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BUNN, JOHN, médecin, conseiller d’Assiniboia et magistrat ; né probablement en 1802 dans un poste de la Hudson’s Bay Company situé sur la baie d’Hudson, fils de Thomas Bunn et de Sarah McNab, qui était en partie d’ascendance indienne ; décédé le 31 mai 1861 à la Rivière-Rouge ; de religion anglicane, il fut enterré dans le cimetière de la cathédrale St John.
John Bunn vécut la plus grande partie de son enfance avec sa famille à York Factory (Manitoba), où son père, d’origine anglaise, travaillait comme commis aux écritures pour la Hudson’s Bay Company. Quelle que soit la part d’insécurité que la mort de sa mère en 1806 apporta dans sa vie, son grand-père écossais, John McNab, chirurgien et agent principal à York Factory, et son père prirent bien soin du petit John. Grâce à leur générosité, il put fréquenter une bonne école à Édimbourg et entreprendre ensuite des études de médecine à l’University of Edinburgh. En 1819, après deux années d’études médicales seulement, ce qui ne lui donnait pas droit à un diplôme, il se laissa persuader par McNab d’accepter un poste de chirurgien à Moose Factory. À son arrivée à Moose Factory en septembre de cette année-là, Bunn entretenait de sérieux doutes sur la sagesse dont avait pu faire preuve son grand-père en envoyant un médecin qui n’était pas encore entièrement qualifié dans les régions sauvages de Rupert’s Land. Au cours des cinq années suivantes, malgré une certaine inquiétude au sujet de son avenir, Bunn n’en acquit pas moins une grande expérience au service de la Hudson’s Bay Company en travaillant comme chirurgien non seulement dans plusieurs postes, mais aussi sur le navire de la compagnie, l’Eddystone.
N’ayant aucun goût véritable pour une existence nomade, Bunn quitta son poste à la Hudson’s Bay Company en 1824 et alla s’établir à la colonie de la Rivière-Rouge pour y exercer la médecine à son compte. C’est là, non loin de Middlechurch, qu’il vécut avec son père, à sa retraite depuis deux ans. C’est au même endroit que le 23 juillet 1829, il épousa Catherine Thomas, fille de Thomas Thomas*, ami intime de son père et ancien gouverneur du département de Northern. En raison de ses relations de famille et de son statut professionnel, Bunn put facilement évoluer au milieu des cercles influents de la société de la Rivière-Rouge. Spirituel, énergique et d’un naturel plaisant, le docteur Bunn, de teint foncé et de belle apparence, fut tout aussi populaire auprès de la Hudson’s Bay Company qu’auprès de la population métisse de la colonie.
Ressentant le besoin d’être plus qualifié, Bunn fréquenta de nouveau l’University of Edinburgh pendant l’année académique 1831–1832, et il revint en 1832 à la Rivière-Rouge en possession, non pas d’un diplôme universitaire, mais d’une licence du Royal College of Surgeons à Édimbourg. Il était heureux de rentrer chez lui pour retrouver sa femme Catherine dont les lettres affectueuses l’avaient réconforté pendant son séjour à l’étranger. Un peu plus d’un an après son retour, le 3 janvier 1834, Catherine mourait ; il ne se remaria jamais. En compagnie de Thomas* et de deux autres de ses jeunes fils, Bunn continua à mener une vie confortable dans la maison de son père, dont s’occupait avec un soin particulier sa belle-mère métisse, Phoebe Sinclair Burin.
De 1835, date à laquelle il devint membre du Conseil d’Assiniboia, jusqu’à sa mort, John Bunn fut la plupart du temps le seul et unique docteur de la colonie, et il associa le service médical public à la pratique privée. Outre ses revenus personnels, il reçut du conseil pendant toute cette période une rémunération annuelle de £100 à titre de compensation pour les soins qu’il prodiguait gratuitement aux pauvres de la Rivière-Rouge. Sans hôpital et sans pharmacie à sa disposition, n’ayant pas en quantité suffisante les médicaments et les vaccins essentiels, Bunn se retrouva devant l’immense tâche d’enrayer les épidémies de coqueluche, de scarlatine, de grippe, de rougeole et de choléra qui vinrent s’abattre de temps à autre sur la Rivière-Rouge. Panser les blessures, réduire les fractures, administrer des remèdes pour un simple rhume, rendre visite aux malades, tous ces services rendus faisaient partie de sa routine et contribuèrent à faire de lui un médecin de famille très respecté.
