Titre original :  Title: William Lash Miller
Credit: University of Toronto Archives 
Creator: Unknown
Date(s): August 20, 1924
Digital object no.: 2001-77-89MS
Part of: University of Toronto Libraries fonds
Original identifier: A1973-0003/001(64)
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Provenance : Lien

MILLER, WILLIAM LASH, chimiste, professeur et administrateur d’université, et auteur, né le 10 septembre 1866 à Galt (Cambridge, Ontario), fils de William Nicholas Miller et de Frederica Louisa Lash ; neveu de Zebulon Aiton Lash* ; le 11 juillet 1895, il épousa à Amsterdam Pauline Catherine Van Santen (décédée le 26 septembre 1949), et ils eurent un fils et deux filles ; décédé le 1er septembre 1940 à Toronto.

William Lash Miller – il signait W. Lash et ne semble avoir utilisé que son second prénom – était le fils d’un avocat qui exerça à Galt, à Brampton, puis à Toronto. Pendant ses études de premier cycle à la University of Toronto, il assista à des conférences du département de chimie, où il travailla aussi au laboratoire ; premier de sa classe, il termina sa licence en sciences naturelles en 1887 avec une médaille d’or. Il passa les trois années suivantes en Allemagne ; il étudia la chimie à Berlin, à Göttingen et à Munich, et décrocha, en 1890, un doctorat à l’université de Munich. La même année, durant l’été, il compta parmi les étudiants du chimiste allemand Friedrich Wilhelm Ostwald à l’université de Leipzig. De retour à Toronto, Miller fut chargé de cours et de recherche en chimie pendant un an, puis préparateur. À l’été de 1892, il repartit travailler avec Ostwald et, plus tard dans l’année, il reçut, de l’université de Leipzig, un deuxième doctorat. Le temps que Miller passa au laboratoire d’Ostwald « marqua un tournant » dans sa vie, selon le chimiste Donald J. LeRoy. À cet endroit, « il découvrit l’élégance et l’applicabilité à la chimie de l’approche thermodynamique [du scientifique américain] Josiah Willard Gibbs ». En 1894, Miller fut nommé chargé de cours en chimie à la University of Toronto. En juillet de l’année suivante, il se rendit à Amsterdam pour épouser Pauline Catherine, fille de Jan Joseph Van Santen, directeur général de la Netherlands India Commercial Bank.

En 1898, Miller jouissait déjà d’une réputation de brillant chimiste ; on le nomma cette année-là directeur par intérim du département, après que le directeur en exercice, William Herbert Pike, eut indiqué sa retraite imminente. Miller s’attendait à succéder à Pike, mais en 1900, le gouvernement provincial de George William Ross*, responsable de l’attribution des charges d’enseignement à l’université [V. sir Daniel Wilson*], fit plutôt appel à William Robert Lang de la University of Glasgow. Même si Miller envisagea de quitter l’université, il choisit finalement de rester après avoir obtenu, la même année, le poste de professeur agrégé de chimie physique. Lang et Miller entretinrent des relations tendues, surtout après que Miller eut porté un conflit au sujet de l’espace dans les laboratoires à l’attention du recteur de l’université, James Loudon*, et du ministre de l’Éducation, Richard Harcourt. Miller devint professeur titulaire en 1908 et dirigea le département durant la Première Guerre mondiale, tandis que Lang servait dans l’armée. En 1920, ce dernier quitta le département de chimie pour enseigner en études militaires à l’université et, l’année suivante, Miller le remplaça finalement comme directeur, poste qu’il occuperait jusqu’à sa retraite en 1937.

Miller terrifiait les étudiants durant ses cours de chimie physique. Même si, comme se le rappellerait son ami et collègue Frank Boteler Kenrick, il « s’appuyait [souvent] sur le bord de la table, fumant et parlant avec entrain à sa classe », il insistait sur la clarté de la pensée, posait à ses étudiants des questions complexes et les envoyait au tableau pour les résoudre. Il se montrait sans pitié pour ceux dont la pensée logique ne satisfaisait pas à ses exigences, mais beaucoup le loueraient rétrospectivement pour leur avoir appris à réfléchir. Il attira des étudiants de cycle supérieur remarquables, comme Kenrick et Andrew Robertson Gordon, qui dirigeraient tous deux le département de chimie, et Clara Cynthia Benson*, l’une des deux premières femmes à recevoir un doctorat de l’université en 1903. Dans ses dernières années, Miller se vanterait de compter parmi ses anciens étudiants plus de 20 professeurs de chimie physique dans des universités des États-Unis et de l’Empire britannique.

