WILSON, ERASTUS WILLIAM, homme d’affaires et officier, né le 1er juillet 1860 à Belleville, Haut-Canada, fils de James Wilson, fondeur, et de Mary Ann Dowser ; en 1887, il épousa Sara Etta L. Bricker, de Berlin (Kitchener, Ontario), et ils eurent deux fils et une fille ; décédé le 15 mai 1922 à Montréal.
Erastus William Wilson fréquente d’abord l’école à Belleville, puis il poursuit ses études secondaires à Oshawa. Il opte ensuite pour travailler dans le commerce plutôt que de fréquenter la University of Toronto, où sa demande d’admission a été acceptée.
Wilson s’établit à Montréal en 1882. Deux ans plus tard, il entre au service de la Compagnie d’assurance sur la vie, dite des Manufacturiers [V. George Gooderham*], dont il sera le directeur du bureau de la métropole jusqu’en 1911. Il passera alors au service de la Compagnie d’assurance du Canada sur la vie, encore comme directeur, avant de devenir plus tard le responsable des activités de la compagnie pour la province de Québec. Il occupera ce poste jusqu’à sa mort. Il sera également directeur de la Crown Trust Company et de la Peter Lyall and Sons Construction Company.
Pendant sa carrière, Willson joue un rôle effectif au Bureau de commerce de Montréal, et aura l’honneur d’être nommé membre à vie du conseil d’administration du Montreal General Hospital et de l’Association des gymnastes amateurs de Montréal. Il participera aussi aux activités maçonniques de la Royal Victoria Lodge No. 57, dont il sera un ancien maître ; en 1895, il accédera au poste de grand maître provincial des cérémonies. Il fera partie de plusieurs associations de la région de Montréal : les prestigieux Club St James et Club Mont-Royal, ainsi que le Forest and Stream Club. En 1917, le roi lui décernera le titre de compagnon de l’ordre de Saint-Michel et Saint-Georges. Il demeurera à Westmount et aura une résidence d’été à Dorval.
L’intérêt de Wilson pour la vie militaire se manifeste dès son arrivée à Montréal, en 1882, année où il s’enrôle comme simple soldat dans le 3rd Battalion of Rifles (Victoria Rifles of Canada). Probablement grâce à la qualité de son rendement et de son leadership, il gravit progressivement les échelons et obtient une commission d’officier en janvier 1892. Le 25 septembre 1903, il devient commandant du régiment avec le grade de lieutenant-colonel. Il quitte son poste après avoir exercé ses fonctions durant quatre ans.
Wilson est promu colonel le 1er juin 1914, au moment où il se voit confier le commandement intérimaire du district militaire no 4 (Montréal). Lorsque la Première Guerre mondiale est déclenchée, le 4 août 1914, il joint le personnel du ministre de la Milice et de la Défense, Samuel Hughes, à Valcartier, et il accompagne celui-ci en Angleterre, en octobre, à titre d’officier d’ordonnance. Le 20 novembre, il prend le commandement du district militaire no 4. Le 1er septembre 1915, il accède au grade de brigadier-général. L’année suivante, il est nommé commandant du camp de Valcartier ; en juin, il est promu major-général. En 1917, il reprend le commandement du district militaire no 4. À l’été de 1918, il se rend en Angleterre et visite le front en compagnie du premier ministre sir Robert Laird Borden* et du ministre des Forces militaires d’outre-mer, sir Albert Edward Kemp. Il revient au Canada au mois d’août. À la fin de la guerre, il demande à quitter ses fonctions, mais les autorités militaires le persuadent de rester à son poste jusqu’à ce que le rapatriement des soldats soit terminé. Il laisse finalement le commandement du district militaire no 4 en octobre 1919. Il décède moins de trois ans plus tard, le 15 mai 1922, à l’âge de 61 ans. Ses deux fils ont également participé à la Première Guerre mondiale : Erastus William s’est enrôlé dans la 2nd Canadian Mounted Rifles Brigade et a servi dans le personnel de son état-major ; Bradley Alexander a également joint le Corps expéditionnaire canadien.
