Titre original :  Herbert Snell. Source: The Montreal Star, 14 November 1932, page 3.

Provenance : Lien

SNELL, HERBERT, vendeur, marchand, homme politique, et officier dans la milice et dans l’armée, né le 20 août 1880 à Stocksbridge (Sheffield, Angleterre), fils de David Snell et d’Ellen Green ; le 10 janvier 1906, il épousa à Winnipeg Agnes Graham (1882–1911), puis le 28 mai 1914, à Moose Jaw, Saskatchewan, Jessie Margaret Irene McNeill (McNeil), et ils eurent deux filles et trois fils ; décédé le 12 novembre 1932 à Westmount, Québec.

Herbert Snell avait environ 10 ans quand son père, ancien cocher et serviteur, partit du Yorkshire avec sa famille pour s’installer à Port Hope, en Ontario, où le garçon poursuivit ses études. Vers la fin de son adolescence, il quitta le domicile familial pour Winnipeg, puis trouva un emploi auprès du grossiste de tissus et de mercerie Robinson and Company. En 1901, Snell travaillait pour le grand magasin Gordon Drysdale de Vancouver. Il s’engagea ensuite comme voyageur de commerce pour la division vancouvéroise de l’entreprise textile montréalaise Gault Brothers’ Company Limited et pour la Crescent Manufacturing Company, firmes liées à Andrew Frederick Gault*, le « roi du coton au Canada ». Peut-être grâce à son travail de vendeur ambulant, Snell se familiarisa avec Moose Jaw, lieu érigé en municipalité en 1903. Dès 1904, il avait acheté des actions du magasin de vêtements pour hommes Clarke Brothers. Après la dissolution de ce partenariat, environ un an plus tard, Snell tint sa propre boutique de vêtements pour femmes, Correct Dress for Women, vite considérée comme le magasin le plus à la mode de Moose Jaw.

La province de la Saskatchewan vit le jour en 1905 et le premier de ses premiers ministres, Thomas Walter Scott, croyait fermement en sa grandeur future. Snell, alors déjà en affaires, épousa au début de l’année suivante Agnes Graham, originaire d’Irlande, dont la famille résidait à Winnipeg. Franc-maçon, Snell commença à prendre part à la vie communautaire, d’abord comme président fondateur de la Young Men’s Christian Association de Moose Jaw, formée en 1905. Membre du comité de l’Ouest canadien de l’organisation, il siégea aussi à son conseil national, de 1912 à 1916, à titre de représentant. Il dirigea également l’association libérale locale pendant trois ans à compter de 1907. Une vague de prospérité dans l’Ouest permit à son entreprise d’étendre ses activités en 1909 dans un nouvel emplacement, sous le nom de Herbert Snell Company Limited.

À la mort de sa femme en 1911, un mois après leur cinquième anniversaire de mariage, Snell se consacra à ses fonctions municipales et à ses responsabilités professionnelles. En décembre 1910, il avait été élu conseiller municipal, poste qu’il occuperait jusqu’en 1914. En 1912, son entreprise continuant de croître, il annonça son intention de construire un grand magasin de trois étages. Son rêve ne dura guère : un ralentissement économique dévasta l’Ouest canadien en 1912–1913 et, le taux de chômage à Moose Jaw atteignant les 15 %, il abandonna le projet. Au printemps de l’année suivante, il se maria avec Jessie Margaret Irene McNeill, de Moose Jaw ; les époux avaient respectivement 33 et 22 ans.

Entre-temps, Snell avait intégré la milice canadienne. On lui confia la responsabilité de la mise sur pied d’une compagnie du 95th Regiment (Saskatchewan Rifles) en 1910–1911. Il accéda au grade de major en 1912 et, à la formation du 60th Regiment (Rifles) de Moose Jaw, en janvier 1913, à celui de lieutenant-colonel. Avec d’autres hommes d’affaires de la région, il persuada le gouvernement fédéral de la nécessité d’un manège militaire municipal ; celui-ci ouvrit officiellement ses portes le 3 juillet, à l’extrémité nord de Moose Jaw.

