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Titre original :  File:Henry Daniel Thielcke.jpg - Wikimedia Commons

Avec l’aimable autorisation de la famille Thielcke

Provenance : Avec la permission de Wikimedia Commons

THIELCKE, HENRY DANIEL, peintre, graveur et professeur, né le 20 octobre 1788 dans la paroisse St Martin-in-the-Fields, Londres, fils de Johan Daniel Friederich Thielcke et d’Ann Elizabeth Paschal ; le 2 février 1820, il épousa à Buckingham, Angleterre, Rebecca Piercy (Percy) (décédée le 10 mars 1885), et ils eurent quatre garçons et quatre filles ; décédé le 25 novembre 1874 à Chicago et inhumé deux jours plus tard dans la même ville.

Les parents de Henry Daniel Thielcke, nés en Allemagne, travaillent à la Queen’s House (connue sous le nom de palais de Buckingham à partir du xixe siècle), à Londres. Sa mère fait partie des domestiques de la reine Charlotte-Sophie de Mecklembourg-Strelitz. Son père, valet du roi George III, provient du personnel de la East India Company.

Le 4 janvier 1806, Thielcke entreprend sa formation aux Royal Academy Schools de Londres et la poursuit au moins jusqu’en 1807, année où l’établissement lui décerne une médaille d’argent pour son dessin de l’Hercule Farnèse. Les peintres anglais sir Joshua Reynolds et Thomas Lawrence influencent son style. Thielcke habite un certain temps dans la Queen’s House, puis, vers le milieu des années 1810, s’installe dans le quartier Covent Garden.

Entre 1805 et 1816, des œuvres de Thielcke font parfois partie des expositions de la Royal Academy of Arts et de la British Institution. L’artiste exploite des thèmes religieux (Madona and Child, 1809 ; A Holy Family, 1811 ; The adulterous woman delivered, 1813) et mythologiques (Atlas, 1807 ; Priam supplicating Achilles for the body of Hector, 1815 ; Cupid wounding Venus, with love for Adonis, 1816). Thielcke réalise plusieurs portraits de la famille royale et de la cour. Il peint ceux de William Kuper, aumônier du roi George III (The Rev. Mr. Küper, chaplain to His Majesty, 1807), et de la princesse Charlotte Augusta (H. R. H. The Princess Charlotte Augusta of Wales, 1818). Il grave en pointillé : le portrait du prince régent, le futur roi George IV (Georgius. Princeps. Wallæ. Patriam. Pro-Patre. Regens, 1814) ; et ceux de la reine Charlotte-Sophie de Mecklembourg-Strelitz (Her Most Gracious Majesty, 1818) et du roi George III (His Most Gracious Majesty, 1819), qu’il signe « H. D. Thielcke, portraitiste de S. A. R. la duchesse d’York ».

En 1820, la mort de la duchesse d’York, sa protectrice, et du roi George III semble mettre fin aux activités artistiques de Thielcke en Angleterre, où sa production est estimée à 36 œuvres. Les raisons pour lesquelles Thielcke ne reprendra apparemment sa création qu’en 1832 (mis à part un portrait de son père peint vers 1826) restent inconnues, mais on sait qu’il demeure encore quelques années avec sa famille à Londres, lieu du baptême de deux de ses enfants (Augustus Frederick en 1822 et Frederica Mary en 1824).

De la seconde moitié des années 1820 jusqu’au début des années 1830, Thielcke vit avec sa femme et leurs enfants à Édimbourg. Deux de leurs filles, Mary Elizabeth et Elizabeth, y naissent, respectivement en 1826 et en 1828. Leur deuxième fils, George Benjamin, voit le jour en 1832 à Duddingston (Édimbourg). Thielcke travaille comme commis au Board of Excise de 1827 à 1829 ; il fait partie de l’ordre des Knights Templar de 1831 à 1833 (selon The Edinburgh almanack, or universal Scots and imperial register for [...], publié à Édimbourg). Les raisons qui l’amènent à quitter l’Écosse sont obscures.

