MÉTHOT, FRANÇOIS-XAVIER, marchand, manufacturier, juge de paix, fonctionnaire, homme politique et officier de milice, né le 10 novembre 1796 à Pointe-aux-Trembles (Neuville, Québec), fils de Joseph Méthotte, cultivateur, et de Josephte Gouin ; le 8 septembre 1829, il épousa à Québec Dorothée Measam, fille de William Measam, marchand pelletier de cette ville, et ils eurent trois fils ; décédé le 6 novembre 1853 à ce dernier endroit.
On possède peu de renseignements sur les débuts de la carrière de François-Xavier Méthot. Selon le Canadien, il serait « entré aux affaires sans autres moyens que sa réputation, son intelligence [et] son amour du travail ». Il appartenait à une famille dont les fils se débrouilleront bien dans les cercles de la politique et des affaires. L’aîné, Louis, deviendra marchand à Sainte-Croix, député de Lotbinière, puis conseiller législatif, tandis que le cadet, Antoine-Prospère, sera notaire à Saint-Pierre-les-Becquets (Les Becquets) et député de Nicolet. Contrairement à ce qu’affirment certains auteurs, tels Pierre-Georges Roy* et Horace Têtu, François-Xavier Méthot n’a pas fondé son entreprise de quincaillerie en 1808. Leur assertion n’a aucune vraisemblance, si l’on considère que Méthot n’avait que 12 ans cette année-là. On retiendra plutôt l’année 1826 mentionnée dans une nécrologie parue dans le Journal de Québec, probablement de la plume du rédacteur Joseph-Édouard Cauchon* qui connut intimement Méthot.
Installé dans la basse ville de Québec, Méthot se fait progressivement un nom au cours des années 1830 dans le commerce de quincaillerie de gros et de détail. Dès 1831, il se porte acquéreur pour la somme de £3 250 des édifices où il loge définitivement son commerce, au coin des rues Saint-Pierre et de la Montagne. Dans le but d’élargir son champ d’activité, il entreprendra aussi la fabrication de quelques produits. Il met d’abord sur pied une petite manufacture de mastic en 1835 puis, après avoir fait l’acquisition de trois lopins de terre dans la seigneurie de Notre-Dame-des-Anges à Beauport, il y établit vers 1840 une fabrique de clous coupés connue sous le nom de moulin Ventadour. Un observateur la décrit en 1842 comme étant « la seule fabrique en grand de l’espèce qui existe dans le District de Québec ». À la même époque, Méthot ouvre dans Saint-Roch une autre petite fabrique consacrée cette fois aux meules à farine.
La réussite de ses entreprises fait de Méthot un citoyen influent. On le retrouve juge de paix de 1836 à 1838, vérificateur des comptes de la ville en 1842, échevin l’année suivante et capitaine de milice en 1848. Méthot s’intéresse aussi de près aux événements politiques marquant les débuts du régime de l’Union. En octobre 1840, avec Augustin-Norbert Morin*, Étienne Parent* et d’autres, il signe « l’Adresse aux électeurs de toute la province », dans laquelle on souligne la nécessité d’élire dans tout le Bas-Canada des représentants réformistes déterminés à lutter contre les injustices de l’Union. Ses ambitions patriotiques s’expriment également au sein de la Société Saint-Jean-Baptiste de Québec dont il est sous-trésorier en 1844. Même si Méthot n’éprouve aucun attrait pour la grande scène politique, les partisans de Louis-Hippolyte La Fontaine*, avec Cauchon en tête, finissent par le convaincre de poser sa candidature à l’élection partielle de la ville de Québec en juin 1848, comptant sur sa popularité et sa bonne réputation pour remporter une lutte qui s’annonce difficile. Irrités par les problèmes du partage de la dette du Haut-Canada et de la représentation inégale à l’Assemblée, les électeurs de Québec se montrent très sensibles à la campagne pour l’abrogation de l’Union, déclenchée par Louis-Joseph Papineau* au cours de l’hiver de 1847–1848. Lors de son passage à Québec le 11 mai, Papineau soulève l’enthousiasme d’une foule d’environ 4 000 personnes rassemblées au marché Saint-Paul et gagne ainsi de nombreux appuis à la candidature de Joseph Légaré, ardent défenseur de sa politique. En homme d’affaires soucieux de rétablir un climat de stabilité politique, Méthot s’oppose à toute cette agitation. Il croit à des changements obtenus par le moyen d’une politique réformiste et modérée. Son maître à penser est sans doute Étienne Parent, dont il est l’homme de confiance à Québec, chargé depuis 1843 de la gestion de ses biens immobiliers. C’est finalement Méthot qui, le 9 juin, remporte le scrutin, sans toutefois obtenir la majorité des votes canadiens-français. Selon l’historien Jacques Monet, l’élection de Méthot marque cependant une étape importante vers la neutralisation de Papineau au profit du parti de La Fontaine. Même si la popularité et les aptitudes ne lui font pas défaut, Méthot n’obtient pas le second mandat qu’il sollicite en 1851, toujours avec l’appui de Cauchon. Les journaux de Québec s’entendent pour attribuer à ce dernier et à ses attaques démesurées contre le gouvernement de Francis Hincks* et de Morin la responsabilité de la défaite.
