PÉRINAULT (Perrinault), JOSEPH, tailleur, trafiquant et marchand de fourrures, seigneur, fonctionnaire et homme politique, né le 8 octobre 1732 à Montréal, fils de Toussaint Périnau et de Marie-Joseph Cusson ; décédé le 31 janvier 1814 à Sault-au-Récollet (Montréal-Nord).
Joseph Périnault appartient à une famille arrivée en Nouvelle-France probablement vers 1680. Son grandpère, Jacques Périnau, maçon de son métier, avait épousé en secondes noces à Boucherville en 1688 la veuve d’un commerçant de pelleteries. Le couple avait eu huit enfants dont Toussaint, le père de Joseph. Celui-ci est le septième d’une famille de 13 enfants ; il exerce le métier de tailleur à Montréal jusqu’en 1764, mais il s’intéresse aussi au commerce des pelleteries. Déjà, en 1752, il s’était engagé à René de Couagne* pour aller faire la traite des fourrures. En 1765, prêt pour une action de plus grande envergure, il équipe son premier canot comptant quatre hommes à bord en direction de Michillimakinac (Mackinaw City, Michigan). En avril, associé au marchand montréalais Pierre Former, il se lie à deux autres marchands pour une expédition de traite et joue le rôle de résidant à Michillimakinac. Le 8 janvier 1766, veuf de Marie-Élisabeth Harel qu’il avait épousée le 14 novembre 1757, il se remarie à Montréal avec Élisabeth Guyon Desprez, âgée d’environ 26 ans, fille d’un important marchand de pelleteries.
En 1767, Périnault tente à nouveau sa chance seul dans le commerce des fourrures. Deux ans plus tard, il investit £400 pour équiper un canot manié par 8 hommes, puis, l’année suivante, £750 pour 2 canots et 14 engagés. De 1772 à 1774, ses investissements atteignent leur point culminant, se chiffrant à £1 500 annuellement, et les expéditions comprennent 3 ou 4 canots ayant de 25 à 32 hommes d’équipage. Mais, en 1775, ses engagements financiers ne s’élèvent qu’à £800, pour chuter à £150 deux ans plus tard. De son côté, après avoir engagé £4 550 dans la traite en 1774, son ancien associé Foretier, qui s’était lié à Jean Orillat*, procède à son plus gros investissement, soit £5 375, en 1777, l’année même où Périnault semble effectuer sa dernière participation directe à la traite. Il est possible que Périnault ait équipé des canots après 1777, mais sans qu’il ait lui-même pris part à l’expédition.
Après avoir investi directement dans le commerce des fourrures pendant une dizaine d’années, Périnault réduit son activité au cautionnement des expéditions d’autres trafiquants. En cela, l’évolution de sa carrière s’apparente, quoique d’une façon plus modeste, à celle de Foretier. De 1777 à 1786, Périnault verse, seul ou avec Maurice-Régis Blondeau et Gabriel Cotté*, des cautions d’une valeur totale de £5 000 servant à équiper au moins 8 canots manœuvrés par 69 engagés, tandis que Foretier garantit près de £10 000 entre 1777 et 1782.
Comme beaucoup de marchands de fourrures, Périnault s’intéresse à la propriété seigneuriale et foncière. Le 9 octobre 1765, il achète avec Foretier les trois quarts de la seigneurie de l’Île-Bizard ainsi que les trois quarts de l’arrière-fief de Closse situé en partie dans le faubourg Saint-Laurent ; le 28 octobre, les nouveaux acquéreurs s’entendent avec les sulpiciens, seigneurs éminents de l’île de Montréal, pour mettre l’arrière-fief en roture. Deux ans plus tard, Périnault vend sa part de ces deux propriétés à Foretier. À la fin de 1772 et au début de 1773, avec d’autres requérants dont Foretier et David Chabrand* Delisle, il soumet apparemment sans succès une demande d’octroi de terre de la couronne. Ayant acquis des sulpiciens un immense terrain au coût de £3 500 environ, Périnault et un autre trafiquant de fourrures, Jean-Baptiste-Amable Durocher, en donnent un petit morceau à la ville de Montréal en décembre 1803 pour l’établissement d’un marché public. Ce geste n’est toutefois pas entièrement gratuit, puisque la valeur de l’emplacement est susceptible de monter à la suite de la création d’un marché.
