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MILNE, JOHN, manufacturier et homme politique, né le 22 janvier 1839 à Aberdeen, Écosse, fils de John Milne, forgeron, et d’Elizabeth Mitchell ; le 3 juillet 1862, il épousa à Hamilton, Haut-Canada, Annie Kendall (décédée en 1867), et ils eurent deux fils, puis en 1872, dans la même ville, Mary Manson, et deux garçons naquirent de ce second mariage ; décédé le 4 mars 1922 au même endroit.
John Milne fréquenta des écoles publiques à Aberdeen jusqu’à l’âge de 14 ans, puis entra comme apprenti mouleur dans une fonderie locale. En 1854, sa famille immigra au Canada et s’installa à Hamilton, où il continua son apprentissage à la fonderie Gurneys and Carpenter [V. Edward Gurney*]. Pendant quelque temps, il pratiqua son métier aux États-Unis, à l’exemple de son père, qui s’était établi dans l’Illinois, mais il rentra à Hamilton en 1860 et commença à se bâtir une carrière.
Peu après son premier mariage, Milne s’associa à Thomas Haggart dans une usine de fonte malléable. En 1864, son ancien compagnon aux États-Unis, Charles Stewart, créa la Hamilton Malleable Iron Works avec William Burrow. Cette entreprise se révéla plus solide que celle de Milne. Ce dernier y fut engagé comme mouleur en 1867 et devint associé en 1872. Les trois entrepreneurs allèrent de l’avant et l’affaire prospéra rapidement. La Burrow, Stewart, and Milne fabriquait surtout des pièces moulées pour harnais et des articles de sellerie telles des étrilles, mais elle ne tarda pas à se spécialiser dans les balances et les poêles. Elle acquit d’ailleurs la renommée dans tout le Canada grâce à ses poêles et cuisinières Jewel et Victory. En 1898, elle fut constituée en société par actions à responsabilité limitée sous la présidence de Milne. En 1910, sa fonderie occupait l’équivalent de presque tout un pâté de maisons et employait environ 300 hommes. Des arrêts de travail survenus périodiquement à compter des années 1870 firent de Milne, ex-syndiqué, un farouche adversaire du mouvement ouvrier.
Trop ambitieux pour se contenter d’une seule exploitation, Milne sut nouer de nouvelles relations d’affaires pour assurer sa fortune. Par exemple, comme son entreprise consommait beaucoup de fer, il lança la Hamilton Iron and Steel Company en 1893, puis la Hamilton Blast Furnace Company, qui amorça ses activités en décembre 1895 et fusionna en 1899 avec l’Ontario Rolling Mills Company, ce qui donna naissance à la Hamilton Steel and Iron Company. Cette société s’intégra à d’autres en 1910, pour former une nouvelle entreprise au conseil d’administration de laquelle Milne appartenait, la Steel Company of Canada – futur pilier de l’économie de Hamilton [V. Robert Hobson]. En outre, Milne fut administrateur de l’Armstrong Cartage Company et président de la Grant Spring Brewery Company, de l’Electric Bond and Share Company, de la Premier Trust Company et de la Hamilton Navigation Company. Il prit part à la création du réseau hydroélectrique de Hamilton, dont il fut l’un des premiers commissaires. En janvier 1906, il serait nommé à la commission provinciale d’enquête sur l’énergie hydroélectrique [V. sir Adam Beck], où il affronterait la résistance de producteurs privés qui approvisionnaient Hamilton en électricité. Son initiative la plus intéressante fut peut-être la Pure Milk Company. Établie en 1901 sous sa présidence, elle témoignait de son flair et de son habileté à tirer parti des occasions. Jusque-là, la distribution des produits laitiers à Hamilton avait été faite par une multitude de petits exploitants. Milne et d’autres hommes d’affaires tablèrent sur la crainte inspirée à la population par la possibilité de contamination pour trouver des appuis à la Pure Milk Company, qui eut les capitaux nécessaires pour se doter de ce qu’il y avait de plus moderne en fait de machinerie et de techniques de stérilisation. Le sens des affaires de Milne ne fait aucun doute, mais cette entreprise montre aussi qu’il était conscient de ses responsabilités envers son milieu.