Lorsque l’Empire britannique, et donc le Canada, entra en guerre en août 1914, le ministre de la Milice et de la Défense, Samuel Hughes*, relégua aux oubliettes le plan de mobilisation du Canada pour les unités de milice existantes. Ainsi, le régiment de Snell ne fut pas appelé aux armes ; le lieutenant-colonel dut plutôt recruter des volontaires pour le Corps expéditionnaire canadien. Le 1er février 1915, on lui donna les commandes du nouveau 46th Infantry Battalion (South Saskatchewan). Le bataillon arriva en Angleterre à la fin d’octobre, puis suivit son entraînement près d’Aldershot. En avril 1916, l’unité avait déjà été intégrée à la 10e brigade d’infanterie, qui faisait partie de la 4e division canadienne dirigée par le brigadier-général David Watson*. Deux mois plus tard, le bataillon fut toutefois démantelé lorsqu’on envoya des centaines d’hommes en renfort de la 1re division canadienne. Snell se préparait à son départ pour la France, quand, le 5 juillet, il subit de graves blessures dans l’explosion d’une grenade causée par la maladresse d’un stagiaire. On craignit d’abord pour la vie de Snell, car plusieurs éclats s’étaient logés près de son cœur. Il séjournait toujours à l’hôpital au moment où, en août, le 46th Infantry Battalion (South Saskatchewan) reconstitué s’en alla en France ; l’ancien colonel ressentit sans doute une profonde déception de ne pas l’accompagner. Au début de 1917, Snell subit une résection de l’œil droit, endommagé. Malgré tout, dès l’été, on qualifierait sa santé d’excellente.

Pendant le reste de sa carrière militaire, Snell occupa des postes de soutien. À son départ de l’hôpital, il se vit offrir la responsabilité de la 9e brigade d’instruction en Angleterre. Il servit ensuite au bureau principal du ministère des Forces militaires d’outre-mer [V. sir George Halsey Perley]. Au Canadian Corps Reinforcement Camp, en France, on le nomma commandant de la 4th Divisional Wing en octobre 1917. Il avait, à un moment donné, plus de 2 400 soldats sous ses ordres et se révéla un organisateur fort compétent. Il ne pouvait espérer reprendre le commandement du 46th Infantry Battalion (South Saskatchewan) ; il le dirigea néanmoins quelque temps au printemps de 1917, pendant un congé de son successeur, Herbert John Dawson. L’unité subissant continuellement de lourdes pertes, on le surnommerait le « bataillon suicide ». Hugh Cairns* compta parmi les hommes qui y perdirent la vie ; on lui décerna à titre posthume la dernière croix de Victoria attribuée à un Canadien pour la Première Guerre mondiale. À la fin de 1918, le 46th Infantry Battalion (South Saskatchewan) avait mérité 16 honneurs de guerre.

Snell revint au Canada en octobre 1919 après avoir aidé à la démobilisation, puis on retira son nom de la liste du bataillon le 11 novembre. On le mentionna deux fois dans des dépêches et on porta ses précieux services à l’attention du secrétaire d’État à la Guerre. Ses liens avec le monde militaire se poursuivirent après la guerre. Inscrit parmi les réservistes du South Saskatchewan Regiment, formé en mars 1920 par la fusion des 60e et 95e régiments, il passerait à la réserve des officiers de la milice en 1924. Il présida également à titre honoraire la 46th Battalion Association, dont l’annuaire de 1926 contient une lettre de sa plume. « Puissions-nous jouer quelque rôle utile dans la vie quotidienne de ce grand pays durant les jours de paix comme celui que [nous] avons tous si fidèlement joué pendant les jours de conflit, et ainsi, en quelque sorte, grâce à ce que nous avons récolté de bon de nos expériences passées, puisse le Canada que nous transmettrons à ceux qui nous succéderont refléter ces principes directeurs qui élevèrent à eux seuls une nation », y exprime-t-il avec espoir.

