MacARTHUR, DUNCAN, employé de la Hudson’s Bay Company, homme d’affaires, homme politique et auteur, né le 29 mai 1840 dans le Nairnshire, Écosse, fils aîné de John Macarthur et de Sarah Dallas ; en 1873, il épousa Catherine Robertson, et ils eurent un fils, puis le 4 juin 1876, à Winnipeg, Christian Ross, et de ce second mariage naquit une fille, et enfin, le 7 septembre 1886, il épousa dans la même ville Elizabeth S. McKeagney, fille de James Charles McKeagney* ; décédé le 20 janvier 1907 à Chicago.

Duncan MacArthur fit ses études à la Free Church Academy de Nairn, en Écosse. Il s’engagea au service de la Hudson’s Bay Company en 1864 et immigra au Bas-Canada. Il devint alors commis au bureau principal du département de Montréal, où son frère Alexander* travaillait déjà. On a dit que Duncan était d’un naturel sérieux et affichait un air déterminé ; pourtant, « même le jour du Seigneur, il ne pouvait dissimuler l’éclat amical qui brillait dans ses yeux ». Lorsqu’Alexander quitta la compagnie en 1868, Duncan lui succéda à titre de premier commis. Ce poste le mit en relation avec de nombreux membres de la direction ; quelques-uns d’entre eux devinrent ses amis intimes et, par la suite, ses associés.

Trois ans plus tard, après avoir rendu visite à Alexander, qui habitait Winnipeg, Duncan MacArthur démissionna de la Hudson’s Bay Company pour diriger la succursale que la Banque des marchands du Canada venait d’ouvrir dans cette ville. C’était la première succursale qu’une banque à charte établissait à Winnipeg. Cependant, il ne rompit pas tout lien avec la compagnie, car elle-même et ses agents figurèrent parmi les clients de la banque pendant ses premières années d’exploitation.

Dans la décennie suivante, Winnipeg connut une croissance sans précédent. Après sa constitution en 1873, la municipalité s’employa à attirer chemins de fer et colons en lançant des projets dans lesquels MacArthur allait jouer un rôle important. Il fut d’abord associé à la Compagnie du chemin de fer de colonisation du sud-ouest du Manitoba, constituée juridiquement en 1879 pour promouvoir le développement du sud-ouest de la province. En 1881, le secteur foncier de Winnipeg connut une prospérité spectaculaire, quoique éphémère. Les mises en chantier se multiplièrent, ce qui révéla un besoin de plus en plus criant d’avoir de solides compagnies d’assurance. MacArthur s’était mis à étudier ce domaine dès 1872, mais ce ne fut qu’en 1880 qu’il constitua juridiquement la Compagnie d’assurance du Nord-Ouest contre les incendies, dont il fut le premier président. Les entreprises de gros, de détail et d’immobilier se multipliaient dans la ville, offrant d’excellentes possibilités d’investissement aux établissements financiers locaux. Vite reconnu comme un habile homme d’affaires, MacArthur fit partie du conseil d’administration de plusieurs sociétés d’assurance et de placement.

Toujours en 1880, MacArthur devint directeur administratif d’une nouvelle entreprise, la Compagnie de chemin de fer et de transport de la vallée de la Nelson. Cette compagnie participait à la construction d’un chemin de fer vers la baie d’Hudson qui allait ouvrir l’accès aux terres fertiles situées au nord du lac Winnipeg. Après la fusion de cette entreprise et de la Compagnie de chemin de fer et de steamers de Winnipeg et de la baie d’Hudson en 1883, il s’occupa d’une autre société : la Manitoba Central Railway Company, constituée juridiquement la même année, et dont il était président. L’année suivante, une loi provinciale autorisa cette compagnie ferroviaire à construire une ligne qui irait vers le sud, jusqu’à la frontière internationale. Cependant, le gouvernement fédéral refusa de reconnaître cette loi, tout comme les lois suivantes qui visaient à briser le monopole de la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique [V. sir John Alexander Macdonald*]. Entre-temps, en 1882, MacArthur avait été président d’un autre chemin de fer, celui du Portage, de Westbourne et du Nord-Ouest, qui devait relier la frontière du Manitoba et des États-Unis à Prince Albert (Saskatchewan) et Edmonton. Dans le courant de cette année-là, sir Hugh Allan*, capitaliste montréalais, devint actionnaire majoritaire de cette société. L’année suivante, après la mort de sir Hugh, son frère Andrew Allan, avec l’aide d’investisseurs de l’Ouest, dont MacArthur peut-être, relança l’entreprise et la rebaptisa la Compagnie du chemin de fer de Manitoba et du nord-ouest du Canada. MacArthur en fut vice-président en 1884.

