PLAW, JOHN, architecte et arpenteur, baptisé le 8 janvier 1746 à Putney (maintenant partie de Londres), fils de John Plaw et d’une prénommée Mary ; décédé le 24 mai 1820 à Charlottetown.

L’un des premiers architectes d’importance à immigrer en Amérique du Nord britannique, John Plaw reçut une formation dans la carrière qu’il avait choisie en faisant son apprentissage chez Thomas Kaygill, un des membres de la Tylers’ and Bricklayers’ Company, de Londres. Après y avoir travaillé de septembre 1759 à janvier 1768, il acquit son indépendance. Durant son apprentissage, Plaw avait reçu en 1763 un prix d’architecture donné tous les ans par la Society for the Encouragement of Arts, Manufactures, and Commerce. Il avait soumis un dessin détaillé de la Banqueting House (salle des Festins), de Whitehall, où il était manifeste qu’il avait étudié le travail d’Inigo Jones et le mouvement palladien. On accepta de présenter les dessins architecturaux de Plaw dans 13 expositions de la Royal Academy of Arts, à partir de 1775. Longtemps membre de l’Incorporated Society of Artists, il en fut président en 1790.

Même si Plaw devint un constructeur et un architecte bien établi dans Westminster, on lui confia un grand nombre de constructions à la campagne, qui devinrent sa spécialité. Le plus célèbre édifice encore existant qu’on lui connaisse est la villa circulaire de Belle Isle, dans le lac Windermere, construite en 1774 pour Thomas English, marchand de café de Londres. Son plan est à l’origine de plusieurs maisons circulaires bâties plus tard, dont Ickworth House, dans le Surrey, conçue par Francis Sandys, et La Gordanne, villa sur la rive nord du lac de Genève, en Suisse. Un autre bâtiment important de Plaw est l’église St Mary, à Paddington (Londres), dont le plan date de 1788. Reconnu à sa juste valeur à l’époque, il parut dans un ouvrage de dessins choisis, publié par l’Allemand Christian Ludwig Stieglitz, historien contemporain de l’architecture.

Plaw alla s’établir à Southampton vers 1795, attiré là, semble-t-il, par la perspective de construire une caserne militaire ; ce secteur d’activité constituait un débouché important pour les architectes durant la deuxième moitié du xviiie siècle. Il reçut le mandat de construire une caserne à Southampton et une autre dans l’île de Wight. Au cours des 12 années qu’il passa à Southampton, il fit les plans de maisons d’un secteur résidentiel projeté, Albion Place, et des propriétaires de domaines voisins lui donnèrent certains travaux.

Pendant qu’il se trouvait encore en Angleterre, Plaw publia trois ouvrages et, par ces écrits, fit sa principale contribution à l’architecture. Son Rural architecture ; or designs, from the simple cottage to the decorated villa [...] parut à Londres en 1785 et fut suivi de Ferme ornée ; or rural improvements [...] en 1795 et de Sketches for country houses, villas, and rural dwellings [...] en 1800. Il y eut six réimpressions du premier qui fut très lu par les architectes, les entrepreneurs de bâtiments et les membres de la gentry de Grande-Bretagne et du continent. En Amérique du Nord, des architectes, tels Philip Hooker et, plus tard, George Browne*, connaissaient bien l’ouvrage de Plaw.

Au début des années 1800, Plaw devint apparemment « découragé et désappointé par son art » et il se mit en quête d’autres possibilités. Peut-être attiré par le fait que l’Île-du-Prince-Édouard avait un besoin urgent d’édifices publics, il y immigra en 1807 avec sa femme Mary, sa belle-sœur Betsy Ball et un neveu, Joseph Ball. À titre d’architecte du gouvernement de l’île, il soumit des plans pour une nouvelle prison en 1809, plusieurs dessins pour un projet de palais de justice en 1810 et « divers plans et dessins de routes ». Durant les absences de Thomas Wright, il agit également à titre d’arpenteur général intérimaire. Même si on avait accepté le plan qu’avait fait Plaw pour la prison, le projet fut abandonné dès janvier 1810, faute de trouver un constructeur pour l’entreprendre. En avril, on choisit son plan de palais de justice et en mai on reçut des offres ; les travaux de construction commencèrent au printemps de 1811. Encore inachevé, l’édifice du square Queen à Charlottetown servit une première fois le 15 juillet 1812 : le juge en chef Caesar Colclough*, après avoir ordonné aux travailleurs d’y faire le ménage, invita Mgr Plessis* à y célébrer la messe. Même en août, quand la chambre d’Assemblée commença à l’utiliser, il n’était pas encore terminé. En décembre 1813, Plaw fit une liste des petits travaux qui restaient, disant que leur coût n’excéderait pas £100. L’édifice servit de palais de justice jusqu’en 1847, devint ensuite un marché de farine de blé et d’autres céréales, puis un hôtel de ville et enfin un tribunal de simple police avant d’être enlevé du square au cours de l’hiver de 1872–1873. Il fut démoli en 1972.

