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TREMBLAY, dit Picoté, ALEXIS, cultivateur, commerçant et entrepreneur forestier, né le 14 juin 1787 à Saint-Louis-de-l’Isle-aux-Coudres, Québec, fils de François Tremblay et de Magdeleine Beauché, dit Morency ; le 4 septembre 1810, il épousa à La Malbaie, Bas-Canada, Modeste Bouliane, et ils eurent 11 enfants, puis le 7 septembre 1842, au même endroit, Olive Gagné, veuve de Louis Desgagnés ; décédé le 26 janvier 1859 à La Malbaie.

À la fin du xviiie siècle, les parents d’Alexis Tremblay, dit Picoté, quittent l’île aux Coudres pour se fixer à La Malbaie. C’est après avoir obtenu une concession de terre dans la seigneurie de Mount-Murray, le 27 août 1810, que Tremblay se marie. Jusqu’en 1830, la terre représente pour lui une base économique essentielle. Par la suite, il profitera de l’expérience acquise par certains de ses parents au contact du milieu marchand de La Malbaie et en viendra à négliger l’agriculture pour s’intéresser plutôt au commerce et à l’exploitation forestière.

Tremblay entreprend quelques chantiers de coupe du bois dans la région immédiate de La Malbaie au début des années 1830. Afin d’écouler sa production sur les marchés, il doit faire affaire avec des marchands tels que Thomas Simard, son futur associé, et William Price*. À compter de 1832, son nom paraît souvent dans les livres de comptes de ce dernier et, dans les années qui suivent, Tremblay devient, avec son frère François, un collaborateur régulier de Price.

En 1835, avec l’appui de Simard et de plusieurs autres habitants influents de La Malbaie, Tremblay fait circuler une pétition visant à obtenir l’ouverture du Saguenay, immense territoire faisant partie du Domaine du roi et fermé jusque-là à l’agriculture et à l’industrie du bois. Cette requête est soumise au gouvernement avec un plan de colonisation agricole basé sur l’exploitation du bois et prévoyant l’exclusion du système seigneurial. Les auteurs de la pétition font valoir le manque de terres dans la région de Charlevoix, mais la suite des événements montre clairement que leur requête est avant tout motivée par le désir d’avoir accès à de nouvelles ressources forestières pour alimenter l’important commerce du bois qui s’est développé dans leur région au rythme de l’expansion de l’industrie forestière canadienne depuis le début du xixe siècle. D’ailleurs, sans attendre la réponse des autorités, Tremblay et Simard entreprennent de faire des billots de pin sur les terres de la couronne, après en avoir obtenu la permission, en janvier 1836, de Peter McLeod, agent de la Hudson’s Bay Company, qui détient alors le permis d’exploitation des postes du roi. Le même mois, à l’occasion d’une élection partielle dans la circonscription de Saguenay, Tremblay appuie officiellement Charles Drolet*, candidat patriote qui promet de rendre la région du Saguenay accessible aux gens de Charlevoix. Deux mois plus tard, Tremblay et Simard s’associent à trois commerçants de La Malbaie pour construire un moulin à scier à la chute de la rivière Malbaie. À la mi-mars, le plan de colonisation du Saguenay est rejeté par le gouverneur, lord Gosford [Acheson*], et son conseil. Cet échec amène deux des associés à vendre leur part à Price. Tremblay demeure gérant du moulin de la chute et devient l’agent officiel de la William Price and Company à La Malbaie.

