McKAY, JAMES, commerçant de fourrures et guide, homme politique, né en 1828 à Edmonton House, Territoires du Nord-Ouest (aujourd’hui Alberta), fils de James McKay, commerçant de fourrures, décédé à St James, Man., le 2 décembre 1879.
James McKay fit ses études à la Rivière-Rouge. Au service de la Hudson’s Bay Company de 1853 à 1860, il y fit rapidement son chemin ; il travailla en qualité de commis et de maître de poste, particulièrement dans le district de Swan River, et il établit en 1859 des postes sur les rivières Sheyenne et Buffalo, en territoire américain. Parce que les langues indiennes lui étaient familières, les ayant peut-être apprises auprès de sa mère qui était métisse ou indienne, et qu’il connaissait parfaitement les Prairies, McKay faisait un guide remarquable dont les voyageurs de marque recherchaient les services. C’est lui qui alla à la rencontre de sir George Simpson*, à l’occasion de plusieurs de ses voyages dans l’Ouest. Venant de l’est du Canada, le gouverneur de la compagnie se rendait à Upper Fort Garry (Winnipeg) en empruntant souvent la route du Mississippi. « Jeemie McKay se glorifiait du fait que, invariablement, le dixième jour après le départ de Crow Wing (Minn.), sur le coup de midi qu’annonçait la cloche de Fort Garry, il déposait sir George à la porte de la maison de l’agent principal. Les relais de chevaux lui permettaient d’accomplir cet exploit, beau temps mauvais temps ; survenait-il le moindre arrêt à cause d’un marécage ou d’un cours d’eau, McKay entrait dans l’eau et portait sir George sur ses larges épaules jusque sur la terre ferme. » En 1857, McKay guida l’expédition anglaise dirigée par le capitaine John Palliser* [V. Bourgeaux] du fort Ellice (St Lazare, Man.) en passant par les plaines de la Saskatchewan, jusqu’à ses quartiers d’hiver au fort Carlton. En 1859, le comte de Southesk [Carnegie], en excursion de chasse dans l’Ouest, se trouva à faire partie du groupe de Simpson depuis Crow Wing jusqu’à Upper Fort Garry ; il a tracé ce portrait de McKay : « Le torse immense, bien musclé mais pas très grand, il pesait 18 stones [252 livres] ; malgré sa corpulence, il était extrêmement robuste et actif, et excellent cavalier. Son visage – de type quelque peu assyrien – est très beau : un nez aquilin, fin et court ; des yeux perçants d’un gris sombre ; une barbe, une moustache et de longs cheveux brun foncé ; des dents petites, régulières et blanches ; la peau cuivrée, basanée par la vie au grand air. Il était vêtu à la mode de la Rivière-Rouge, « un capot » de drap bleu (redingote à capuchon), fermé par des boutons de cuivre ; une chemise de flanelle rouge et noire qui servait également de gilet ; une ceinture noire autour de la taille ; des mocassins de cuir épais aux pieds ; un pantalon d’étoffe de laine rayée brun et blanc, de tissage domestique. »
Malgré les efforts de Simpson pour le retenir, McKay quitta le service de la compagnie afin de se lancer à son propre compte dans le commerce, le transport des marchandises et du courrier, et l’inspection de la construction de routes. Il avait épousé Margaret Rowand en juin 1859 et se construisit une belle maison à Deer Lodge. Il eut un fils qui mourut en bas âge ; sans l’avoir adoptée légalement, McKay servit de père à une fillette du nom d’Augusta dont les parents avaient été tués par les Sioux et qui vivait chez les sœurs grises.
McKay fut nommé membre du Conseil d’Assiniboia en 1868 et président de la Cour de district de Whitehorse Plains. Lors des troubles de 1869–1870 dans la colonie de la Rivière-Rouge, McKay était prêt à accepter les dispositions du gouvernement canadien quant à l’administration des territoires récemment acquis, mais ne voulant pas s’opposer ouvertement à ses amis métis, il s’éloigna pour un temps de la colonie et gagna les États-Unis. Plus tard, il détourna une bande de Sioux armés de leur dessein de se rendre dans la colonie : leur présence aurait pu déclencher les hostilités étant donné la précarité de la situation. On le nomma dans le gouvernement provisoire au nombre des conseillers anglais.
