Titre original :  Portrait of William Robert Lindsay (1761-1834). Public domain. Courtesy of McCord Stewart Museum.

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LINDSAY, WILLIAM ROBERT (la plupart du temps, il signait William Lindsay Jr), marchand, officier de milice, fonctionnaire et juge de paix, né le 10 mai 1761 et baptisé deux jours plus tard à Holborn (Londres), fils d’Alexander Lindsay et de Susannah Durand ; le 17 juin 1790, il épousa à Québec Marianne Melvin ; décédé le 11 janvier 1834 à Québec et inhumé le 14 dans la paroisse Saint-Charles-Borromée, Charlesbourg, Bas-Canada.

William Robert Lindsay a 12 ans lorsqu’il rejoint à Québec son oncle, William Lindsay. Originaire d’Écosse, ce dernier avait été envoyé assez jeune à Londres, où il était devenu d’abord commis du marchand Robert Hunter et, plus tard, copropriétaire de la firme Lawrie, Lindsay, and Thompson. À Québec, William Lindsay s’associe avec un dénommé Brash. Enrôlé dans la milice lors de l’invasion américaine de 1775–1776 [V. Benedict Arnold* ; Richard Montgomery*], il est promu lieutenant et rédige un journal du siège de Québec. La guerre permet à Lindsay et à son associé de réorienter leurs activités afin de subvenir aux nouveaux besoins des autorités coloniales. En 1778, William Lindsay est, avec Adam Lymburner*, agent à Québec des Assureurs de Londres et, en 1789, son nom figure parmi les premiers actionnaires du pont Dorchester [V. David Lynd*]. En mai 1797, il est nommé contrôleur chargé de la vérification des comptes au bureau des douanes ainsi que receveur des douanes à Saint-Jean (Saint-Jean-sur-Richelieu), où il reste jusqu’à sa mort en 1822.

William Robert Lindsay, pour sa part, s’associe au marchand William McNider en février 1783 pour former la Lindsay and McNider, dans le but d’ouvrir un magasin de détail rue Saint-Pierre, près du port, partenariat qui prend fin sept ans plus tard. Il se marie le 17 juin 1790 avec Marianne Melvin ; le couple aura huit enfants. Avec ce mariage, il se rapproche de l’homme d’affaires William Burns, recueilli par la famille Melvin après la mort de son père. Cette même année, Lindsay devient enseigne dans le Quebec Battalion of British Militia et exerce aussi les responsabilités d’adjudant avec le grade de lieutenant ; vers 1795, il est effectivement promu à ce grade. En 1805, il devient capitaine dans le 3e bataillon de milice de la ville de Québec, puis major en 1812.

Tout en continuant de tenir son commerce de marchandises sèches et de boissons alcoolisées, Lindsay entre dans l’administration publique en 1792 en qualité de greffier adjoint de la chambre d’Assemblée du Bas-Canada. À ces occupations, s’ajoutent à compter de 1799 celle de juge de paix dans le district de Québec et, en 1805, celle de secrétaire d’une société par actions fondée cette année-là sous le nom de Compagnie de l’Union de Québec dans le but de doter la ville d’un bel hôtel. À partir de 1813, il occupe aussi le poste de trésorier au sein de cette société et il cumulera les deux fonctions au moins jusqu’en 1823. De plus, une commission datée du 6 décembre 1805 nomme Lindsay greffier de la Maison de la Trinité de Québec [V. François Boucher*] ; il en sera également nommé trésorier en 1808 et 1830.

Mais c’est surtout pour son rôle auprès de la chambre d’Assemblée que Lindsay est connu. Greffier adjoint depuis 1792, il obtient le 7 août 1808, en raison « de son expérience et de ses connaissances », une commission de greffier pour remplacer Samuel Phillips, victime d’une « indisposition sévère ». Il devient ainsi le deuxième à occuper ce poste au Bas-Canada.

