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Titre original :  E.A. Wilson photographed July 25th 1927 on his 49th birthday. 
Posted at the author John Oliphant's website: https://www.brotherxii.com/who.html

Provenance : Lien

WILSON, EDWARD ARTHUR (connu également sous les noms de Brother XII et The Brother, XII, et plus familièrement comme Brother Twelve ; le 23 mars 1931, il changea officiellement son nom pour Amiel de Valdes), mystique et chef de secte, né le 25 juillet 1878 à Birmingham, Angleterre, fils de Thomas Wilson, maître artisan, et de Sarah Ellen Pearsall ; le 24 décembre 1902, il épousa à Wellington, Nouvelle-Zélande, Margery Clark, et ils eurent un fils et une fille ; décédé le 7 novembre 1934 à Neuchâtel, Suisse, ou ultérieurement.

Brother XII fut l’un des personnages les plus fascinants dans le milieu des sectes au xxe siècle. Le professeur James A. Santucci dit de lui qu’il « avait le génie d’un L. Ron Hubbard, le penchant destructeur d’un Jim Jones […] et l’emprise hypnotique d’un Raspoutine ». Son groupe fut un prototype des nouveaux mouvements religieux qui seraient fondés par des chefs charismatiques dans la seconde moitié du siècle.

Nommé, au départ, Edward Arthur Wilson, il grandit au sein de l’Église catholique apostolique et fut fortement influencé par ses enseignements apocalyptiques. Mystique naturel, il affirmerait avoir été en contact dès son jeune âge avec des êtres supérieurs et des mondes subtils. Placé en apprentissage sur un voilier de la marine royale dans sa jeunesse, il parcourut les mers en tant que marin, navigateur et, finalement, capitaine. Pendant ses voyages, il se plongea dans l’étude de la métaphysique et des religions du monde, et s’intéressa particulièrement aux enseignements de la Theosophical Society. En 1907, il s’installa avec sa femme et ses enfants en Colombie-Britannique, où il occupa divers emplois, y compris celui de pilote de navire. D’après ses dires, il participa, en 1912, à une « cérémonie de consécration » au cours de laquelle il prit connaissance de sa mission occulte. Par la suite, il abandonna sa famille, qui regagna sa Nouvelle-Zélande natale, reprit ses pérégrinations et se remit à étudier, soi-disant pour se préparer à la tâche spirituelle qu’il devrait accomplir.

Ce fut pendant qu’il vivait dans le sud de la France, à l’automne de 1924, appauvri et malade, que Wilson entendit la voix d’une divinité égyptienne lui dire de s’apprêter pour sa grande mission. Cette révélation fut suivie d’une période intense d’écriture automatique et de communication inspirante avec un être supérieur, qui se présentait lui-même comme un « maître de sagesse » au sein d’une fraternité occulte connue sous le nom de « grande loge blanche » ; les théosophes croyaient que cette dernière guidait l’évolution de l’humanité. En 1925, Wilson commença à recevoir de cette entité des enseignements qu’il publierait à Londres l’année suivante sous le titre The three truths : a simple statement of the fundamental philosophy of life as declared and shown to « Brother XII » (the personal chêla of a Master). En 1926, il publia également à Londres A message from the Masters of the Wisdom, manifeste du mouvement dont il était le porte-parole. En tant que représentant du douzième frère de la « grande loge blanche », il prit le nom The Brother, XII. Sous le pseudonyme d’E. A. Chaylor, Wilson écrivit dans la Occult Review de Londres, la plus éminente revue occulte au monde, de nombreux articles qui firent sensation dans les milieux ésotériques. Profitant de cette publicité, il entreprit de recruter des membres pour l’Aquarian Foundation, qui, selon lui, accomplirait l’œuvre de la loge et serait littéralement une « arche de refuge » lorsque la dévastation qu’il prédisait engloutirait la civilisation occidentale.

Au printemps de 1927, Brother XII arriva en Colombie-Britannique, où il établit le siège de l’Aquarian Foundation à Cedar-by-the-Sea (Cedar), à sept milles au sud de Nanaimo, dans l’île de Vancouver. Le gouvernement provincial accorda une charte à l’association le 16 mai. À la fin de l’été, la fondation comptait environ 1 250 membres au Canada et aux États-Unis, ce qui s’ajoutait au noyau de plusieurs douzaines d’adeptes qui résidaient dans la colonie de l’île. Séduites par la prose convaincante et le charisme de Brother XII, de nombreuses personnes riches et très en vue devinrent membres de la fondation, et plusieurs construisirent des maisons de luxe à Cedar-by-the-Sea.

