Titre original :  Samuel H. Blake, n.d. but likely the 1890s. Image provided by Wycliffe College, Toronto, Ontario.

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BLAKE, SAMUEL HUME, avocat, juge, laïque engagé, philanthrope, réformateur social et auteur d’opuscules, né le 31 août 1835 à Toronto, fils de William Hume Blake* et de Catherine Honoria Hume* ; le 3 février 1859, il épousa à London, Haut-Canada, Rebecca Cronyn, fille de l’évêque Benjamin Cronyn*, et ils eurent un fils et deux filles, puis le 18 octobre 1909, à Rio de Janeiro, Elizabeth Baird, et aucun enfant ne naquit de ce second mariage ; décédé le 23 juin 1914 à Toronto.

Samuel Hume Blake naquit à Toronto peu après que ses parents, des Irlandais raffinés, eurent renoncé à mener la vie de fermiers dans le comté de Middlesex. Son père devint avocat et sa mère, ambitieuse, tint quelque temps une école de filles pour aider à subvenir aux besoins de la famille. Blake eut des précepteurs à la maison puis alla à l’Upper Canada College, où il se montra excellent orateur.

Vers 1850, Blake entra dans une maison torontoise de commerce, la Ross, Mitchell and Company. Au terme de ses quatre années d’apprentissage, il opta plutôt pour le droit, comme son père et son frère aîné, Edward. Tout en faisant son stage au cabinet de son oncle George Skeffington Connor*, il entreprit des études à la University of Toronto. En 1858, il obtint une licence ès arts et fut reçu à la Law Society of Upper Canada en tant qu’attorney et solicitor. Il s’associa tout de suite à son frère et fut admis au barreau deux ans plus tard.

Le cabinet des Blake connut rapidement le succès. Pendant les longues années où il en fit partie, Samuel Hume, en général, y assura la permanence ; il ne se laissa jamais tenter par la politique, qui absorbait tellement Edward. Toutefois, il partageait le fervent nationalisme de son frère et l’aida à titre d’organisateur : au début de 1870, il organisa un banquet pour Edward, depuis peu chef des libéraux provinciaux, et, aux élections fédérales de 1872, il fit campagne pour lui. Sa propre carrière ne piétinait pas pour autant : il entra au conseil de la Law Society en 1871 et fut nommé conseiller de la reine (provincial) l’année suivante.

En 1872, le premier ministre du Canada, sir John Alexander Macdonald*, offrit au jeune mais talentueux Blake le poste de vice-chancelier adjoint à la Cour de la chancellerie de l’Ontario. Bien que cette nomination l’ait obligé à subir une forte diminution de revenu et à quitter le conseil de la Law Society, Blake accepta de remplacer Oliver Mowat*, qui avait démissionné pour succéder à Edward Blake au poste de premier ministre de l’Ontario, et il devint premier vice-chancelier principal dès 1875. En plus, Mowat confia en 1876 à ce champion de la tempérance un poste de commissaire aux permis de taverne à Toronto. Blake se fit beaucoup respecter par ses jugements sur les successions, hypothèques, titres, faillites, ventes et autres questions d’equity, mais, dès les années 1880, son militantisme social et religieux parut malséant de la part d’un juge. D’aucuns, trouvant qu’il dépassait les bornes, s’en plaignirent au gouvernement. En 1881, âgé de 45 ans à peine, il démissionna et retourna à la pratique privée afin de combler la vacance créée au cabinet des Blake par la nomination de John Alexander Boyd au poste de chancelier. Inattendue, sa « chute » provoqua de sévères critiques dans la profession juridique, qui tenait à voir le pouvoir judiciaire conserver sa dignité et son indépendance.

Dès avant sa nomination, Blake avait manifesté de fortes tendances évangéliques ; à l’instar de ses parents, c’était un anglican de la Basse Église. Il mit d’abord ses convictions en pratique en enseignant à l’école du dimanche. Cette fonction, qu’il exercerait durant des dizaines d’années, lui vaudrait beaucoup d’éloges à Toronto. Au fil du temps, il en vint à avoir plusieurs classes chaque semaine, dont un groupe interconfessionnel d’enseignants dans des écoles du dimanche. Dans les années 1870 et 1880, l’« hon[orable] Psaume Blake », comme le surnomma plus tard un journaliste, s’engagea de plus en plus en faveur de la réforme sociale. Ainsi, en 1874, il fonda la Prisoners’ Aid Association avec William Holmes Howland* et d’autres évangéliques militants. Deux ans plus tard, il prononça à Toronto, devant la Young Men’s Christian Association (YMCA), un long discours qui parut immédiatement sous le titre The young men of Canada. Ce texte, le premier de ses nombreux opuscules religieux, exposait une conception de l’éthique protestante du travail tempérée de franc jeu.

