Titre original :  Lewis Morris Wilkins. Credit: Province House Collection.

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WILKINS, LEWIS MORRIS, officier de milice, avocat, fonctionnaire, homme politique et juge, né vers 1768 à Morrisania (ville de New York), fils du révérend Isaac Wilkins et d’Isabella Morris, sœur de Lewis Morris, l’un des signataires de la Déclaration d’indépendance américaine ; le 13 août 1799 à Lunenburg, Nouvelle-Écosse, il épousa Sarah Creighton, fille de John Creighton*, et ils eurent sept enfants, dont Lewis Morris* et Martin Isaac* ; décédé le 3 janvier 1848 à sa résidence de Windsor, Nouvelle-Écosse.

Loyaliste new-yorkais, le père de Lewis Morris Wilkins amena sa famille à Shelburne, en Nouvelle-Écosse, en 1784. Les détails manquent concernant l’éducation de Lewis Morris. Il se peut qu’il ait étudié le droit avec son oncle Martin S. Wilkins, attorney à Shelburne. Vers 1798, on l’admit au barreau de la Nouvelle-Écosse. Nommé lieutenant dans la milice du comté de Lunenburg le 6 juillet 1793, il obtint deux ans plus tard une petite concession dans le canton de Lunenburg.

Wilkins fut shérif du comté de Halifax de 1798 jusqu’à 1804, année de sa démission. Il se consacra ensuite à la pratique du droit et plaida entre 1804 et 1814 un nombre toujours croissant de causes devant les tribunaux de Halifax. Il avait en outre une nombreuse clientèle dans le comté de Lunenburg et le district de Pictou, où son principal concurrent était Samuel George William Archibald, et il comptait parmi les avocats de la Cour de vice-amirauté à Halifax. John George Marshall*, qui avait étudié le droit à son cabinet, en parlait comme de son « bon, toujours sûr et précieux ami ».

La carrière politique de Wilkins commença en 1799 : on l’élut alors dans le canton de Lunenburg, qu’il représenta à la chambre d’Assemblée durant toute sa carrière de député. Au début de la session de 1806, la chambre désigna William Cottnam Tonge* à titre de président, mais le lieutenant-gouverneur sir John Wentworth*, qui était en mauvais termes avec lui, s’opposa. Le 20 novembre, après deux jours de débats sur ce geste sans précédent dans l’histoire de la Nouvelle-Écosse, les députés élirent Wilkins. Wentworth approuva le choix de Wilkins, personnage moins controversé ; au terme de la session, il rapportait à lord Castlereagh, secrétaire d’État aux Colonies, que Wilkins avait, « pendant les séances, accompli les devoirs de sa charge avec impartialité, application et dignité ». Pourtant, Wilkins avait eu en cours de route un conflit avec le lieutenant-gouverneur au sujet d’une élection dans le canton d’Annapolis que l’Assemblée avait déclarée nulle. Wentworth et le conseil refusaient de lancer un nouveau mandat de convocation, sous prétexte que l’Assemblée n’était pas seule à avoir le droit d’invalider une élection. C’est seulement après que les légistes anglais eurent appuyé le point de vue de l’Assemblée que Wentworth accepta de remettre le mandat à Wilkins.

Les débats furent relativement sereins pendant quelques années, mais il y eut tout de même des accrochages. En 1809, Wilkins se signala en s’élevant contre le veto que l’administrateur Alexander Croke avait opposé au projet de loi portant affectation de crédits et, en 1812, il amena l’Assemblée à blâmer le conseil pour sa décision de modifier un projet de loi de finances. En plus de diriger l’Assemblée, Wilkins correspondait avec des présidents parlementaires d’autres colonies et avec l’agent de l’Assemblée à Londres. Il fut également du nombre des commissaires responsables des dépenses pour l’ameublement de la résidence du gouverneur et fit partie du comité chargé des plans d’aménagement intérieur de Province House.

