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BYRNE, JAMES PAUL, avocat, homme politique et juge, né le 24 janvier 1869 à Sussex, Nouveau-Brunswick, fils de James Byrne et de Sarah Green ; le 16 septembre 1902, il épousa à Bathurst, Nouveau-Brunswick, Emma Josephine Burns (1872–1947), fille de Kennedy Francis Burns*, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 22 janvier 1934 dans la même ville et inhumé à Norton, Nouveau-Brunswick.
Le père de James Paul Byrne émigra du comté de Tyrone (Irlande du Nord) au Nouveau-Brunswick en 1842 ; sa mère, de descendance anglaise, naquit à Halifax un an plus tard. Ils étaient tous deux catholiques. Après avoir fréquenté des écoles de sa place natale, Byrne obtint, en 1888, une licence ès arts du collège Saint-Joseph à Memramcook [V. Camille Lefebvre*], établissement francophone dans le sud-est du Nouveau-Brunswick, qui devenait de plus en plus anglophone. Accepté comme étudiant en droit par Albert Scott White en octobre 1887, Byrne passa l’année scolaire 1888–1889 à l’école de droit de la Dalhousie University à Halifax avant de s’inscrire à la University of Michigan, qui abritait une des écoles de droit les plus grandes et les plus progressistes aux États-Unis. Il obtint sa licence en droit en 1890 et fut admis au Barreau du Nouveau-Brunswick deux ans plus tard. Byrne ouvrit ensuite son propre cabinet à Sussex, petite communauté paisible de producteurs laitiers dans le cœur agricole de la province. Cependant, la région était surpeuplée d’avocats et fournissait difficilement assez de travail pour les membres établis de la profession, comme White, et encore moins pour un nouvel arrivé comme Byrne.
En 1900, Byrne s’installa à Bathurst, port de mer prospère, centre industriel et carrefour ferroviaire à la pointe la plus au sud de la baie des Chaleurs. La péninsule acadienne était pratiquement un pays étranger pour lui, puisqu’il n’avait aucun lien avec la région et qu’il ne la connaissait pas, mais Bathurst offrait une nouvelle frontière et un horizon plus large pour un jeune professionnel qui cherchait à se tailler une carrière fructueuse. Avant son arrivée, aucun avocat catholique ne s’y trouvait pour répondre aux besoins juridiques des Acadiens et Irlandais catholiques de Bathurst, qui formaient pourtant la majorité de la population locale et représentaient une force politique non négligeable. Son mariage avec une des quatre filles de feu Kennedy Francis Burns, catholique irlandais qui avait été un important entrepreneur et homme politique, l’aida à s’établir rapidement dans une communauté plus grande et plus active que Sussex.
Bien qu’unilingue anglophone, comme son beau-père, Byrne découvrit que son ignorance du français n’était pas un obstacle pour faire affaire avec ses coreligionnaires francophones, ni pour obtenir leur respect, leur confiance ou leur soutien politique. Il savait aussi qu’il pouvait compter sur le patronage et le soutien de la hiérarchie catholique, particulièrement des évêques James Rogers* et Thomas Francis Barry, dont le diocèse, alors basé à Chatham, embrassait toute la côte nord de la province. En fait, Rogers, qui prit sa retraite en 1902, recruta peut-être Byrne en tant que procureur du diocèse et avocat de choix pour les catholiques dans tout le comté de Gloucester. Au cours de sa vie, Byrne verrait le centre du diocèse se déplacer de Chatham, lieu anglophone, vers Bathurst, de plus en plus francophone, surtout après 1920, quand l’Acadien Patrice-Alexandre Chiasson succéda à Barry.
Byrne se lança bientôt dans la politique et gagna une place au conseil municipal ; il joua peut-être un rôle dans la constitution de Bathurst en municipalité en 1912. En 1908, Byrne se laissa séduire par la politique provinciale et remporta Gloucester à titre de libéral indépendant dans des élections où le gouvernement libéral du premier ministre Clifford William Robinson* subit la défaite. Byrne perdit son siège en 1912, quand James Kidd Flemming* mena le Parti conservateur à une victoire écrasante dans la province. De retour cinq ans plus tard, quand les libéraux de Walter Edward Foster* reprirent le pouvoir, il fut réélu en 1920. Il n’eut pas l’occasion de se présenter comme député fédéral – fonction que son beau-père avait occupée pour les conservateurs –, car le libéral Onésiphore Turgeon* le fut sans interruption de 1900 à 1922. Byrne songeait peut-être à une carrière dans la politique fédérale, mais quand Turgeon accéda au Sénat, un Acadien libéral lui succéda dans une élection partielle que les conservateurs ne se donnèrent même pas la peine de contester.