Brother XII s’impliqua également en politique. Bien qu’ils seraient de nos jours considérés comme antisémites et anticatholiques, ses articles furent bien accueillis du public à l’époque. L’auteur y affirmait que le monde se transformait rapidement en une dictature universelle. Il mettait aussi ses contemporains en garde contre un réseau de monopoles imbriqués les uns dans les autres, qui concentrerait tous les pouvoirs entre les mains de quelques individus qui décideraient du destin de la planète. Le Chalice, la revue mensuelle de la fondation parue pour la première fois en novembre 1927 à Nanaimo, lui fournit une tribune pour exprimer ses opinions politiques. En janvier 1928, Brother XII se rendit à Washington, afin de chercher du soutien pour un troisième parti aux États-Unis ; il s’alignait sur des groupes protestants, le Ku Klux Klan et des éléments politiques déçus qui s’opposaient aussi bien à la candidature présidentielle de Herbert Clark Hoover qu’à celle d’Alfred Emmanuel Smith (dont l’appartenance à la confession catholique sema la division dans la campagne de cette année-là).

À Cedar-by-the-Sea, Brother XII vécut avec Elma Wilson, qu’il présentait comme sa femme même s’ils ne s’étaient jamais mariés légalement. En juillet 1928, il amorça une relation amoureuse avec Myrtle Baumgartner, née Wells, femme d’un médecin new-yorkais ; il affirma qu’ils étaient les réincarnations des dieux égyptiens Osiris et Isis, et que leur enfant deviendrait un guide spirituel international en 1975. Mme Baumgartner fit deux fausses couches, puis sombra dans une dépression nerveuse. L’infidélité de Brother XII précipita, parmi les membres, une crise qui s’aggrava en octobre, quand il fut accusé par les administrateurs de la fondation d’avoir détourné la contribution de 25 000 $ d’une riche partisane, Mary Wortham Connally, née Thomas. L’accusation fut rejetée le mois suivant lorsque cette dernière déclara devant un tribunal qu’il s’agissait en fait d’un cadeau. Pendant un procès ultérieur, intenté par un employé de la colonie pour non-paiement de salaire, on prétendit que Brother XII avait utilisé ses pouvoirs occultes afin de mettre ses opposants hors de combat, en faisant s’évanouir des gens dans la salle du tribunal et en faisant oublier ses arguments à l’avocat du plaignant. En dépit du fait qu’il remporta ses batailles juridiques, l’échec de ses projets politiques et l’incapacité de son âme sœur à concevoir un enfant entraînèrent une désillusion générale parmi ses disciples.

Ne se laissant pas décourager par ces événements, Brother XII étendit sa colonie originale aux îles Valdes et De Courcy, à proximité de Cedar-by-the-Sea. En 1929, il renomma la nouvelle colonie Brothers’ Center. Il déclara qu’elle deviendrait une « ville de refuge » et que les quelques privilégiés qu’il avait invités à y habiter survivraient à la désintégration prochaine de l’ordre social. Il prédit avec exactitude l’effondrement des cours de la Bourse d’octobre 1929 et établit, dans une série de lettres mensuelles, un lien entre son œuvre et les mouvements spirituels d’époques antérieures, dont le monothéisme du pharaon égyptien Akhenaton. Sa nouvelle épouse était Edith Mabel Skottowe, née Rowbotham, arrivée à la colonie au printemps de 1929. Ils se marièrent au cours d’une cérémonie occulte et changèrent officiellement leurs noms pour Amiel de Valdes et Zura de Valdes (le 23 mars 1931 et le 23 septembre 1931 respectivement).

Lorsque Brother XII revint à la colonie en novembre 1930, à la suite d’un voyage en Angleterre, il semblait différent. Il s’isolait de la plupart de ses disciples et présentait des symptômes de paranoïa extrême. Il arma un petit groupe de partisans, fortifia la colonie et était sujet à des accès de rage irrationnels. Ce comportement provenait peut-être d’une consommation de drogues, de l’état d’instabilité mentale dans lequel il se trouvait après avoir frôlé la mort pendant le voyage de retour à bord de son voilier ou d’une démence progressive dont certaines manifestations avaient été observées dès 1926, mais ce ne sont là que des hypothèses.

Sous la surveillance d’Edith Mabel, Brother XII imposa alors aux disciples un régime de travail physique éreintant, les forçant à peiner de longues heures à la ferme de la colonie dans des conditions qui équivalaient à de l’esclavage. Ces derniers acceptèrent de bon gré ces souffrances et ces privations, croyant qu’elles avaient pour but d’éprouver leurs aptitudes spirituelles. Cependant, au printemps de 1932, comme l’état mental de Brother XII se détériorait, les membres de la colonie se révoltèrent et exigèrent qu’il justifie son comportement tyrannique et arbitraire. Furieux de cette remise en question de son autorité, il bannit des îles De Courcy et Valdes les fidèles encore présents et les renvoya à Cedar-by-the-Sea. Ils y formèrent leur propre groupe et renièrent leur chef Brother XII.

