CARY, GEORGE HUNTER, avocat et homme politique, né le 16 janvier 1832 à Woodford, dans le comté d’Essex, en Angleterre, aîné des dix enfants de William Henry Cary et d’Elizabeth Malins ; il épousa Ellen Martin le 6 novembre 1858 ; décédé à Londres le 16 juillet 1866.

Fils d’un chirurgien, George Hunter Cary fit ses études à la St Paul’s School et au King’s College, à Londres. Marchant sur les traces de son oncle, sir Richard Malins, qui se distingua comme avocat, juge et député conservateur, Cary fut reçu au Barreau d’Inner Temple le 13 juin 1854 et déménagea à Lincoln’s Inn, où il « exerça régulièrement et avec quelque succès aux cours d’équité ». Au début de 1859, pour répondre à la demande du gouverneur James Douglas *, qui désirait « des gentlemen des plus instruits et des plus capables » pour le seconder dans le gouvernement de la nouvelle colonie aurifère située sur le continent, sir Edward Bulwer-Lytton, ministre des Colonies britanniques, était à la recherche d’un procureur général pour la Colombie-Britannique. Il s’adressa à un ancien maître de Cary, sir Hugh McCalmont Cairns, solliciteur général d’Angleterre, lui-même un ancien élève de Malins. Sir Hugh recommanda Cary, et Bulwer-Lytton accueillit favorablement son avis.

Cary arriva à Victoria, Île-de-Vancouver, le 26 mai 1859. Impressionné par sa formation, son intelligence et son énergie, Douglas le nomma également procureur général intérimaire de l’Île-de-Vancouver en août 1859 ; une semaine plus tard, Cary annonça sa candidature au poste de représentant de la ville de Victoria à la deuxième chambre d’Assemblée de l’Île-de-Vancouver. Dans la lutte qui s’ensuivit, marquée d’accusations d’irrégularité et de malveillance, Cary l’emporta sur Amor De Cosmos*, un « réformiste » opposé au gouvernement. De 1860 à 1863, Cary servit comme ministre des Finances de facto de Douglas à la chambre d’Assemblée. En 1861, quand le ministère des Colonies exigea que les fonctionnaires de la Colombie-Britannique habitassent la colonie située sur le continent, Cary refusa de déménager de Victoria et abandonna ses fonctions de procureur général de la Colombie-Britannique – sur quoi Douglas nomma Henry Pering Pellew Crease* au poste vacant – Cary demeurant toutefois procureur général de l’Île-de-Vancouver. Au lieu de chercher à se faire réélire à l’Assemblée en 1863, Cary obtint d’être relevé, pour un congé de trois mois, de ses fonctions de procureur général et partit pour les champs aurifères de Cariboo, prétendument pour se remettre d’ « une faiblesse générale d’origine nerveuse », mais en fait, selon Edward Graham Alston*, « dans le dessein de revenir avec suffisamment de quoi vivre le reste de sa vie dans une tranquille oisiveté ».

La controverse s’attachait à Cary où qu’il fût. Depuis peu de temps à Victoria, il fut arrêté pour « avoir chevauché à bride abattue » sur le pont de la baie de James ; six semaines plus tard, accusé d’avoir troublé la paix, il préféra être emprisonné plutôt que de verser la caution exigée. En 1861, il souleva l’indignation générale en tentant d’acheter en secret les sources principales d’approvisionnement en eau de la ville, lesquelles étaient considérées par beaucoup comme propriété publique. Le tapage qu’il faisait dans les rues et sa conduite excessive à la cour devinrent l’objet de commentaires parmi la population ; il lui arriva, cravache en main, de s’attaquer à un accusé dans la rue et de sortir de ce combat avec un visage « tout tuméfié ». En juin 1863, Douglas le décrivit comme un individu « émotif et arrogant » dont les gestes « provoquèrent l’hostilité et lui firent plusieurs ennemis personnels ; défauts qui diminuent son utilité générale comme membre du gouvernement ».