Thielcke arrive à Québec avec sa famille en 1832. Dès l’automne, il annonce ses services dans les journaux de la ville, dont le Quebec Mercury, où, le 13 novembre, il se présente ainsi : « M. H. D. Thielcke, portraitiste de son Altesse royale feu la duchesse d’York, reprendra l’exercice de sa profession d’artiste et peindra des portraits à l’huile et des miniatures. » Il se croit peut-être le peintre le mieux formé de l’endroit en raison de ses relations avec la famille royale et la cour. Sa production connue au Bas-Canada comprendra une vingtaine d’œuvres.

En 1833, Thielcke dispose d’un atelier au château Saint-Louis, résidence du gouverneur en chef lord Aylmer [Whitworth-Aylmer*]. À la suite de l’incendie du château en 1834, grâce à la bienveillance de Louis-Joseph Papineau*, chef du Parti patriote et orateur de la Chambre d’assemblée du Bas-Canada, il obtient la jouissance d’un plus grand local dans l’édifice du Parlement (alors établi sur le site que l’on connaîtra sous le nom de parc Montmorency à partir du début du xxe siècle). Il y exécute une peinture représentant le baptême du Christ. L’œuvre, exposée dans son atelier l’année suivante, reçoit une première critique, favorable, dans le Canadien de Québec du 19 août. Celle-ci est suivie d’une seconde, dévastatrice, publiée dans le même journal le 2 septembre et signée « Des Amateurs », que l’historien de l’art Gérard Morisset* attribue au peintre Antoine Plamondon*. Le 26 septembre 1838, toujours dans les pages du Canadien, Thielcke défie Plamondon, dont il ne craint pas la concurrence, « de produire un ‟Tableau ‟d’Histoire Original, et un Paysage d’après nature,” pour le prochain concours des prix des Médailles, ouvert par la Société Littéraire et Historique. [Le résultat] décidera de la prééminence entre nous comme Artistes ». Plamondon décline l’invitation et Thielcke remporte, le 20 avril de l’année suivante, une médaille d’argent de première classe pour son tableau sur le débarquement de James Wolfe*.

En mai 1838, Thielcke a quitté l’édifice du Parlement pour s’établir sur la rue Saint-Georges (côte d’Abraham). En septembre, il ouvre une École de dessin et de peinture dans les locaux de la Galerie de peinture de Québec, véritable musée d’art créé en juin par le peintre Joseph Légaré* et par l’avocat Thomas Amiot. Deux jours par semaine, Thielcke y donne des cours à prix modique pour les hommes et pour les femmes.

Thielcke peint de nombreux portraits, comme ceux d’une femme inconnue (Jeune femme élégante, 1834), du chirurgien Henry Grasett (Portrait of Henry W Grasett M.D., 1835), du nouveau gouverneur en chef, le comte de Gosford [Acheson*] (Archibald Acheson, 2e comte de Gosford, 1836), du médecin Thomas Fargues* (Docteur Thomas Fargues, 1843), du coseigneur de Lavaltrie Gaspard de Lanaudière (Portrait de Charles-Barthélémy-Gaspard Tarieu de Lanaudière, vers 1853) et du médecin Joseph Morrin* (Docteur Joseph Morin, 1854).

Son portrait de Maria Jones (Madame William Burns Lindsay et son fils John, 1836), épouse de William Burns Lindsay, greffier de la Chambre d’assemblée du Bas-Canada, s’est avéré réussi, en dépit de problèmes dans le dessin, le traitement des drapés et le rendu anatomique. L’historien de l’art Mario Béland estime que « [p]ar sa facture enlevée et sa conception intimiste s’inscrivant dans la tradition instituée par [sir Joshua] Reynolds, [ce] portrait [...] fait figure de solitaire dans la production de l’époque en se distinguant, par exemple, des portraits du même genre de Hamel [Théophile Hamel*], davantage inspirés par les principes esthétiques du classicisme ».