Le 30 mars 1816, on nomma Wilkins troisième juge suppléant de la Cour suprême et, au mois de février suivant, il démissionna de son poste de député. Peu de temps après sa nomination, il s’installa à Windsor, où on le reconnut vite pour sa généreuse hospitalité envers ses visiteurs, entre autres son ami intime William Edward Parry*, navigateur de l’Arctique, et le lieutenant-gouverneur lord Dalhousie [Ramsay]. À cause des exigences de son rang ou bien de celles de sa nombreuse famille, Wilkins était « très pauvre » à la fin des années 1820, du moins si l’on en croit son collègue le juge James Stewart. Ce dernier ajoutait que Wilkins essayait continuellement de faire augmenter le traitement des juges et qu’il se trouvait en désaccord avec à peu près tout le monde en raison de ses difficultés financières qui le poussaient à faire preuve d’indépendance. Chose certaine, il était loin d’être courtois au tribunal. En septembre 1829, à Pictou, il fut si impoli à l’égard d’un plaignant que l’avocat de ce dernier, James William Johnston*, le blâma.

Il ne fait aucun doute que les responsabilités de Lewis Morris Wilkins lui pesaient. En 1816, le système de tribunaux itinérants, en vigueur jusque-là dans certains comtés, s’étendit à toute la province. Les deux juges nécessaires pour tenir audience devaient faire des voyages longs et pénibles et Wilkins, en vieillissant, devenait moins capable de les supporter. C’est sans doute pour cette raison qu’il tenta pendant plusieurs années de faire changer la loi, de manière à permettre à un juge seul de siéger. Il y parvint en 1834 et se réjouit d’autant plus que les jeunes juges allaient pouvoir remplir la plus grande partie des tâches. En 1838, Wilkins obtint un congé pour aller refaire sa santé en Angleterre. À partir de cette époque, semble-t-il, ses « infirmités physiques » l’empêchèrent de faire des tournées, bien qu’il ait siégé à Horton en 1839, et à Kentville en 1845. À sa mort, les barristers de la province firent son éloge en ces termes : « l’un des avocats les plus populaires, éloquents et efficaces [... il se] distingua [...] en tant qu’« ami du pauvre ». Il laissa tous ses biens par testament à sa femme et à son fils aîné.

Phyllis R. Blakeley

PANS, MG 1, 979–980 ; RG 1, 303–305 ; RG 5, A, 6–22 ; R, 1 ; RG 39, HX, C, 78–88 ; J, 14–22, 102 ; KI, J, 5.— N.-É., House of Assembly, Journal and proc., 1800–1817, 1834–1836.— Reports of cases, argued and determined in the Court of Vice-Admiralty, at Halifax, in Nova-Scotia, from [...] 1803, to the end of the year 1813 [...], James Stewart, compil. (Londres, 1814).— Reports of cases argued and determined in the Supreme Court of Nova Scotia [...], James Thomson, compil. (Halifax), 2, part. i (1856).— Acadian Recorder, 8 janv. 1848.— Novascotian, 10 janv. 1848.— Royal Gazette and the Nova-Scotia Advertiser, 20 août 1799.— A calendar of official correspondence and legislative papers, Nova Scotia, 1802–15, Margaret Ells, compil. (Halifax, 1936).— Beck, Government of N.S.— Cuthbertson, Old attorney general.— J. G. Marshall, A brief history of public proceedings and events, legal, – parliamentary, – and miscellaneous, in the province of Nova Scotia, during the earliest years of the present century (Halifax, [1878]).— Murdoch, Hist. of N.S., 3.— C. J. Townshend, History of the Court of Chancery in Nova Scotia (Toronto, 1900).— Margaret Ells, « Governor Wentworth’s patronage », N.S. Hist. Soc., Coll., 25 (1942) : 49–73.

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Phyllis R. Blakeley, « WILKINS, LEWIS MORRIS (mort en 1848) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/wilkins_lewis_morris_1848_7F.html.

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Auteur de l'article:    Phyllis R. Blakeley
Titre de l'article:    WILKINS, LEWIS MORRIS (mort en 1848)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 7
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1988
Année de la révision:    1988
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