SCHANK (Schanck, Shank), JOHN, officier de marine, baptisé le 26 avril 1726 à Kinghorn, Écosse, fils d’Alexander Schank de Castelrig, Fifeshire, et de Mary Burnet (Burnett) ; il épousa d’abord une veuve, Mme Fitzgerald, et ils eurent une fille, puis en secondes noces Margaret Grant, sœur de sir William Grant ; décédé le 6 février 1823 à Dawlish, Angleterre.

Ayant servi dans la marine marchande depuis son enfance, John Schank entra dans la marine royale à titre de gabier breveté sur le ravitailleur Duke en 1757, après le début de la guerre de Sept Ans. Il passa ensuite quatre ans sur le Shrewsbury (74 canons), qui venait d’être construit et qui avait été placé sous le commandement du capitaine Hugh Palliser*. En 1761, il fut classé midshipman et servit sous les ordres du capitaine Charles Douglas* comme midshipman et sous-officier de navigation à bord du Tweed (32 canons), puis de l’Emerald (32 canons) ; par la suite, il s’embarqua sur le Princess Amelia (80 canons) et sur l’Asia (64 canons). Le 10 janvier 1766, Schank fut reçu lieutenant, mais il n’obtint sa promotion que le 2 juin 1776, quand il prit charge du Canceaux et fit voile vers Québec où il fut attaché à l’escadre de Douglas, qui venait de forcer les Américains à lever le siège de la ville [V. Benedict Arnold* ; Richard Montgomery*].

Les rivières et les lacs de la province de Québec ont joué un rôle très important dans les opérations militaires. En 1775, Montgomery avait atteint Québec par la voie du lac Champlain, du Richelieu et du Saint-Laurent. Non seulement menaçait-il la ville, mais il bloquait aussi la seule voie d’approvisionnement de certains postes situés sur les Grands Lacs, tels que Niagara (près de Youngstown, New York), Detroit et Michillimakinac (Mackinaw City, Michigan). Le gouverneur Guy Carleton* repoussa l’envahisseur en 1776 et assura pour la première fois la présence de la marine britannique sur le lac Champlain en reprenant l’île aux Noix, sur le Richelieu, et en y établissant un chantier naval. L’« immense mérite » de Schank lui valut le commandement de cet établissement et, sous sa surveillance, une flottille comprenant l’Inflexible, navire de 300 tonneaux, y fut construite en un temps record. C’est d’ailleurs Schank qui commandait l’Inflexible lorsque les forces britanniques, sous les ordres du commander Thomas Pringle, détruisirent l’escadre américaine commandée par Benedict Arnold.

En 1777, Schank construisit plusieurs ponts flottants pour l’infortunée expédition de John Burgoyne* ; par la suite, à la demande de Guy Carleton, il demeura en Amérique du Nord pour occuper le poste de commissaire des lacs. Une telle fonction aurait été normalement attribuée par l’Amirauté à un officier ayant le grade de post-captain et relevant directement du Navy Board de Londres. Cependant, Carleton insista pour que la juridiction de l’Amirauté ne s’étende pas aux eaux intérieures. Il avait besoin d’un aide compétent pour administrer les forces navales, qui étaient largement éparpillées et de plus en plus nombreuses ; toutefois, il ne voulait aucune immixtion de la part des autorités de la marine britannique. Comme il pouvait s’y attendre, sachant que les effectifs de la marine royale étaient dispersés au moment de l’alliance entre Français et Américains, au début de 1778, l’Amirauté ne s’opposa aucunement à la nomination d’un officier du grade de lieutenant pour le seconder au département de la marine.

La commission de Schank, que Carleton signa le 28 juin 1778, comportait un mandat clair : Schank était nommé « commissaire chargé de tous les chantiers navals de Sa Majesté sur les lacs avec pouvoir de diriger la construction, la réparation et l’équipement de tous les vaisseaux des chantiers susmentionnés ». Schank avait de toute évidence insisté sur ces termes en pensant à son avancement personnel. « Je considérerai votre commission, avait-il dit à Carleton, comme si elle venait des lords de l’Amirauté », et il s’en remit à son nouveau protecteur pour son avancement futur. Lorsque lord John Augustus Hervey, capitaine qui commandait les forces navales à Québec en 1779, demanda le licenciement de Schank, le successeur de Carleton, Frederick Haldimand*, répondit : « Il ne serait pas raisonnable de le priver d’une chance que les dieux lui ont accordée [d’atteindre le] succès dans une tâche pour laquelle le premier lord de l’Amirauté me l’a recommandé. »

En autant que les circonstances le lui permirent, Haldimand laissa Schank administrer le département de la marine selon les directives de l’Amirauté. Avec trois commandements distincts, celui du lac Champlain, celui du lac Ontario et celui des lacs Erié, Huron et Michigan, Haldimand et Schank comptaient beaucoup sur la marine royale pour le recrutement des marins, mais ils dépendaient surtout des habitants pour trouver des charpentiers de navire, des artisans et des officiers. Ils firent un effort pour accorder une part de responsabilité aux Canadiens, et plusieurs d’entre eux, dont Jean-Baptiste Bouchette* en 1777, reçurent une commission et servirent sur le lac Ontario. Cette façon de faire, que Schank affermit durant son mandat, marqua la croissance d’un système par lequel la marine provinciale défendrait et assurerait le développement de la navigation intérieure jusqu’à la guerre de 1812. Haldimand récompensa Schank pour son sens du devoir et de l’innovation (Schank avait adapté des vaisseaux armés pour la navigation sur les Grands Lacs) en exerçant une influence suffisante pour que l’Amirauté accorde à son protégé le grade de commander le 4 avril 1780 et de post-captain le 15 août 1783.