En 1869, Blake et d’autres éminents Torontois de confession anglicane avaient fondé l’Evangelical Association, groupe de pression formé d’adeptes de la Basse Église qui se donnait pour mission de combattre la domination exercée dans le diocèse de Toronto par les partisans de la Haute Église et le clergé. L’organisme, rebaptisé Church Association of the Diocese of Toronto en 1873 à la suite d’une réorganisation, se signala surtout en fondant en 1877 la Protestant Épiscopal Divinity School (futur Wycliffe College), contrepartie évangélique du Trinity College, qui était ritualiste [V. James Paterson Sheraton*].

Bien que l’association ait été dissoute en 1879 après l’élection d’un modéré, Arthur Sweatman*, à l’épiscopat de Toronto, le groupe évangélique, à l’avant-scène duquel se tenait Blake, conserva un rôle important dans l’anglicanisme canadien. Blake exercerait la fonction de trésorier du Wycliffe College durant 25 ans à compter de 1888 et serait l’âme du conseil de la Société des missions de l’Église anglicane en Canada, formée en 1901. Lui-même et ses compagnons fondèrent en 1889 à St Catharines un établissement pour garçons, le Bishop Ridley College, et le Havergal Ladies’ College à Toronto en 1894. Au collège pour garçons, Blake finança la remise d’une médaille pour « qualités viriles » mais retira ses fonds en 1902 lorsque le directeur de l’établissement accepta un diplôme honorifique du Trinity College. Les associations laïques apportaient une contribution indispensable à la restructuration financière et à la réorganisation entreprises par Sweatman dans le diocèse de Toronto, et Blake lui-même y exerçait beaucoup d’influence. Il appuyait la Church of England Deaconess and Missionary Training Home, qui ouvrit ses portes en 1893. Durant des décennies, il fut le plus distingué des représentants laïques au synode – et aussi le plus original. À compter de 1896, il mena une fructueuse campagne afin d’augmenter la dotation servant au traitement de l’évêque. En 1907, il recruta un évêque auxiliaire et recueillit de l’argent pour sa rémunération.

Le nombre d’organismes auxquels Blake était affilié dans les années 1880 et 1890 était fabuleux. Il soutenait le Prison Gate Mission and Haven et l’Industrial School Association, tous deux sis à Toronto, et fut à un moment quelconque président ou vice-président du congrès international des écoles du dimanche et des groupes suivants : la section torontoise de l’Evangelical Alliance, la Protestant Churchmen’s Union and Tract Society, le Laymen’s Missionary Movement, l’Irish Protestant Benevolent Society, la Toronto City Mission, la Lord’s Day Alliance, la section ontarienne de la Dominion Alliance for the Total Suppression of the Liquor Traffic, le YMCA, la Society for the Prevention of Cruelty to Animals et la Toronto Humane Society. À l’occasion, il se rendait aux États-Unis et en Angleterre pour représenter le Canada et prendre la parole à des rencontres internationales d’organismes de bienfaisance. Il donnait discrètement de généreuses sommes à une multitude d’œuvres de ce genre.

Sans nul doute, le succès et la réputation de Blake en tant que spécialiste du droit commercial l’aidaient à soutenir ces activités philanthropiques. Il était l’un des meilleurs juristes de sa génération et comptait parmi ses clients la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique, la Banque canadienne de commerce, la municipalité de Toronto et la University of Toronto. Le cabinet, qui comptait 13 avocats en 1900, attirait les hommes de loi les plus compétents. Zebulon Aiton Lash, autre spécialiste exceptionnel du droit des sociétés, en fit partie, de même qu’Alexander Mackenzie*, qui fut envoyé au Brésil en 1899 à titre de conseiller sur la fondation de sociétés de services publics [V. Frederick Stark Pearson].