En 1840, Thielcke complète un portrait de groupe, la Présentation d’un chef nouvellement élu au conseil de la tribu huronne de Lorette. Cette peinture commémore la réception du chef adjoint de la police de Québec et juge de paix Robert Symes comme chef honoraire du « conseil de la tribu huronne » (conseil de la nation huronne-wendate) à Jeune-Lorette (Wendake), en février 1838, en reconnaissance de sa contribution à l’éradication de l’épidémie de choléra en 1834. Il s’agit de l’œuvre la plus connue de l’artiste, du fait notamment de ses couleurs vives, et la plus ambitieuse. Symes y est entouré d’une quinzaine de personnages, soit des notables de Québec et des membres éminents de la nation huronne (huronne-wendate), tel le chef Zacharie Vincent*. Seul ce dernier revêt l’habit traditionnel autochtone ; les autres portent des vêtements à l’européenne et certains d’entre eux, une ceinture fléchée. Au fil des ans, le tirage de nombreuses lithographies, notamment à Londres, contribue à la renommée de l’artiste et de l’œuvre, présentée en 1853 à l’Exposition internationale de New York et à l’Exposition provinciale de Québec, qui lui décerne un premier prix.

À la fin de 1841, Thielcke s’est dirigé vers New York, où il a fait le portrait de certains de ses résidents. Il en expose quatre (parmi ceux-ci, seul le Portrait of Master Joseph B. Livingston n’a pas trouvé preneur auparavant) à la National Academy of Design en 1842, en plus d’un paysage, Early Morning. Thielcke réalise au moins neuf œuvres à New York, y compris Henry Evelyn Pierrepont (1808–88) et la copie du portrait de l’homme politique John Watts par Henry Inman.

De retour à Québec en 1842, Thielcke annonce le 8 octobre dans le Quebec Mercury l’adresse de son nouvel atelier, dorénavant situé au 8, rue Haldimand. À l’automne de 1844, il commence à enseigner le français – on ignore cependant comment il a appris la langue – et le dessin à la Quebec High School. Il quittera cet emploi en 1852, en raison du salaire modeste qu’il reçoit et de son désir de reprendre son activité de portraitiste. Dans le Quebec Mercury du 12 octobre, il promeut ses activités de peintre et le retour de ses cours de dessin (cette fois pour jeunes hommes seulement) ; il offre également des leçons particulières d’allemand, de français et de dessin. Il demeure au 24, rue Saint-Louis.

À partir de 1850, Thielcke contribue financièrement à la Church Society du diocèse de Québec de l’Église d’Angleterre, qu’il concourra à administrer dès 1854. Il accepte le poste de secrétaire adjoint de la Société littéraire et historique de Québec dans la première partie de l’année 1851. Élu secrétaire de conseil au début de l’année suivante, il occupe la fonction de secrétaire de séance en 1853. La Société littéraire et historique de Québec, logée au Parlement de Québec, subit les conséquences de l’incendie qui détruit l’édifice le 1er février 1854 [V. Pierre Chasseur*]. Le contenu de la salle du secrétaire de Thielcke s’envole en fumée. Renvoyé à l’été, Thielcke quitte le Bas-Canada en septembre, après avoir connu des difficultés financières et vendu tous ses meubles. Des notes relatives au portrait de Morrin que Thielcke réalise cette année-là laissent entendre que l’artiste manque du nécessaire. En 1856, un procès, dont l’objet demeure nébuleux, l’opposera à l’organisme.

Entre-temps, Thielcke et sa famille s’installent à Chicago. Le 25 octobre 1854, soit moins d’un mois après son arrivée dans cette ville, le peintre fait connaître ses services : leçons de peinture et de dessin, et, trois jours par semaine, exécution de portraits. À part un portrait de Sarah Woodruff Davis (Sarah Walker Davis, 1856), épouse d’un notable de l’Illinois, et un autoportrait avec sa femme (Portrait of the artist and his wife, 1857), il subsiste peu d’œuvres de Thielcke issues de cette période étasunienne. Selon sa famille, le grand incendie de Chicago, en 1871, a détruit presque toute sa production. L’artiste meurt à cet endroit en 1874 dans le quasi-anonymat.