Lindsay assume pleinement ses nouvelles fonctions à l’ouverture de la première session de la cinquième législature, le 10 avril 1809. Il reçoit les serments des membres du Conseil législatif et de la chambre d’Assemblée dans la pièce réservée au greffier et vulgairement appelée « la garde-robe ». Après avoir présidé l’élection au cours de laquelle Jean-Antoine Panet* est choisi président de la chambre, il reçoit le mandat de « réviser et [de] faire imprimer les règles et règlements de la Chambre ». Une vie besogneuse, soumise désormais à une Assemblée qui exige rapport sur rapport, commence pour Lindsay. Ses tâches se multiplient : achat d’articles nécessaires à la chambre, embauche d’ouvriers et surveillance des travaux, recouvrement des créances et paiement des comptes. Selon l’historien Marc-André Bédard, le greffier n’est plus, en 1812, « seulement un simple secrétaire de la Chambre, mais il en est devenu, en quelque sorte, l’administrateur ». Cette année-là, Lindsay demande une augmentation de traitement qui ne lui est accordée qu’en 1815 et qui est accompagnée d’une responsabilité additionnelle : l’impression des projets de loi. Ce surcroît de travail oblige le greffier à embaucher des « écrivains extraordinaires » ou employés occasionnels. Le comité des dépenses imprévues recommande aussi la nomination d’un greffier en loi, l’avocat Robert Christie*, qui entra en fonction le 26 janvier 1816.

En 1818, après enquête, un comité spécial se déclare satisfait du travail de Lindsay. L’année suivante, toutefois, l’administration s’alourdit. L’Assemblée réglemente les heures de travail des fonctionnaires et des écrivains extraordinaires. En période de session, l’horaire est le suivant : de neuf heures du matin jusqu’à deux heures de l’après-midi, puis de trois heures jusqu’à huit heures et, à partir de là, jusqu’à ce que les affaires du jour soient terminées. De plus, l’Assemblée exige du greffier une liste des employés avec leurs « devoirs respectifs » et leur salaire. Le 26 mars 1820, un comité spécial juge que tous les postes sont nécessaires et accorde un vote de confiance à Lindsay, qui se trouve de ce fait confirmé dans son rôle de directeur et de chef de bureau.

Mais Lindsay n’est pas au bout de ses peines. En 1824, un autre comité spécial, formé pour étudier les dépenses imprévues de l’Assemblée, recommande une baisse générale de 25 % des salaires de tous les « officiers et écrivains », en plus d’insister sur l’urgence de faire respecter les horaires de travail et d’empêcher les employés de traiter « d’aucunes affaires étrangères durant leurs heures de travail ». En outre, Lindsay se trouve aux prises avec le comité spécial au sujet de la traduction (française surtout) des Journaux de la chambre d’Assemblée et des salaires des employés occasionnels chargés de rédiger les procès-verbaux. En 1828, l’Assemblée vote une proposition confiant au greffier la responsabilité de « pourvoir aux offices vacans de la Chambre », mais elle se réserve le droit d’approuver ou de rejeter toute nomination.

Ces tracasseries administratives et le poids des années mettent à rude épreuve la santé de Lindsay. En novembre 1828, il fait porter au président de l’Assemblée un certificat médical attestant qu’il a été « sérieusement malade en différents temps au cours de l’été et qu’il est maintenant confiné dans sa chambre ». Le docteur Joseph Morrin* précise : « Je suis d’avis qu’il a besoin, à son âge [67 ans], de plus de repos mental et corporel qu’il n’en a eu jusqu’à présent. » Lindsay recommande à l’Assemblée son propre fils William Burns comme greffier suppléant, ce qui est accepté aussitôt. Le 30 septembre 1829, ce dernier succède officiellement à son père, qui s’éteint le 11 janvier 1834.

Au service de la chambre d’Assemblée du Bas-Canada à partir de 1792, William Robert Lindsay est à l’origine d’une véritable dynastie de greffier : à son fils qui l’a suivi dans cette charge, succède son petit-fils, prénommé lui aussi William Burns, qui occupe ce poste jusqu’à la Confédération en 1867, puis devient le premier greffier de la chambre des Communes à Ottawa, fonction qu’il exerce jusqu’à sa mort en 1872. Pierre-Georges Roy* a rendu à William Robert Lindsay l’hommage d’avoir « toujours donné satisfaction [aux] députés pourtant assez hargneux et difficiles à servir ».