Blake obtint en 1885 le titre de conseiller de la reine (fédéral), fut membre d’office du conseil de la Law Society à compter de 1881, appartint à plusieurs de ses comités et, de 1889 à 1894, fut maître de conférences en éthique juridique à la faculté de droit de l’université. Il se laissa finalement convaincre d’appuyer l’admission des femmes dans la profession en 1892 et prit comme stagiaire à son cabinet Clara Brett Martin*, première femme de l’Empire britannique à devenir avocate.

Comme son père et son frère, Blake participa aux affaires de la University of Toronto, dont Wycliffe devint un collège fédéré en 1889. Il fut conseiller juridique de l’université à la commission royale d’enquête provinciale sur la révolte étudiante de 1895, commission présidée par Thomas Wardlaw Taylor. Élu au conseil universitaire à la fin des années 1890, il fut membre du conseil d’administration de 1906 à 1909. Au cours de cette période, un différend surgit parce que le University College, établissement non confessionnel, donnait des cours sur des questions bibliques. Au plus tard à l’automne de 1908, Blake entra dans la mêlée en faisant valoir que cet enseignement contrevenait aux dispositions légales sur le caractère séculier de l’université. En fait, le traditionaliste Blake, très méfiant envers les nouveaux courants des études religieuses, craignait aussi que la critique historique de la Bible ne mine la foi des étudiants. Son intervention enflammée, qui prit notamment la forme d’un opuscule, aggrava la controverse. Son apport en tant qu’administrateur du fonds des résidences de l’université fut plus positif il réussit à faire bâtir trois résidences pour étudiants.

Bien que Blake ne se soit jamais porté candidat aux élections, son influence d’homme de loi et sa force morale se faisaient clairement sentir dans l’arène politique : il se retenait rarement d’intervenir sur des questions d’intérêt public, que ce soit par des paroles ou des actes. Ainsi, en 1885, à titre de procureur de la couronne, il poursuivit Christopher William Bunting* et d’autres personnes accusées de tentative de corruption à l’endroit de députés provinciaux. Toujours en vue à la Prisoners’ Aid Association, il contribua à faire instituer en 1890 la commission d’enquête sur les prisons et maisons de correction en Ontario, sous la présidence de John Woodburn Langmuir. Bien que le nom des Blake ait été synonyme de libéralisme, Samuel Hume ne soutint pas le gouvernement de George William Ross, en poste de 1899 à 1905, notamment parce que les infractions électorales de ce gouvernement libéral et sa négligence envers la University of Toronto choquaient sa conscience. Dès avant les élections de mai 1902, il appuya le chef conservateur James Pliny Whitney. En décembre, il adressa à son député conservateur provincial, James Joseph Foy, une lettre ouverte où il condamnait le « carnaval de corruption » organisé par le régime libéral vieillissant. Peu après, on allégua qu’un autre député conservateur provincial, Robert Roswell Gamey, avait été soudoyé pour appuyer le gouvernement chancelant. Blake agit alors comme principal avocat de la poursuite devant la commission chargée d’enquêter sur l’affaire. Ce grit déçu accueillit avec enthousiasme la victoire de Whitney en 1905. À titre de conseiller juridique de l’Ontario Power Company, société privée, il participerait d’ailleurs à la campagne de Whitney en faveur de l’étatisation de l’hydroélectricité.

Tout au long de sa carrière, Blake aborda chacune de ses tâches avec l’aplomb d’un militant. Douter de soi-même au point d’en être paralysé était une expérience qu’il ne connaîtrait jamais. Qu’il ait argumenté en cour, qu’il se soit opposé à la circulation des tramways le dimanche à Toronto ou qu’il ait recueilli des fonds pour l’agrandissement de son cher Wycliffe College, il avait toujours l’air d’être en croisade. « Toute théologie qui ne débouche pas sur du concret, écrivit-il un jour au révérend Henry John Cody*, devrait être reléguée au paradis des fous ! » Même en vacances à Murray Bay (Pointe-au-Pic, Québec), où les Blake fuyaient la chaleur des étés torontois depuis les années 1860, il ne cessait de faire dactylographier des lettres à sa famille, à ses collègues, aux journaux. Ces épîtres, hérissées de points d’exclamation, s’étendaient souvent sur dix pages ; parfois, elles ressemblaient plutôt à des exposés juridiques. Tous ses écrits témoignaient d’une exceptionnelle maîtrise des faits et montraient qu’il lisait avidement les classiques et la Bible, des ouvrages d’histoire, de droit et de théologie.