Henry Daniel Thielcke a peint des personnalités d’Angleterre, du Bas-Canada et du nord-est des États-Unis. On recense, au xxie siècle, environ 80 de ses œuvres. De grands musées canadiens et britanniques en exposent, et la collection royale britannique en conserve une dizaine. Le caractère inégal de la production artistique de Thielcke, dont ont résulté certains portraits de mauvaise qualité, apparaît comme son défaut le plus important. La réputation de l’artiste repose principalement sur son tableau Présentation d’un chef nouvellement élu au conseil de la tribu huronne de Lorette, qui montre sa compétence technique et assure sa renommée.

Patrick White, avec la collaboration de David Karel et d’Annie Fraser

Cette biographie s’appuie sur notre ouvrage Henry Daniel Thielcke : la vie d’un peintre royal méconnu écrit en collaboration avec David Karel et Annie Fraser ([Québec], 2022), qui contient la liste de la documentation que nous avons consultée.

Ancestry.com, « Baptêmes, mariages et enterrements de l’Église d’Angleterre, Westminster, Londres, Angleterre, 1558 à 1812 », St Martin-In-The-Fields (Londres), 16 nov. 1788 : www.ancestry.ca/search/collections/61865/?locale=FR (consulté le 14 févr. 2022) ; « Calendrier national des successions (Index des testaments et administrations), Angleterre et Pays de Galles, 1858 à 1995 », 15 juin 1875 : www.ancestry.ca/search/collections/1904/?locale=FR (consulté le 14 févr. 2022) ; « Index des mariages et décès, comté de Cook, Illinois, États-Unis, 1833 à 1889 », 27 nov. 1874, 12 mars 1885 : www.ancestry.ca/search/collections/2433/?locale=FR (consulté le 14 févr. 2022) ; « Mariages et bans de mariage de l’Église d’Angleterre, Londres, Angleterre, 1754 à 1938 », St Alban, Wood Street (City of London), 31 janv. 1782 : www.ancestry.ca/search/collections/1623/?locale=FR (consulté le 14 févr. 2022) ; « Naissances et baptêmes de l’Église d’Angleterre, Londres, Angleterre, 1813 à 1923 », All Hallows, Barking By the Tower (City of London), 27 mars 1822 : www.ancestry.ca/search/collections/1558/?locale=FR (consulté le 14 févr. 2022) ; « Naissances et baptêmes de l’Église d’Angleterre, Londres, Angleterre, 1813 à 1923 », St George, Hanover Square (Westminster), 12 août 1824 : www.ancestry.ca/search/collections/1558/?locale=FR (consulté le 14 févr. 2022) ; « Sélection de mariages, Angleterre, 1538 à 1973 », Hitcham, Buckingham, England, 2 févr. 1820 : www.ancestry.ca/search/collections/9852/?locale=FR (consulté le 14 févr. 2022) ; « Sélection de naissances et baptêmes, Écosse, 1564 à 1950 », Duddingston, Midlothian, Scotland, 8 juin 1832 : www.ancestry.ca/search/collections/60143/?locale=FR (consulté le 14 févr. 2022) ; « Sélection de naissances et baptêmes, Écosse, 1564 à 1950 », Saint Cuthberts, Edinburgh, Midlothian, Scotland, 12 janv. 1827, 11 mai 1828 : www.ancestry.ca/search/collections/60143/?locale=FR (consulté le 14 févr. 2022).— Bibliothèque et Arch. nationales du Québec, Centre d’arch. de Québec, CE301-S61, 21 juin 1836, 16 juill. 1838.— Mario Béland, « De Berczy à Krieghoff : peintres étrangers au Bas-Canada, 1790–1850 », Vie des arts (Montréal), no 49 (hiver 1992–1993) : 10–17.

Bibliographie générale

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Patrick White, avec la collaboration de David Karel et d’Annie Fraser, « THIELCKE, HENRY DANIEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 27 avril 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/thielcke_henry_daniel_10F.html.

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Permalien: http://www.biographi.ca/fr/bio/thielcke_henry_daniel_10F.html
Auteur de l'article:    Patrick White, avec la collaboration de David Karel et d’Annie Fraser
Titre de l'article:    THIELCKE, HENRY DANIEL
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2023
Année de la révision:    2023
Date de consultation:    27 avril 2024