Comme bon nombre de ses contemporains, Milne défendait avec ardeur les bibliothèques publiques, qui constituaient un moyen de hausser le niveau général d’instruction. De 1903 à 1921, il exerça diverses fonctions au conseil de la bibliothèque de Hamilton, notamment la présidence du comité de la construction et des finances en 1911–1912, au moment de la mise en chantier du vaste bâtiment où la bibliothèque emménagerait. On lui reconnaissait le mérite d’avoir influencé la décision de l’industriel américain d’origine écossaise Andrew Carnegie d’engager 100 000 $ dans le projet. Carnegie l’appelait son « compatriote et ami personnel ». Par ailleurs, Milne appartenait à la loge maçonnique Barton, au Commercial Club et au Twentieth Century Club (cercle social conservateur), et il se dévouait pour l’église presbytérienne Knox. Connu surtout pour ses liens avec la Hamilton Conservative Association, dont il fut président durant 23 ans, il soutenait le Parti conservateur depuis 1876 et avait grande confiance en la Politique nationale instituée par le gouvernement de sir John Alexander Macdonald*. « Il croyait que, tant que les États-Unis maintiendraient un tarif élevé, le Canada devait assurer une forte protection aux industries du pays », put-on lire dans la nécrologie que lui consacra le Hamilton Spectator. Cette logique coïncidait avec son propre intérêt et s’accordait avec son idée de ce qui était le plus avantageux pour le pays, et bon nombre d’industriels partageaient son point de vue. Malgré ses attaches politiques, il ne chercha jamais à se faire élire. Il choisit plutôt de travailler « toujours en coulisse, où il exerçait pourtant bien plus d’influence que ceux qui étaient au premier plan ». En décembre 1915, en reconnaissance de ses bons et loyaux services, le premier ministre, Robert Laird Borden*, le nomma sénateur. Les rares fois où Milne intervint à la Chambre haute, ce fut pour parler de l’industrie manufacturière, de protection tarifaire et, parfois à propos des arrêts de travail à sa fonderie, des méfaits des syndicats. « Le mouvement ouvrier est parvenu à un point tel qu’il n’y a plus moyen de l’arrêter », se plaignait-il en avril 1920.
La santé de John Milne commença à décliner dans les derniers mois de 1921. En mars 1922, la gangrène, compliquée d’une pneumonie, l’emporta. Les nécrologies lui attribuèrent une grande part du succès de l’industrie sidérurgique de Hamilton. Le Hamilton Spectator déclara carrément que « l’existence de la Steel Company of Canada découl[ait] presque uniquement des efforts inlassables de M. Milne et de cette détermination, de cet esprit d’entreprise qui le caractérisaient de son vivant ». Quant au Hamilton Herald, il expliquait la réussite de la Burrow, Stewart, and Milne principalement par son « dynamisme et [ses] talents en affaires ». On peut pardonner l’enthousiasme de ses admirateurs : la vie de Milne correspondait à l’histoire classique du pauvre devenu riche. Simple apprenti, il s’était hissé, à la force du poignet, jusqu’à une position d’industriel respecté et de personnage public. C’était un « self-made-man qui justifiait la foi en Hamilton » et en les promesses du Canada.
AO, RG 80-27-2, 82 : 90.— General Register Office for Scotland (Édimbourg), Aberdeen, reg. of births and baptisms, 22 janv. 1839.— Hamilton Public Library, Special Coll. Dept. (Hamilton, Ontario), Scrapbooks, Herald, vol. M6 ; Times, vol. B3, L3.— Hamilton Herald, 4 mars 1922.— Hamilton Spectator, 30 janv., 28 mars 1901, 9 juill. 1910, 2 déc. 1915, 4 mars 1922.— Canada, Sénat, Débats, 27 févr. 1919, 6, 15 avril 1920, 25 mai 1921.— Canadian annual rev., 1906 : 172.— CPG, 1918.— DHB, 1.— Hamilton, the Birmingham of Canada (Hamilton, 1893 ; exemplaire à la Hamilton Public Library).— Hamilton, the electric city (Hamilton, [1906 ?] ; exemplaire à la Hamilton Public Library).— William Kilbourn, The elements combined : a history of the Steel Company of Canada (Toronto et Vancouver, 1960).— Magazine of industry and daily times, Hamilton, Ontario – reviewing historically the industrial and financial interests (éd. souvenir, Hamilton, 1910 ; exemplaire à la Hamilton Public Library).— B. D. Palmer, A culture in conflict : skilled workers and industrial capitalism in Hamilton, Ontario, 1860–1914 (Montréal, 1979).— Prominent men of Canada : a collection of persons distinguished in professional and political life, and in the commerce and industry of Canada, G. M. Adam, édit. (Toronto, 1892).— Who’s who and why, 1921.
Angela Graham, « MILNE, JOHN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 9 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/milne_john_15F.html.
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Auteur de l'article: | Angela Graham |
Titre de l'article: | MILNE, JOHN |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 2005 |
Année de la révision: | 2005 |
Date de consultation: | 9 déc. 2024 |