La personnalité de Blake était complexe, parfois contradictoire. Un de ses amis et rivaux en cour, Britton Bath Osler*, y alla un jour de ce sarcasme assez justifié : « si M. S[amuel] H[ume] Blake ne pouvait paraître sur la tribune pendant la semaine et déverser sur ses concitoyens [le trop-plein de] – je ne dirais pas sa bile et sa malice, mais presque –, il ne serait pas en état de monter en chaire le dimanche et d’exprimer envers tous une charité sans borne ». D’après un étudiant qui avait participé à la révolte de 1895, il était « l’un des sectateurs les plus acrimonieux et [...] intolérants que l’on puisse imaginer », mais selon le World de Toronto, le bon Blake n’était « pas fanatique jusqu’à l’aigreur ». Cet homme à la repartie facile adorait raconter des histoires et des blagues, souvent à propos de lui-même, et savait profiter de la vie. Au tribunal, il pouvait tour à tour se mettre en colère, afficher de longs sourires désarmants et s’esclaffer. Le yachting était l’une de ses passions ; en 1890, il faillit perdre la vie dans un accident de bateau près de Gananoque, en Ontario.

Cependant, Blake n’eut jamais d’indulgence pour les faiblesses d’autrui. Désigné par lui-même défenseur de la foi, surnommé affectueusement « l’archevêque » par sa famille, il était toujours en lutte contre la Haute Église, la haute finance et les tenants de la critique historique de la Bible. Sa position à l’égard de la haute finance était ambivalente. Conscient que l’argent pouvait servir à des causes justes, il reconnaissait que se laisser attirer uniquement par l’appât du gain menait souvent à la corruption. En une occasion, écrivit en 1911 un journaliste, il déclara que la localité minière de Cobalt, en Ontario, « avait engendré tant de mensonges, de duperie, de fraude, d’ambition effrénée et ouvert une telle boîte de Pandore qu’il aurait presque mieux valu qu’on ne découvre jamais cet endroit ». De temps à autre, il se laissait emporter par son naturel passionné et son goût de l’improvisation. Une fois, en racontant en public les difficultés qui avaient entouré la fondation du Wycliffe College, il fit observer : « L’évêque du diocèse a dit qu’il n’ordonnerait pas nos diplômés. Eh bien, nous avons prié pour que cet obstacle soit levé, et Dieu a bien voulu exaucer nos prières encore une fois : peu après, l’évêque [Alexander Neil Bethune*] est mort ! »

Au sommet de sa gloire à la fin du siècle, Blake connut ensuite une série de malheurs. Sa première femme, Rebecca Cronyn, mourut en 1901 d’une défaillance cardiaque. Lui-même, de constitution solide, déclina peu à peu, après des années d’activité ininterrompue. Sa fille aînée, Mabel, divorça d’un des fils de l’ancien juge en chef Thomas Moss*. En 1907, son frère eut une crise d’apoplexie. Toutefois, Mabel se remaria en 1908 à Alexander Mackenzie, alors vice-président de la São Paulo Tramway, Light and Power Company (autre client de Blake) et de la Rio de Janeiro Tramway, Light and Power, qui fusionnèrent en 1912 sous le nom de Brazilian Traction, Light and Power Company. À sa mort, le plus gros actif de la succession de Blake serait constitué de 166 625 $ d’actions de la Brazilian Traction.

Malgré les ravages du temps, Blake restait actif et batailleur. Un comité multiconfessionnel formé en 1904 sous sa présidence afin d’enquêter sur les écoles pour enfants autochtones tenues par des Églises mit au jour de graves problèmes financiers et révéla la condition scandaleuse des missions amérindiennes. Blake affronta résolument évêques et missionnaires. Par ailleurs, en 1905, à l’encontre de l’opinion publique, qui souhaitait un resserrement du lien impérial, il dénonça dans un discours « le déplorable esprit de chauvinisme et de militarisme » qui régnait au Canada et qualifia la guerre des Boers de guerre « sans gloire ».

