DCB/DBC Mobile beta
+

Dans le cadre de l’accord de financement entre le Dictionnaire biographique du Canada et le Musée canadien de l’histoire, nous vous invitons à participer à un court sondage.

Je veux participer maintenant.

Je participerai plus tard.

Je ne veux pas participer.

J’ai déjà répondu au sondage

Nouvelles du DBC/DCB

Nouvelles biographies

Biographies modifiées

Biographie du jour

ROBINSON, ELIZA ARDEN – Volume XIII (1901-1910)

décédée le 19 mars 1906 à Victoria

La Confédération

Le gouvernement responsable

Sir John Alexander Macdonald

De la colonie de la Rivière-Rouge au Manitoba (1812–1870)

Sir Wilfrid Laurier

Sir George-Étienne Cartier

Sports et sportifs

Les fenians

Les femmes dans le DBC/DCB

Les conférences de Charlottetown et de Québec en 1864

Les textes introductifs du DBC/DCB

Les Acadiens

Module éducatif

La guerre de 1812

Les premiers ministres du Canada en temps de guerre

La Première Guerre mondiale

Titre original :  Office of Lieutenant Governor: Lieutenant Governors gallery

Provenance : Lien

YOUNG, sir ARETAS WILLIAM, administrateur colonial, né probablement en 1777 ; il épousa Sarah Cox, du comté de Wexford (république d’Irlande), et ils eurent au moins 12 enfants ; décédé le 1er décembre 1835 à Charlottetown.

On connaît peu de chose des origines d’Aretas William Young, mais celui-ci devait appartenir à une famille respectable puisque, après être entré dans l’armée en qualité d’enseigne le 3 septembre 1795, il put acheter une commission de lieutenant le 28 octobre suivant et une de capitaine le 15 septembre 1796. Il servit en Irlande pendant la rébellion de 1798 et en Égypte en 1801. Puis, il fut aide de camp du général Henry Edward Fox à Gibraltar et en Sicile entre 1804 et 1806. Promu major le 17 décembre 1807, il participa jusqu’en 1812 aux campagnes d’Espagne et du Portugal contre les Français, et gagna une médaille à la bataille de Talavera. Le 25 janvier 1813, il devint lieutenant-colonel du 3rd West India Regiment cantonné à Trinidad et, de 1815 à 1820, commanda la garnison de Tobago. Son régiment fut licencié en 1820 et Young fut mis à la demi-solde. Il impressionna si favorablement le gouverneur de Trinidad, sir Ralph James Woodford, qu’il se vit confier la responsabilité du gouvernement pendant les congés de Woodford, soit d’avril à juillet 1820 et de mai 1821 à février 1823. Quand celui-ci reprit ses fonctions à Trinidad en 1820, il loua « la sage conduite » de Young et le nomma au conseil de l’île. Cette année-là et de nouveau en 1823, l’organisme qui tenait lieu de chambre d’Assemblée de l’île exprima aussi publiquement sa satisfaction. En 1826, Young fut nommé au poste nouvellement créé de protecteur des esclaves de Demerara (Guyana). Il vendit sa commission d’officier et commença le 5 juin à assumer ses nouvelles fonctions.

Le travail de Young consistait à appliquer la politique que le gouvernement britannique venait d’adopter en vue d’améliorer le sort des esclaves, et cela, afin de prévenir le blâme du lobby antiesclavagiste qui faisait entendre sa voix au Parlement. Cette politique fut accueillie sans enthousiasme par les propriétaires d’esclaves, surtout par ceux de Demerara où se trouvait l’une des plus fortes concentrations d’esclaves des Antilles britanniques et où s’était déroulée une grave insurrection en 1823. La situation de Young ne pouvait être qu’inconfortable, puisque le protecteur était censé gagner la confiance des esclaves tout en obtenant la collaboration d’institutions dominées par des colons blancs, soit l’Assemblée et les cours de justice. Néanmoins, par sa diligence et surtout par sa « discrétion », Young fit rapidement bonne impression sur le gouverneur, sir Benjamin D’Urban. Lorsque les abus étaient particulièrement criants, Young appliquait strictement la loi, même si en agissant ainsi il s’attirait l’hostilité de la population blanche. Cependant, la plupart du temps, il préférait servir de médiateur entre les esclaves et leurs maîtres plutôt que de jouer son rôle de défenseur. Étant donné qu’il s’avérait extrêmement difficile pour les esclaves de fournir des preuves de mauvais traitements, les efforts de Young eurent pour résultat que les conditions de vie dans les plantations ne s’améliorèrent que modestement, si seulement il y eut amélioration. L’efficacité limitée de Young fut tenue cachée par la pauvreté des rapports qu’il envoya à Londres et pour lesquels il fut d’ailleurs blâmé en 1827 et de nouveau en 1829. En outre, dès 1829, le gouvernement impérial abandonna peu à peu la politique qui voulait amener les colons des Antilles à améliorer le sort des esclaves, et la remplaça par un programme coercitif. À cause de ce changement, les protecteurs des esclaves se virent confier un rôle nouveau et plus agressif. Malheureusement, Young ne tint pas compte du changement de politique entrepris par ses supérieurs et, en novembre 1830, le ministère des Colonies décida de le suspendre. En février 1831, Young partit précipitamment pour Londres afin de se défendre. Bien qu’il n’ait pu convaincre le secrétaire d’État aux Colonies, lord Goderich, de le réintégrer dans son poste, il exposa sa cause d’une façon convaincante en expliquant que son comportement résultait d’une interprétation erronée de ses instructions et d’un manque de connaissances juridiques, mais n’était pas le fait d’une désobéissance délibérée. On le dédommagea en lui confiant le poste de lieutenant-gouverneur de l’Île-du-Prince-Édouard, devenu vacant pendant son séjour à Londres.

