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GARRY, NICHOLAS, gouverneur adjoint de la Hudson’s Bay Company, né vers 1782, fils d’Isabella Garry ; le 4 août 1829, il épousa dans la paroisse St George, Hanover Square, Londres, Phoebe Vesey, et ils eurent au moins un fils ; décédé le 24 décembre 1856 à Claygate, comté de Surrey, Angleterre.

Nicholas Garry était probablement le fils illégitime de Nicholas Langley, marchand londonien qui, en 1783, pourvoyait à son entretien. Langley laissa aussi £1 000 en fidéicommis pour l’enfant aux termes du dernier codicille de son testament, rédigé seulement une quinzaine de jours avant sa mort, survenue en octobre 1783. Élevé par le frère et la belle-sœur de Langley, Thomas et Sarah Langley, Garry reçut une bonne éducation et apprit à parler couramment l’allemand, le français et le russe. Il semble qu’avant 1811 il dirigea pendant quelque temps une entreprise commerciale dans le port de chargement de bois de Riga (Union soviétique), sur la Baltique. L’annuaire de Londres de 1815 l’identifie comme membre de la firme Garry and Curtis, qui faisait du commerce entre la Russie et la Grande-Bretagne. Thomas Langley avait été nommé membre du comité de Londres de la Hudson’s Bay Company en 1807, et Garry vint siéger à ses côtés au même titre dix ans plus tard. Apparemment, il ne joua pas un rôle important dans la compagnie. À l’époque, celle-ci en était aux discussions préliminaires qui allaient amener sa fusion avec la North West Company. Quand les deux compagnies parvinrent à une entente, au début de 1821, il devint évident qu’un représentant de chacune d’elles devait aller rencontrer les associés hivernants au fort William (Thunder Bay, Ontario) afin de leur expliquer les nouvelles modalités de la traite, d’obtenir leur accord et de visiter les postes de la compagnie unifiée, depuis le fort William jusqu’à la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba), Norway House et York Factory. En février, Garry, seul célibataire du comité, se porta volontaire pour cette « mission d’adaptation et de conciliation ». Aux termes de l’entente de fusion signée le 26 mars, les activités de traite de la nouvelle Hudson’s Bay Company étaient réparties entre deux divisions administratives, chacune devant être dirigée par un gouverneur et un conseil. Le département du Nord comprendrait le territoire situé à l’ouest du lac à la Pluie (Ontario) et du fort Albany (Fort Albany), et le département du Sud, celui qui s’étendait à l’est et dont faisait partie le fort William. Le 28 mars, le comité de Londres nomma Garry président du conseil du département du Nord en lui donnant le pouvoir de faire le nécessaire pour appliquer l’entente de fusion. Simon McGillivray*, auparavant de la North West Company, reçut un mandat semblable, qu’il ne pourrait cependant remplir qu’en l’absence de Garry.

En compagnie d’Angus Bethune, ancien associé de la North West Company, Garry quitta Londres le 29 mars 1821 et tint à compter de cette date un journal de voyage détaillé. Un autre associé de la North West Company, John McLoughlin, les rejoignit à Liverpool et, le 31 mars, les trois hommes s’embarquèrent sur le paquebot américain Amity à destination de New York. De là, Garry partit pour Montréal avec McGillivray, qui était arrivé sur un autre navire. Dans son journal, Garry nota avec ironie que, à peine quelques mois plus tôt, McGillivray lui était connu comme « l’adversaire le plus actif et le plus acharné aux intérêts de la compagnie que [lui-même] venait représenter ». À Montréal, le frère aîné de McGillivray, William*, se joignit aux deux hommes. Le 1er juillet, ils arrivèrent au fort William au terme d’un voyage de 18 jours dans un canot d’écorce de 36 pieds, avec un équipage de 12 voyageurs canadiens. William McGillivray expliqua franchement l’entente de fusion aux associés hivernants de la North West Company réunis au fort. Malgré l’indignation qu’ils éprouvèrent d’abord devant les termes de l’entente, il les persuada de signer celle-ci et d’accepter leur mandat d’agents principaux ou de chefs de poste, ce qu’ils firent le 11 juillet. Ensuite, il fallut décider de la répartition des postes. Garry découvrit alors que son mandat et les pouvoirs du conseil du département du Nord n’étaient valides que dans Rupert’s Land, de sorte qu’il n’avait aucun pouvoir réel au fort William. Les affectations furent néanmoins décidées, même si, du moins selon Colin Robertson*, l’anomalie que Garry avait constatée dans ses attributions permit à Simon McGillivray de faire valoir sa volonté dans la plupart des choix. Le journal de Garry, qui dans l’ensemble décrit en détail et avec sensibilité les gens qu’il rencontra et les territoires qu’il visita, conserve un silence décevant sur les questions commerciales, notamment sur ces pourparlers, et mentionne simplement : « [Du] mardi 10 juillet [au] samedi 14. Discussions interminables. » Puis Garry vérifia les inventaires, les listes et les comptes de la North West Company avant qu’ils ne soient envoyés à Londres et, le 21 juillet, il partit en direction d’York Factory avec Simon McGillivray.