Dès le début de 1837, devant la détérioration du climat socio-politique dans le Bas-Canada, le gouverneur de la Hudson’s Bay Company, George Simpson, aurait jugé opportun de se départir du permis de coupe que la compagnie détenait depuis 1836 sur le territoire des postes du roi, en faveur de marchands de bois canadiens-français. Le 23 septembre, il offre le permis à Simard qui, pour l’acquérir, crée avec Tremblay et divers autres citoyens aisés de La Malbaie une société par actions, la Société des entrepreneurs des pinières du Saguenay, connue plus tard sous le nom de Société des vingt et un. Elle est financée secrètement par Price, qui allait ainsi s’assurer la mainmise sur les meilleurs emplacements de moulins à scier de la vallée du Saguenay, après en avoir laissé l’installation et l’exploitation à des entrepreneurs locaux sous la direction de Simard et de Tremblay. En effet, malgré l’expérience de plusieurs de ses membres, la société accumule échec sur échec. De 1840 à 1842, Price procède au rachat graduel des actions de la compagnie par l’entremise de Tremblay. Il en vient ainsi à posséder, dès avant l’ouverture officielle du Saguenay à la colonisation, presque tous les moulins du Saguenay. Tremblay, devenu surintendant des établissements de La Malbaie, de la rive nord et du Saguenay, négociera régulièrement pour Price, dans les années qui suivent, l’achat de la plupart des scieries construites dans ces régions.

Au cours de ces années fastes, sans cesse obligé de voyager entre La Malbaie et le Saguenay, Tremblay renonce à la culture du sol. En société avec ses fils Isaïe et Alexis, il construit en 1840 un magasin et un quai à La Malbaie. Commerçant et agent de Price, Tremblay appartient désormais à l’élite de La Malbaie.

En 1839, Tremblay avait appuyé avec succès une nouvelle pétition réclamant la concession de terres dans la région saguenayenne. Cette démarche dessert ses intérêts à long terme : le peuplement de cette contrée donne naissance à une élite locale qui libère les nouveaux centres de l’emprise des commerçants de Charlevoix. De plus, lorsque Peter McLeod s’associe à Price en novembre 1842, Tremblay se trouve réduit au rôle de gérant de l’établissement de Grande-Baie, tandis que McLeod devient surintendant du Saguenay.

La William Price and Company éprouve certaines difficultés à compter de 1843 et Tremblay songe plus sérieusement à s’occuper de ses propres affaires. Le 29 avril 1844, il s’associe aux frères Pierre et André Harvey, marchands de La Malbaie, pour « faire le commerce du Saguenay ». Son magasin et son quai sont mis à la disposition des Harvey à qui il laisse la direction de la société pendant ses séjours à Grande-Baie. Quelques jours plus tard, les trois nouveaux associés participent avec d’autres bourgeois et une centaine de cultivateurs de La Malbaie et de Sainte-Agnès à la création de la Société du Saint-Laurent, dont le but est de développer le commerce, l’agriculture et l’exploitation forestière dans la partie du comté de Saguenay longeant le Saint-Laurent. Les sociétaires s’engagent à respecter les droits de la Hudson’s Bay Company sur ce territoire et choisissent Tremblay comme agent général. À peine deux mois se sont écoulés que la nouvelle société de colonisation est dissoute sous prétexte que l’exploration des lieux a été trop décevante. Mais, pendant ce temps, Tremblay s’affaire. Il hypothèque d’abord ses biens fonciers pour obtenir les fonds nécessaires à la construction d’un nouveau magasin pour les provisions du Saguenay. Puis, il dissout son association avec les frères Harvey. L’automne venu, il ouvre un chantier à Portneuf, dans la seigneurie de Mille-Vaches. Cette fois, il agit pour le compte de James Gibb, marchand de bois de Québec et associé de Price.

En 1846, sans doute trop occupé à Portneuf, Tremblay cède sa part du magasin à son fils Alexis qui est devenu un actif marchand de La Malbaie et un collaborateur de Price. Tremblay père est, en outre, au cours des années 1840, un des grands prêteurs de La Malbaie. Jusqu’en 1850, il participe encore à quelques entreprises de Price et s’intéresse même, en 1847, à la création à La Malbaie de la Société des défricheurs de la Rivière-au-Sable, formée dans le but d’exploiter les terres du futur canton de Jonquière.

