MORRIS, FREDERICK WILLIAM, médecin, baptisé le 29 mai 1802 à Halifax, Nouvelle-Écosse, huitième fils de Charles Morris* (1759–1831), arpenteur général de la Nouvelle-Écosse, et de Charlotte Pernette ; il épousa, à Lunenburg, Nouvelle-Écosse, le 12 novembre 1863, Janet Maria (Jessie) Solomon, dont il n’eut pas d’enfant ; décédé à Halifax le 4 septembre 1867.
Frederick William Morris fut admis au King’s College, à Windsor, Nouvelle-Écosse, en 1816, mais il n’obtint pas de diplôme, peut-être parce qu’il avait dû subir l’amputation de la main droite à la suite d’un accident de tir survenu en 1820. Une fois rétabli, il devint l’élève du docteur William Bruce Almon*, éminent chirurgien de Halifax. Morris continua ses études à l’University of Edinburgh, où il reçut son doctorat en médecine le 1er août 1825. C’est à cette époque qu’il visita des hôpitaux à Londres et à Paris.
Il est difficile de retracer en détail les premières années de la carrière médicale de Morris. On sait qu’il pratiquait à Lunenburg en 1826, qu’il fut nommé juge de paix du comté de Lunenburg le 8 octobre 1828 et qu’il siégea à la Cour des sessions trimestrielles pendant un an. Dans une lettre datée de 1859, il mentionne avoir pratiqué à Annapolis, Lunenburg, Halifax, Dartmouth et Rawdon. Il publia, à Halifax en 1832, une brochure intitulée Remarks on spasmodic cholera. En 1839, il fit paraître une annonce indiquant qu’il allait donner un cours de chimie de 20 semaines au Halifax Mechanics’ Institute : on peut donc supposer qu’il pratiquait à Halifax à cette époque.
Le 10 janvier 1840, Morris était au nombre des médecins pratiquant à Halifax qui sollicitèrent du Conseil législatif la mise sur pied d’un hôpital public. Son nom apparaît ensuite sur certains documents comme membre fondateur de la Halifax Medical Society le 7 mai 1853. D’abord membre du premier conseil, il devint le second vice-président de cette société en mars 1858. Lorsque celle-ci devint la Medical Society of Nova Scotia, le 21 mars 1861, Morris fut appelé à faire partie de son premier conseil.
Au cours d’une assemblée publique tenue à Halifax le 20 février 1855, Morris devint l’un des huit médecins du conseil d’administration du nouveau Halifax Visiting Dispensary. Le conseil comprenait également huit hommes d’affaires et le président en fut William Murdoch. Le 23 avril 1855, Morris fut nommé médecin résidant du dispensaire, au salaire annuel de £100 ; il devait se rendre tous les jours à la clinique, distribuer des remèdes gratuitement et visiter les patients à domicile, tout en s’occupant des registres. Même si le dispensaire recevait des petites subventions du gouvernement provincial et de la ville, ainsi que des contributions volontaires, il était toujours à court de fonds. Entre 1855 et 1867, on y traita au-delà de 38 000 cas. La formation des étudiants en médecine constituait une autre fonction importante du dispensaire.
Au printemps de 1861, le docteur Morris administra un médicament, le « Remède indien », pour guérir de la variole, en même temps qu’il publiait dans la presse locale plusieurs lettres recommandant son utilisation. Lors d’une réunion de la Medical Society of Nova Scotia, le 6 mai 1861, on demanda à Morris de fournir des informations sur les patients qui avaient été traités avec ce remède. Il le fit, mais l’assemblée décida par un vote de dix contre un qu’il ne s’était basé sur « aucune donnée sûre » pour en recommander l’utilisation. La société adopta finalement la résolution suivante : « le docteur Morris en prêtant son nom et son autorité à la vente et à l’utilisation d’[...]un remède [...] sur l’utilité duquel il semble [...] ne posséder aucune preuve concluante, a violé les règlements de cette société [...] et son nom doit être retiré de la liste des membres ». L’action entreprise par le Halifax Visiting Dispensary fut moins rigoureuse : le conseil d’administration se contenta de censurer Morris, tout en exigeant une assurance écrite que celui-ci ne prescrirait plus jamais le « remède indien » ni aucun autre médicament qui n’ait été reconnu par les membres de la profession médicale ; mais cinq des médecins du conseil démissionnèrent pour protester contre cette décision. Morris accepta la réprimande du conseil.
En septembre 1861, le révérend James Cuppaidge Cochran* tenta de faire réintégrer Morris dans la société médicale et de convaincre les médecins qui avaient quitté le dispensaire d’y retourner. Les deux tentatives de Cochran, ainsi que celle de Charles Tupper*, visant le retour de Morris dans la société échouèrent. Finalement, lors de sa rencontre annuelle du 7 janvier 1862, la société amenda ses règlements de façon à permettre à une personne qui avait été expulsée d’être réadmise, pourvu qu’elle obtienne un vote favorable des deux tiers des membres présents à l’assemblée. Peu après, le secrétaire de la société écrivit à Cochran, mentionnant que Morris devrait exprimer par écrit « son regret des circonstances qui avaient provoqué le retrait de son nom » et sa « volonté d’éviter à l’avenir une conduite si peu en rapport avec sa profession ». Une telle lettre aurait probablement assuré sa réadmission, mais il n’existe aucune preuve qu’elle fût jamais écrite.
Frederick William Morris continua son travail au dispensaire jusqu’à sa mort. L’inventaire de sa succession montre qu’il mourut presque pauvre, ne laissant à sa veuve qu’un modeste héritage de $1 235. En 1867, on réorganisa le dispensaire ; quelques-unes de ses fonctions furent transmises à la Dalhousie Public Health Clinic en 1924, mais le dispensaire distribue encore des médicaments aux patients externes de l’Izaac Walton Killam Children’s Hospital, à Halifax.
F. W. Morris, Remarks on spasmodic cholera (Halifax, 1832).— Halifax County Court of Probate (Halifax), n° 1 485, will of F. W. Morris, 1867.— PANS, MG 1, 544 (T. H. Lodge, Genealogy of the Morris family of Halifax, copie dactylographiée) ; MG 20, n° 179/1 ; n° 181/1.— St John’s Anglican Church (Lunenburg, N.-É.), register of marriages, 1817–1865 (mfm aux PANS).— St Paul’s Anglican Church (Halifax), register of baptisms, 1791–1816 (mfm aux PANS).— Halifax Dispensary, Report, 1855, 1857, 1858, 1860–1959, 1962.— Acadian Recorder, 22 oct. 1825, 21 nov. 1863, 14 janv., 16 févr., 6 sept., 13 nov. 1867, 10 avril 1897.— Novascotian, 20 nov., 4 déc. 1839, 23 nov. 1863.— M. W. Fleming, The Halifax Visiting Dispensary – 100 years ago, Nova Scotia Medical Bull. (Halifax), XXXVI (1957) : 106–109.
Phyllis R. Blakeley, « MORRIS, FREDERICK WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 1 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/morris_frederick_william_9F.html.
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Auteur de l'article: | Phyllis R. Blakeley |
Titre de l'article: | MORRIS, FREDERICK WILLIAM |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1977 |
Année de la révision: | 1977 |
Date de consultation: | 1 déc. 2024 |