DCB/DBC Mobile beta
+

Dans le cadre de l’accord de financement entre le Dictionnaire biographique du Canada et le Musée canadien de l’histoire, nous vous invitons à participer à un court sondage.

Je veux participer maintenant.

Je participerai plus tard.

Je ne veux pas participer.

J’ai déjà répondu au sondage

Nouvelles du DBC/DCB

Nouvelles biographies

Biographies modifiées

Biographie du jour

ROBINSON, ELIZA ARDEN – Volume XIII (1901-1910)

décédée le 19 mars 1906 à Victoria

La Confédération

Le gouvernement responsable

Sir John Alexander Macdonald

De la colonie de la Rivière-Rouge au Manitoba (1812–1870)

Sir Wilfrid Laurier

Sir George-Étienne Cartier

Sports et sportifs

Les fenians

Les femmes dans le DBC/DCB

Les conférences de Charlottetown et de Québec en 1864

Les textes introductifs du DBC/DCB

Les Acadiens

Module éducatif

La guerre de 1812

Les premiers ministres du Canada en temps de guerre

La Première Guerre mondiale

PERRAULT, CHARLES-NORBERT, médecin, chirurgien, officier de milice, juge de paix et fonctionnaire, né le 16 avril 1793 à Montréal, fils de Joseph-François Perrault* et d’Ursule Macarty ; décédé le 16 juin 1832 à Québec.

Charles-Norbert Perrault est le sixième d’une famille qui compta 10 ou peut-être même 12 enfants. Peu de temps avant sa naissance, son père se trouve dans une très mauvaise situation financière : « Plut à Dieu, écrit-il le 22 octobre 1792 à son oncle François Baby*, que j’en pusse avoir un [emploi] pour m’aider à nourrir ma nombreuse famille ! Sans profession, ni employ, je trouve le terris bien dur. » L’année 1795 voit la fin de ces difficultés, et les Perrault viennent s’établir à Québec où, cependant, Mme Perrault meurt en avril 1800.

Fils d’un homme dévoué à la cause de l’éducation, Charles-Norbert Perrault étudie au petit séminaire de Québec de 1806 à 1810, puis, en 1814, il se rend étudier la médecine et la chirurgie à Édimbourg. Durant son séjour outre-mer, il a l’occasion d’observer les progrès faits en Grande-Bretagne en matière de services de santé et d’assistance, d’échanger des idées et de former des projets. Ses entretiens avec son ami et compatriote Anthony von Iffland* s’avèrent particulièrement fructueux à cet égard.

Muni de son diplôme de docteur en médecine et fier d’avoir été reçu membre de la Royal Médical Society d’Édimbourg, Perrault revient au pays. Peu après, en juillet 1818, il obtient sa licence pour exercer la médecine dans le Bas-Canada. Avec Iffland, également de retour, Perrault met de l’avant un projet qui est cher aux deux jeunes docteurs : la fondation d’un « Dispensaire dans la Cité de Québec, à l’instar de ceux de l’Europe, pour le soulagement des Pauvres malades » où l’on donnerait aussi un enseignement médical. Le 1er septembre 1818, à l’occasion d’une assemblée tenue à Québec, Perrault prononce un long discours dans lequel il se fait l’avocat d’un tel établissement. Trois mois plus tard, le dispensaire de Québec voit officiellement le jour. Pendant à peine plus d’un an, plusieurs centaines de malades y sont soignés et des cours de médecine, de chirurgie, de physiologie, d’anatomie et d’obstétrique y sont donnés. Pourtant, malgré l’enthousiasme du départ et l’utilité indéniable de l’établissement, le dispensaire ferme ses portes en janvier 1820 faute de moyens financiers. En effet, une souscription publique a rapporté moins de £100 et aucune aide, en dépit de plusieurs demandes, n’a été accordée par la chambre d’Assemblée.