Deux des anciens adeptes de Brother XII, Mary Wortham Connally et Alfred Henry Barley, finirent par engager des poursuites afin de récupérer les sommes qu’ils avaient données. Les procès eurent lieu à Nanaimo, en avril 1933, et furent marqués par le témoignage sensationnel du disciple Roger Painter, qui accusa Brother XII d’avoir tenté de tuer ses ennemis, parmi lesquels figuraient de nombreux hauts fonctionnaires, en utilisant la magie noire. Le juge en chef Aulay MacAulay Morrison déclara que ces procès étaient « les affaires les plus étranges jamais entendues par un tribunal canadien ». Les jugements rendus en faveur des plaignants furent inutiles, Brother XII et Edith Mabel Skottowe ayant quitté la province en octobre 1932, après avoir saccagé les lieux et en emportant avec eux les centaines de milliers de dollars de contributions amassés par Brother XII au fil des ans.

En utilisant le nom de famille de l’ancien mari de Mabel, Wilson échappa aux huissiers et vécut sous le nom de Julian Churton Skottowe dans le Devonshire, en Angleterre. En 1934, le couple arriva à Neuchâtel, en Suisse, pour obtenir l’aide médicale du docteur Roger Auguste Schmidt, médecin de Wilson et ancien membre de la colonie. Un certificat de décès signé par Schmidt indique qu’Edward Arthur Wilson mourut le 7 novembre 1934 d’une angine de poitrine. Néanmoins, un témoin digne de foi dit l’avoir aperçu deux ans plus tard à San Francisco, ce qui laisserait croire à un simulacre de décès. Si ces allégations sont fondées, son sort et celui d’Edith Mabel Skottowe demeurent mystérieux.

Edward Arthur Wilson fut sans aucun doute un homme brillant, qui semble avoir connu de véritables expériences mystiques. Ses nombreux écrits témoignent de ses dons et de sa capacité à exprimer des vérités spirituelles profondes dans un langage clair et convaincant. Cependant, comme bien d’autres qui succombèrent à la tentation du pouvoir et du culte de la personnalité, il finit par trahir les idéaux à la base de sa communauté utopique. Malgré le fait qu’il fut un visionnaire dévoué aux changements sociaux et spirituels, il n’arriva jamais à mener ses projets à terme et laissa un héritage équivoque de rêves brisés et de promesses déçues, ainsi qu’une des plus fascinantes chroniques de l’histoire religieuse du xxe siècle.

John Oliphant

L’étude la plus complète sur la vie et les enseignements d’Edward Arthur Wilson est notre biographie, Brother XII : the strange odyssey of a 20th-century prophet and his quest for a new world (Halifax, 2006), édition révisée de Brother Twelve : the incredible story of Canada’s false prophet (Toronto, 1991). On trouve aux BCA la documentation la plus importante sur Brother XII ; d’autres renseignements sont disponibles à la Univ. of B. C. Library, Rare Books and Special Coll. (Vancouver). L’ouvrage de Ronald MacIsaac et al., The Brother XII : the devil of DeCourcy Island (Victoria, 1989), est un assemblage disparate d’informations qui vise en partie à discréditer la version frauduleuse de H. E. Wilson, Canada’s false prophet ; the notorious Brother Twelve (Richmond Hill, Ontario, [1967]) ; Herbert Emmerson Wilson, reconnu coupable d’un crime, prétendait faussement être le frère d’Edward Arthur. L’article de J. A. Santucci, « The Aquarian Foundation », Communal Soc. (Amana, Iowa), 9 (1989) : 39–61, analyse en profondeur les activités de Brother XII dans le contexte de la Theosophical Society. Le même auteur a aussi publié un compte rendu de Brother Twelve dans Theosophical Hist. (Fullerton, Calif.), 2e sér., 4 (1992–1993) : 56–59. Dans le même numéro, pp.194–219, se trouve notre article « The teachings of Brother XII », qui résume ses enseignements. Le site Web www.brotherxii.com (consulté le 6 juin 2007) fourni une excellente vue de l’ensemble des activités de Brother XII, avec illustrations.

Bibliographie générale

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

John Oliphant, « WILSON, EDWARD ARTHUR (Brother XII ; The Brother, XII ; Brother Twelve ; Amiel de Valdes) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/wilson_edward_arthur_16F.html.

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Permalien: http://www.biographi.ca/fr/bio/wilson_edward_arthur_16F.html
Auteur de l'article:    John Oliphant
Titre de l'article:    WILSON, EDWARD ARTHUR (Brother XII ; The Brother, XII ; Brother Twelve ; Amiel de Valdes)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2014
Année de la révision:    2014
Date de consultation:    19 mars 2024