Young entra en fonction le 3 octobre 1831 à un moment critique de l’histoire de l’Île-du-Prince-Édouard. L’arrivée de William Cooper* à l’Assemblée, suite à l’élection partielle de juillet 1831, avait déclenché un nouvel effort pour déposséder les propriétaires absentéistes des vastes terres qu’ils possédaient dans l’île et qu’ils laissaient souvent à l’abandon. En avril 1832, l’Assemblée adopta une résolution par laquelle elle demandait au lieutenant-gouverneur d’instituer une cour d’escheat. L’expérience acquise à Demerara avait appris à Young que c’était folie de mal interpréter les désirs de ses supérieurs, et sa réponse prudente à la pétition de l’Assemblée fut de s’adresser à Londres pour obtenir des directives. Quand lord Goderich fit connaître son opposition à la résolution adoptée, Young espéra que cette prise de position allait mettre un terme à toute cette agitation. Young reconnaissait pourtant que les propriétaires absentéistes avaient relativement peu contribué à l’essor de la colonie. Aussi, lorsque l’Assemblée adopta, en avril 1833, un projet de loi d’évaluation foncière qui imposait une taxe substantielle sur les terres, il tenta, mais sans succès, d’amener le ministère des Colonies à approuver cette nouvelle loi, parce qu’elle était de nature à inciter les propriétaires fonciers à mettre leurs terres en valeur. Young se trouvait bien au courant de l’influence exercée par le lobby des propriétaires à Londres, mais il était prêt à lutter pour que cette influence ne s’exerce pas aux dépens de l’intérêt public. Quand plusieurs propriétaires protestèrent contre une loi qui les obligeait à contribuer à la construction de chemins qui traversaient leurs terres, Young se porta à la défense de cette loi. Puis, quand David Stewart, absentéiste en vue, eut persuadé Goderich qu’il devrait être autorisé à acheter les réserves de pêche contiguës à sa propriété, Young convainquit le secrétaire d’État aux Colonies que cet achat nuirait à long terme au développement des pêcheries.

Même si Young comprenait les efforts déployés par l’Assemblée pour faire prospérer la colonie, l’affirmation de l’historien Francis William Pius Bolger selon laquelle Young manifestait « une vive inquiétude pour le sort des tenanciers » est exagérée. À Demerara, son désir d’améliorer les conditions de vie des esclaves avait été tempéré par sa prise de position en faveur du statu quo, et, à l’Île-du-Prince-Édouard, son souci pour les locataires avait aussi diminué quand il avait tenté encore une fois d’agir en médiateur entre deux groupes de puissance et d’influence inégales. C’est ainsi que, tout en rejetant comme non fondées les rumeurs répandues à Londres par les propriétaires, à savoir que la désobéissance civile régnait dans l’île,il se montrait prêt à aider les propriétaires fonciers à percevoir leurs loyers. Pendant que Young était en congé entre le 18 mai et le 29 septembre 1834, un incident de peu de gravité se produisit à Naufrage lorsqu’un groupe de locataires empêcha le shérif de faire son travail. À son retour, Young agit rapidement pour soutenir l’autorité du gouvernement, mais il affirma également avec insistance que cet incident avait eu lieu pour l’unique raison que le shérif avait manqué « d’énergie et de tact », et il traita les délinquants avec indulgence.