Wilson a réussi sa carrière d’homme d’affaires et sa carrière militaire. Il est même parvenu à cumuler les deux durant la guerre. Ce n’était certes pas là une mince tâche, et il y est parvenu au détriment de sa santé. Il a accompli ses fonctions durant la guerre à la satisfaction des autorités, comme le montrent ses promotions successives. À titre de commandant du district no 4, il a joué un rôle non négligeable dans le recrutement. Mais, comme tant d’autres hommes d’affaires montréalais de l’époque, Wilson ne parlait pas français et son monde culturel et social était anglophone. Son manque de sensibilité à l’égard des Canadiens français a nui à son travail. Il a aidé, il est vrai, Olivar Asselin* dans le recrutement du 163e bataillon d’infanterie, comme l’a reconnu Rodolphe Lemieux* à la Chambre des communes. En revanche, dès le 12 juillet 1915, il souhaitait l’instauration de la conscription.
Wilson a échoué dans ses efforts pour susciter la naissance, dans la région de Montréal, d’une association civile de recrutement canadienne-française, active, forte et vigoureuse. Pour ce faire, il a pris contact avec trois militaires et trois civils francophones, le sénateur Frédéric-Ligori Béïque*, sir Alexandre Lacoste et, surtout, le sénateur Raoul Dandurand*, qui n’ont pas été capables de répondre favorablement à sa requête. En effet, ils n’ont pas trouvé un prêtre francophone prêt à prendre en charge le recrutement de volontaires francophones, comme le souhaitait Wilson, et n’ont pu constituer un fonds similaire à celui de la Citizen’s Recruiting League, association anglophone créée pour favoriser le recrutement de volontaires disposés à s’enrôler dans les bataillons anglophones qui œuvraient dans le district militaire no 4. Le 14 mars 1916, Wilson a désigné un pasteur méthodiste, le révérend Charles A. Williams, au poste de recruteur en chef de son district, sous prétexte qu’il n’avait pu trouver un prêtre francophone pour occuper cette fonction. Or, il aurait pu choisir plutôt un officier ou un civil, comme on l’a fait dans le district militaire no 5, dont le quartier général se trouvait à Québec. Cette nomination mal avisée a été relevée par Lemieux l’année suivante, à la Chambre des communes, au cours des débats suscités par la Loi concernant le service militaire. Pendant son séjour à la tête du camp de Valcartier, Wilson n’a pas su comprendre la position difficile des commandants de bataillons canadiens-français, réduits au simple rôle d’officiers de recrutement, comme il l’a montré en 1916 dans son évaluation du travail du commandant du 150e bataillon d’infanterie, le lieutenant-colonel Hercule Barré, et dans ses critiques à l’égard du commandant du 178e bataillon d’infanterie, le lieutenant-colonel René-Arthur de La Bruère Girouard.
En dépit de ces réserves, il faut reconnaître qu’Erastus William Wilson a été un officier supérieur dévoué, dédié à la cause du Corps expéditionnaire canadien et, dans la vie de tous les jours, « un véritable gentleman », selon Lemieux.
BAC, RG 31, C1, 1861, Belleville, [Ontario], dist. 1, Sampson Ward : 14 ; 1871, Oshawa, Ontario, div. 2 : 65-66 ; RG 150, Acc. 1992-93/166, boîte 10442-23.— Le Devoir, 16 mai 1922.— J.-P. Gagnon, le 22e bataillon (canadien-français), 1914-1919 ; étude socio-militaire (Québec et Ottawa, 1986).— Nicholson, CEC.— The storied province of Quebec ; past and present, W. [C. H.] Wood et al., édit. (5 vol., Toronto, 1931-1932), 3.
Jean-Pierre GAGNON, « WILSON, ERASTUS WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 6 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/wilson_erastus_william_15F.html.
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Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
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