HARRISON, EDWARD, marchand, propriétaire de navires, fonctionnaire et seigneur, né vers 1729 (selon le recensement de la population anglaise de Québec fait aux environs de 1773) ou vers 1734 (selon son acte d’inhumation) ; il se maria et eut au moins deux filles et un fils ; inhumé à Québec le 17 octobre 1794.
C’est en 1763 qu’Edward Harrison parut pour la première fois au Canada. Il était venu à Québec et à Montréal pour y recouvrer des sommes dues au marchand londonien Charles Crokatt. Il remplit aussi la même mission pour James Strachan et plusieurs autres marchands de Londres groupés autour de Crokatt, et qui étaient avant tout intéressés au commerce des Carolines. Il resta en rapport avec ces gens, pour les fins de son propre commerce, qu’il exploita à Québec à partir de 1763, avec un intervalle à Montréal en 1769–1770. Au cours des années 1760 et 1770, Harrison s’associa à un groupe de marchands montréalais, dont faisaient partie Richard Dobie* et Lawrence Ermatinger, qui comptaient sur Strachan pour des avances de fonds et de marchandises pour la traite des fourrures ; il les aida quelquefois à financer leurs expéditions et acheta d’eux des pelleteries qu’ils en avaient rapportées. Mais Harrison semble avoir été engagé davantage dans le commerce des grains, dont on le disait, en 1770, « le plus grand expéditeur ». En 1772, il était devenu un commerçant « enragé », alors que James Morrison, son agent à Montréal, distribuait l’argent liquide de Harrison « à la grandeur du pays ». Peu après 1774, il construisit à Québec un entrepôt à grain, sur un terrain qu’il avait acquis à la basse ville. La quantité de ses achats dans la région du Richelieu en 1787 et une requête, qu’il signa en 1788, pour demander qu’un certain lopin de terre qui eût bloqué l’accès à son entrepôt à grain ne fût pas concédé à John Antrobus* laissent croire qu’à la fin des années 1780 il restait vivement intéressé au commerce des grains. À cette époque, cependant, il eut l’imprudence de ne pas prendre le temps d’examiner la qualité des grains qu’il achetait. Harrison fit aussi des affaires dans d’autres domaines : au cours des années 1770, plusieurs arrivages de joaillerie, de vins et d’étoffes lui appartenant furent vendus à l’encan à Montréal. Propriétaire de navires depuis le début de sa carrière canadienne, il fit, en 1774, construire un « beau » navire sur la Saint-Charles pour la navigation transatlantique. Peut-être avait-il aussi des intérêts dans l’un des transatlantiques les plus populaires de cette époque, le Peters, car il était habituellement, à Québec, l’agent chargé d’attribuer aux passagers et aux marchandises places et espaces.
Harrison s’occupa aussi activement de politique. Il fut membre du Conseil de Québec, à partir de janvier 1773, et, à partir d’août 1775, du Conseil législatif qui, en vertu de l’Acte de Québec, remplaça le premier. Il fut en outre membre des conseils exécutifs officieux des gouverneurs Guy Carleton* et Haldimand, et, à partir de 1792, du Conseil législatif du Bas-Canada. Bourreau de travail infatigable au sein d’importants comités, tels ceux qui avaient à s’occuper des comptes publics et des concessions de terres, il votait avec le « parti des bureaucrates » et, à l’occasion, il joua un rôle de premier plan. En 1777, par exemple, il proposa, au sein du Conseil législatif, un amendement à l’ordonnance sur les cours de justice civile, afin d’introduire, « effectivement, les lois anglaises et la procédure anglaise » dans ces institutions. Sa sympathie à l’endroit du parti des bureaucrates s’était déjà manifestée au cours des années 1760 et elle ne lui fut pas inspirée par son attachement à sir John Johnson*, comme l’a suggéré un observateur.
En 1785, Harrison était encore « parmi [...] les premiers personnages » de Québec, mais, à la fin de 1788, il omit de rembourser un montant dû à la succession de Samuel Jacobs et, en 1791, sa fortune s’était entièrement écroulée. On ne connaît pas la cause de ses problèmes, mais peut-être furent-ils liés à l’incertitude qui affecta le marché des grains entre 1783 et 1793. En 1791, son seul revenu consistait en une allocation annuelle de £100 à titre de membre du Conseil législatif, revenu qui fut supprimé, lui aussi, le 26 décembre, par suite de la division de la province de Québec en Haut et Bas-Canada, les membres des nouveaux conseils législatifs n’étant pas rémunérés. En 1792, néanmoins, Harrison possédait encore sa maison, sise dans une importante rue commerciale de Québec, son serviteur et son fief de la Grosse-Île, acquis en février 1784.
En plus d’occuper des postes de conseiller, Harrison, à partir de 1775 au moins, servit à titre d’officier dans la milice de Québec, ayant atteint le grade de major à la fin de sa vie. De même, en 1791, il reçut une commission d’audition et de jugement de causes criminelles pour le district de Trois-Rivières. En 1786, sur l’ordre du lieutenant-gouverneur Henry Hope, Harrison fit l’inventaire des propriétés de la couronne sises dans les postes du roi du bas Saint-Laurent ; il y mit tant de soins que cet inventaire est devenu un important document pour l’histoire de l’architecture au Canada.
ANQ-M, Doc. jud., Cour des plaidoyers communs, Sentences, 15 sept. 1765, 26 févr. 1766 (copies aux APC)— APC, MG 19, A2, sér. 1, 1, pp.4, 27, 43 ; sér. 3, 55, 31 mai, 12 juill. 1787 ; 56 ; 65, ff.439, 492 ; 71, ff.1 455s., 1 459, 1 468, 1 485, 1 524, 1 526 ; 82, 16 août, 9 nov. 1764, 14 janv., 6 mai 1765, 25 août, 17 oct. 1769 ; 86, 24 oct. 1770 ; 87, 3 nov. 1770 ; 88, 15 oct. 1770 ; 223, 14 mai 1766, 29 sept. 1770, 19 août, 7 sept. 1772, 28 juin, 31 sept. 1774 ; MG 23, GII, 3, 5, 27 juin, 18 juill., 2 nov. 1791, 11 juin, 19 juill. 1792 ; GIII, 5, 1, ff.102, 288, 291 ; RG 1, El, 29, pp.111–113, 126, 128, 130, 136, 146, 148–150 ; 108, pp.50–56 ; 111, pp.74, 134 ; E15, A, 4 ; 8 ; 10 ; 11 ; 32 ; L3L, 102, pp.50 380–50 385 ; RG 4, B28, 28, 20 mai, 8 août 1765 ; 110, 6 avril 1769 ; RG 68, V [202], f.55.— ASQ, Polygraphie, XXXVII : 1.— BL, Add.
A. J. H. Richardson, « HARRISON, EDWARD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 10 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/harrison_edward_4F.html.
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Auteur de l'article: | A. J. H. Richardson |
Titre de l'article: | HARRISON, EDWARD |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 4 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1980 |
Année de la révision: | 1980 |
Date de consultation: | 10 nov. 2024 |