Devenu veuf au printemps de 1842, Tremblay se remarie la même année. Homme d’affaires avisé, il s’était refusé lors du décès de sa première femme à faire procéder à l’inventaire et au partage de ses biens. Mais finalement, en décembre 1850, il renonce à la plupart de ses biens meubles en faveur de certains de ses enfants, les autres ayant déjà reçu en argent leur part de la succession maternelle. Tremblay garde toutefois la propriété de la terre qu’il exploite avec l’aide de son fils Augustin. En 1852, peu après avoir définitivement quitté Portneuf, il se retrouve à la tête d’une florissante exploitation agricole. Pendant ses dernières années, il se soucie d’établir les cadets et règle de vieilles dettes et d’anciennes créances. Il se dit alors bourgeois comme Thomas Simard dont il achète le moulin de Port-aux-Quilles en 1858. En décembre de la même année, à peine deux mois avant sa mort, il cède enfin sa terre dans le rang du Ruisseau-des-Frênes à son fils Augustin.

À la fin de ses jours, le moulin de Port-aux-Quilles est le seul bien que possède Alexis Tremblay, dit Picoté. Certes, Tremblay a réussi à établir ses nombreux enfants, mais c’est là un bien maigre bilan pour un homme qui a participé à l’établissement de l’empire de William Price.

Mario Lalancette

ANQ-Q, CE4-2, 14 juin 1787 ; CE4-3, 4 sept. 1810, 7 sept. 1842, 28 janv. 1859 ; CN1-197, 16 oct. 1837 ; CN1-232, 1837 ; CN4-8, 4 juill. 1839, 12 oct., 28 déc. 1840, 12 mars 1841, 12 oct. 1842, 29 avril, 1er mai, 13 juin, 24 sept. 1844, 26 juin 1846, 5 nov. 1852 ; CN4-9, 3 janv., 12 févr., 11, 28 mars, 8, 19 avril, 1er mai, 8 juin, 3, 12, 29 sept., 1er, 22, 24 oct. 1836, 8 janv., 9, 13 juin, 24 juill., 9, 16, 19 oct., 11, 27, 28 nov. 1837, 16 janv., 18, 19 févr., 21 avril, 24 juill., 26 sept., 4 oct. 1838 ; CN4-10, 30 juin, 5 oct. 1840, 15 févr., 30 août 1842, 13 sept. 1848, 14 août, 7–21 déc. 1850, 16 nov. 1858, 8 mars 1859 ; CN4-12, 22 juill. 1823 ; CN4-13, 1836–1860 ; CN4-15, 24 nov. 1807, 23, 27 août 1810 ; CN4-16, 18 mai, 11 juin 1795 ; CN4-19, 25 juill., 27 août 1842, 19 août 1844 ; P–81.— ANQ-SLSJ, P-2, Dossiers 335 ; 340 ; 1646, doc. 79.— APC, RG 31, A1, 1842, 1851, La Malbaie.— ASQ, S, S-168.— B.-C., chambre d’Assemblée, Journaux, 1828–1829, app. RRR ; 1834, app. H ; 1835–1836, app. EEE.— Canada, prov. du, Assemblée législative, Journaux, 1841 ; 1857, app. 25 ; 1858, app. 15.— « Un document intéressant », Victor Tremblay, édit., Saguenayensia (Chicoutimi, Québec), 11 (1969) : 45–48.— Le Canadien, 21 mars 1836, 18 déc. 1843.— Arthur Buies, le Saguenay et le Bassin du lac Saint-Jean ; ouvrage historique et descriptif (3e éd., Québec, 1896).— Louise Dechêne, « William Price, 1810–1850 » (thèse de licence, univ. Laval, 1964).— Victor Tremblay, Histoire du Saguenay depuis les origines jusqu’à 1870 (Chicoutimi, 1968).— « Mémoires d’un vieillard : Maxime Tremblay « Picoté », Victor Tremblay, édit., Saguenayensia, 2 (1960) : 10–11.— Victor Tremblay, « Des types de chez nous », Saguenayensia, 13 (1971) : 111–114.

Bibliographie générale

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Mario Lalancette, « TREMBLAY, Picoté, ALEXIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 28 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/tremblay_alexis_8F.html.

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Auteur de l'article:    Mario Lalancette
Titre de l'article:    TREMBLAY, Picoté, ALEXIS
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
Date de consultation:    28 mars 2024