Au début des années 1900, Blake était tenaillé par le sentiment qu’il fallait faire davantage pour appliquer dans la société les enseignements de l’Evangile. En 1902, il avait abandonné la modeste église St Peter, rue Carlton, pour adhérer à l’église St Paul, rue Bloor, où le populaire évangélique Henry John Cody était rector. C’est là que Blake lança son dernier projet : construire ce qui demeure la plus grande église anglicane au Canada. Sur le plan symbolique, semble-t-il, il estimait important que les évangéliques aient une église semblable à une cathédrale. En septembre 1910, il posa la première pierre ; trois ans plus tard, la « nef d’inspiration gothique » d’une capacité de 2 500 places, œuvre d’Edward James Lennox*, était terminée. Blake jouait le rôle de mentor auprès de Cody et l’empêcha plus d’une fois de quitter St Paul pour accéder à l’épiscopat. Son but à St Paul, disait-il à Cody, était de donner aux Torontois une église « où le rituel simple et sublime de l’Église d’Angleterre [serait] connu et vécu ».

En 1909, au cours d’une visite chez Mabel, à Rio de Janeiro, Blake épousa sa propre gouvernante et secrétaire particulière, Elizabeth Baird ; il avait 74 ans, elle 32. Malgré des ennuis de santé, il passait de plus en plus de temps à écrire des opuscules ; ces proclamations, souvent cinglantes, étaient diffusées à des milliers d’exemplaires. Une nécrologie rappelle que Blake en assurait lui-même la distribution : lorsqu’il se rendait à son cabinet, il « parcourait les rues au petit trot, dans sa calèche, solitaire tel un sphinx » et coiffé de son huit-reflets. Cependant, il n’était plus que la caricature d’un adepte de la réforme sociale par l’Évangile. Les jeunes journalistes commençaient à s’amuser de sa « moralité désuète », bien qu’ils se soient empressés de citer ses opinions caustiques, qui faisaient de la bonne copie. Un désespoir fébrile marqua ses derniers mois. En janvier 1913, il écrivit à Cody : « [il faut] un réveil spirituel ! Pourquoi le Seigneur ne l’envoie-t-il pas ? » La disparition des critères moraux de sa jeunesse le blessait, tout comme son propre échec à préserver la pureté de Toronto.

Samuel Hume Blake mourut dans sa soixante-dix-neuvième année. L’élite de Toronto et de la société ontarienne se pressa dans l’église St Paul pour assister à ses obsèques, célébrées en toute simplicité par Cody et l’évêque du diocèse. On l’inhuma dans le caveau familial au cimetière St James. Le sobre bilan de sa vie qui parut dans le Saturday Night lui aurait sans doute plu : « Que l’on ait été d’accord avec lui ou non, personne ne pouvait manquer de voir son éclat ni ses solides vertus. Bien des controverses auront moins de saveur maintenant qu’il n’est plus, et le monde perd un bon citoyen. » Ces qualités, concluait le périodique, avaient fait de Blake « l’un des personnages les plus intéressants et peut-être les plus exaspérants de la vie politique, sociale et religieuse » du Canada.

John D. Blackwell

Samuel Hume Blake est l’auteur d’environ 50 opuscules et articles, dont les suivants : Our faulty gaol system [...] ([Toronto], 1896) ; Don’t you hear the red man calling ? ([Toronto], 1908 ; exemplaire aux EAC, General Synod Arch., Toronto) ; The teaching of religious knowledge in the University College ultra vires (Toronto, 1909) ; Wycliffe College : an historical sketch ([Toronto, 1910]) ; The Church of England in Canada should be Protestant until Rome dies [...] ([Toronto, 1910] ; exemplaire aux General Synod Arch.) ; et « Standards », Canadian Club of Toronto, Addresses, 1912–1913 : 61–68. On trouve un compte rendu de ses décisions à titre de vice-chancelier dans Grant’s Upper Canada Chancery Reports (Toronto), 1873–1881. Il n’existe pas de collection des papiers de Blake ; la plupart de ses manuscrits personnels ont été détruits par sa fille Mabel en 1906, quand il a quitté sa maison de la rue Jarvis pour s’installer à Rosedale.