Après la formation de la province du Manitoba, le lieutenant-gouverneur, Adams George Archibald*, composa son premier conseil le 10 janvier 1871 et y nomma McKay. Archibald écrivit que la présence de McKay, qui venait s’ajouter à deux représentants français et à deux représentants anglais, « ne briserait en rien le fragile équilibre puisque son père est écossais, sa mère, métisse de sang français, et, bien qu’il soit de religion catholique, il a deux frères qui sont presbytériens ». McKay occupa plusieurs postes importants dans le gouvernement du Manitoba jusqu’à ce que sa santé défaillante l’oblige à quitter la vie publique en 1878. Il fut président du Conseil exécutif de 1871 à 1874, membre du Conseil législatif du Manitoba aussi longtemps que ce conseil exista, soit de 1871 à 1876, et président de ce conseil jusqu’en 1874.
McKay fut ministre de l’Agriculture dans le gouvernement de Robert Atkinson Davis* de 1874 à 1878. Comme d’autres services du gouvernement du Manitoba à l’époque, le Bureau de l’agriculture et des statistiques qu’il présidait fut limité dans son programme par suite de l’insuffisance des fonds publics. Néanmoins, le bureau entreprit la compilation de renseignements avec l’intention de faire progresser l’agriculture et de stimuler l’immigration ; il appuya aussi la fondation de sociétés agricoles. McKay représenta la circonscription de Lac-Manitoba à l’Assemblée législative en 1877 et en 1878. Un contemporain a dit qu’en politique McKay était « prudent, d’un excellent jugement en certains cas ; mais il avait une confiance aveugle dans les conseils du clergé et n’[aurait] voulu en rien s’opposer aux idées de l’archevêque [Alexandre-Antonin Taché*]. Je dois dire en toute justice, ajouta-t-il, qu’il respectait ceux qui ne partageaient pas ses idées et qu’il consentait à discuter, en tout temps, des questions d’intérêt public avec un adversaire, le faisant en toute équité et, en certaines occasions, avec beaucoup d’adresse ».
De 1873 à 1875, McKay avait aussi fait partie du Conseil des Territoires du Nord-Ouest et il s’intéressa tout particulièrement aux problèmes qui touchaient la population indigène, entre autres, à la réglementation de la chasse au bison et au contrôle de la vente de l’alcool. C’est au cours du règlement des réclamations des Indiens que McKay apporta sa plus grande contribution à la société. Il participa aux négociations des traités avec les Indiens : celles du Traité no 1 (Lower Fort Garry) et du Traité no 2 (Manitoba Post, sur le lac Manitoba) en 1871 et celles du Traité no 3 (North West Angle sur le lac des Bois) en 1873. Il fut l’un des délégués lorsque furent conclus le Traité no 5, à Winnipeg en 1875 et le Traité no 6 au fort Carlton et au fort Pitt (près de l’actuel Lloydminster, Sask.), en 1876. Le lieutenant-gouverneur du Manitoba et des Territoires du Nord-Ouest, Alexander Morris*, fit remarquer qu’en ces circonstances, McKay « eut l’occasion de rencontrer [les Indiens] constamment et de connaître leur point de vue, grâce à sa connaissance des dialectes indiens ». Il était à la fois négociateur et interprète. Au fort Carlton, en 1876, il dit aux Indiens : « J’espère que vous ne partirez pas avant d’avoir compris parfaitement le sens de chaque mot qui vint de nous. Nous ne sommes pas venus ici pour vous tromper, nous ne sommes pas venus ici pour vous voler, nous ne sommes pas venus ici pour nous emparer de ce qui vous appartient et nous ne sommes pas venus ici pour faire la paix comme nous la ferions avec des Indiens hostiles car vous êtes les enfants de la grande reine tout comme nous le sommes, et il n’y a jamais eu entre nous que la paix. » La remarque de Morris selon laquelle « cet homme remarquable, fils d’un habitant des îles Orcades et d’une mère indienne [...] exerçait une influence considérable sur les tribus indiennes, influence qu’il a toujours utilisée au profit et à l’avantage du gouvernement » doit être mise en parallèle avec d’autres déclarations qui font foi de sa générosité dans ses négociations avec les Indiens. Il était d’accord avec les autres délégués lors des négociations du Traité no 6 pour accorder des avantages supplémentaires aux Indiens, entre autres des dispositions pour fournir des médicaments et accorder de l’aide en temps d’épidémie et de famine générale et pendant la période initiale de leur installation dans les réserves.
James McKay décéda à sa demeure dans la paroisse St James. « Sa carrière embrasse la période de transition entre un mode de vie nomade consacrée à la chasse au bison et au commerce des fourrures et un autre mode d’existence fondé sur l’agriculture et la colonisation. »
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Allan R. Turner, « McKAY, JAMES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 7 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mckay_james_10F.html.
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Auteur de l'article: | Allan R. Turner |
Titre de l'article: | McKAY, JAMES |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 10 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1972 |
Année de la révision: | 1972 |
Date de consultation: | 7 nov. 2024 |