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McAVITY, GEORGE, homme d’affaires, né le 21 juillet 1853 à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, fils de Thomas McAvity et d’Isabella Sandall ; le 1er février 1887, il épousa à New York Ida Marguerite Mills (1866–1928), et ils eurent deux fils et une fille ; décédé le 25 avril 1933 à Saint-Jean.
Né dans une famille méthodiste de l’Ulster, qui avait émigré de Ballyshannon (république d’Irlande) à Saint-Jean en 1818, George McAvity fit ses études à l’Acacia Villa School. Cette école réputée de Nouvelle-Écosse [V. sir Robert Laird Borden] offrait une formation pour préparer les élèves au collège, mais aussi « un enseignement commercial pratique pour ceux qui le désiraient ». À sa sortie de l’école, en 1871, George travailla comme commis dans le rayon de quincaillerie de l’entreprise fondée par son père en 1834. Il connut ensuite beaucoup de succès comme voyageur de commerce pour la firme, se déplaçant vers l’ouest jusqu’en Ontario.
En 1883, après un apprentissage de 12 ans, George devint, à l’instar de ses cinq frères, associé de la compagnie, qui s’était lancée dans la fabrication d’articles de quincaillerie, secteur auquel on l’identifierait par la suite. Le fondateur mourut en 1887. Selon ses dernières volontés, tous ses actifs devaient être vendus et les recettes divisées entre ses héritiers légaux. Les bénéficiaires renoncèrent à leurs droits sur cet héritage afin que les fils puissent continuer à diriger l’entreprise familiale, ce qu’ils firent avec un succès remarquable. En 1907, quand James Hendricks McAvity* et son frère Thomas constituèrent légalement la T. McAvity and Sons, dont ils étaient les associés principaux, George devint membre du conseil d’administration. En 1910, il succéda à Thomas au poste de président, qu’il conserverait pendant 23 ans.
La T. McAvity and Sons, dont le marché avait déjà une portée nationale, tirait sa renommée de la conception innovatrice de ses valves et bouches d’incendie, ainsi que de ses technologies de production d’avant-garde. Elle prospéra encore plus sous la gouverne de George. En 1916, une grande usine fut construite sur l’avenue Rothesay, dans la partie est de Saint-Jean, pour fabriquer des munitions destinées au Corps expéditionnaire canadien ; la firme produisait aussi des obus pour les armées américaine et britannique. L’usine, qui employait 2 500 personnes à Saint-Jean pendant la Première Guerre mondiale, se convertit sans difficulté à l’économie de temps de paix. En 1929, la T. McAvity and Sons abandonna complètement la commercialisation pour se concentrer exclusivement sur la fabrication de matériel de quincaillerie en gros. Elle avait des bureaux de Québec à Vancouver et fournissait des pièces de locomotives pour les compagnies de chemin de fer dans l’ensemble de l’Amérique du Nord. George put ainsi établir des relations avec les magnats qui dirigeaient ces entreprises. Parmi ses plus proches amis figurait nul autre que sir Henry Worth Thornton, président de la Canadian National Railway Company. Grâce à de tels liens, McAvity devint lui-même administrateur dans le monde du chemin de fer.
En effet, contrairement à ses frères, qui limitaient leurs activités commerciales à l’entreprise familiale, George visait plus loin. Il présida la New Brunswick Coal and Railway Company [V. Lemuel John Tweedie*], l’Edmonton, Yukon and Pacific Railway, la Maritime Manufacturing Corporation, la New Brunswick Cold Storage Company Limited (dont sir Frederick William Borden* avait fait la promotion) et l’Inglewood Pulp and Paper Company Limited. Il fut aussi membre du conseil d’administration de la Standard Clay Products Limited et de l’Eastern Trust Company, vice-président de la Saint John Pulp and Paper et l’un des commanditaires de la Dominion Car and Foundry Company Limited (1906).
L’engagement de McAvity dans la New Brunswick Coal and Railway Company, en particulier, met en évidence ses liens avec le Parti libéral provincial, alors au pouvoir. L’entreprise, dont McAvity avait été président et administrateur délégué à partir de juillet 1904, puis directeur général, avait été créée en 1901 pour acheter l’ancienne Central Railway Company. Cette dernière faisait l’objet d’allégations de dépassements de coûts et d’usage abusif de fonds publics ; finalement, en mai 1905, le gouvernement, pour mettre un terme à une source d’irritation politique persistante, la nationalisa, et nomma McAvity et le sénateur George Gerald King* commissaires pour la diriger. Les deux hommes demeurèrent en poste jusqu’en mars 1908, puis démissionnèrent quand les conservateurs menés par John Douglas Hazen prirent le pouvoir.