Le refus de l’Assemblée de soutenir l’initiative de Perrault et d’Iffland s’explique en partie par le fait que la Société de Québec des émigrés, fondée en juillet 1819 et chargée de secourir les immigrants, a sans doute contribué à diminuer le nombre de patients traités au dispensaire. Mais la cause première de leur échec réside dans le manque de soutien des gens en place envers leur entreprise. Initiative nouvelle dans la colonie, mise de l’avant par de jeunes médecins dynamiques, ayant entre 20 et 30 ans et possédant une formation souvent supérieure à celle de leurs aînés, lesquels font valoir le poids inestimable de leur expérience, le dispensaire a de quoi susciter l’inquiétude, la méfiance voire l’opposition. De plus, le désir de ces jeunes docteurs de réformer la pratique médicale bas-canadienne découle autant de raisons humanitaires que d’une volonté de se tailler une place dans la société. C’est pourquoi l’élite médicale, formée non seulement de militaires britanniques mais également de Canadiens de renom comme François Blanchet et Joseph Painchaud*, se sent menacée et semble réticente à soutenir Perrault et Iffland. Blanchet, en particulier, aurait pu, en tant que député, appuyer les demandes d’aide adressées à la chambre d’Assemblée, mais il n’en fit rien.

Cet échec n’empêche toutefois pas Perrault de devenir un médecin en vue. Son mariage à Québec, le 12 octobre 1819, avec la fille de Pierre-Édouard Desbarats, Charlotte-Louise, jeune fille ayant reçu une bonne éducation chez les ursulines, musicienne à ses heures et surtout issue d’une famille respectable, rehausse son statut social. En 1822, Perrault est nommé chirurgien du bataillon de milice de l’île d’Orléans et, deux ans plus tard, il est muté au 1er bataillon de milice de la ville de Québec. En mai 1824, il reçoit une commission de juge de paix. À partir de cette année-là, au moins, il compte aussi parmi les médecins de l’hôpital des Émigrants, et, signe d’une réputation sans cesse grandissante, il est choisi en juin pour devenir l’un des examinateurs en médecine du district de Québec chargés de contrôler l’accès à la profession médicale.

Toujours soucieux de participer à la réforme de la vie médicale de la colonie, Perrault collabore au Journal de médecine de Québec, première revue médicale canadienne créée par son confrère François-Xavier Tessier en janvier 1826. La même année, il devient vice-président de la Société médicale de Québec, qui vient d’être fondée, et, deux ans plus tard, il succède au docteur Joseph Morrin* comme président. C’est d’ailleurs à ce titre qu’il présente en décembre 1829 une communication devant ses confrères sur la maladie de Baie-Saint-Paul. Rédigé à partir d’informations fournies par Morrin, ce texte constitue un bon résumé des connaissances médicales sur cette maladie à l’époque. En 1831, la société médicale s’élève contre le mode de sélection des examinateurs en médecine en vigueur selon la loi de 1788, qui, dans les faits, favorise les Britanniques, notamment les militaires. C’est ainsi qu’en 1825 Perrault se retrouvait le seul Canadien parmi les sept examinateurs du district de Québec. À la suite de la dénonciation de cette injustice, la société obtient que le choix des examinateurs ne soit plus laissé à la discrétion du gouverneur, mais soit fait à la pluralité des voix au cours d’une assemblée générale des médecins. Le 18 juillet 1831, Perrault est unanimement élu secrétaire du. nouveau Bureau d’examinateurs en médecine du district de Québec et ce, pour trois ans.

En vertu de la loi adoptée le 25 février 1832 dans le but de prévenir l’introduction du choléra dans la province ou d’en réduire les effets, Perrault est nommé médecin résidant avec Joseph Parant* le 1er mars, puis commissaire de santé avec Parant et Morrin le 7 mars. Les mesures prises par les commissaires et par le bureau de santé mis sur pied ne peuvent toutefois pas empêcher l’apparition du choléra. L’épidémie sévit au Bas-Canada de juin jusqu’à la mi-octobre et fait environ 8 000 victimes. Atteint par cette maladie, Perrault meurt le 16 juin 1832, à l’âge de 39 ans, « victime de son dévouement », et son corps est inhumé le même jour. À l’époque, une rumeur aurait couru à l’effet qu’il aurait été « inhumé trop vite, s’étant lui-même administré une forte dose d’opium », remède qui, au dire du docteur Olivier Robitaille*, était couramment employé durant cette épidémie. Sa femme étant décédée en 1830, Perrault laisse trois orphelines, qui seront prises en charge par Joseph-François Perrault, leur grand-père paternel.