AO, F 2, MU 138–39, 200, 7120 ; F 980, MU 4952–55, 4980 ; RG 22-305, no 29517.— Christ Church [Église épiscopale protestante] (Rio de Janeiro), Reg. of marriages, no 333, 18 oct. 1909 (copie conservée aux Arch. du Barreau du Haut-Canada, Toronto).— EAC, General Synod Arch., GS 75–103 (Missionary Soc. of the Church of England in Canada), ser. 2–14 (Special Indian Committee, S. H. Blake corr.).— Arch. du Barreau du Haut-Canada, 1–5 (Convocation, rolls), Common roll, Michaelmas term, 1856 ; Barristers’ roll, Hilary term, 1860 ; 1-5.6, Roll of attorneys and solicitors sworn and admitted in Upper Canada and Ontario, [1858].— Trinity College Arch. (Toronto), 986-0008/005 (05)-(10).— Calgary Herald, 23 juin 1914.— Canadian Churchman (Toronto), 25 juin 1914.— Daily Mail and Empire, 30 déc. 1902, 13 déc. 1906.— Evening Telegram (Toronto), 23 juin 1914.— Globe, 5 févr. 1859, 6 mai 1901, 24, 26 juin 1914.— London Advertiser (London, Ontario), 11 juill. 1890.— Times (Londres), 8 mai 1901.— Toronto Daily Star, 13 juin 1913, 23–24 juin 1914 ; Star Weekly, 4 oct. 1913, 27 juin 1914.— Weekly Globe (Toronto), 7 juin. 1876.— World (Toronto), 12 avril 1903, 24 juin 1914.— Christopher Armstrong et H. V. Nelles, The revenge of the Methodist bicycle company : Sunday streetcars and municipal reform in Toronto, 1888–1897 (Toronto, 1977).— Kim Beattie, Ridley : the story of a school (2 vol., St Catharines, Ontario, 1963).— Augustus Bridle, « Personalities and problems, no 21 – Honourable S. H. Blake », Canadian Courier (Toronto), 25 janv. 1913 : 8s.— Mary Byers, Havergal : celebrating a century, 1894–1994 ([Toronto], 1994).— Canadian annual rev. (Hopkins), 1905.— H. [W.] Charlesworth, Candid chronicles : leaves from the note book of a Canadian journalist (Toronto, 1925).— H. J. Cody, « Samuel Hume Blake », Univ. of Toronto Monthly, 15 (1914–1915) : 14–17.— Cyclopædia of Canadian biog. (Rose et Charlesworth), 1.— J. C. Dent, The Canadian portrait gallery (4 vol., Toronto, 1880–1881), 3.— Philippe Dubé, Deux cents ans de villégiature dans Charlevoix ; l’histoire d’un pays visité (Québec, 1986).— J. W. Grant, Moon of wintertime : missionaries and the Indians of Canada in encounter since 1534 (Toronto, 1984).— J. G. Greenlee, Sir Robert Falconer : a biography (Toronto, 1988).— A. L. Hayes, « The struggle for the rights of the laity in the diocese of Toronto, 1850–1879 », Canadian Church Hist. Soc., Journal (Toronto), 26 (1984) : 5–17.— « Hon. Samuel Hume Blake, k.c. », Canada Law Journal (Toronto), 50 (1914) : 450–452.— C. W. Humphries, « Honest enough to be bold » : the life and times of Sir James Pliny Whitney (Toronto, 1985).— The jubilee volume of Wycliffe College (Toronto, 1927).— J. A. McNeil, « Interviewing Hon. Psalm Blake », Saturday Night, 6 janv. 1912 : 3.— G. H. Maitland, « Honorable « Sam » Blake », Maclean’s (Toronto), 22 (1911), no 3 : 65–69.— D. C. Masters, « The Anglican evangelicals in Toronto, 1870–1900 », Canadian Church Hist. Soc., Journal, 20 (1978) : 51–66 ; Henry John Cody : an outstanding life (Toronto, 1995).— « Satirical, kindly Mr. Blake », Saturday Night, 27 juin 1908 : 10.— Saturday Night, 4 juill. 1914 : 1.— R. B. Splane, Social welfare in Ontario, 1791–1893 ; a study of public welfare administration (Toronto, 1965).— Standard dict. of Canadian biog. (Roberts et Tunnell), 1.— H. E. Turner, « Protestantism and progress : the Church Association of the diocese of Toronto », Canadian Church Hist. Soc., Journal, 22 (1980) : I–28.

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John D. Blackwell, « BLAKE, SAMUEL HUME », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 5 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/blake_samuel_hume_14F.html.

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Auteur de l'article:    John D. Blackwell
Titre de l'article:    BLAKE, SAMUEL HUME
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 14
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1998
Année de la révision:    1998
Date de consultation:    5 déc. 2024