Après la guerre, Snell avait séjourné quelque temps à Moose Jaw, malgré la fermeture de son entreprise en son absence. Le magasin Gordon Drysdale de Vancouver l’engagea une fois de plus dès 1920. Cependant, en 1922, sa famille et lui traversèrent le pays pour élire domicile à Toronto, où Snell entra au service de la Robert Simpson Company. En 1898, après la mort de son fondateur, Robert Simpson*, les Torontois Alfred Ernest Ames, Joseph Wesley Flavelle et Harris Henry Fudger avaient acheté le grand magasin. Résolus à concurrencer l’empire de vente au détail construit par Timothy Eaton*, les nouveaux propriétaires étendaient les activités de l’entreprise de manière énergique. Grâce à son talent organisationnel et à son expérience, Snell passa de chef de rayon à directeur du magasin en 1923.

L’année suivante, Snell s’installa à Montréal à titre de directeur général de la John Murphy Company Limited, acquise en 1904 par la Robert Simpson Company. La participation du brillant homme d’affaires dans les activités locales l’amena notamment à siéger au Bureau de commerce de Montréal et à présider la Young Men’s Christian Association. Homme « de conviction profonde, ne tolérant pas les faux-semblants et le superflu », comme on le décrirait, il « combinait une fine détermination avec des manières délicates ». Il s’associa quelque temps à la division canadienne d’une organisation multinationale, l’Institut des relations du Pacifique. Baptiste respecté, il appartenait au conseil d’administration de l’église de son quartier huppé, Westmount, et, de 1930 à 1932, fit partie du conseil d’administration de la McMaster University [V. William McMaster*] à Hamilton, en Ontario, présidé par l’homme d’affaires torontois Albert Edward Matthews*.

À la suite de la réorganisation de la Robert Simpson Company en 1929, on nomma Herbert Snell vice-président et directeur général du magasin de Montréal, situé sur l’ancien emplacement de la John Murphy Company Limited. Les blessures subies au camp d’entraînement continuaient toutefois de l’accabler. Après un séjour de huit mois à l’hôpital Royal Victoria, il mourut d’une infection de l’endocarde le 12 novembre 1932, à l’âge de 52 ans ; selon son dossier médical, le « décès [était] imputable au service ». Les obsèques de Snell eurent lieu à l’église baptiste de Westmount. On transporta sa dépouille en Ontario pour l’inhumer à Port Hope, là où, dans sa jeunesse, avaient germé ses rêves de voyages et de succès.

Galen Roger Perras

Ancestry.com, « Registres paroissiaux et Actes d’état civil du Québec (Collection Drouin), 1621 à 1968 », Westmount Baptist Church (Québec), 12 nov. 1932 : www.ancestry.ca/search/collections/1091 (consulté le 7 juill. 2025).— BAC, RG9-III-D-3 (Journal de guerre – 46e bataillon d’infanterie canadien), vol. 4939 ; RG 150, Acc. 1992–1993/166, boîte 9133-45.— eHealth Saskatchewan, « Genealogy index searches », Agnes Snell, death reg. no 102 : genealogy.ehealthsask.ca/vsgs_srch.aspx (consulté le 10 oct. 2017).— Manitoba, Ministère de la Justice, Bureau de l’état civil (Winnipeg), no 1906-003473.— Gazette (Montréal), 14 nov. 1932.— Moose Jaw Evening Times (Moose Jaw, Saskatchewan), 14 oct. 1907, 28 mai 1914, 14 nov. 1932.— Moose Jaw Times, 17 avril 2009.— 46th Battalion Association C.E.F. of Canada, Keep in touch : 1926 year book (Moose Jaw, 1926).— J. L. McWilliams et R. J. Steel, The suicide battalion (Edmonton, 1978).— David Monod, Store wars : shopkeepers and the culture of mass marketing, 1890–1939 (Toronto, 1996).— Northern who’s who : a biographical dictionary of men and women […] (Portland, N.Y., et Toronto, 1916).— Standard dict. of Canadian biog. (Roberts et Tunnell), vol. 1.— Thumbnail sketches : published in 1927, the year of the diamond jubilee celebration of Canada’s confederation (Toronto, 1927).— [W. A.] Waiser, Saskatchewan : a new history (Calgary, 2005).

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Galen Roger Perras, « SNELL, HERBERT », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 déc. 2025, https://www.biographi.ca/fr/bio/snell_herbert_16F.html.

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Auteur de l'article:    Galen Roger Perras
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
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Date de consultation:    4 déc. 2025