Selon LeRoy, « Miller avait un dossier de recherche exceptionnel dans plusieurs branches de la chimie physique : les équilibres chimiques, les taux de réaction, l’électrochimie, les nombres de transport, la surtension, les arcs électriques à haute tension et la diffusion. » Il joua un rôle prépondérant dans l’interprétation des travaux de Gibbs sur la thermodynamique chimique. En 1892, les premières recherches physicochimiques de Miller sur la force électromotrice des électrodes métalliques confirmèrent une prédiction qu’il avait faite en se fondant sur une des équations de Gibbs. Parmi ses travaux les plus importants figure son article « On the second differential coefficients of Gibbs’ function ζ […] », paru en 1897, dans lequel il prouvait qu’une observation (faite par un de ses étudiants) opposée aux théories courantes découlait logiquement du raisonnement thermodynamique. Au fil de sa carrière, Miller utilisa dans ses cours la monographie de Gibbs sur la thermodynamique, traduisant le raisonnement très théorique de l’auteur en pratiques de laboratoire.

Miller, qui recherchait la perfection dans ses publications, les revoyait de nombreuses fois pour s’assurer de l’exactitude et de la clarté de chaque phrase. Durant sa vie professionnelle active, il écrirait ou cosignerait près de 150 travaux de recherche. Leroy Egerton Westman, rédacteur en chef de la revue Canadian Chemistry and Process Industries, soulignerait en 1940, dans une notice nécrologique, que Miller « prit très tôt l’habitude de laisser des collaborateurs nettement subalternes s’attribuer tout le mérite de leurs articles en voyant leur nom figurer en premier, ou seul, [tandis que] lui se contentait d’une simple mention dans le dernier paragraphe ».

Au début des années 1900, Miller participa à la mise sur pied d’une section d’électrochimie, et ses recherches dans ce domaine donnèrent lieu à moult publications, dont un important article qu’il écrivit en 1910 en collaboration avec Thomas Reeve Rosebrugh, professeur de génie électrique (et fils de l’inventeur Abner Mulholland Rosebrugh*). Miller se rendit compte des possibilités d’applications industrielles que la chimie offrait et produisit bon nombre d’articles sur ses recherches pratiques. Il amena ses étudiants à des réunions industrielles, enseigna à des galvanoplastes de métaux et à des opérateurs de four électrique, et tira lui-même des connaissances de leurs expériences dans leur milieu de travail. « Les réalisations industrielles de ce professeur, souligna Westman, eurent un impact direct et indirect sur certaines des plus grandes industries en Amérique. »

En 1903, Miller, ses collègues et ses étudiants commencèrent des recherches intensives et de longue haleine sur le développement des cellules de levure, qui nécessitait, en plus du sel et du sucre, des substances contenues dans le moût appelées bios par le chimiste belge Eugene Wildiers. Miller n’abandonnait jamais. Cette attitude explique probablement l’énorme quantité de temps et de ressources consacrées à ces recherches, qui donnèrent lieu à au moins 56 publications, sans jamais toutefois leur permettre, à son équipe et lui, d’identifier tous les composants des bios. Les chimistes Adrian Gibbs Brook et William Arthur Evelyn McBryde notèrent qu’avec le recul, « cette entreprise [semblait détourner les] talents de Miller » : les bios constituaient « un sujet peu important » qui, en outre, « dépassait peut-être ses moyens expérimentaux » en raison des limites des techniques de séparation et d’identification utilisées à son époque.

Miller n’employait pas les théories atomiques et moléculaires fondamentales de la chimie du xxe siècle et ne les enseignait pas non plus ; là résidait sa principale faiblesse. Son refus de ces théories isola son département des courants dominants dans le domaine et son manuel à l’intention des écoles ontariennes, The new requirements in chemistry for junior matriculation, paru à Toronto en 1905, eut des effets fâcheux sur l’enseignement durant des décennies.

Miller appartenait à de nombreuses sociétés scientifiques et y participait activement. Élu membre de la Société royale du Canada en 1899, il la présida de 1934 à 1935 et reçut, en 1938, la médaille Flavelle en sciences biologiques, dotée par l’homme d’affaires sir Joseph Wesley Flavelle. Rédacteur en chef adjoint du Journal of Physical Chemistry et, de 1913 à 1924, du Journal de l’American Chemical Society, dont il devint membre honoraire en 1926, il fut aussi président de l’American Electrochemical Society (1912–1913) et de l’Institut de chimie du Canada (1926). En 1923, la Yale University le classa parmi les sept plus éminents physicochimistes du monde et l’invita à prononcer un discours à l’ouverture de son nouveau laboratoire, le Sterling Chemical Laboratory. Il fut fait commandeur de l’ordre de l’Empire britannique en 1935.