Dans les gouvernements de Foster et de Pierre-Jean Veniot, qui deviendrait premier ministre en 1923, Byrne détint le poste de procureur général pendant sept ans, soit le plus long mandat ininterrompu depuis celui d’Andrew George Blair*. En 1917, Byrne et Foster soutinrent le projet de loi sur le droit de vote des femmes ; présenté par William Francis Roberts, celui-ci fut défait dans un vote libre après la charge de Veniot. Deux ans plus tard, cependant, le gouvernement Foster réussit à instaurer le suffrage féminin au Nouveau-Brunswick ; Byrne avait présenté le projet de loi. En 1922, ce dernier renonça à poursuivre pour une sixième fois John Paris, accusé du meurtre d’un enfant et libéré sous conditions après que le jury eut échoué à s’entendre sur un verdict à l’issue de son cinquième procès. Un an plus tard, Byrne supervisa l’adoption d’un projet de loi sur la régulation des valeurs mobilières, mais la Cour suprême du Nouveau-Brunswick la déclara anticonstitutionnelle dans une décision douteuse du juge en chef sir John Douglas Hazen.
En septembre 1924, un poste s’ouvrit au sein de la magistrature, après la démission de Harrison Andrew McKeown, juge en chef de la Cour du banc du roi de la Cour suprême du Nouveau-Brunswick, et la promotion de Jeremiah Hayes Barry*, juge puîné de la division qui lui succéda. Le choix de Byrne pour remplacer Barry était pratiquement inévitable. Homme politique libéral et procureur général de longue date, à une époque où les libéraux fédéraux de William Lyon Mackenzie King* occupaient le pouvoir à Ottawa et où l’ancien chef libéral provincial, Arthur Bliss Copp, représentait le Nouveau-Brunswick au cabinet, il était également un catholique irlandais. Or, Barry avait été le premier Irlandais catholique à siéger à la Cour suprême. La nomination de Byrne constitua sans doute un prix de consolation, puisqu’il n’avait pas réussi à devenir premier ministre après la démission de Foster en 1923. Il pouvait prétendre à la succession au moins autant que Veniot, qui conduirait le gouvernement à la défaite aux élections de 1925. Ivan Cleveland Rand* succéda à Byrne comme député libéral de Gloucester et procureur général.
James Paul Byrne se révéla un juge compétent, efficace et respecté. Sa mort subite, le 22 janvier 1934, fut une perte importante. Trouver un avocat assez doué et crédible politiquement pour le remplacer s’avéra une tâche difficile : 19 mois s’écoulèrent avant que le gouvernement fédéral conservateur de Richard Bedford Bennett* nomme son successeur, l’ancien député conservateur Jack Hall Alliger Lee Fairweather. Byrne avait vécu assez longtemps pour voir Albert Allison Dysart*, comme lui avocat catholique diplômé du collège Saint-Joseph, désigné en 1926 chef des libéraux du Nouveau-Brunswick. En 1935, Dysart deviendrait premier ministre, poste auquel Byrne lui-même aurait dû accéder 12 ans plus tôt.
Selon son acte de décès (APNB, RS141C5, vol. 59, no 59360) et selon la plupart des sources publiées, la date de naissance de James Paul Byrne est le 24 janvier 1869 ; bien que le recensement de 1901 donne le 24 janvier 1871 et celui de 1911, janvier 1870, la date du 24 janvier 1869 est la plus généralement retenue.
Byrne, dont les papiers n’ont pas survécu, est le compilateur de Bye-laws, rules and regulations of the county council of the municipality of Gloucester ; also extracts from the statutes of New Brunswick published by order of the county council for the guidance of parish officers (Newcastle, N.-B., 1907).
APNB, MC288 (Law Society of New Brunswick fonds), MS4, B2, Byrne, James P., 7 oct. 1890 ; RS141B7, code B4/1902, no 1355.— BAC, Déclarations de recensement du Canada de 1911, N.-B., dist. Gloucester (27), sous-dist. Bathurst (5) : 22 ; R233-37-6, N.-B., dist. Gloucester (16), sous-dist. Bathurst (Parish) (A) : 1.— Univ. of N.B. Library, Arch. & Special Coll. (Fredericton), MG H107.— Freeman (Saint-Jean, N.-B.), 1900–1902.— Gloucester Northern Light (Bathurst, N.-B.), 1913–1934.— Kings County Record (Sussex, N.-B.), 1901–1934.— New Freeman (Saint-Jean), 1903–1934.— Canadian annual rev., 1917–1934.— Dictionnaire biographique du nord-est du Nouveau-Brunswick [série de cahiers spéciaux], Soc. hist. Nicolas-Denys, la Rev. d’hist. (Shippagan, N.-B.), 11 (1983), no 3 ; 12 (1984), no 3 ; 13 (1985), no 3 ; 15 (1987), no 1 ; 18 (1990), no 2 ; 20 (1992), no 2 ; 23 (1995), no 1 ; 26 (1998), no 2.— Don Hoyt, A brief history of the Liberal Party of New Brunswick ([Fredericton, 2000 ?]).— Michigan Alumnus ([Ann Arbor, Mich.]), 1894–1934.— N.-B., Legislative Assembly, Synoptic report of the proc., 1908–1912, 1917–1924.
Barry Cahill, « BYRNE, JAMES PAUL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 10 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/byrne_james_paul_16F.html.
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Auteur de l'article: | Barry Cahill |
Titre de l'article: | BYRNE, JAMES PAUL |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2019 |
Année de la révision: | 2019 |
Date de consultation: | 10 oct. 2024 |