BUDD, HENRY, commis de la Hudson’s Bay Company, fermier, instituteur et premier Amérindien pasteur anglican, né vers 1812 d’un père amérindien et d’une mère métisse, décédé le 2 avril 1875 à Le Pas, Territoires du Nord-Ouest (Manitoba).

Le 15 octobre 1819, la Hudson’s Bay Company engagea John West*, qui devint ainsi le premier aumônier de l’Église d’Angleterre dans Rupert’s Land. West avait assuré la Church Missionary Society qu’il ferait tout son possible pour instruire les Métis et les Amérindiens résidant dans les postes de la compagnie. Il partit pour Rupert’s Land en compagnie d’un instituteur d’expérience, George Harbidge. Les deux hommes arrivèrent à York Factory au mois d’août et, quand ils repartirent, ils emmenèrent avec eux le jeune fils du chef Withewacapo. À Norway House, West prit sous sa protection un orphelin, avec l’intention de lui donner de l’instruction. Cet enfant, qui fut baptisé avec le fils du chef amérindien par West le 21 juillet 1822, n’était autre que Henry Budd. On trouve dans le registre de West ce qui suit : « Henry Budd, jeune Indien de dix ans environ, élève de l’école missionnaire, qui parvient maintenant à lire le Nouveau Testament et à réciter correctement le catéchisme de l’Église d’Angleterre. »

John West retourna en Angleterre en 1823, mais Harbidge resta et continua d’enseigner à l’école de la Church Missionary Society, dans la Rivière-Rouge. Henry Budd vécut là quelques années ; il avait l’estime de son professeur qui le trouvait « aimable » et « prévenant ». Budd quitta l’école vers 1827 pour devenir commis au service de la compagnie. Il semble qu’il partit alors pour la région du fleuve Columbia où, à cette époque, une guerre ouverte existait dans la traite des fourrures. Le 2 février 1836, Budd épousa Betsy, qui était vraisemblablement la fille de l’agent principal John Work*. Comme son contrat avec la compagnie était terminé, Budd repartit avec sa femme pour la Rivière-Rouge où il acheta une terre près de St Andrews. En 1837, David Thomas Jones* et William Cockran* persuadèrent Budd d’aller enseigner à l’école de la paroisse Upper Church (St John’s).

Comme enseignant, Budd fit preuve de compétence et, en 1840, Cockran et John Smithurst* le prièrent d’aller dans le district de Cumberland House, afin d’y ouvrir une nouvelle école et une mission destinées aux Amérindiens. Le 22 juin, Budd partit avec sa femme et sa mère pour se rendre à cet endroit. Cockran et Smithurst s’étaient engagés personnellement auprès de Budd, « parce que tout avait été arrangé », du moins le pensaient-ils, entre la compagnie et la Church Missionary Society, pour aider cette mission. Mais un différend éclata à ce sujet entre la compagnie et la société. C’est pour cette raison, qu’après quelque temps passé à Cumberland House, Henry Budd descendit la rivière Saskatchewan jusqu’à W’passkwayaw (Le Pas) où il construisit une maison dans laquelle il enseigna et tint des offices religieux. En juin 1842, John Smithurst vint à Le Pas pour baptiser 39 adultes, 27 enfants en bas âge et 22 écoliers. C’était là le fruit du travail missionnaire de Budd. Smithurst remarqua l’aspect soigné de la mission et se montra satisfait des résultats obtenus.

L’évêque David Anderson* vint pour la première fois à Le Pas en 1850 et il visita l’établissement auquel il donna le nom de Devon Mission. Durant les six années qui suivirent, Henry Budd aida le révérend James Hunter* comme catéchiste et comme instituteur, et il le seconda dans son étude de la langue crise. Budd avait également été chargé d’une tâche qu’il jugeait indigne de lui, celle de choisir le bois pour le presbytère et pour l’église. L’évêque ramena Budd et son fils à la Rivière-Rouge où il dirigea Henry Budd dans ses études de théologie. Le 22 décembre, Henry Budd fut ordonné diacre dans l’église St Andrews. Il fut ainsi le premier Amérindien d’Amérique du Nord à exercer le ministère au sein de l’Église d’Angleterre. Ordonné prêtre dans la nouvelle église Christ, à Le Pas, le 10 juin 1853, Budd fut envoyé à Nepowewin (Nipawin, Saskatchewan), où il resta, semble-t-il, jusqu’en 1867, date à laquelle il revint exercer son ministère à Le Pas. Pendant ces années, il fut aussi chargé de surveiller les travaux des missions à Nepowewin, à Cumberland House et à Carlton House, où se trouvaient également des catéchistes. Il était encore à Le Pas lorsque la mort le frappa soudainement. Il fut enterré dans le vieux cimetière, près de l’église, où l’on voit encore sa pierre tombale en granit.

Henry Budd, homme grand, de belle prestance, était, dit-on, un prédicateur éloquent dans la langue crise. Ses lettres à la société missionnaire sont d’une jolie écriture et rédigées dans un anglais excellent. Budd était très aimé des gens de sa communauté ; quand il mourut, l’un d’entre eux remarqua que, bien qu’ayant perdu son vrai père depuis déjà de nombreuses années, il lui avait fallu la mort de Budd pour comprendre vraiment ce que c’était que de perdre un père. Budd était méthodique et économe ; ses missions étaient des modèles de propreté ; ses jardins, son bétail et la gestion de ses affaires étaient un exemple pour les siens. Son œuvre lui survécut.

T. C. B. Boon

Church Missionary Society Archives (Londres), Henry Budd Papers, Correspondence, 1822–1873 ; Henry Budd Papers, Journal, 1850–1875.— Hargrave, Red River, 103–126.— John West, The substance of a journal during a residence at the Red River colony, [...] British North America ; and frequent excursions among the North-West American Indians, in the years 1820, 1821, 1822, 1823 (Londres, 1824), 16.— Boon, Anglican Church, 6, 15, 45, 49s., 66, 83, 99, 102.— W. B. Heeney, John West and his Red River mission (Toronto, 1920), passim.— Robert Machray, Life of Robert Machray, D.D., LL.D., D.C.L., Archbishop of Rupert’s Land, Primate of all Canada [...] (Londres, 1909), passim.— [J. A.] Mackay, Henry Budd, Leaders of the Canadian Church, W. B. Heeney, édit. (2e sér., Toronto, 1920), 65–72.— M. E. J., Dayspring in the far west ; sketches of mission-work in north-west America (Londres, 1875), passim.— Sarah Tucker, The rainbow in the North ; a short account of the first establishment of Christianity in Rupert’s Land by the Church Missionary Society (Londres, 1851), passim.

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T. C. B. Boon, « BUDD, HENRY », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 13 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/budd_henry_10F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1972
Année de la révision:    2016
Date de consultation:    13 déc. 2024