Pendant cette étape de leur tournée, chacun des commissaires voyagea dans son propre canot avec un équipage de huit hommes et, comme Garry le nota dans son journal, la compétition fut farouche : « L’équipage de M. McGillivray étant formé de mangeurs de lard ou de Montréalais (puisqu’il a l’intention de retourner à Montréal), il y a eu beaucoup d’émulation entre les deux équipages [...] mais nos hommes avaient un avantage si grand que M. McGillivray a dû prendre un homme de plus au lac à la Pluie. » À cet endroit, ils rencontrèrent un conseil indien que Garry rassura en leur disant que « même si les deux grandes compagnies rivales avaient fusionné, […] cette union ne leur serait nullement préjudiciable, au contraire [...] les actifs et les bons en bénéficieraient ». Le groupe traversa ensuite le lac des Bois et descendit la rivière Winnipeg jusqu’à la colonie de la Rivière-Rouge où Garry nota qu’à défaut de mesures énergiques « la colonie deviendra[it] à coup sûr le repaire de bandits sans foi ni loi et une épine des plus dangereuses au flanc de la Hudson’s Bay Company ».

Le 11 août, à Norway House, Garry présida le premier conseil du département du Nord, qui entérina les affectations décidées au fort William et, malgré les objections de Simon McGillivray, abandonna officiellement la route d’approvisionnement allant de Montréal au fort William pour adopter celle qui partait de la baie d’Hudson et passait par York Factory. Le groupe descendit ensuite le fleuve Nelson jusqu’à York Factory, où il fut accueilli le 23 août par William Williams*, gouverneur de la Hudson’s Bay Company. À cause de l’animosité qui s’était manifestée entre Williams et la North West Company pendant la lutte serrée qui avait précédé la fusion, McGillivray insista pour que celui-ci soit exclu du poste de gouverneur du département du Nord. Toutefois, dans une manœuvre visant à faire prévaloir l’autorité de la Hudson’s Bay Company sur celle de son collègue commissaire, Garry décida d’attendre le départ de McGillivray pour Montréal, le 29 août, avant de trancher le litige. Il en vint néanmoins à la conclusion que, pour se garantir de meilleures relations avec les anciens de la North West Company qui s’occupaient alors d’une grande partie de la traite, il valait mieux confier à Williams le département du Sud, moins important. Heureux d’apprendre que Williams lui-même préférait ce poste, Garry plaça le gouverneur subalterne, George Simpson, à la tête du département du Nord. Cette dernière affaire ayant été réglée de manière satisfaisante, Garry s’embarqua sur le Prince of Wales et quitta York Factory pour l’Angleterre le 13 septembre.

En 1822, Garry devint gouverneur adjoint de la Hudson’s Bay Company. On connaît peu le rôle qu’il y joua à compter de ce moment, mais il semble qu’il s’intéressa au commerce avec la Russie et la Chine ainsi qu’à certaines questions religieuses. Il était encore gouverneur adjoint quand, en juillet 1835, il fut relevé de ses fonctions pour cause d’aliénation mentale. Il mourut 21 ans plus tard sans avoir recouvré la raison.

Pendant sa mission en Amérique du Nord, en 1821, Nicholas Garry avait prouvé qu’il était un diplomate habile et humain. Après la fusion de la Hudson’s Bay Company et de la North West Company, il avait compris que les opérations unifiées de traite devaient être menées avec efficacité et que, pour réussir, il fallait dans une certaine mesure se concilier les anciens membres de la North West Company, sur qui reposait une grande partie des opérations de traite à l’intérieur des terres. Content de l’influence de Garry et de la perspicacité avec laquelle il traitait ces questions, Williams signala en 1821 que « la satisfaction générale, la confiance et l’unanimité » régnaient. En septembre de la même année, Simpson nota : « nos anciens adversaires ne nous reçoivent plus comme des ennemis mais comme des connaissances et bientôt, je crois, l’amitié [s’établira...] La conduite généreuse et impartiale de M. Garry a éliminé comme par miracle toute espèce de jalousie ; il a été ouvert et d’un abord facile, observant de la plus belle façon les règles strictes de l’honneur, de l’intégrité et de l’impartialité, et se montrant en cela tout à fait différent de son compagnon de voyage, M. Simon McGillivray. » Le nouveau fort construit dans la colonie de la Rivière-Rouge par la Hudson’s Bay Company en 1822 fut baptisé fort Garry (Winnipeg) en souvenir de la visite que Garry y avait faite l’année précédente.

John McFarland

Le journal que Nicholas Garry a écrit pendant sa visite en Amérique du Nord en 1821 a été édité par son petit-fils Francis N. A. Garry et publié dans SRC Mémoires, 2e sér., 6 (1900), sect. ii : 73–204, sous le titre de « Diary of Nicholas Garry, deputy-governor of the Hudson’s Bay Company from 1822–1835 : a detailed narrative of his travels in the northwest territories of British North America in 1821 [...] ». Garry est aussi l’auteur d’un petit ouvrage sur le commerce entre la Grande-Bretagne et la Russie intitulé The origin and early history of the Russia or Muscovy Company [...] (Londres, 1830).

GRO (Londres), Death certificate, Nicholas Garry, 24 déc. 1856.— Hampshire Record Office (Winchester, Angl.), Reg. of baptisms, marriages, and burials for the parish of Lymington, 18 oct. 1783.— PAM, HBCA, A.1/51 : fo 82 ; A.1/56 : fo 92 ; A.9/4 : fos 13–17 ; A.10/2 : fo 307 ; Nicholas Garry file.— HBRS, 1 (Rich) ; 2 (Rich et Fleming) ; 3 (Fleming) ; 10 (Rich).— London directory, 1815.— Rich, Hist. of HBC (1960), 2–3.— Glyndwr Williams, « Highlights in the history of the first two hundred years of the Hudson’s Bay Company », Beaver, outfit 301 (automne 1970) : 46–47, 63.

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

John McFarland, « GARRY, NICHOLAS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/garry_nicholas_8F.html.

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Auteur de l'article:    John McFarland
Titre de l'article:    GARRY, NICHOLAS
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
Date de consultation:    4 nov. 2024