pont en second du navire, plusieurs cuillers d’argent que des membres de l’expédition du capitaine Cook devaient citer, quatre ans plus tard, comme preuve d’une présence antérieure des Espagnols dans cette région. Empêché par des vents contraires d’entrer dans la baie ou d’envoyer des hommes à terre, Pérez continua sa route au sud. Il ne vit qu’occasionnellement, par la suite, le littoral environné de brouillards. Le Santiago passa près de l’entrée du détroit de Juan de Fuca ; Martinez affirma plus tard en avoir indiqué l’ouverture à son commandant, mais Pérez aurait hésité à l’explorer. Ils virent une grande montagne, qu’ils nommèrent Sierra Nevada de Santa Rosalia (mont Olympus, Washington), et aperçurent la fumée de nombreux villages indiens. Le Santiago, dont l’équipage souffrait du scorbut, fit voile au sud, en direction de San Blas, sans faire aucune autre découverte notable.

Les résultats du premier voyage d’Européens sur la côte de l’actuelle Colombie-Britannique, dont on possède un compte rendu écrit, furent maigres. Pérez n’avait pas posé les gestes officiels de prise de possession nécessaires à l’Espagne pour qu’elle puisse revendiquer la souveraineté sur la côte nord-oeust de l’Amérique du Nord et il n’avait même pas mené une reconnaissance détaillée du littoral. L’expédition, néanmoins, fit croire aux fonctionnaires espagnols que l’Espagne avait un droit de découverte sur la baie de Nootka. Aujourd’hui les journaux de Pérez, de Martinez et des franciscains Juan Crespi et Tomás de la Peña Saravia sont appréciés pour leurs données ethnographiques sur les coutumes et la vie des Nootkas au moment où ils rencontrèrent les Blancs.

Déçu de l’échec de l’expédition, Bucareli donna à Pérez l’ordre de préparer un autre voyage au nord pour la saison suivante. Entre-temps arriva à San Blas un contingent de jeunes officiers de marine compétents, envoyés par Madrid expressément pour faire obstacle à la menace des empiétements russes sur la côte nord-oeust. Bruno de Hezeta reçut le commandement de l’expédition de 1775, et Pérez fut relégué au rang d’officier de pont en second sur le vaisseau amiral, le Santiago. Son nom apparaît rarement dans le récit des événements. Ces deux voyages altérèrent sa santé, d’autant que dans l’un et l’autre voyage la nourriture était de si piètre qualité que la plus grande partie des équipages furent atteints du scorbut avant le retour dans les ports de l’Alta California. Malgré deux mois de repos à Monterey, Pérez mourut peu après s’être embarqué pour San Blas à bord du Santiago. Il fut enseveli en mer, après qu’une messe eut été célébrée ; on lui fit l’honneur d’une mousqueterie et d’une canonnade.

Warren L. Cook

Archivo General de la Nación (Mexico City), Sección de Historia, vol. 61, exp.14, Diario de la navegación y exploración del piloto segundo don Esteban José Martíinez – 17 déc. 1774 ; Juan Pérez, Diario (1774).— Juan Crespi, Diario ; Tomás de la Peña Saravia, Diario, The California coast a bilingual edition of documents from the Sutro collection, G. B. Griffin et D. C. Cutter, trad. et édit. (Norman, Okla., 1969), 203–278, 135–201.— Cook, Flood tide of empire, 52–56, 62–82, 121s.— M. E. Thurman, The naval department of San Blas ; New Spain’s bastion for Alla California and Nootka, 1767 to 1798 (Glendale, Calif., 1967), 78–80, 119–122, 125–140, 145s.— J. G. Caster, The last days of Don Juan Pérez, the Mallorcan mariner, Journal of the West (Los Angeles), II (1963) : 15–21.— D. C. Cutter, California, training ground for Spanish naval heroes, Calif. Hist. Soc., Quarterly (San Francisco), XL (1961) : 109–122.— R. F. Heizer, The introduction of Monterey shells to the Indians of the northwest coast, Pacific Northwest Quarterly (Seattle, Wash.), XXXI (1940) : 399–402.— F. W. Howay, The Spanish discovery of British Columbia in 1774, CHA Report, 1923, 49–55.— W. N. Sage, Spanish explorers of the British Columbia coast, CHR, XII (1931) : 390–406.

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Warren L. Cook, « PÉREZ HERNÁNDEZ, JUAN JOSEF », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 5 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/perez_hernandez_juan_josef_4F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1980
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