Yvon Thériault

C’est à tort que le BRH, 45 (1939) : 225247, attribue la paternité d’un journal relatant le siège de Québec de 17751776 au greffier de la chambre d’Assemblée du Bas-Canada, William Robert Lindsay. L’auteur de ce récit est en réalité son oncle, William Lindsay, qui fut collecteur des douanes à Saint-Jean. Le texte original fut publié sous le titre de « Narrative of the invasion of Canada by the American Provincials under Montgomery and Arnold [...] » dans Canadian Rev. and Magazine (Montréal), no 4 (févr. 1826) : 337352 ; no 5 (sept. 1826) : 89–104, soit 50 ans après l’invasion du Canada par les Américains et 4 ans après la mort de l’auteur. Les documents officiels, tels la correspondance, l’avis du général Montgomery, les réponses du gouverneur Guy Carleton*, sont identiques, mais le récit original est parfois tronqué dans la version du BRH. Quant à la notice biographique contenue dans cette version, elle confond l’oncle et le neveu comme le révèlent les précisions abondantes sur l’auteur véritable de la narration que l’on trouve dans l’article du Canadian Rev. and Magazine en février 1826.

ANQ-Q, CE1-7, 14 janv. 1834 ; CE1-66, 17 juin 1790.— APC, RG 68, General index, 1651–1841 : 74, 335, 348, 360, 654, 682.— B.-C., chambre d’Assemblée, Journaux, 12 févr., 25 mars 1805 ; 1808 : 23, 45 ; 1809 : 23, 27, 49, 65 ; 1812 ; 1815–1816 ; 1818–1820 ; 1823–1826 ; 1828.— « Manifestes électoraux de 1792 », BRH, 46 (1940) : 99.— Recensement de Québec, 1818 (Provost), 246.— La Gazette de Québec, index 1778–1823 ; 9 juill. 1778, 20 févr. 1783, 6 mai, 17 juin 1790, 28 avril 1791, 17 mai 1792, 8 mai 1794, 30 janv., 10 avril 1800, 26 janv., 23 août 1804, 18 avril, 23 mai, 12 déc. 1805, 22 sept. 1808, 10 août, 15 déc. 1809, 23 avril 1812, 28 janv. 1813, 23 juin, 25 sept. 1823, 13 janv. 1834.— Almanach de Québec, 1791 : 43–44 ; 1794 : 88–89 ; 1796 : 82–83 ; 1801 : 102 ; 1805 : 40–41 ; 1810 : 49 ; 1815 : 32 ; 1820 : 82 ; 1821 : 86.— Officers of British forces in Canada (Irving), 145.— « Les Presbytériens à Québec en 1802 », BRH, 42 (1936) : 728–729.— P.-G. Roy, les Avocats de la région de Québec, 280.— M.-A. Bédard, « le Greffier de l’Assemblée législative du Bas-Canada : origine de la fonction », Bibliothèque de l’Assemblée nationale du Québec, Bull. (Québec), 12 (1982), nos 1–2 : 35–58 ; « le Journal et les autres documents publics à l’Assemblée législative du Bas-Canada », no 3 : 19–57.— P.-G. Roy, « la Trinity-House ou Maison de la Trinité à Québec », BRH, 24 (1918) : 110.

Bibliographie de la version modifiée :
Le DBC/DCB tient à remercier Ian Lindsay, d’Aurora, en Ontario, pour les divers renseignements biographiques qu’il a fournis, tirés des deux bibles familiales de William Robert Lindsay.

Ancestry.com, « Baptêmes, mariages et enterrements de l’Église d’Angleterre, Londres, Angleterre, 1538 à 1812 », St Andrew, Holborn (Londres), 12 mai 1761 : www.ancestry.ca/search/collections/1624/ (consulté le 28 sept. 2023) ; « Baptêmes, mariages et enterrements de l’Église catholique, Ontario, Canada, 1760 à 1923 », Ottawa, 4 sept. 1872 : www.ancestry.ca/search/collections/61505/ (consulté le 28 sept. 2023).— G. R. Swan, « The economy and politics in Quebec 1774–1791 » (thèse de ph.d., Univ. of Oxford, 1975).

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Yvon Thériault, « LINDSAY, WILLIAM ROBERT (William Lindsay Jr) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 13 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/lindsay_william_6F.html.

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Auteur de l'article:    Yvon Thériault
Titre de l'article:    LINDSAY, WILLIAM ROBERT (William Lindsay Jr)
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    2024
Date de consultation:    13 déc. 2024