Parlant de la façon dont Young s’acquittait de ses fonctions de gouverneur, Thomas Frederick Elliot, commis du Département des affaires nord-américaines du ministère des Colonies, fit son éloge en termes chaleureux. Il disait que Young avait joué « le rôle d’un sage modérateur, réprimant toute velléité d’insubordination chez la population et, en même temps, résistant à toutes les tentatives des propriétaires de créer une inquiétude non fondée ou de faire croire à des griefs imaginaires ». Pour cela, Young avait été fait chevalier le 9 juillet 1834 pendant qu’il se trouvait en congé à Londres. Néanmoins, son succès à maintenir l’harmonie dans l’île ne pouvait être que passager. Aux élections générales de décembre 1834, le mouvement en faveur de l’escheat, dirigé par Cooper, prit de la vigueur et, en avril 1835, l’Assemblée demanda encore une fois la création d’une cour d’escheat. La résistance au paiement des loyers allait devenir plus générale à la fin des années 1830. La tension grandissante entre les locataires et les propriétaires fonciers apparaissait dans les relations qui existaient depuis le début du mandat de Young entre l’Assemblée et le Conseil de l’Île-du-Prince-Édouard. Au cours de la session de 1832, le conseil indisposa les membres de l’Assemblée lorsqu’il rejeta un projet de loi visant à imposer un nouvel impôt foncier. Mais, durant les sessions de 1833 et de 1834, Young parvint à maintenir une paix précaire entre les deux chambres, grâce en partie à la nomination au conseil d’hommes, comme John Brecken*, qui n’avaient aucun lien avec les propriétaires absentéistes. Cependant, au cours de la session de 1835, l’Assemblée et le conseil furent en désaccord au sujet de nombreuses mesures, et Young se vit contraint de proroger la session le 10 avril, même si l’on n’avait pas adopté un projet de loi de finances. Le 29 avril, il réunit de nouveau le Parlement et, après une courte session, les deux chambres s’entendirent pour approuver un projet de loi de finances, mais guère plus. À ce moment-là, Young, gravement malade, avait autorisé une commission formée d’Edward James Jarvis*, d’Ambrose Lane* et de Thomas Heath Haviland* à proroger les chambres le 6 mai. Malgré une amélioration temporaire de son état de santé plus tard dans l’année, Young mourut le 1er décembre 1835.

Sir Benjamin D’Urban décrivit sir Aretas William Young comme « un homme honnête et honorable », et ce jugement ne pourrait être contredit. Young se révéla pointilleux et consciencieux dans l’exercice de ses fonctions et afficha « des manières courtoises » que la Royal Gazette de Charlottetown qualifiait de « particulièrement agréables et spontanées ». Toutefois, grandement ébranlé à la suite de sa révocation à Demerara, Young eut pour premier souci de suivre à la lettre les instructions de ses supérieurs. Dépourvu de l’intelligence et de l’influence auprès de Londres de ses successeurs immédiats, sir John Harvey* et sir Charles Augustus FitzRoy*, il n’adopta que quelques mesures positives pour réparer les injustices dont les locataires de l’Île-du-Prince-Édouard se plaignaient avec raison. Que Young ait été nommé à un poste, peu importe lequel, montre clairement le peu d’intérêt que le ministère des Colonies portait aux affaires de l’Île-du-Prince-Édouard, et il ne faut donc pas s’étonner des maigres réalisations de cet homme.

Phillip Buckner

La principale source pour la rédaction de cette biographie s’avère les archives du ministère des Colonies conservées au PRO, CO 295/50–59 ; 111/54–72 ; 112/6–7 ; 112/15 ; 226/49–52 ; 227/7–8. Les journaux de la chambre d’Assemblée et du Conseil législatif de l’Île-du-Prince-Édouard se trouvent également au PRO, sous la cote CO 229/7–8. Les renseignements sur la carrière militaire de Young sont tirés de G.-B., WO, Army list, et du DNB. Il existe une brève nécrologie dans la Royal Gazette de Charlottetown du 22 déc. 1835 ; on trouve également dans ce journal, pour les années 1832–1835, plusieurs références à Young. L’ouvrage de Duncan Campbell, History of Prince Edward Island (Charlottetown, 1875 ; réimpr., Belleville, Ontario, 1972), 78–82, contient un aperçu de la carrière de Young à l’Île-du-Prince-Édouard et Canada’s smallest prov. (Bolger), 98–105, en donne encore plus.

Bibliographie générale

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Phillip Buckner, « YOUNG, sir ARETAS WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/young_aretas_william_6F.html.

Information à utiliser pour d'autres types de référence bibliographique


Permalien: http://www.biographi.ca/fr/bio/young_aretas_william_6F.html
Auteur de l'article:    Phillip Buckner
Titre de l'article:    YOUNG, sir ARETAS WILLIAM
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    1987
Date de consultation:    19 mars 2024