FRASER, THOMAS, officier dans l’armée et dans la milice, colonisateur, propriétaire foncier, juge de paix, fonctionnaire et homme politique, né en 1749 à Strath Errick, Écosse, fils de William Fraser ; il épousa d’abord Mary MacBean, et ils eurent au moins quatre fils et trois filles, puis le 7 février 1795 Mary MacDonell, et finalement Cornelia Paterson, née Munro, fille de John Munro* ; décédé le 18 octobre 1821 dans le canton de Matilda, Haut-Canada.
La famille Fraser immigra vers 1767 et, en 1770, elle habitait le comté de Tryon, dans la colonie de New York, où elle était locataire de sir William Johnson*. Lorsque la Révolution américaine éclata, Thomas Fraser exploitait la ferme où sa famille avait d’abord vécu comme locataire, son père et son frère aîné William s’étant établis dans une ferme plus grande. En mai 1777, les deux frères s’enfuirent vers Québec en compagnie d’un groupe d’hommes, mais ils furent capturés par des rebelles. Emprisonnés à Albany, les Fraser et leurs compagnons s’évadèrent au mois d’août et se joignirent à l’armée du major général John Burgoyne* au fort Edward (Fort Edward). Nommés lieutenants, Thomas et William servirent jusqu’à la reddition des Britanniques à Saratoga (Schuylerville), le mois suivant. On leur permit plus tard de partir pour Québec.
En 1779, Thomas et William prirent le commandement des casemates des loyalistes sur la rivière Yamaska Ils étaient responsables des patrouilles de reconnaissance envoyées dans les colonies américaines et participaient parfois à ces expéditions. Alors qu’ils servaient encore à la rivière Yamaska, les Fraser furent détachés en 1781 auprès des Loyal Rangers, commandés par Edward Jessup*. En juin 1782, Thomas devint capitaine dans cette unité. Après la guerre, Barrimore Matthew St Leger* dépeignit les frères Fraser comme « les meilleurs [hommes] de confiance et les plus loyaux sujets du roi ». Grâce à cette réputation, ils purent obtenir une pension pour leur père peu après son arrivée à Québec en 1780.
Fraser se retira avec la demi-solde en 1783 et, l’année suivante, il se fixa dans le canton no 6 (canton d’Edwardsburgh) avec sa compagnie de Loyal Rangers. En 1791, il exploitait une ferme prospère sur les 700 acres qu’on lui avait concédées à titre de capitaine loyaliste. La première fois que le voyageur Patrick Campbell vit cette ferme, il déclara que « ce ne pouvait être la propriété d’un Highlander ». D’après sa description, elle comprenait « une maison de bonnes dimensions, une grange de deux étages encore plus grande, plusieurs dépendances, des baraques ou granges hollandaises [...] de gros troupeaux de dindes, d’oies, de canards et de volailles ». Il se trouva que Campbell avait connu la femme de Fraser quand elle demeurait dans les Highlands et, après avoir conversé en gaélique, il fut chaleureusement accueilli. Il affirma que les frères Fraser avaient servi d’interprètes des Indiens auprès de Johnson, « quelques années avant la rébellion », et fit le commentaire suivant : « ces deux gentlemen, dont le père était vraiment pauvre [...] et incapable de leur assurer l’instruction nécessaire [...], s’élevèrent au rang de capitaine lorsque la rébellion éclata [...] acquér[ant] ainsi argent et instruction, et sont maintenant tenus en haute estime par toutes leurs connaissances ».
Parce qu’il s’intéressait à la colonisation et qu’il voulait acquérir des terres, Fraser se lança dans plusieurs entreprises en compagnie d’autres loyalistes, tels Richard Duncan*, Peter Drummond et John Munro. En 1789, un groupe dont il faisait partie reçut une concession de quatre acres dans le canton d’Edwardsburgh afin d’y construire une scierie. Quatre ans plus tard, il comparut devant le Conseil exécutif à titre de porte-parole d’un autre groupe composé notamment de Duncan, de Drummond et de Munro. Il affirma qu’il avait l’appui de personnages influents du Vermont et qu’il espérait attirer des colons de cette région dans la nouvelle province du Haut-Canada. Aussi demandait-il une concession équivalant à une superficie de 30 cantons. On différa la réponse à cette demande mais, plus tard, on accorda à Fraser et à ses associés une concession couvrant sept cantons. Cependant, dès 1796, le lieutenant-gouverneur John Graves Simcoe* avait commencé à annuler les concessions de canton. Fraser et son groupe n’avaient pas atteint leurs objectifs, bien qu’ils aient prétendu avoir attiré plusieurs colons et qu’ils aient proposé d’en faire venir d’autres d’Écosse. En dépit de cette nouvelle proposition, leur concession fut annulée.