Charles-Norbert Perrault était un homme instruit. Sa bibliothèque en témoigne. À sa mort, elle comprenait 359 volumes dont la majorité portait sur des sujets médicaux. Perrault possédait également un baromètre, un hygromètre et un télescope. Depuis au moins 1821, il s’intéressait à la météorologie, et plusieurs de ses relevés ont été conservés. Malgré l’échec du dispensaire, il sut se tailler une place enviable parmi ses confrères et fut l’un des leaders qui cherchèrent à réformer la médecine bas-canadienne. Sa réussite sur le plan professionnel ne l’empêcha pas cependant d’éprouver des difficultés financières tout au long de sa vie. En 1832, il n’était propriétaire d’aucun immeuble, et ses biens mobiliers valaient £330. Ses créances atteignaient £165, mais, par contre, il devait, £3 254 dont £3 113 à son père.

Renald Lessard

ANQ-M, CE1-51, 17 avril 1793.— ANQ-Q, CC1, 27 juin 1832 ; CE1-1, 12 oct. 1819 ; CN1-16, 11 oct. 1819 ; CN1-81, 3, 24 juill. 1832 ; CN1-178, 2 sept. 1828 ; CN1-208, 28 août 1826, 15 oct. 1829, 1er avril 1830 ; CN1-230, 18 juin 1817 ; CN1-253, 31 août 1826 ; E18/51 ; P-232/2 : 1–15 ; T11-1/608, no 865 ; 3556 : 801 ; 3558 : 179–180, 217–218 ; ZQ6-52, 25 févr. 1830.— APC, MG 24, I38 ; RG 4, B28, 49 : 645–646 ; RG 68, General index, 1651–1841 : 65, 271, 360, 641, 656.— ASQ, mss, 20 ; Univ., Sér. U, U-18, 4–5.— B.-C., chambre d’Assemblée, Journaux, 1819 : 49 ; 1825, app. I ; Statuts, 1831–1832, chap. 16.— Journal de médecine de Québec, 1 (1826) : 61–62 ; 2 (1827) : 114.— La Gazette de Québec, 30 juill., 3 sept. 1818, 19 avril, 15 juill., 4 nov. 1819, 24 janv. 1820, 18 juill. 1822, 6 mai 1824.— Le Canadien, 30 déc. 1818, 13, 20 juill. 1831, 10 mars, 2 mai, 18 juin, 29 oct. 1832.— Almanach de Québec, 1823 ; 1825.— C.-M. Boissonnault, Histoire de la faculté de médecine de Laval (Québec, 1953), 88–96.— P.-B. Casgrain, Mémorial des familles Casgrain, Baby et Perrault du Canada (Québec, 1898), 180, 186–187.— Jolois, J.-F. Perrault.— Henri Têtu, Histoire des familles Têtu, Bonenfant, Dionne et Perrault (Québec, 1898), 592–593.— Jacques Bernier, « François Blanchet et le Mouvement réformiste en médecine au début du xixe siècle », RHAF, 34 (1980–1981) : 223–244.— Geoffrey Bilson, « The first epidemic of Asiatic cholera in Lower Canada, 1832 », Medical Hist. (Londres), 21 (1977) : 411–433.— Ignotus [Thomas Chapais], « la Profession médicale au Canada », BRH, 12 (1906) : 142–150.— Victor Morin, « l’Évolution de la médecine au Canada français », Cahiers des Dix, 25 (1960) :74–75.

Bibliographie générale

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Renald Lessard, « PERRAULT, CHARLES-NORBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/perrault_charles_norbert_6F.html.

Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique


Permalien: http://www.biographi.ca/fr/bio/perrault_charles_norbert_6F.html
Auteur de l'article:    Renald Lessard
Titre de l'article:    PERRAULT, CHARLES-NORBERT
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
Date de consultation:    19 mars 2024