BÉLANGER, HORACE (baptisé Édouard-Horace), trafiquant de fourrures et juge de paix, né le 11 juin 1836 à Rivière-Ouelle, Bas-Canada, fils d’Édouard Bélanger et de Marie-Sophie Casgrain ; le 27 août 1861, il épousa à Saint-Boniface (Manitoba) Rosalie Marion, et ils eurent 11 enfants ; décédé le 1er octobre 1892 à la chute Sea River (Manitoba), sur la rivière Nelson.

La mère d’Horace Bélanger, fille du seigneur et homme d’affaires Pierre Casgrain*, était apparentée à de nombreuses familles canadiennes-françaises bien en vue. Le fils aîné issu de son premier mariage, le demi-frère d’Horace, Luc Letellier* de Saint-Just, devint lieutenant-gouverneur de la province de Québec. Le père d’Horace, homme d’affaires bien établi dans le domaine de la pêche à la baleine, se joignit à la Hudson’s Bay Company en 1853 à titre de chef de poste pour mettre sur pied une entreprise de pêche de ce mammifère à la rivière Little Whale (Petite rivière de la Baleine, Québec), mais il se noya à cet endroit la même année.

En février 1849, Horace Bélanger avait entrepris un cours commercial au collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, établissement qu’il fréquenta jusqu’en juillet 1851. Deux ans plus tard, il entra à la Hudson’s Bay Company à titre de commis débutant à Sault-Sainte-Marie, dans le Haut-Canada. L’agent principal, James Hargrave*, prit le jeune homme sous son aile. S’il ne parlait d’abord que le français, Bélanger apprit vite à parler et à écrire l’anglais, et à converser en cri et en sauteux.

Après avoir travaillé à Michipicoten (Michipicoten River) de 1855 à 1857, Bélanger fut promu au poste de commis en 1858 et affecté au fort Albany (Fort Albany). En 1860, on le muta dans le district du lac à la Pluie, un secteur où les trafiquants indépendants faisaient concurrence à la Hudson’s Bay Company. Il fit preuve de l’esprit d’initiative et de la persévérance nécessaires pour contrer tout adversaire, et ce malgré sa corpulence massive, car c’était un « homme de grande carrure aux cheveux frisés noir de jais, à la barbe fournie et qui devait peser plus de 300 livres ».

En 1867, Bélanger s’installa à Cumberland House (Saskatchewan), où la compagnie était encore une fois menacée par les trafiquants indépendants. À titre de commis responsable à Fort-à-la-Corne en 1868–1869, il surveilla les convois de transport fluvial, liens vitaux, durant l’été, entre Cumberland House et ses postes au nord. En 1870, toujours à titre de commis, il prit en charge tout le district de Cumberland. Deux ans plus tard, on le promut chef de poste et, en 1873, il devint agent.

La Hudson’s Bay Company et son personnel continuèrent de dominer les régions du Nord-Ouest, même après la cession de la terre de Rupert au gouvernement canadien ; certains parmi ceux qui occupaient un poste important, dont Bélanger, furent alors nommés juges de paix. Ce dernier, qui avait été témoin des conséquences pour les Indiens et les Métis des traités et de la colonisation par les Blancs, insista pour que le gouvernement vienne en aide aux plus démunis et il prit même des mesures de sa propre initiative dans des situations d’urgence.

En 1885, Bélanger dut trouver d’autres moyens de transport lorsque les forces militaires gouvernementales, sous la gouverne de Frederick Dobson Middleton, utilisèrent les bateaux à vapeur de la Hudson’s Bay Company pour transporter des troupes et du matériel sur le territoire de la Saskatchewan pendant la rébellion du Nord-Ouest. Il fournit aussi de la nourriture à plusieurs réfugiés de Fort-à-la-Corne et tenta d’empêcher les Métis et les Indiens du district de Cumberland de participer au soulèvement. À l’automne de 1885, il prit en charge le district de Saskatchewan, en plus de celui de Cumberland. Les efforts acharnés qu’il déploya au profit de la Hudson’s Bay Company et des gens de son district lui gagnèrent l’estime des Cris et des Métis et justifièrent sa promotion au poste d’agent principal en décembre. Il était alors parvenu au sommet de l’administration de la compagnie et fut le seul Canadien français à accéder à ce rang au xixe siècle.

En 1889, on muta Horace Bélanger à Norway House (Manitoba). On le nomma alors juge de paix pour le district de Keewatin, fonction qu’il occupa jusqu’en 1892. Devenu veuf en 1887, il avait prévu quitter la Hudson’s Bay Company en 1893 pour faire un foyer à ses enfants. Il n’eut cependant pas le temps de réaliser ce projet, car il se noya à la chute Sea River au cours de sa quarantième année de service. Bélanger avait toujours craint ce genre de mort ; fait étrange, son père, son frère et deux de ses fils avaient péri de la même façon. Les Indiens de Cumberland House et de Norway House furent consternés d’apprendre la mort de « l’un de leurs bienfaiteurs les plus nobles et généreux ». Les fonctionnaires de la Hudson’s Bay Company partageaient les mêmes sentiments ; ils firent ériger à Norway House un imposant monument de pierre à sa mémoire.

Bruce F. Donaldson et Martha McCarthy

ANQ-Q, CE3-1, 11 juin 1836.— PAM, MG 7, D8, reg. des mariages ; MG 12, B ; E ; HBCA, A.12/Ft, 340/1 ; B.49/b/7, 10–11 ; B.49/e/1 ; B.135/g/42 ; B.154/k/1 ; B.239/c/18 ; B.239/g/39–40 ; B.239/k/3–4.— Daily Free Press (Winnipeg), 24 oct. 1892.— Le Manitoba (Winnipeg), 26 oct. 1892.— L’Opinion publique, 15 mars 1877.— Winnipeg Daily Tribune, 22 oct. 1892.— Catalogue des anciens élèves du collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière, 1827–1927, [François Têtu, compil.] (Québec, 1927).— Répertoire des mariages de Rivière-Ouelle, 1672–1972, troisième centenaire, Armand Proulx, compil. (La Pocatière, Québec, 1972).— « The Belanger monument », Beaver, outfit 261 (mars 1931) : 177–178.— L.-A. Prud’homme, « M. Horace Bélanger, facteur en chef de la Compagnie de la Baie d’Hudson », Rev. canadienne, 27 (1891) : 464–468.

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Bruce F. Donaldson et Martha McCarthy, « BÉLANGER, HORACE (baptisé Édouard-Horace) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 9 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/belanger_horace_12F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
Date de consultation:    9 déc. 2024