GOAD, CHARLES EDWARD, ingénieur civil et éditeur, né le 15 mars 1848 à Camberwell (Londres), fils de Charles Goad, plombier, et de Caroline Ann Vogel ; il épousa Margaret Brown, d’Owen Sound, Ontario, et ils eurent quatre enfants, puis Agnes Harriss, de Montréal, et de ce mariage naquirent quatre enfants ; décédé le 10 juin 1910 à Toronto.

Bien qu’on ait affirmé que Charles Edward Goad étudia les mathématiques et fut reçu « associate in arts » à la University of Oxford, rien ne prouve qu’il se soit jamais inscrit à cet établissement. Fort probablement, il était autodidacte ou suivit un apprentissage en dessin technique. On sait qu’il participa à la réalisation d’ouvrages publics en Angleterre. Après avoir immigré au Canada en 1869, à l’âge de 21 ans, il travailla comme ingénieur à la construction du Toronto, Grey and Bruce Railway. De 1873 à 1875, il exerça diverses fonctions dans l’entreprise à laquelle avait été adjugée la construction du chemin à lisses de colonisation du nord de Montréal, dont celles de directeur de la salle de dessin, puis d’ingénieur en chef. Il travaillait toujours à ce chemin de fer lorsque, en 1875, il se mit à produire des plans d’assurance-incendie pour son propre compte. De mai 1877 jusqu’à un certain moment en 1878, il fut ingénieur en chef à la Halifax and Cape Breton Railway and Coal Company.

Les plans d’assurance-incendie, sur lesquels Goad allait concentrer son activité, étaient des schémas précis de zones urbaines destinés aux sociétés d’assurance contre le feu. Ces schémas de rues et de structures aidaient les assureurs à déterminer le risque associé aux polices et à évaluer l’étendue de la responsabilité en cas d’incendie. Les plans indiquaient le nom et la largeur des rues ainsi que les adresses, les dispositifs de protection contre les incendies, les matériaux, la forme, la hauteur, l’emplacement et la destination des bâtiments, l’emplacement des ouvertures, le type de matériaux entreposés et les zones d’activités à haut risque sur les terrains industriels. On produisait d’abord ces plans à la demande des compagnies d’assurance, mais en un petit nombre d’exemplaires seulement. En effet, l’arpentage et les autres travaux sur le terrain, la lithographie et le travail d’aquarelle au pochoir coûtaient cher. En outre, la demande était assez limitée et il fallait réviser fréquemment les plans pour suivre les modifications rapides de la morphologie urbaine.

La D. A. Sanborn Company de New York avait commencé à dresser des plans d’assurance-incendie des plus grandes villes du Canada en 1874. Certainement avec son accord, Goad se lança dans le domaine l’année suivante en produisant un plan de Lévis ; dans la province de Québec ; la Sanborn n’avait pas fait de plan de cette ville. En décembre 1875, dans le but d’accroître la demande, Goad entreprit des démarches auprès des sociétés d’assurance en leur suggérant de se cotiser pour payer les frais de la production des plans. On peut supposer que les commandes n’étaient pas très nombreuses au début, puisque, en 1877–1878, il travailla de nouveau pour un chemin de fer. Cependant, à compter de 1878, il se consacra exclusivement à son entreprise. Manifestement, il acheta les intérêts de la Sanborn au Canada. En 1881, il lança à Montréal un périodique, l’Insurance Society, pour annoncer ses plans.

De 1875 à 1885, le nombre de levés topographiques de villes canadiennes faits par Goad passa de 15 à 340, ce qui nécessita l’ouverture de bureaux un peu partout au pays. Les annuaires de Montréal en mentionnent un à compter de 1876 ; Goad eut aussi un bureau à Toronto de 1883 à 1885, puis à compter de 1888. En 1885, il se rendit à Londres afin d’y ouvrir une succursale ; en moins de deux ans, elle produisit des volumes de plans de 12 villes d’Angleterre, de 2 villes d’Écosse et d’une ville d’Irlande. En outre, de 1895 à 1908, Goad dressa des plans au Chili, au Danemark, en Égypte, en France, au Mexique, au Mozambique, en Afrique du Sud, en Turquie, au Venezuela et aux Antilles. Lorsqu’il mourut en 1910, Goad et ses assistants avaient fait des plans pour 1 300 localités canadiennes. L’entreprise produisait également des atlas et toute une variété de cartes ; en plus, elle faisait divers travaux de génie. Après la mort de Goad, ses fils James Lawrence, Victor Albert Edward et Charles Ernest continuèrent à produire des plans d’assurance-incendie jusqu’en 1917. La succursale londonienne, devenue siège social de l’entreprise, existe toujours ; c’est la Charles E. Goad Limited.