Plaw visita Halifax en 1813 et y offrit de faire des plans d’édifices publics et privés. À cette occasion, il prépara les plans de la résidence de l’amiral. Sur place, on les accepta et il y eut un appel d’offres, mais son projet de construction en bois fut refusé par l’Amirauté, à Londres, dont les architectes fournirent un plan de construction en brique d’après lequel on travailla.

En 1814, Plaw revint à un modèle qu’il affectionnait en faisant les plans d’un autre bâtiment circulaire, soit un magasin pour Waters and Birnie, maison de Londres qui fit des affaires à l’Île-du-Prince-Édouard de 1810 à 1820. On ne sait si le projet fut jamais mis à exécution, mais l’idée fut à nouveau reprise en 1819 quand le lieutenant-gouverneur Charles Douglass Smith* obtint de Plaw des plans et des devis pour une nouvelle halle. Ce devait être un édifice à 16 côtés, entouré d’une colonnade d’ordre toscan et surmonté d’une coupole. Il ne fut construit que trois ans après la mort de Plaw, soit en 1823, année où on reprit les plans et où trois importants constructeurs de l’île, Isaac Smith, Henry Smith et Thomas Hodgson les mirent à exécution.

Architecte compétent, Plaw avait annoncé en 1810 à Charlottetown qu’il donnerait des cours du soir aux « menuisiers et autres », sur les principes de géométrie et de dessin architectural. Il paraît probable que ces cours lui permirent d’avoir une certaine influence et que la précision et l’attention aux détails qu’on retrouve dans les premières maisons de la colonie sont attribuables à son exemple et à son enseignement. Malheureusement, la rareté des documents concernant la période où il vécut en Amérique rend difficile une évaluation de son travail. Par exemple, on pensait jusqu’à tout récemment que son plan de halle était l’œuvre d’Isaac Smith, l’architecte et le constructeur le plus en vue dans l’île de 1830 à 1850. On espère toujours qu’un édifice de Charlottetown ou de Halifax puisse être identifié comme une de ses réalisations et que les gravures, dessins et estampes vendus après sa mort refassent surface.

Irene L. Rogers

John Plaw est l’auteur de Rural architecture ; or designs, from the simple cottage to the decorated villa [...] (Londres, 1785), Ferme ornée ; or rural improvements [...] (Londres, 1795), et Sketches for country houses, villas, and rural dwellings [...] (Londres, 1800). Ces livres connurent plusieurs réimpressions et, selon Howard Colvin, ils « furent parmi les premiers ouvrages traitant des cottages et des villas, lesquels devinrent si populaires dans le premier quart du dix-neuvième siècle ». Des recherches récentes sur l’Île-du-Prince-Édouard ont contribué à accroître notre connaissance de la carrière de Plaw à cet endroit, mais l’étude classique reste toujours celle de Colvin contenue dans son ouvrage intitulé A biographical dictionary of British architects, 1600–1840 (Londres, 1978). L’article du DNB sur John Plaw semble s’appuyer sur des publications parues en Angleterre vers 1824 ; le Prince Edward Island Register (Charlottetown) a reproduit ce passage dans son numéro du 2 déc. 1824. L’hypothèse selon laquelle Plaw aurait eu une ou deux filles semble provenir des notices biographiques d’un peintre portant le même nom, qui sont contenues dans les trois ouvrages d’Algernon Graves cités plus loin ; le testament de Plaw, conservé à la Supreme Court of P.E.I., à Charlottetown (Estates Division, liber 2 : f.9), ne mentionne aucun enfant.