Après 1800, Fraser se préoccupa d’amasser des propriétés foncières. En 1804, le comte de Selkirk [Douglas*] écrivait à son sujet : « [il] possède de grandes étendues de terre (environ 20 000 acres) achetées à vil prix – un bon nombre à 12 $ les 100 acres – de soldats et d’autres après le licenciement des troupes ; lui et son frère William étaient très pauvres quand ils arrivèrent de la rivière Mohawk et ils ont bien mené ces transactions ». L’évaluation de Selkirk semble exagérée, mais il ne fait aucun doute que les terres de Fraser couvraient de vastes étendues. Dès 1805, Fraser lui-même disait posséder plus de 11 000 acres ; à sa mort, il laissa, entre autres, au delà de 15 000 acres de terre.
Au cours de sa vie, Fraser fut un fonctionnaire et un homme politique éminent. À partir de 1786, il remplit les fonctions de juge de paix puis, en mars 1792, il fut nommé au conseil des terres du comté de Leeds and Grenville et devint président de cet organisme l’année suivante. Fraser fut aussi le premier shérif du district de Johnstown, créé en 1800 ; il occupa ce poste jusqu’en avril 1803, et c’est son fils aîné William qui lui succéda. Il devint commissaire de la voirie en 1808 et, quatre ans plus tard, commissaire aux termes du Sedition Act. Finalement, il fut nommé en 1816 au Board of Militia Pensions du district d’Eastern. De 1797 à 1800, Fraser représenta la circonscription de Dundas à la chambre d’Assemblée. En tant que propriétaire d’esclaves – quatre esclaves au moins travaillaient à sa ferme à cette époque –, il vota en 1798 pour le projet de loi de Christopher Robinson* visant à élargir les limites de la légalité de l’esclavage dans la province. Il brigua de nouveau les suffrages en 1800 mais, selon Selkirk, « il [avait] perd[u] sa popularité et ne fut pas réélu ». Il se porta encore une fois candidat aux élections de 1808 et fut élu conjointement avec Alexander McDonell* (Collachie) dans la circonscription de Glengarry. Fraser fut un député actif et un fidèle partisan du gouvernement.
Après le début de la guerre de 1812, Fraser, alors lieutenant-colonel, commanda le 1 st Dundas Militia et les compagnies de flancs-gardes du régiment stationné entre Cornwall et Prescott. En février 1813, il commandait les miliciens lorsque George Richard John Macdonell* s’empara d’Ogdensburg, dans l’état de New York. À la fin des hostilités, il quitta sa ferme du canton d’Edwardsburgh, qu’il avait baptisée Fraserfield, pour élire domicile dans le canton de Matilda, situé dans le comté de Dundas. Le lieutenant-gouverneur Francis Gore* recommanda que Fraser soit nommé à un siège vacant au Conseil législatif en mai 1815 et, l’automne suivant, Fraser fit son entrée au conseil.
Faisant l’éloge de Thomas Fraser après sa mort, le Kingston Chronicle écrivait qu’il avait été « pendant longtemps un magistrat intègre, indépendant et impartial ». Ses, propriétés, qui s’étendaient sur trois districts, furent divisées entre ses cinq enfants, et la ferme qu’il possédait dans le canton d’Edwardsburgh fut partagée entre John et Richard Duncan*, ses deux fils les plus âgés.
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CATHERINE J. SHEPARD, « FRASER, THOMAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 7 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/fraser_thomas_6F.html.
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Auteur de l'article: | CATHERINE J. SHEPARD |
Titre de l'article: | FRASER, THOMAS |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 6 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1987 |
Année de la révision: | 1987 |
Date de consultation: | 7 déc. 2024 |