KING, GEORGE GERALD, homme d’affaires et homme politique, né le 11 décembre 1836 à White’s Corner (Springfield, comté de Kings, Nouveau-Brunswick), fils de Malcolm King et d’Elizabeth Hickson ; le 28 octobre 1860, il épousa Esther Briggs (décédée le 29 janvier 1907), et ils eurent cinq filles, dont deux moururent en bas âge, et quatre fils ; décédé le 28 avril 1928 à Edmonton.

Après avoir quitté l’école à l’âge de 13 ans, George Gerald King fut employé à la White Brothers à Sussex, où il avait pour tâches « de compter les œufs et de balayer le magasin ». Six ans plus tard, il décida d’aller chercher fortune dans le Haut-Canada, mais refusa un emploi dans une épicerie quand il apprit qu’il devrait y vendre de l’alcool ; il retourna alors à Sussex. Les White le recommandèrent à Daniel Briggs, du village voisin de Salmon River, qui cherchait un commis. King épousa la sœur de Briggs quatre ans après avoir commencé à travailler chez celui-ci et racheta plus tard l’entreprise. Considérant qu’il n’avait pas d’avenir dans le coin perdu qu’était Salmon River, il construisit un magasin général et une scierie à 12 milles au sud, là où se trouve aujourd’hui le centre de Chipman. Il exploita cette entreprise avec son frère, sous le nom de G. G. and W. C. King. Après la mort de William C. King, l’entreprise devint la King Lumber Company. La proximité des mines de charbon et des exploitations forestières, dans lesquelles George King investit beaucoup, apporta la prospérité à Chipman.

Son important commerce de bardeaux, de lattes et d’autres produits du bois avec les États-Unis fit de King un partisan du libre-échange. Pour faciliter l’exportation, il construisit quatre goélettes et encouragea fortement le transport par chemin de fer. Grâce à ses liens avec les libéraux, il devint commissaire de la Central Railway Company, qui passait par Chipman. Deux fois président de la New Brunswick Liberal Association, en 1887 et en 1896, il fut également membre du conseil du comté de Queens et préfet de ce comté en 1876–1877.

King fit son entrée en politique fédérale aux élections de 1878 comme député libéral de la circonscription de Queens. Il fut réélu quatre ans plus tard mais, aux deux élections suivantes, il se trouva mêlé aux sauvages querelles politiques de clocher qui marquèrent le Nouveau-Brunswick pendant ces années. Ainsi, en 1887, il se présenta contre le candidat conservateur George Frederick Baird, avocat de Saint-Jean, et obtint 61 votes de plus que lui. À la stupéfaction de bien des gens, toutefois, le directeur du scrutin John R. Dunn invalida le vote en arguant que le dépôt de King n’avait pas été payé par son agent officiel et déclara Baird élu sans opposition. King demanda un dépouillement judiciaire, mais Baird soutint qu’il ne pouvait y avoir de décompte des votes puisqu’il n’y avait pas eu de scrutin. Le juge William Henry Tuck* de la Cour suprême donna raison à Baird. Dans un éditorial du Saint John Globe qui lui valut une accusation d’outrage au tribunal, John Valentine Ellis*, député libéral de Saint-Jean, accusa Tuck de partisanerie et parla de sa conduite comme d’« un scandale des plus abominables ».

La « sale élection » dans Queens fit scandale dans tout le pays et provoqua de longs débats à la Chambre des communes. La question fut déférée au comité permanent des privilèges et élections, et Dunn, sommé à comparaître devant la Chambre pour expliquer sa décision. Le comité conclut que la question relevait plutôt de la loi sur les élections fédérales contestées. Baird annonça que, quelle que soit la décision du comité, il démissionnerait. Une élection partielle eut lieu en janvier 1888, à grand renfort d’argent et de boissons fortes. Baird la remporta par 111 voix de majorité, mais les rumeurs selon lesquelles on avait fait voter des gens n’ayant pas qualité d’électeur et rempli les urnes de faux bulletins allaient bon train. King contesta le résultat devant les tribunaux en vertu de la loi sur les élections fédérales contestées. Il perdit sa cause et Baird reprit son siège à la Chambre des communes.

L’hostilité entre King et Baird continua aux élections fédérales de 1891. King les remporta d’abord par 29 voix, mais sa joie fut de courte durée. Baird prétendit que les représentants de King avaient soudoyé 30 électeurs, ce à quoi King répliqua par une accusation semblable. L’affaire fut portée devant le juge de la Cour suprême Acalus Lockwood Palmer. Baird et King acceptèrent de se plier à la décision de la cour et admirent tous deux que leurs représentants avaient distribué des pots-de-vin. Mais contrairement à Baird, King refusa de se conformer à la loi et de donner les noms des électeurs soudoyés, et le juge réduisit ses votes, accordant la majorité à Baird.

Le redécoupage électoral des années 1890 donna lieu à la création de la circonscription de Sunbury et Queens. King y fut élu en 1896, année du triomphe des libéraux de Wilfrid Laurier*. Ce dernier offrit un poste au cabinet au premier ministre du Nouveau-Brunswick, Andrew George Blair*, et King démissionna pour que Blair puisse être élu à la Chambre des communes dans une élection partielle. Le 18 décembre, il fut récompensé par une nomination au Sénat ; il y resterait 31 ans.

En tant que député, King s’était concentré sur des questions touchant le Nouveau-Brunswick. Il s’était prononcé en faveur de la prise en charge, par le gouvernement, du dragage des voies navigables dans sa circonscription et avait critiqué la Politique nationale de sir John Alexander Macdonald*, qu’il estimait nuisible aux industries de la province. Il soutenait que les Maritimes n’obtenaient pas leur juste part d’immigrants, car ceux-ci étaient dirigés vers l’ouest du pays. Lorsque le gouvernement fédéral envisagea d’accorder le droit de vote aux autochtones, il se dit indigné.

Au Sénat, les interventions de King furent rares, mais il prononça un long discours le 17 juin 1904 en faveur d’un tracé transcanadien pour le chemin de fer National Transcontinental jusqu’à Edmundston, au Nouveau-Brunswick, puis vers le sud-est jusqu’à Moncton, où il serait relié à l’Intercolonial. Le raccordement à Moncton, disait-il, favoriserait le transit des céréales et d’autres marchandises canadiennes par Saint-Jean et Halifax, plutôt que par Portland, dans le Maine, ou Boston. Quand il fut question de faire passer le chemin de fer par Salmon Creek plutôt que par Chipman, son village d’adoption, King usa de son influence politique pour maintenir le tracé initial, même si cela nécessiterait la construction d’un pont très élevé.

George Gerald King vécut assez longtemps pour voir deux de ses fils élus à des charges publiques : George Herbert au Parlement du Nouveau-Brunswick en tant que député de Queens, et James Horace* d’abord au Parlement de la Colombie-Britannique, puis à la Chambre des communes (il serait plus tard ministre et sénateur). À sa mort en 1928, King habitait avec une de ses filles à Edmonton ; âgé de 91 ans, il était le doyen de la Chambre haute.

Wendell E. Fulton

APNB, MC 1156.— Frank Baird, History of the parish of Chipman (Sackville, N. B., 1946).— Canada, Chambre des communes, Débats ; Sénat, Débats.— Canadian directory of parl. (Johnson).— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898 et 1912).— F. A. McGrand, Backward glances at Sunbury and Queens (Fredericton, 1967).— Prominent people of New Brunswick [...] , C. H. McLean, compil. ([Saint-Jean], 1937).

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Wendell E. Fulton, « KING, GEORGE GERALD », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 9 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/king_george_gerald_15F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2005
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