Une commission présidée par Pierre-Amand Landry* critiqua sévèrement la façon dont les libéraux géraient la Central Railway Company acquise par la New Brunswick Coal and Railway Company, soutenant qu’une somme de 134 035 $ avait fait l’objet d’un détournement. McAvity ne faisait pas partie des principaux coupables, mais il n’échappa pas aux blâmes. La commission remarqua qu’il avait négligé d’établir les états financiers et qu’il avait eu une attitude désinvolte à l’égard de l’administration. (« D’après son témoignage, on peut raisonnablement affirmer qu’il considérait le poste qu’il occupait comme honorifique », malgré le fait qu’il recevait un salaire annuel de 5 000 $.) Elle nota en outre que « durant la période où McAvity était président et commissaire, son entreprise recevait d’importants montants presque tous les mois pour des marchandises et matériaux fournis à la Central Railway Company, à des prix qu’il fixait apparemment lui-même ». Faisant de toute évidence allusion à McAvity et au sénateur King, les commissaires conclurent que certains individus « prêtaient leur nom et permettaient que leur influence morale et leur haute crédibilité dans la communauté servent de garantie, à la province, de l’utilisation de méthodes d’affaires légitimes ».
En 1908, afin de soutenir le gouvernement libéral de Clifford William Robinson*, ébranlé par des accusations de corruption, et de faire en sorte que les conservateurs locaux n’aient plus un seul organe partisan dans la métropole provinciale, McAvity et John E. Moore, entrepreneur forestier de Saint-Jean, achetèrent le Daily Telegraph et l’Evening Times. Tous deux demeurèrent propriétaires des journaux jusqu’en 1928. En contrepartie, durant la campagne électorale fédérale de 1908, les conservateurs essayèrent, sans grand succès, d’impliquer McAvity dans un scandale de trafic d’influence qui avait éclaboussé William Pugsley*, député libéral sortant et représentant du Nouveau-Brunswick au cabinet.
George McAvity (« le grand patron ») mourut d’une maladie de cœur et d’une pneumonie en avril 1933, trois mois avant son quatre-vingtième anniversaire. Il léguait la T. McAvity and Sons en entier à son fils George Clifford, qui en était le directeur général ; l’entreprise demeura entre les mains de la famille jusqu’en 1960 et existe encore, au début du xxiᵉ siècle, en tant que division de la compagnie Clow Canada. L’historien Carman Miller donna une appréciation très juste de McAvity en le présentant comme un « intermédiaire utile [et] un important homme d’affaires libéral de Saint-Jean ». En effet, McAvity était non seulement un capitaine d’industrie, mais aussi un partisan intransigeant et extrêmement déterminé qui, malgré le contexte politique difficile au Nouveau-Brunswick au début du xxe siècle, sut tirer son épingle du jeu.
APNB, RS71A, dossier 1933-89, George McAvity ; RS141C5, F18982, no 79092.— NSA, MG 2, vol. 63–223 (F. W. Borden fonds).— Canadian annual rev., 1905–1909.— L. A. Cunningham, « Brass, brains and backbone : the story of the McAvitys, of Saint John – an epic of courage, vision and determination », Maclean’s, 1er mars 1929 : 19–20, 51–52.— Don Hoyt, A brief history of the Liberal Party of New Brunswick ([Fredericton, 2000 ?]).— Carman Miller, « A knight in business : some aspects of Sir F. W. Borden’s business affairs, 1896–1917 », dans The enterprising Canadians : entrepreneurs and economic development in eastern Canada, 1820–1914, L. R. Fischer et E. W. Sager, édit. (St John’s, 1979), 233–251 ; A knight in politics : a biography of Sir Frederick Borden (Montréal et Kingston, Ontario, 2010).— N.-B., Central Railway Commission, Report (Moncton, N.-B., 1909 ; aussi accessible à www.lib.unb.ca/Texts/NBHistory/Commissions/ES45/pdf/es45r0.pdf).— T. McAvity and Sons, Limited, Eighty-four years in public service : the story of an honourable business career in the city of Saint John […] 1834–1918 (Saint-Jean, N.-B., [1918]).
Barry Cahill, « McAVITY, GEORGE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mcavity_george_16F.html.
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Auteur de l'article: | Barry Cahill |
Titre de l'article: | McAVITY, GEORGE |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2020 |
Année de la révision: | 2020 |
Date de consultation: | 4 déc. 2024 |