McKENZIE, RODERICK (généralement connu sous le nom de Roderick McKenzie l’aîné), trafiquant de fourrures et homme politique, né en 1771 ou 1772, probablement dans la paroisse d’Assynt, Écosse ; décédé le 2 janvier 1859 dans la colonie de la Rivière-Rouge (Manitoba).
Il est probable que dans les années 1790 Roderick McKenzie, l’un des quelques trafiquants de fourrures à porter ce nom, travaillait à titre de commis pour la North West Company dans le département de Témiscamingue. C’est cependant dans la région du lac Nipigon (Ontario) qu’il se fit remarquer auprès de cette compagnie et, après la fusion de la North West Company et de la Hudson’s Bay Company en 1821, on le nomma chef de poste dans ce district. En 1825, il prit en main la direction du fort William (Thunder Bay). À cet endroit, ses principales préoccupations étaient la concurrence des trafiquants américains et la difficulté de maintenir le moral d’une main-d’œuvre brusquement réduite par la Hudson’s Bay Company. La promotion de McKenzie au poste d’agent principal en 1830 comportait sa mutation dans l’Ouest où, pour le reste de sa vie active, il assuma la direction du district de la rivière aux Anglais (fleuve Churchill) ; son quartier général se trouvait à Île-à-la-Crosse (Saskatchewan). Presque tous les ans, il se rendait à York Factory (Manitoba) avec ses fourrures et assistait aux séances du conseil du département du Nord de la Hudson’s Bay Company. En 1839, il devint aussi membre du Conseil d’Assiniboia, formé par la Hudson’s Bay Company afin de gouverner la colonie de la Rivière-Rouge, mais il s’intéressa peu à de telles occupations. Cette année-là, il écrivit à James Hargrave* : « Je n’irai pas au conseil à la Rivière-Rouge – je puis être d’une plus grande utilité à mon poste en échangeant une peau qu’au conseil ; comme membre de la législature, je n’ai pas de grande ambition ; briller comme orateur, je laisse cela aux jeunes gentlemen plus compétents. »
Les profits assez élevés que McKenzie put obtenir de la traite durant les premières années qu’il passa à Île-à-la-Crosse commencèrent à diminuer au début des années 1840. Les Chipewyans qui pratiquaient la traite dans son district s’installèrent alors dans la région des plaines. McKenzie attribua en partie cette désertion des Indiens aux manœuvres de son voisin du district de la Saskatchewan, l’agent principal John Rowand ; il s’inquiéta aussi de l’influence croissante des missionnaires catholiques au fort Pitt (Saskatchewan). Le gouverneur George Simpson émit des commentaires sur la rivalité préjudiciable qui existait entre les deux districts. Chacun savait qu’il avait une haute opinion de Rowand, mais il ne semble pas avoir fait de favoritisme. L’invitation que fit McKenzie au missionnaire catholique, l’abbé Jean-Baptiste Thibault*, et l’arrivée de ce dernier à Île-à-la-Crosse lui attirèrent le blâme de Simpson en 1845. McKenzie expliqua qu’il acceptait des missionnaires parce que c’était le souhait des Chipewyans, qui pourraient être persuadés de pratiquer la traite là où se trouveraient des prêtres, et pour répondre aux besoins religieux des employés de la Hudson’s Bay Company, dont la plupart étaient catholiques. Les années suivantes, les prêtres s’établirent à Île-à-la-Crosse avec le consentement du gouverneur. À l’époque où McKenzie s’y trouvait, deux futurs évêques, Alexandre-Antonin Taché* et Louis-François Laflèche*, desservirent la région.
Dès 1832, Simpson avait suggéré que McKenzie prenne sa retraite ; sa santé était « délabrée et usée, de sorte que sa période d’utilité [était] terminée ». En 1837, Thomas Simpson le décrivit comme un « vieil Highlander bien intentionné, chaleureux, mais irascible et grincheux ». Au début des années 1840, l’opinion selon laquelle McKenzie devait prendre sa retraite était largement répandue, surtout après qu’il se fut cassé la jambe en 1843. Mais, boiteux et presque aveugle, il resta, se préoccupant de ses finances et soucieux de trouver un endroit où s’installer avec sa femme et sa famille. Vers 1803, il avait épousé à la façon du pays Angélique, une Indienne de la tribu des Sauteux habitant la région du lac Nipigon, et ils avaient élevé une famille nombreuse. En 1841, une cérémonie chrétienne semble avoir consacré légalement ce mariage. En ce qui concernait sa retraite, la préférence de McKenzie allait à un endroit retiré : Norway House (Manitoba), Sault-Sainte-Marie (Sault Ste Marie, Ontario) ou Cumberland House (Saskatchewan). En 1846, ironiquement, le gouverneur Simpson semblait avoir changé d’avis au sujet de McKenzie et le pressait de rester à Île-à-la-Crosse : « Tant que vous continuerez à bien vous porter, que l’entreprise ne vous [semblera] ni ingrate ni accablante, je ne vois aucune raison pour que vous preniez votre retraite. » Cependant, cette réévaluation peut avoir été motivée davantage par le fait que le district d’Île-à-la-Crosse était relativement peu important que par une véritable appréciation du travail de McKenzie. En 1850, finalement, McKenzie prit un congé de deux ans au fort Alexander (Manitoba) avant de prendre sa retraite en 1852 et de s’installer à contrecœur dans ce qu’il appelait « le monde civilisé de la Rivière-Rouge ». Comme d’autres employés de la Hudson’s Bay Company, McKenzie investit ses économies, qui totalisaient £4 724 en 1851, dans des entreprises canadiennes comme la Banque de Montréal, la Compagnie du chemin à rail de Montréal et de Lachine, la Banque de l’Amérique septentrionale britannique, la Commercial Bank of the Midland District, et dans des prêts privés. Ces investissements, qui constituaient son seul lien avec le Canada-Uni, rapportaient généralement de bons bénéfices allant de 6 à 8 p. cent.
Les anciens Nor’Westers connaissaient Roderick McKenzie sous le nom de « Capitaine du Nipigon ». Il est presque le seul chez les Écossais qui ont fait la traite des fourrures à n’être jamais retourné dans son pays natal, même en congé. Laissant une succession assez confortable, il mourut à Caberleigh Cottage, dans la colonie de la Rivière-Rouge, entouré des symboles de son lointain passé dans les Highlands, mais lié au pays indien qu’il avait adopté comme patrie. Ses sept fils travaillèrent à la Hudson’s Bay Company, et l’un d’entre eux, Samuel, s’éleva au rang de chef de poste. L’une de ses cinq filles mourut célibataire ; les quatre autres épousèrent des employés de la Hudson’s Bay Company.
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Elizabeth Arthur, « McKENZIE, RODERICK (Roderick McKenzie l’aîné) », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 5 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/mckenzie_roderick_8F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/mckenzie_roderick_8F.html |
Auteur de l'article: | Elizabeth Arthur |
Titre de l'article: | McKENZIE, RODERICK (Roderick McKenzie l’aîné) |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
Date de consultation: | 5 nov. 2024 |