MacArthur quitta la Banque des marchands du Canada en 1883, mais y demeura associé à titre de président du conseil local de gestion ; ce conseil veillait aux affaires de la banque au Manitoba et dans le Nord-Ouest. Il s’associa à William L. Boyle et George Campbell pour former une firme de banquiers et d’agents financiers, la MacArthur, Boyle, and Campbell. En 1885, il se dissocia d’eux et devint le premier président d’une société nouvellement constituée, la Banque commerciale du Manitoba.

MacArthur avait aussi des ambitions politiques. En 1887, les conservateurs le mirent en nomination dans la circonscription fédérale de Winnipeg, mais le premier ministre du pays, sir John Alexander Macdonald, en lui promettant vaguement un poste de sénateur, le persuada de se retirer en faveur de l’autre candidat conservateur, William Bain Scarth, pour éviter une division des suffrages. MacArthur ne fut jamais nommé au Sénat. En janvier 1888, il remporta l’élection complémentaire tenue dans la circonscription provinciale d’Assiniboia. Aux élections générales qui eurent lieu dans la province cinq mois plus tard, il accepta à contrecœur de faire la lutte à l’ancien premier ministre du Manitoba, John Norquay*, dans Kildonan, mais il perdit par deux voix.

L’échec politique de MacArthur préfigurait un revers personnel encore pire. La Banque commerciale du Manitoba, dont le capital autorisé était de un million de dollars, était en difficulté depuis 1887. La population perdit encore davantage confiance en elle en apprenant que le président de la Compagnie du chemin de fer canadien du Pacifique, William Cornelius Van Horne*, exigeait que ses chefs de gare ne gardent pas les billets de la banque plus longtemps que nécessaire avant de les envoyer pour remboursement. Or, MacArthur, on le savait, « supportait mal d’être en désaccord avec quiconque ; il n’aimait pas dire non et avait à cœur d’obliger ou d’aider tous ceux qui faisaient appel à lui ». Ces bonnes dispositions, qui l’avaient servi en période de prospérité, au début des années 1880, lui furent nettement moins utiles dans la période de marasme économique qui dura dans la province jusqu’en 1896. La crise atteignit son paroxysme en juillet 1893 : la banque suspendit ses paiements après avoir laissé ses clients faire des retraits imposants pendant plusieurs semaines. Par la suite, on la déclara solvable, mais elle ne rouvrit jamais ses portes.

L’effondrement de la banque marqua la fin de la carrière financière de MacArthur à Winnipeg. Il s’installa à Chicago en 1898 pour se consacrer à d’autres affaires et y resta plusieurs années. Il passa le reste de sa vie auprès de son frère Peter à Reaburn, au Manitoba. Là, il acheva deux manuscrits sur la traite des fourrures en Amérique du Nord et continua d’écrire des articles sur divers sujets, en particulier sur les possibilités qu’offrait le Manitoba sur le plan économique.

Duncan MacArthur mourut à Chicago, où il était allé promouvoir des entreprises ferroviaires. Sa dépouille fut transportée à Winnipeg et inhumée au cimetière de Kildonan. Par la suite, on le classa parmi les grands pionniers du milieu des affaires de Winnipeg et on lui reconnut le mérite d’avoir attiré des millions de dollars de capitaux britanniques dans les entreprises publiques de la province. Cependant, en 1907, on n’avait pas encore oublié son échec ; les nécrologies ne font donc guère mention de ce qu’il avait accompli.

Eleanor Stardom

Deux manuscrits sur l’histoire de la traite des fourrures, rédigés par Duncan MacArthur probablement entre 1902 et 1905, sont conservés dans ses papiers aux PAM (MG 14, B5). De plus, MacArthur est l’auteur de : Manitoba : an address, delivered at the Nairn Literary Institute, 29th August, 1889 ([Nairn, Écosse, 1889]) ; Sketches of a holiday trip, and the principles of success in business ; being two addresses delivered before the Young Men’s Christian Association, Winnipeg (Winnipeg, 1891) ; The Scottish Highlander : his origin, literature, language and general characteristics [...] (Winnipeg, 1893) ; « The proposed new route from British North America », Westminster Rev. (New York et Londres), 144 (juill.–déc. 1895) : 178–192 ; « How to consolidate the empire », Empire Rev. (Londres), 9 (févr.–juin 1905) : 140144 ; « The fur trade », New England Magazine (Boston), nouv. sér., 33 (sept. 1905–févr. 1906) : 255–263.

Manitoba, Legislative Library (Winnipeg), Biog. scrapbooks ; Vert. file, Mcarthur family.— PAM, HBCA, B.134/g/40–48 ; MG 12, E ; MG 14, C21 ; P4348, MacArthur family file.— Manitoba Morning Free Press, 7 avril 1885, 8 sept. 1886, 3 juill. 1893, 22, 26 janv. 1907.— Canadian album (Cochrane et Hopkins).— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1898).— CPG, 1887 ; 1889.

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Eleanor Stardom, « MacARTHUR, DUNCAN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/macarthur_duncan_13F.html.

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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
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