En plus de se dévouer sur le plan médical pour la population de la Rivière-Rouge, Bunn joua un rôle important dans le gouvernement local en devenant l’un des conseillers les plus actifs d’Assiniboia. Il fit preuve dans cette tâche d’un grand sens pratique et d’une connaissance profonde des affaires de la Rivière-Rouge, et tous ses efforts visèrent à favoriser la création d’une société bien organisée et le progrès de la colonie sur les plans matériel et culturel. C’est en partie grâce à l’appui qu’il fournit à Eden Colvile*, gouverneur de Rupert’s Land, lequel le considérait comme « l’homme le plus sensé de la colonie », que le gouvernement d’Assiniboia, qui s’était écroulé sous l’administration du major William Bletterman Caldwell* à la fin des années 1840, put fonctionner de nouveau. En plus d’inciter les membres du conseil à voter des fonds pour la Red River Agricultural Association et pour le développement dans le domaine de l’éducation, Bunn les persuada – au cours des années 1856–1861, pendant lesquelles il fut président du bureau des Travaux publics – d’affecter d’importantes sommes à la construction de routes et à l’érection de ponts sur les cours d’eau tributaires de la rivière Rouge et de l’Assiniboine.
En raison de la confiance qu’avait la Hudson’s Bay Company, tout autant qu’une vaste majorité des habitants de la Rivière-Rouge, dans les capacités de Bunn, dans son intégrité et dans son jugement, celui-ci fut nommé à divers postes dans le domaine judiciaire : magistrat du district de Lower (1837–1849), coroner d’Assiniboia (1849–1861), shérif et gouverneur de la prison (1856–1861) et enfin recorder de Rupert’s Land (1858–1861), fonction qui l’habilitait à diriger les sessions de la Cour générale des sessions trimestrielles d’Assiniboia. En occupant ce dernier poste, Bunn parvint au faite de son autorité comme administrateur de la justice, et les délits les plus graves commis en Assiniboia lui furent soumis ; on lui amena en cour des individus accusés d’homicide involontaire, de vol qualifié, de dettes et de vente illégale de boissons alcooliques.
En accomplissant ces nombreuses tâches avec beaucoup de soin, John Bunn ne ménagea jamais ni son temps ni ses efforts. Il n’en trouva pas moins certaines occasions pour se détendre et il se plut à participer aux réunions sociales fort animées de la Rivière-Rouge ; en lisant des revues spécialisées et des journaux anglais, il se tint au courant des réalisations dans le domaine médical et des événements survenus dans le monde. Fier de son ascendance à la fois anglaise, indienne et écossaise, il a incarné dans sa personne d’importants éléments de la culture propre à la colonie de la Rivière-Rouge au milieu du xixe siècle.
PAM, MG 2, C21, John Bunn to Donald Ross, 12 mars 1848.— Canadian North-West (Oliver), I : 61 s., 268s., 280, 314, 353, 358, 360, 368, 387, 395s., 420, 423–425, 430s., 433s., 446s., 478.— Hargrave correspondence (Glazebrook), 158, 181, 342, 452.— HBRS, XIX (Rich et Johnson) : c–cv, 24s., 213–216.— MacTavish, Letters of Letitia Hargrave (MacLeod), liv, 105, 143s., 169s.— Private letters from the fur trade, Clifford Wilson, édit., HSSM Papers, 3e sér., no 5 (1950) : 28.— Nor’Wester, 1859–1862.— Pioneers of Man. (Morley et al.), 34s.— Denis Bayley, A Londoner in Rupert’s Land : Thomas Bunn of the Hudson’s Bay Company (Chichester, Angl., 1969), 14s., 31 s., 39s., 57–60, 62s., 65–67, 69–71, 73–75, 88, 92–97.— W. J. Healy, Women of Red River ; being a book written down from the recollections of women surviving from the Red River era (Winnipeg, 1923), 26, 49s., 201, 216–219.— R. B. Mitchell, Medicine in Manitoba ; the story of its beginnings ([Winnipeg, 1955]), 37–46.— R. St G. Stubbs, Four recorders of Rupert’s Land ; a brief survey of the Hudson’s Bay Company courts of Rupert’s Land (Winnipeg, 1967), 91–134.— S. P. Matheson, Floods at Red River, HSSM Papers, 3e sér., no 3 (1947) : 13.— E. A. Mitchell, A Red River gossip, Beaver, outfit 291 (printemps 1961), 9, 11.— Ross Mitchell, Doctor John Bunn, Beaver, outfit 269 (décembre 1938), 50–53 ; Early doctors of Red River and Manitoba, HSSM Papers, 3e sér., no 4 ([1949]) : 39–41.
H. C. Klassen, « BUNN, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 7 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/bunn_john_9F.html.
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Auteur de l'article: | H. C. Klassen |
Titre de l'article: | BUNN, JOHN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
Date de consultation: | 7 déc. 2024 |