Au début des années 1750, les employés de la Hudson’s Bay Company installés au fort Richmond, dans une future région du Québec, comptaient beaucoup sur les services d’un Cri qu’ils appelaient Robinson Crusoe (mort en 1755). Chasseur émérite, notamment de baleines, ce dernier servit également de messager entre les avant-postes de la Hudson’s Bay Company et d’émissaire auprès des populations autochtones. Robinson Crusoe faillit perdre la vie au cours d’un conflit domestique en 1753, mais il réussit à se rétablir et, l’année suivante, se révéla être une aide inestimable après l’attaque du fort par les Inuits.

CRUSOE, ROBINSON, chasseur cri de la Grande rivière de la Baleine (Whapmagoostui, Québec), décédé au fort Richmond le 9 décembre 1755.

Celui qui devint connu sous le nom de Robinson Crusoe arriva avec son fils Friday au nouveau fort de la Hudson’s Bay Company sur le golfe Richmond (lac Tasiujaq, Québec) en 1750. Pendant les cinq années qui suivirent, Crusoe apporta une aide inestimable à l’agent du fort, John Potts. Crusoe porta la livraison annuelle à Eastmain House en 1751. L’année suivante, on l’envoya à la Grande rivière de la Baleine avec un habit et un chapeau de capitaine destinés à un chef de l’endroit, Shewescome, pour l’inviter à venir chasser la baleine avec ses hommes à la Petite rivière de la Baleine. Ces derniers vinrent et acceptèrent comme présents de l’eau-de-vie et du tabac, mais ils ne firent pas de chasse. Crusoe était particulièrement doué pour chasser la baleine, et le forgeron du fort Richmond fabriquait des instruments de chasse à la baleine conformément à ses instructions.

La conduite de Crusoe dans sa vie privée lui fit voir la mort de près en 1753. Plusieurs années auparavant, il avait épousé la mère de son gendre. Alors qu’elle était âgée d’environ 80 ans en 1753, il la répudia et se maria avec une autre femme. Quoiqu’il fût supporté dans cette affaire par d’autres Cris qui soutenaient que cette femme et sa famille lui avaient fait subir des mauvais traitements, son gendre l’attaqua avec une hache, lui infligeant six coupures sur la tête. Potts fit ramener le blessé au poste de traite en traîneau, puisque la mort « du meilleur chasseur, pêcheur de baleine, confectionneur de raquettes et du meilleur fournisseur de provisions locales » aurait été un dur coup pour la colonie. Crusoe se rétablit.

Le 9 février 1754, des Inuits saccagèrent le poste de la Petite rivière de la Baleine et semparèrent dun garçon nommé Matthew Warden. Crusoe fournit de la venaison aux défenseurs de Richmond qui, craignant une autre attaque des Inuits, étaient inquiets et avaient peur de quitter les lieux. Potts captura deux Inuits pour les échanger contre Warden, mais ils furent tués en tentant de s’échapper. Crusoe suggéra de ne pas pendre les corps sur le gibet, à la façon des Anglais, pour ne pas inciter les Inuits à « tuer et manger le garçon » s’il était encore vivant. Au lieu de cela, Crusoe se débarassa secrètement des corps en les faisant couler dans leau par un trou découpé dans la glace. En mars, Potts envoya Crusoe à Eastmain pour livrer des lettres décrivant les événements récents et, à ce que lon rapporte, deux oreilles une de chacun des deux Inuits morts destinées aux forts Albany (Ontario) et Moose (Moose Factory, Ontario). Le 25 mai, on découvrit les os et les vêtements de Matthew Warden près du lieu où il avait été enlevé.

En novembre 1755, Crusoe fut emmené au poste malade et estropié. Il contracta une fièvre et mourut le 9 décembre. Henry Pollexfen, fils, qui se trouvait en charge du poste durant l’absence de Potts, fit le commentaire suivant : « Ce matin est mort Robinson Crusoe, digne et honnête Indien ; un homme qui a été l’aide le plus précieux, sinon le seul à servir vraiment le poste, et dont dépendait principalement la pêche à la baleine, raisons pour lesquelles sa mort est déplorée par les Européens d’ici aussi bien que par ses propres compatriotes. »

George E. Thorman

HBC Arch. B.182/a/1–8.

Bibliographie de la version modifiée :
HBC Arch. B.182/a/6, pp.45–47, 59 ; B.182/a/8, p.14.— Daniel Francis et Toby Morantz, Partners in furs : a history of the fur trade in eastern James Bay, 1600–1870 (Montréal et Kingston, Ontario, 1983).

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George E. Thorman, « CRUSOE, ROBINSON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 déc. 2025, https://www.biographi.ca/fr/bio/crusoe_robinson_3F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1974
Année de la révision:    2025
Date de consultation:    4 déc. 2025