Schank retourna en Grande-Bretagne en 1784 et fut mis à la demi-solde. Il concentra ses énergies sur une invention qu’il avait expérimentée en 1774, une quille centrale qui fonctionnait sur le principe de la quille centrale moderne. En 1791, le Navy Board approuva la construction de quelques vaisseaux munis de cette innovation, laquelle fit bientôt partie de l’équipement standard de plusieurs petits navires de guerre, dont le brick hydrographique Lady Nelson qui sillonna les mers du monde. En 1794, John Graves Simcoe* tenta de faire venir Schank dans le Haut-Canada, mais on lui offrait ailleurs un poste d’agent des transports. De 1795 à 1801, il fut l’un des commissaires du Transport Board et, tout en mettant à profit l’expérience qu’il avait acquise dans la province de Québec, il dirigea d’importants travaux pour améliorer la défense côtière de l’Angleterre.

Comme la vue de Schank baissait, il dut abandonner le service actif en 1802. Il continua néanmoins d’obtenir de l’avancement ; il fut promu contre-amiral de l’escadre bleue le 9 novembre 1805 et amiral de la même escadre le 19 juillet 1821. Il mourut à sa résidence de Dawlish, dans le Devon, le 6 février 1823. Sa femme lui survécut, mais sa fille Margaret, qui avait épousé son cousin et protégé, le capitaine John Wight, était décédée depuis 1812. Schank, qui était fellow de la Royal Society, avait été surnommé Old Purchase pour son invention d’une couchette pouvant être levée et baissée par son occupant à l’aide de cordes et de poulies.

En 1786, John Schank avait été nommé citoyen d’Édimbourg « en reconnaissance des bons services qu’il avait rendus à son roi et à sa patrie à titre de capitaine et d’officier supérieur, et de commissaire de la flotte de Sa Majesté sur les lacs et les rivières du Canada. » À la fin de sa vie, comme on peut le lire sur son épitaphe, il s’était « élevé au plus haut rang de sa profession par sa compétence, son zèle et son intégrité, et il acheva ses jours honorablement après soixante ans de service ».

W. A. B. Douglas

APC, MG 23, HI, 1, sér. 3 (transcriptions) ; RG 8, I (C sér.), 722A.— BL, Add. mss 21712 ; 21720 ; 21745 ; 21800–21803 ; 21805 (mfm aux APC).— Canada, Parcs Canada, Service de recherche hist. (Ottawa), Carol MacLeod, « The top of the garrison drum : the Marine Service in British North America, 1775–1813 » (1983).— MTL, James Andrews corr., 1779.— Musée McCord, John Schank, letter-book, 1778–1780.— NMM, Pitcairn Jones, notes on sea officers ; MID/1/164 (Schank à Middleton, 26 févr. 1791) ; PNS/4 (lettres concernant la construction du HMS Wolverine, sloop) ; RUSI/NM/13 (« A list of HM armed vessels upon the Canadian Lakes, St Lawrence & Provincial Service », 1780) ; RUSI/NM/86 (1) (« Description of a model of a frigate with three sliding keels, suggested by Captain Schank to the Duke of Northumberland », s.d.).— PRO, ADM 1/2486 ; 12/55/59.— Corr. of Lieut. Governor Simcoe (Cruikshank).— Naval documents of the American revolution, W. B. Clarke et W. J. Morgan, édit. (8 vol. parus, Washington, 1964–  ), 6–8.— Biographie universelle (Michaud et Desplaces).— DNB.— Genealogical memoranda, relating to the family of Schank, or Shank of Casterig, in the county of Fife, N.B. (Londres, 1885).— G.-B., Admiralty, The commissioned sea officers of the Royal Navy, 1660–1815, [D. B. Smith et al., édit.] (3 vol., s.l., [1954]).— John Marshall, Royal naval biography [...] (4 vol. en 6 et 2 suppl., Londres, 1823–1835), 1 : 324–332.— G. A. Cuthbertson, Freshwater : a history and a narrative of the Great Lakes (Toronto, 1931).— R. McC. Hatch, Thrust for Canada : the American attempt on Quebec in 1775–1776 (Boston, 1979).— Neatby, Quebec.— W. M. Wallace, Traitorous hero ; the life and fortunes of Benedict Arnold (New York, [1954]).— C. [L.] Ward, The war of the revolution, J. R. Alden, édit. (2 vol., New York, 1952).— W. A. B. Douglas, « The anatomy of naval incompetence : the Provincial Marine in defence of Upper Canada before 1813 », OH, 71 (1979) : 3–25. Mis à part cet article, les études mentionnées ici sont des ouvrages généraux qui traitent des événements auxquels Schanck fut mêlé.  [w. a. b. d.]

Bibliographie de la version modifiée :
National Arch. (Londres), ADM 6/21, p.209.— National Records of Scotland (Édimbourg), OPR Births, Kinghorn (Fife), 26 avril 1726.

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W. A. B. Douglas, « SCHANK (Schanck, Shank), JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 13 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/schank_john_6F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1987
Année de la révision:    2020
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