LA SALLE, NICOLAS DE, administrateur aux colonies, commissaire en Louisiane, fils de Nicolas de La Salle et de Marie Harot, né vraisemblablement à Paris, décédé le 31 décembre 1710 dans la vieille ville de Mobile.

Nicolas était le frère de Charles de La Salle, commissaire général à Marseille, qui mourut en 1695 ; un autre de ses frères mourut en 1690 au Siam, où il occupait un poste d’ordonnateur.

Nicolas de La Salle faisait partie de l’expédition qui, sous les ordres de René-Robert Cavelier* de La Salle (aucun lien de parenté) prit possession du bassin du fleuve Mississipi en 1682. Margry lui attribue une courte relation, écrite dans un style prosaïque, de ce voyage d’exploration ; de son côté Nicolas affirme avoir envoyé « Les mémoires de Mr de La Salle » au ministre de la Marine en 1697. Les hésitations de Margry et le style impersonnel du récit laissent planer un doute sur l’identité de l’auteur du manuscrit. Celui-ci déclare d’ailleurs : « J’ai écrit cette relation en 1685 ; elle me fut donnée par le jeune de La Salle ».

En 1700, Nicolas, qui était écrivain de la Marine à Toulon, demanda à Pontchartrain qu’on le nommât à un poste mieux rémunéré dans la nouvelle colonie française de Louisiane, rappelant, à l’appui de sa demande, ses états de service avec Cavelier de La Salle et la fidélité au devoir de ses frères défunts. Il avait besoin d’une augmentation de traitement pour subvenir aux besoins de sa « grande famille ». Nommé commissaire intérimaire, il s’embarqua pour Biloxi à la fin de 1701. Il était le premier à emmener sa femme et ses enfants dans la colonie, ce qui lui valut des éloges de Pierre Le Moyne d’Iberville. Ses deux aînés, Nicolas et Simon, étaient respectivement âgés de huit et sept ans, et le plus jeune, François, n’avait que deux ans. Nicolas avait épouse Madeleine Chartroux à Toulon le 26 juin 1692. Cette dernière mourut à la fin de 1702, et Nicolas épousa par la suite Jeanne-Catherine de Berenhard*. Sa seconde épouse eut un fils en 1708 et une fille en 1709. De ses deux mariages Nicolas eut plusieurs enfants, et à sa mort ses biens furent vendus à l’enchère pour subvenir à l’entretien des cinq qui lui survécurent.

En Louisiane, à titre « d’écrivain faisant la fonction de commissaire », Nicolas veillait à l’administration de l’entrepôt du roi et de son contenu et tenait en outre le compte des traitements des administrateurs coloniaux et des dépenses de la colonie. Il organisa le premier recensement de la Louisiane et, après avoir mené le travail à terme, apposa sa signature au document officiel le 12 août 1708 ; il insista pour que l’on envoyât des familles de cultivateurs dans la colonie qui en avait grand besoin, mais n’obtint aucun succès malgré la sagesse de ses recommandations. Nicolas de La Salle déplorait la vie libertine que menaient les quelque 60 coureurs de bois inscrits dans la vallée du Mississipi.

Après le départ d’Iberville, il se querella violemment et continuellement avec Le Moyne* de Bienville, le nouveau commandant de la colonie. Il lui reprochait son esprit mercantile et son attitude autoritaire et l’accusait d’empiéter sur les prérogatives du commissaire. Par ses accusations, Nicolas de La Salle provoqua de longues enquêtes sur la conduite des frères Le Moyne et fut partiellement responsable de ce que Bienville n’obtint jamais le poste de gouverneur. Néanmoins, selon le commissaire de la Marine, Jean-Baptiste-Martin d’Artaguiette Diron, qu’on avait envoyé en Louisiane pour étudier la situation, en particulier les accusations et les contre-accusations, La Salle n’était pas lui-même à l’abri de tout blâme.

Mobile avait remplacé Biloxi comme capitale de la colonie. La Salle y trouva en la personne du curé Henri Roulleaux de La Vente un allié de taille contre le commandant, et les colons se virent dans l’obligation de prendre parti pour l’un ou pour l’autre des deux camps dans les querelles qui divisaient leurs chefs.

Les critiques de La Salle sur l’emplacement de la vieille ville de Mobile et ses recommandations quant à un nouvel emplacement, situé plus en aval, contribuèrent à fixer le choix de l’endroit où s’élève la ville actuelle.

Il était à la veille d’être rappelé en France quand il « mourut le dernier jour de décembre […] du flux » en 1710, à Mobile.

C. E. O’Neill

Archives of the diocese of Mobile, premier registre, ff.3v., 6, 6v., 9v., 10v.— Archives municipales de Toulon, État civil, GG 85, f.32v. ; 87, f.224 ; 92, f.13.— AN, Col., C13A, 1, ff.468, 486 ; 2, ff.1, 17s., 26s., 99, 107–111, 133, 226, 324, 593, 633 ; Col., C13B, pièces 4, 5, 7, 8 ; Marine, B2, 154, ff.524, 642 ; Marine, C2, 55, 57.— Découvertes et établissements des Français (Margry), I : 547–570 ; IV : 493.— [Nicolas de La Salle], Relation of the discovery of the Mississippi River, written from the narrative of Nicolas de La Salle, otherwise known as the little Mde La Salle, trad. par M. B. Anderson (Chicago, 1898).— MPA (Rowland et Sanders), III : 17–168 ; l’index confond Nicolas de La Salle avec un autre La Salle, probablement son fils.— Giraud, Histoire de la Louisiane française, I.— O’Neill, Church and state in Louisiana.— [J. Higginbotham, Old Mobile [...] (Mobile, 1977).]

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C. E. O’Neill, « LA SALLE, NICOLAS DE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 8 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/la_salle_nicolas_de_2F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 2
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1969
Année de la révision:    1991
Date de consultation:    8 nov. 2024