Pour ses affaires ou pour des raisons personnelles, Périnault est amené, comme la plupart des marchands, à traverser l’Atlantique à plusieurs reprises. Ainsi, en août 1782, il annonce son départ pour l’Europe et presse ses débiteurs de le rembourser. Il revient en juin 1784 en compagnie de Foretier. En 1790, il se trouve à Senlis en France où son fils Pierre-Joseph poursuit des études de théologie. Profitant de la présence de Périnault outre-mer, l’évêque de Québec, Mgr Hubert*, lui demande, en novembre 1790, de s’occuper de ses affaires temporelles en France et, en octobre de l’année suivante, il lui écrit là-bas pour le remercier des services ainsi rendus. À peine revenu dans la colonie, Périnault repart pour l’Angleterre en 1792, séjourne de nouveau en France, puis rentre au pays en juillet 1793.
Périnault est un homme d’un certain poids dans la communauté montréalaise. Marguillier de la paroisse Notre-Dame de Montréal, il est chargé à la fin de 1781 d’acheter un terrain au nom de la fabrique. En août, il avait été l’un des témoins au mariage de Pierre-Louis Panet avec l’une des filles du marchand Jean-Gabriel Cerré. En 1786 et 1787, son nom figure sur la liste des personnes consultées par un comité du Conseil législatif créé par le gouverneur, lord Dorchester [Guy Carleton], pour enquêter sur le commerce et la police dans la province [V. William Grant (1744–1805)]. De 1796 à 1800 au moins, Périnault est juge de paix du district de Montréal. En juin 1801, il est nommé parmi les commissaires montréalais chargés de l’entretien et du soin des aliénés et des enfants trouvés ; s’a commission est renouvelée en 1804. Deux ans auparavant, il avait été nommé au sein d’un comité formé pour encourager la culture du chanvre.
Favorable à une réforme constitutionnelle, Périnault avait fait partie du comité canadien créé à cette fin à Montréal en 1784, lequel comprenait, entre autres, le notaire Jean De Lisle et les marchands Foretier, Blondeau et Pierre Guy. Aussi n’est-il pas étonnant de le compter parmi les membres de l’Association fondée en 1794 pour appuyer le gouvernement britannique et de le voir siéger au sein du comité de direction de la section montréalaise chargé de recruter des adhérents, et même de le trouver à deux reprises au nombre des députés à la chambre d’Assemblée créée en vertu de l’Acte constitutionnel de 1791. En effet, de 1796 à 1800, il est l’un des représentants de la circonscription électorale de Huntingdon ; puis, de 1800 à 1804, avec James McGill, il représente celle de Montréal-Ouest. Au cours de son premier mandat, il vote à 11 reprises, tandis que pendant le second il ne prend part à aucun vote, éprouvant peut-être des difficultés à remplir ses fonctions à l’instar de beaucoup de députés non résidents de la ville de Québec qui ne reçoivent alors ni salaire ni indemnité.
Joseph Périnault se retire chez son fils, curé de la paroisse de La Visitation-de-la-Bienheureuse-Vierge-Marie, à Sault-au-Récollet, de 1806 à 1816. C’est là qu’il meurt le 31 janvier 1814, laissant à Pierre-Joseph une rente annuelle de £30.
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Fernand Ouellet, « PÉRINAULT (Perrinault), JOSEPH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 11 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/perinault_joseph_5F.html.
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Auteur de l'article: | Fernand Ouellet |
Titre de l'article: | PÉRINAULT (Perrinault), JOSEPH |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1983 |
Année de la révision: | 1983 |
Date de consultation: | 11 déc. 2024 |