BAGG, STANLEY CLARK, notaire, grand propriétaire terrien, juge de paix, président de la Société de numismatique et d’archéologie de Montréal et de l’English Workingmen’s Benefit Society, né à Montréal le 23 décembre 1820, fils unique de Stanley Bagg, homme d’affaires important, et de Mary Ann Clark, décédé dans sa ville natale le 8 août 1873.
La famille Bagg se dit de descendance normande. À la fin du xviiie siècle, le grand-père de Stanley Clark quitte l’Angleterre pour l’Amérique. À sa mort, il laisse de grandes propriétés, situées dans le comté de Durham, en Angleterre, à son fils Stanley. Celui-ci se lance alors dans les affaires et participe à la vie politique du Bas-Canada ; il est une des principales figures de l’élection de Montréal-Ouest en 1832 [V. Mondelet].
Stanley Clark Bagg commence ses études sous la direction d’un pasteur de l’Église d’Angleterre et les complète à McGill University. Notaire le 31 mai 1842, il exerce sa profession pendant 14 ans, puis l’abandonne, à la suite de la mort de son père, pour se consacrer à la gestion de ses biens. Il est, à cette époque, le plus grand propriétaire terrien de l’île de Montréal, après les messieurs de Saint-Sulpice. Il donnera à la ville le terrain nécessaire à la construction de plusieurs rues et places.
Conservateur convaincu, il est un ami intime de John Alexander Macdonald*. S’il refuse de siéger au parlement, il ne travaille pas moins pour le parti. Dès l’époque de l’insurrection de 1837, il manifeste sa loyauté à la couronne en s’engageant comme porte-drapeau. Il participe à la bataille de Saint-Eustache. Le choix qu’on fit de lui pour occuper le poste de juge de paix du, district de Montréal, en 1859, témoigne de ses capacités et de l’estime dont il jouit auprès de l’autorité publique. L’année suivante, il prend une part active à la réception du prince de Galles, de passage à Montréal pour l’inauguration du pont Victoria [V. Hodges]. Lorsqu’en janvier 1865 une députation de sept représentants de chaque arrondissement de la ville de Montréal lui demande de se porter candidat à la mairie, il refuse, préférant se consacrer à différents projets philanthropiques et au progrès culturel de ses concitoyens.
Stanley Clark s’intéresse avant tout à la numismatique et à l’archéologie. Adélard-Joseph Boucher*, Joseph-Amable Manseau et lui se réunissent à la résidence de l’un ou l’autre pour discuter de leur occupation favorite et se faire part de leurs découvertes. De ces petites réunions naît l’idée d’une société de numismatique. La fondation de la Société de numismatique de Montréal, qui groupe déjà 20 membres, a lieu le 9 décembre 1862. La nouvelle association a pour but l’étude de la numismatique et la double création d’une collection de médailles et de monnaies et d’une bibliothèque. En 1866, elle devient la Société de numismatique et d’archéologie de Montréal, accordant une place importante à l’étude de l’archéologie. Dès 1872, la société fonde, sous le nom de Canadian antiquarian and numismatic journal, une revue destinée à répandre ses principes et à faire connaître son activité. L’œuvre principale de la société fut, cependant, l’établissement d’un musée d’archéologie et de numismatique canadiennes dans l’édifice connu sous le nom de château de Ramezay, dont la construction remonte à l’année 1705. Bagg est président de la société en 1866–1867.