Universitaire, chercheur scientifique et mathématicien brillant, William Lash Miller possédait une grande faculté de concentration et une mémoire remarquable. Comme professeur, il exigeait de ses étudiants une pensée logique, de la précision et une minutie rigoureuse. Il manifestait parfois de l’agressivité dans des situations conflictuelles, mais pouvait se montrer compatissant et plein d’esprit dans ses relations personnelles. Kenrick se remémora qu’« il dirigeait des associations de tir, désagrégeait des roches, construisait des hangars à bateaux, organisait des sociétés, cultivait des iris et collectionnait les livres avec la même énergie, la même logique et clarté de la pensée, et avec la même gentillesse et générosité que celles dont il faisait preuve au laboratoire, et le fait qu’il ne jetait jamais rien, ne rangeait jamais sa salle et ne reconnaissait jamais personne ne le rendait que plus cher à ses amis ». Wilder Dwight Bancroft, chimiste américain et ami de toujours, fit simplement remarquer que « la chimie physique au Canada [devait] plus à Miller qu’à aucun autre homme ». Le pavillon de chimie à la University of Toronto porte son nom : Lash Miller Chemical Laboratories.

Marian A. Packham

Outre le manuel scolaire déjà mentionné, William Lash Miller compte à son actif l’écriture ou la collaboration à l’écriture d’environ 150 publications, dont plusieurs portent la signature d’un de ses étudiants qui le remercie à la fin du texte. Les articles suivants figurent parmi ses plus importants à titre d’auteur : « On the second differential coefficients of Gibbs’ function ζ : the vapour tensions, freezing and boiling points of ternary mixtures », Journal of Physical Chemistry (Ithaca, N.Y.), 1 (1896–1897) : 633–642 ; « Wildiers’ bios », Science (Lancaster, Pa), 59 (janvier–juin 1924) : 197–199 ; et « The method of Willard Gibbs in chemical thermodynamics », Chemical Reviews (Champaign, Ill.), 1 (avril 1924–janvier 1925) : 293–344. Parmi ses collaborations, il convient de mentionner celles-ci : avec F. B. Kenrick, « Note on the identification of basic salts », Journal of Physical Chemistry, 7 (1903) : 259–268 ; avec T. R. Rosebrugh, « Numerical values of certain functions involving e-x », SRC, Mémoires, 2e sér., 9 (1903), sect. iii : 73–107 et « Mathematical theory of the changes of concentration at the electrode, brought about by diffusion and by chemical reaction », Journal of Physical Chemistry, 14 (1910) : 816–884 ; et avec A. R. Gordon, « Numerical evaluation of infinite series and integrals which arise in certain problems of linear heat flow, electrochemical diffusion, etc. », Journal of Physical Chemistry, 35 (1931) : 2785–2884.

UTARMS, B1976-0007 (Miller family records) ; P78-0313 (Papers from the chemical laboratories).— W. D. Bancroft, « William Lash Miller, 1866–1940 », American Chemical Soc., Journal (Washington), 63 (1941) : 1–2.— A. G. Brook et W. A. E. McBryde, Historical distillates : chemistry at the University of Toronto since 1843 (Toronto, 2007).— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1912).— A history of chemistry in Canada, C. J. S. Warrington et R. V. V. Nicholls, compil. (Toronto, 1949).— F. B. Kenrick, « William Lash Miller (1866–1940) », SRC, Mémoires, 3e sér., 35 (1941) : 131–135 ; « William Lash Miller, 1866–1940 », Chemical Soc., Journal (Londres) (1942) : 334–336.— D. J. Le Roy, « Complete dictionary of scientific biography », Miller, William Lash : www.encyclopedia.com/science/dictionaries-thesauruses-pictures-and-press-releases/miller-william-lash (consulté le 26 avril 2017).— W. A. E. McBryde, « William Lash Miller (1866–1940) », dans Electrochemistry, past and present, J. T. Stock et M. V. Orna, édit. (Washington, 1989), 165–170.— L. E. Westman, « William Lash Miller : a brief series of comments on the man and his mind, the teacher and his times », Canadian Chemistry and Process Industries (Toronto), 24 (1940) : 476–478.

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Marian A. Packham, « MILLER, WILLIAM LASH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 2 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/miller_william_lash_16F.html.

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Auteur de l'article:    Marian A. Packham
Titre de l'article:    MILLER, WILLIAM LASH
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2021
Année de la révision:    2021
Date de consultation:    2 déc. 2024