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SIMPSON, FRANCES RAMSAY (Simpson, lady Simpson), auteure, née vers 1812 à Londres, deuxième enfant de Geddes Mackenzie Simpson et de Frances Hume Hawkins ; le 24 février 1830, elle épousa à Londres George Simpson ; décédée le 21 mars 1853 à Lachine, Bas-Canada.
Frances Ramsay Simpson, fille d’un marchand londonien prospère, reçut une éducation qui visait à lui faire acquérir tous les talents et les grâces qu’on attendait d’une dame de l’ère victorienne. En 1830, son cousin George Simpson, gouverneur de la Hudson’s Bay Company en Amérique du Nord, rendit visite aux Simpson pendant son congé, et cet homme d’un certain âge fut si captivé par le doux naturel et les talents de la jeune Frances, âgée de 18 ans, qu’il ne tarda pas à l’épouser sans avoir beaucoup considéré la question de savoir si une personne aussi jeune et délicate pourrait s’adapter avec succès à la vie dans Rupert’s Land. Après une courte lune de miel, le gouverneur et sa jeune femme partirent de Liverpool, le 8 mars, pour l’Amérique du Nord.
Durant la traversée, Frances Simpson trouva réconfortant d’avoir la compagnie de Catherine Turner, une Écossaise qui avait épousé John George McTavish*, agent principal de la Hudson’s Bay Company, car la séparation d’avec sa famille à Londres lui avait causé un « amer chagrin ». Elle éprouva un violent mal de mer durant la traversée de l’océan, mais sa santé s’améliora suffisamment après son arrivée à Montréal pour qu’elle puisse prendre plaisir au voyage en canot, de Lachine à York Factory (Manitoba), en mai et juin. Les deux femmes étaient les premières Britanniques à emprunter cette route, et le journal que Frances Simpson tint de ce voyage constitue un compte rendu unique. Elle fut impressionnée par la magnificence du paysage, admira la force et l’adresse des voyageurs, dont deux étaient chargés de faire traverser les portages aux deux femmes, et fut amusée par les efforts que faisaient les fonctionnaires de la compagnie pour se montrer galants lorsqu’ils l’accueillaient le long du chemin. Après sa visite au poste du lac à la Pluie, dans le Haut-Canada, on rebaptisa l’endroit fort Frances en son honneur.
L’arrivée de Frances Simpson dans Rupert’s Land eut de sérieuses répercussions sur la société de la traite des fourrures. La plupart des fonctionnaires de la Hudson’s Bay Company avaient épousé des femmes autochtones à la façon du pays. Mais avec le mariage du gouverneur Simpson à une Britannique – il avait lui-même abandonné une femme autochtone et des enfants –, les préjugés raciaux augmentèrent. Simpson décida que les femmes autochtones devraient être exclues de la société respectable sans faire aucun cas du rang de leurs maris dans la Hudson’s Bay Company, particulièrement dans la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba) où les Simpson s’installèrent pour l’hiver.
Les manières aimables de la femme du gouverneur et la façon charmante dont elle jouait du piano-forte – l’instrument avait été importé peu auparavant – firent de Frances Simpson « l’étoile la plus brillante » de la Rivière-Rouge ; mais elle avait le mal du pays et se sentait seule, ses connaissances féminines se limitant aux quelques femmes blanches des fonctionnaires de la compagnie, comme celle de l’agent principal Donald McKenzie ou celles des missionnaires William Cockran* et David Thomas Jones*. Au début de 1831, la santé de Frances Simpson se détériora rapidement à mesure que sa première grossesse avançait et un manque de soins médicaux qualifiés aggrava la naissance difficile de son fils George Geddes, en septembre, en dépit des efforts du docteur William Todd. La mort soudaine de cet enfant au printemps suivant fut un coup cruel. La jeune femme recouvra quelque peu la santé durant un voyage à York Factory à l’été de 1832, mais le gouverneur Simpson se rendit compte qu’il devrait la ramener dans sa famille en Angleterre pour qu’elle se rétablisse complètement. Elle n’était pas assez forte pour l’accompagner dans ses longs voyages partout dans Rupert’s Land et il ne pouvait la laisser dans la solitude inhospitalière de la Rivière-Rouge.
Après son retour à Londres en 1833, Frances Simpson reçut les meilleurs soins médicaux possible, mais elle demeura à moitié invalide pour le reste de sa vie. Des grossesses ultérieures continuèrent de l’affaiblir physiquement ; trois filles naquirent en Angleterre, en 1833, 1841 et 1843. Sur le plan psychologique, elle souffrit de l’habitude qu’avait son mari de la traiter en enfant ainsi que de ses longues absences. À l’été de 1838, Simpson emmena sa femme à Lachine où elle ne demeura que temporairement. Puis, après avoir laissé sa famille en Angleterre durant plusieurs années tandis qu’il parcourait le monde, il décida de l’installer de façon permanente à Lachine en 1845. Les Simpson y vécurent dans la Hudson’s Bay Company House, avec l’agent principal Duncan Finlayson* et sa femme, la sœur de Frances, Isobel Graham*. Un autre enfant, John Henry Pelly, naquit en juin 1850, et lady Simpson, qui ne se remit jamais de cet accouchement, mourut à Lachine au début de 1853.
Pour la société de la traite des fourrures de Rupert’s Land au début du xixe siècle, Frances Ramsay Simpson incarna les qualités civilisatrices d’une dame de l’ère victorienne ; dans sa vie personnelle et familiale cependant, ce rôle exigeait un sacrifice considérable. Comme l’un des fonctionnaires de la Hudson’s Bay Company le faisait remarquer au début des années 1840, la femme du gouverneur était une « pieuse créature qui se résign[a] patiemment dans toutes les circonstances qui pou[vaient] contribuer à l’honneur de son vaillant chevalier ».
La correspondance entre Frances Ramsay Simpson et son époux, le gouverneur George Simpson, est conservée parmi les papiers personnels de ce dernier aux PAM, HBCA, D.6/1. Le journal manuscrit qu’elle a rédigé pendant son voyage en canot de Lachine à York Factory en 1830 se trouve également aux PAM, HBCA, D.6/4. L’historienne Grace Lee Nute a édité et signé une introduction à ce récit paru dans le Beaver, outfit 284 (déc. 1953) : 50–54 ; (mars 1954) : 12–17 ; outfit 285 (été 1954) : 12–18.
ANQ-M, CE1-63, 24 mars 1853.— PAM, HBCA, B.135/c/2 ; Edward Ermatinger corr., copie no 23.— Mactavish, Letters of Letitia Hargrave (MacLeod).— J. S. Galbraith, The little emperor ; Governor Simpson of the Hudson’s Bay Company (Toronto, 1976).— C. W. Mackenzie, Donald Mackenzie : « king of the northwest » [...] (Los Angeles, 1937).— Sylvia Van Kirk, « The impact of white women on fur trade society », The neglected majority : essays in Canadian women’s history, Susan Mann Trofimenkoff et Alison Prentice, édit. (Toronto, 1977), 27–48.— Van Kirk, « Many tender ties ».
Sylvia Van Kirk, « SIMPSON, FRANCES RAMSAY (Simpson) (lady Simpson) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 13 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/simpson_frances_ramsay_8F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/simpson_frances_ramsay_8F.html |
Auteur de l'article: | Sylvia Van Kirk |
Titre de l'article: | SIMPSON, FRANCES RAMSAY (Simpson) (lady Simpson) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
Date de consultation: | 13 déc. 2024 |