Dans l’Île-de-Vancouver, Cary rêvait de mener la vie d’un gentilhomme campagnard. En 1861, outre une ou deux maisons en Angleterre, il possédait quelque 400 acres de terre dans la ville et les environs de Victoria et plus de 1 400 sur l’île Sanas (Sidney). Deux ans plus tard, il commença à construire « Cary Castle », une spacieuse résidence avec une superbe vue sur le détroit de Juan de Fuca, se proposant d’y passer le reste de ses jours. Malheureusement, ses moyens étaient loin d’être à la mesure de son ambition, et il dut vendre son château avant qu’il fût achevé.

Le séjour de Cary dans les champs aurifères de Cariboo ne lui apporta que des revers, tant financiers que professionnels, et affecta notablement sa santé. À une maladie des yeux dont il souffrait de longue date et à de fréquentes attaques de rhumatisme vinrent s’ajouter des signes de déséquilibre mental. À l’été de 1864, le successeur de Douglas au poste de gouverneur de l’Île-de-Vancouver, Arthur Edward Kennedy*, accusa Cary d’irrégularités financières, et en particulier de tirer des honoraires excessifs du gouvernement pour des services juridiques sans rapport avec la cour. Plutôt que de se défendre de ces accusations, Cary démissionna.

En 1865, le déséquilibre mental de Cary ne faisait de doute pour personne. Au début de septembre, un de ses parents, Arthur Stanhope Farwell, rapporta l’avoir vu dans son jardin semant « à la chandelle, à minuit, des pois parmi les pommes de terre ». Une semaine plus tard, le docteur John Ash* reconnut officiellement la folie de Cary ; Farwell, le docteur John Sebastian Helmcken* et d’autres le persuadèrent de rentrer en Angleterre en inventant une histoire de télégramme annonçant sa nomination comme lord chancelier, au salaire annuel de £15 000. Accompagnés par Robert Burnaby*, Cary et sa femme quittèrent Victoria le lendemain, 16 septembre 1865. Il mourut à Londres en juillet 1866, chez une tante, assisté du plus jeune de ses frères.

Brutal, vain et excentrique, Cary fut quand même de quelque importance dans l’Île-de-Vancouver à l’époque coloniale. Ses ennemis eux-mêmes reconnaissaient la puissance de son verbe et ses grandes ressources intellectuelles. La tragédie de sa carrière fut le dérangement graduel de son esprit. Il joua un rôle prépondérant en pilotant les projets de loi du gouvernement à la deuxième chambre d’Assemblée de l’île, un apport qui tranche fortement sur la complète paralysie de la troisième et dernière chambre, où ne se trouva aucun porte-parole qui puisse lui être comparé. Son legs le plus durable à l’île et à la colonie fut Cary Castle ; acquis par le gouvernement en 1865, il servit, jusqu’à l’incendie qui le détruisit en 1899, de résidence officielle au représentant de la reine.

James E. Hendrickson

PABC, Henry Maynard Ball, Journal, 1865 ; B.C., Governor, despatches to London, 12 oct. 1858–25 oct. 1859, 25 oct. 1859–14 sept. 1863, 14 sept. 1863–31 déc. 1867 (copies) ; Colonial correspondence, Colonial secretary correspondence (B.C.), 1858–1863 ; Crease coll., Henry Pering Pellew Crease ; Crease legal papers ; Arthur Stanhope Farwell, Diary, 10 janv. 1864–25 janv. 1867 ; John Sebastian Helmcken, Reminiscences (5 vol., 1892) ; Vancouver Island, Governor, despatches to London, 10 déc. 1855–9 juin 1859, 8 juin 1859–28 déc. 1861, 12 janv. 1862–12 mars 1864 (copies) ; Vancouver Island, House of Assembly, Minutes, 2 août 1859–5 mars 1860, 1er mars 1860–6 févr. 1861, 26 juin 1861–27 févr. 1863.— PRO, CO 60/1–17 (mfm aux PABC) ; CO 305/1–20 (mfm aux PABC).— [J. S. Helmcken], The reminiscences of Doctor John Sebastian Helmcken, Dorothy Blakey Smith, édit. ([Vancouver], 1975).— Daily British Colonist and Victoria Chronicle, 1859–1866.— Law Times (Londres), 17 juin 1854, 28 juill. 1866.— New Westminster Times (Victoria), 17 sept. 1859.— Victoria Gazette, 17 sept. 1859.

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James E. Hendrickson, « CARY, GEORGE HUNTER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 10 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/cary_george_hunter_9F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1977
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