Désireux de partager ses connaissances avec ses concitoyens, Bagg publie de nombreux articles scientifiques dans les journaux locaux. La presse anglaise et la presse américaine font état de ses recherches, qu’elles estiment de grande valeur. Parmi ses principaux écrits, mentionnons : Notes on coins [...] (1863), Coins and medals as aids to the study and verification of holy writ (1863), A chronological numismatic compendium of the twelve Caesars [...] (1864), Archœlogia Americana (1864), Canadian Archœology (1864), et une conférence, The antiquities and legends of Durham [...] (1866). Son goût insatiable pour les nouvelles découvertes, son esprit d’initiative et le besoin d’échanger ses connaissances avec d’autres savants poussent Bagg à adhérer à différentes associations scientifiques locales ou internationales, et à demeurer en contact avec des chercheurs étrangers. Il devient membre à vie de la British Association for the Advancement of Science, de la Société d’histoire naturelle de Montréal, de l’Institut des artisans (Mechanics’ Institute), et des sociétés de numismatique de Londres et de Philadelphie. Il est de plus membre correspondant de la Wisconsin State Historical Society.
Stanley Clark Bagg s’intéresse aussi à plusieurs sociétés bénévoles. Un des fondateurs de l’English Workingmen’s Benefit Society, il en est le premier président. Cette association de bienfaisance rend d’inestimables services à des centaines de familles, obligées d’avoir recours à son aide. Membre à vie de la Young Men’s Christian Association, fondée en 1851 à Montréal, il accepte de plus les responsabilités de la vice-présidence du dispensaire de Montréal et la charge de gouverneur de la Maison protestante d’industrie et de refuge (Protestant House of Industry and Refuge). Il est également l’auteur de quelques hymnes composées spécialement pour Noël, le Vendredi saint, Pâques et l’Ascension.
Stanley Clark Bagg avait épousé en 1844 Catharine, fille aînée de Robert Mitcheson et de Frances MacGregor, descendante du chef du clan MacGregor et des anciens rois d’Écosse ; elle lui donne un fils, Robert Stanley. Stanley Clark Bagg meurt au manoir familial de Fairmount le 8 août 1873. Sa famille est une des plus vieilles familles anglaises de l’île de Montréal et une de celles dont les membres se sont fait le plus valoir dans les milieux sociaux, financiers, religieux et intellectuels. Stanley Clark Bagg est un digne représentant de ce qu’on peut appeler l’establishment anglo-saxon de Montréal. Les noms des rues Clark, Bagg et Fairmount ont été choisis par la municipalité de Montréal en son honneur.
S. C. Bagg, A chronological numismatic compendium of the twelve Cæsars, and a summary of remarkable events from the birth of Julius Cæsar, B. C. 100, to the death of Saint John the Evangelist, A.D. 100 (Montréal, 1864) ; The antiquities and legends of Durham, a lecture before the Numismatic and Antiquarian Society (Montréal, 1866) ; Archœologia Americana (Montréal, 1864) ; Canadian Archceology (Montréal, 1864) ; Coins and medals as aids to the study and verification of holy writ (Montréal, 1863) ; Notes on coins : being the first paper read before the Numismatic Society of Montreal (Montréal, 1863).
AJM, Greffe de Stanley Clark Bagg, 1842–1856.— Can. biog. dict., II : 43–45.— Morgan, Bibliotheca Canadensis, 15.— Atherton, Montreal, III : 406–410.— Borthwick, Montreal, 42.— Lareau, Hist. de la littérature canadienne, 352s.— Toponymie (« Service d’urbanisme de la ville de Montréal, Bulletin d’information », n° 4, [Montréal], 1966), 35.— In Memoriam, Stanley Clark Bagg, esq., J.P., F.N.S., Canadian antiquarian and numismatic journal, II (1873), n° 1 : 73–78.— Victor Morin, Clubs et sociétés notoires d’autrefois, Cahiers des Dix, XIV (1949) : 212s.— Léon Trépanier, L’historique de nos noms de rues, La Patrie (Montréal), 22 mai 1949.
Pierre Landry, « BAGG, STANLEY CLARK », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/bagg_stanley_clark_10F.html.
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Auteur de l'article: | Pierre Landry |
Titre de l'article: | BAGG, STANLEY CLARK |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
Année de la révision: | 1972 |
Date de consultation: | 2 déc. 2024 |