Charles Edward Goad fut un personnage important de la fin du xixe siècle au Canada ; il contribua à la diversification des professions, dont un bon nombre s’organisèrent en associations. Il devint membre de la Société canadienne des ingénieurs civils dans les années 1880 ; à peu près à la même époque, il s’inscrivit à l’American Society of Civil Engineers. Grâce à son esprit d’initiative, il créa un commerce spécialisé qui desservait les milieux d’affaires, tout comme la R. G. Dun and Company, maison d’enquêtes de crédit, et l’agence de publicité de Thomas Winning Dyas* et d’Anson McKim*. Ce dynamisme lui permit de participer au mouvement d’expansion des entreprises canadiennes à l’étranger, à l’instar des banquiers, des dirigeants de sociétés d’assurance, des constructeurs de chemin de fer et des manufacturiers.

Goad était un voyageur infatigable : apparemment, il se rendit dans bon nombre des endroits où ses équipes faisaient des travaux d’arpentage. Au cours d’un voyage au Chili en 1908, il eut une crise d’apoplexie ; sa fille Ada Hazel, qui l’accompagnait, le ramena à Toronto après une escale en Angleterre. Retracer tous ses déplacements est difficile. Pendant une bonne partie des années 1870 et 1880, il semble que son domicile au Canada ait été à Montréal. Dans les années 1890 et 1900, on sait qu’il eut un chalet à l’île Centre, dans le port de Toronto. En 1904–1905, il vivait au 108 de la rue Pembroke, à Toronto ; vers 1905, il acheta dans la rue St George une maison où il habita jusqu’à sa mort en 1910. Il avait d’autres attaches à Toronto : par exemple, il était membre du Royal Canadian Yacht Club et du Toronto Club, et fidèle de l’église anglicane St Thomas.

Charles Edward Goad ne soupçonnait sans doute pas à quel point la production de son entreprise d’arpentage se révélerait précieuse pour le Canada. Des chercheurs d’une grande variété de disciplines consultent régulièrement ses plans d’assurance et ses atlas de ville dans les bibliothèques et dépôts d’archives de tout le pays. Ils y trouvent une foule d’indications sur le mode d’aménagement de petites et grandes villes canadiennes de la fin du xixe et du début du xxe siècle.

Elizabeth Buchanan et Gunter Gad

Il est difficile d’évaluer avec précision la production de Charles Edward Goad en cartographie, car les atlas et les cartes sorties de ses ateliers sont disséminées dans de nombreux établissements ; on n’en retrouve nulle part une série complète. La plus vaste collection d’atlas et de plans dressés pour des compagnies d’assurances canadiennes parus entre 1895 et 1923 est probablement celle de la British Library (Londres), Humanities and Social Sciences, Map Coll. On trouve la liste de ces documents dans le vol. 2 de A checklist of Canadian copyright deposits in the British Museum, 1895–1923, J. R. T. Ettlinger et P. B. O’Neill, édit. (5 vol. en 7 parties parus, Halifax, 1985-), 2. On peut consulter l’inventaire de la collection un peu plus restreinte que possède la Division des arch. audiovisuelles et cartographiques des AN, dressé par Robert J. Hayward, sous le titre Fire insurance plans in the National Map Collection (Ottawa, 1977). Une édition comparative des atlas de Toronto produits par Goad en 1884 et 1890, qui démontre l’expansion de la ville pendant cette période, a été publiée sous le titre The mapping of Victorian Toronto [...] (Sutton West, Ontario, et Santa Barbara, Calif., 1984).

Gunter Gad a obtenu de l’information détaillée sur la famille de Goad, dont un document faisant état de l’arbre généalogique de la famille, à l’occasion d’une entrevue en 1990 avec J. Lawrence Goad, petit-fils du sujet, et avec sa femme Diana à leur résidence de North York (Toronto).

Divers récits publiés sur la vie de Goad, dont ceux de Robert Hayward, répètent qu’il était diplômé de la Univ. of Oxford, mais le registraire en chef suppléant de cette université a indiqué, dans une lettre datée du 19 mars 1991, qu’aucun registre n’atteste qu’il avait obtenu un diplôme à cet endroit. Il se peut que ce soit la biographie de Goad parue dans Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898), rédigée d’après l’information obtenue du sujet lui-même, qui ait mentionné pour la première fois que Goad avait fréquenté Oxford.  [e. b. et g. g.]

AO, RG 22, Ser. 305, no 23308.— GRO-L, Camberwell (Londres), Birth and marriage certificates.— Mount Pleasant Cemetery (Toronto), Tombstone inscriptions.— Evening Telegram (Toronto), 11 juin 1910.— Globe, 11 juin 1910.— Toronto Daily Star, 11 juin 1910.— Annuaires, Montréal, 1876–1918 ; Toronto, 1883–1885, 1888–1917.— R. J. Hayward, « Chas. E. Goad and fire insurance cartography », Assoc. des cartothèques canadiennes, Compte rendu de la huitième conférence annuelle (Toronto, 1974), 51–72.— The roll of pupils of Upper Canada College, Toronto, January, 1830, to June, 1916, A. H. Young, édit. (Kingston, Ontario, 1917).

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Elizabeth Buchanan et Gunter Gad, « GOAD, CHARLES EDWARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 9 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/goad_charles_edward_13F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
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