Au cours de ces années de politique active, Méthot voit tout de même à ce que ses affaires poursuivent leur élan initial et ne manquent pas de surveillance. À cette fin, entre 1845 et 1850, il intègre successivement trois de ses neveux dans la direction de l’entreprise. Il prend d’abord comme associé son ancien employé Guillaume-Eugène Chinic*, puis peu de temps après, Georges-Honoré Simard*. Philéas Méthot devient le dernier associé en 1850. Jouissant d’une excellente santé financière, la Méthot, Chinic, Simard et Compagnie est alors considérée comme l’une des meilleures maisons de commerce de Québec. En mai 1853, Méthot abandonne la direction de l’entreprise et meurt quelques mois plus tard, laissant une « belle fortune » à ses trois fils encore étudiants au collège de Sainte-Anne-de-la-Pocatière. Dans les dernières années de sa vie, Méthot cumulait encore quelques fonctions prestigieuses à titre de membre du conseil d’administration de la Banque de prévoyance et d’épargnes de Québec (1847–1853), d’officier de la Maison de la Trinité de Québec (1850–1853) et de membre du comité de direction de l’aqueduc construit par la ville de Québec (1850).
L’un des rares parmi les compatriotes de sa génération à avoir fait sa marque dans les affaires, François-Xavier Méthot représentait aux yeux de la petite bourgeoisie des professions libérales liée à la politique l’espoir d’une solution au problème de l’infériorité économique des Canadiens français. Dans une conférence prononcée en 1852, Étienne Parent pressait ses jeunes auditeurs d’imiter l’esprit d’entreprise manifesté par les François-Xavier Méthot, Joseph Masson*, Isidore Thibaudeau* et quelques autres, dont il faisait une vibrante apologie. À cette occasion, il affirmait : « vous devez, nous devons tous [à ces chefs de maisons de commerce] un tribut de reconnaissance nationale. Ils ont relevé le caractère de notre race aux yeux des étrangers et de nos compatriotes d’adoption en même temps qu’ils seront un exemple et un sujet d’émulation à plusieurs des nôtres [...] voilà des modèles, des guides pour vous. »
ANQ-Q, CE1-1, 8 sept. 1829 ; CE1-15, 10 nov. 1796 ; CN1-64, 15 oct. 1838, 11 juill. 1844, 16 sept. 1845, 3 févr. 1848 ; CN1-116, 9 mai, 10 déc. 1829, 28 nov. 1831, 29 mars 1832, 10 août 1843, 2 mai 1849, 21 juin 1853 ; CN1-208, 15 mars 1839, 6 déc. 1851, 21 févr. 1852, 2 mars 1853.— Le Canadien, 19 août 1842, 5, 12, 19, 22, 29, 31 mai, 2, 9 juin 1848, 5 déc. 1851, 7 nov. 1853.— La Gazette de Québec, 29 mars 1841. Le Journal de Québec, 29 nov., 6 déc. 1851, 8 nov. 1853.— Almanach de Québec, 1836–1838.— Annuaire du commerce et de l’industrie de Québec contenant l’histoire et la statistique des établissements manufacturiers et du commerce de Québec, un essai sur la vallée de l’Outaouais, le commerce du Canada et beaucoup d’autres renseignements pour 1873, J.-C. Langelier, édit. (Québec, 1973) : 51, 62.— Desjardins, Guide parl.— Quebec directory, 1826 ; 1844 ; 1847–1853.— Étienne Parent, 1802–1874 ; biographie, textes et bibliographie, J.-C. Falardeau, édit. (Montréal, 1975), 227–243.— Monet, la Première Révolution tranquille.— P.-G. Roy, Toutes Petites Choses du Régime anglais, 2 : 268–269.— Horace Têtu, Résumé historique de l’industrie et du commerce de Québec de 1775 à 1900 (Québec, 1899), 6.— Une page d’histoire de Québec ; magnifique essor industriel (Québec, 1955), 40–44.— « Les Méthot », BRH, 39 (1933) : 80–81.— Léa Pétrin, « Industrie et Commerce à Québec ; un morceau du vieux Québec », le Soleil (Québec), 21 sept. 1947 : 7.
Pierre Poulin, « MÉTHOT, FRANÇOIS-XAVIER », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 10 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/methot_francois_xavier_8F.html.
Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/methot_francois_xavier_8F.html |
Auteur de l'article: | Pierre Poulin |
Titre de l'article: | MÉTHOT, FRANÇOIS-XAVIER |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1985 |
Année de la révision: | 1985 |
Date de consultation: | 10 nov. 2024 |