Les plans que Plaw a exécutés en 1809 pour la construction d’une prison à Charlottetown ont disparu. Cependant, ceux qu’il a dessinés pour le palais de justice (1810) et les ravissants dessins en plan et élévation qu’il a préparés pour la firme Waters and Birnie (1814) sont conservés aux PAPEI, Acc. 2333. On trouve au même endroit une copie de la main d’Isaac Smith représentant le plan et les devis d’une halle de forme circulaire (Acc. 2702, Smith-Alley coll., Isaac Smith papers, 555, 560, 973, et 979) ; l’original de Plaw a disparu. Le plan et les devis que Plaw prépara pour la résidence de l’amiral à Halifax (1813) se trouvent au PRO, ADM 1/504 (MPI 166). Un dessin et une photographie de la place du marché accompagnent l’article de M. K. Cullen, « Charlottetown market houses : 18131958 », Island Magazine, no 6 (printemps-été 1979) : 27s. Malheureusement, les photographies du palais de justice, y compris celles qui ont été publiées dans l’ouvrage de Cullen, A history of the structure and use « Province House, Prince Edward Island, 1837–1977 (Canada, Direction des parcs et lieux hist. nationaux, Travail inédit, 211 (Ottawa, 1977), 237, 275, ne reflètent pas de façon adéquate le plan original de Plaw parce que l’édifice avait été considérablement modifié à l’époque où il fut photographié.

Un dessin de la pierre tombale de Plaw au cimetière de l’avenue Elm à Charlottetown figure dans l’article de C. B. Chappell, « The burial place of John Plaw » , Architectural Rev. (Londres), 45 (1919) : 130s.

L’auteure tient à remercier Marianne Morrow pour sa contribution à la présente biographie.  [i. l. r.]

Guildhall Library (Londres), Reg. of baptisms, marriages, and burials for the parish of Putney (Londres), 8 janv. 1746.— PAPEI, Acc. 2987 ; RG 3, House of Assembly, Sessional papers, 1813, « Report of survey of the state of the Court House at Charlotte-town, déc. 6, 1813 » ; RG 5, Minutes, 23 juin 1808, 15, 16 janv., 7 avril, 4, 10, 29 mai, 25 août 1810, 18 févr. 1811, 7, 14 juin, 2 août, 6 déc. 1814, 7 avril 1819, 11, 25 mars 1823 ; RG 16, Land registry records, Conveyance reg., liber 15 : f.337. Ce document est une procuration, datée du 30 avril 1807, par laquelle le marchand londonien Samuel Yockney autorise Plaw, à la veille de son départ pour l’Île-du-Prince-Édouard, à recouvrer une dette de John Cambridge*  [i. l. r.] ; RG 20, 1 (Council minutes), 20, 22 août, 21 déc. 1855 ; 36 (letterbook, 1856–1877), Peter MacGowan à John Currie, 28 oct. 1873.— PRO, CO 226/21, Selkirk à Auckland, 4 juill. 1806 ; CO 226/26 : 5–7 (mfm aux PAPEI) ; CO 229/3, 18, 20 avril 1809 (mfm aux PAPEI).— Royal Academy of Arts Library (Londres), SA/43/1–56 (Soc. of Artists papers, misc.).— Î.-P.-É., House of Assembly, Journal, 18, 25 août 1812.— C. L. Stieglitz, Plans et dessins tirés de la belle architecture [...] (Paris, 1801).— Nova Scotia Royal Gazette, 13, 20 oct. 1813.— Prince Edward Island Gazette (Charlottetown), 14 juin 1820.— Weekly Recorder of Prince Edward Island (Charlottetown), 24 déc. 1810, 16, 25 mars 1811.— A dictionary of artists who have exhibited works in the principal London exhibitions from 1760 to 1893, Algernon Graves, compil. (3e éd., Londres, 1901 ; réimpr., Bath, Angl., 1970).— Algernon Graves, The Royal Academy of Arts (8 vol., Londres, 1905–1906 ; nouv. éd. en 4 vol., East Ardsley, Angl., 1970) ; The Society of Artists of Great Britain, 1760–1791 ; the Free Society of Artists, 1761–1783 ; a complete dictionary of contributors and their work from the foundation of the societies to 1791 (Londres, 1907 ; réimpr., Bath, 1969).— Erik Forssman, « Ein Pantheon am Genfer See : die Villa La Gordanne in Perroy », Kunst als Bedeutungsträger Gedenkschrift für Günter Bandmann, Werner Busch et al., édit. (Berlin, 1978), 345–366.— Emil Kaufmann, Architecture in the age of reason ; baroque and post-baroque in England, Italy, and France (Cambridge, Mass., 1968).— John Woodforde, Georgian houses for all (Londres, 1978).— Benjamin Davies, « The old church and old times », Daily Examiner (Charlottetown), 6 avril 1896 : 3.— Island Argus (Charlottetown), 19 nov., 10 déc. 1872.— D. R. Kent, « Hyde Hall, Otsego County, New York », Antiques (New York), 92 (août 1967) : 188.

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Irene L. Rogers, « PLAW, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 13 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/plaw_john_5F.html.

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Auteur de l'article:    Irene L. Rogers
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
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