William Egerton Phin (1863–1939) grandit à la ferme familiale dans le canton de Waterloo, Haut-Canada, et figurerait parmi les hommes d’affaires éminents du Canada. Il débuta comme voyageur de commerce, puis exploita une entreprise et se spécialisa en dragage, activité industrielle pour laquelle il bénéficia de ses relations avec le Parti libéral. En 1928, il accéda à la présidence du conseil d’administration de la Canadian Dredge and Dock Company, première société du genre au pays. Phin joua aussi un rôle important au sein de la Dominion Power and Transmission Company, basée à Hamilton, qu’il dirigea à partir de 1925 jusqu’à son acquisition par la Commission d’énergie hydroélectrique de l’Ontario en 1930.
Titre original :  William E. Phin. Source: Windsor Star, 17 February 1939, page 15.

Provenance : Lien

PHIN, WILLIAM EGERTON, voyageur de commerce, entrepreneur et homme d’affaires, né le 26 juin 1863 à Hespeler (Cambridge, Ontario) ou dans les environs, fils de James Philip Phin et d’Eliza (Elizabeth) Jane White ; le 20 février 1896, il épousa à Brantford, Ontario, sa cousine Bertha Scarfe (décédée le 7 avril 1934), et ils eurent trois filles, dont l’une mourut avant lui, et un fils ; décédé le 16 février 1939 à Hamilton et inhumé au cimetière du même nom.

Origines familiales et jeunesse

William Egerton Phin, qui préférait se faire appeler Bill, naquit au sein de la troisième génération d’une famille d’agriculteurs bien en vue dans le canton de Waterloo. Son grand-père paternel, James, originaire du Roxburghshire, en Écosse, avait dirigé un grand domaine dans le comté de Monaghan (république d’Irlande), puis émigré au Canada en 1833. Selon l’Illustrated atlas of the County of Waterloo, son fils James Philip, qui acheta « une très belle ferme » au nord de Hespeler, comptait « parmi les agriculteurs tout à fait représentatifs du canton ». James et James Philip occupaient tous deux la fonction de magistrat ; le fils était aussi inspecteur d’écoles, préfet de comté et président de la Reform Association du canton de Waterloo.

Le fils aîné de James Philip, Bill, reçut une éducation solide : il fréquenta l’école primaire à Hespeler, fit ses études secondaires à Berlin (Kitchener), puis s’inscrivit à l’Ontario Agricultural College de Guelph. S’il était retourné à la ferme à l’issue de sa formation, il aurait eu peu de chances d’assurer son autonomie, car son père, au début de la quarantaine, ne comptait probablement pas prendre sa retraite avant de nombreuses années. Vers 1881, Bill s’engagea plutôt comme voyageur de commerce pour son oncle – et futur beau-père – William John Scarfe, partenaire d’une entreprise de fabrication de vernis à Brantford. Plusieurs années plus tard, W. E., nom sous lequel on le connaissait sur le plan professionnel, accéda à la direction de la firme.

L’entreprise et le dragage

En 1889, Phin quitta la compagnie de Scarfe et devint partenaire d’une firme d’entrepreneurs de Brantford : la Nihan, Elliott, and Phin. Thomas Nihan, entrepreneur et fermier de 50 ans, fournissait probablement le capital, les contacts et l’expérience, tandis que Phin et William George Elliott, tous deux dans la vingtaine, s’occupaient des opérations et de la gestion. Entre 1888 et 1890, leur société fit partie de celles qui obtinrent des contrats pour effectuer des travaux d’excavation aux abords du tunnel du chemin de fer du Grand Tronc, sous la rivière Saint-Clair, afin de relier Sarnia, en Ontario, à Port Huron, au Michigan. Par la suite, Phin et Elliott continuèrent leurs activités d’entrepreneurs en canaux et chemins de fer à Brantford. Ils se tenaient également à l’affût d’autres possibilités ; en 1890, par exemple, ils achetèrent le stock d’un quincaillier insolvable de Brantford. En 1896, les deux associés s’établirent à Rossland, en Colombie-Britannique, pour fonder l’Alf Gold Mining Company, qu’ils incorporèrent pour promouvoir et développer des concessions dans la région ouest de Kootenay. Phin occupait le poste de secrétaire-trésorier, Elliott celui de vice-président, et Lloyd Harris, fils du manufacturier John Harris*, celui de président. En 1898, Phin ne faisait plus partie des administrateurs de l’entreprise. Rentré à Brantford et seul en affaires, il soumissionnait à des appels d’offres d’excavation pour la municipalité et spéculait sur des concessions de dragage d’or au Yukon.

Phin et sa famille soutenaient le Parti libéral depuis longtemps ; l’élection du gouvernement fédéral de Wilfrid Laurier* en 1896 ouvrit donc de nouvelles portes. L’année suivante, des « personnes fiables » – dont, probablement, William Paterson, député de longue date du sud-ouest de l’Ontario, que Laurier avait choisi pour diriger le département des Douanes – recommandèrent Phin pour réaliser le premier de plusieurs contrats de dragage dans certaines sections du port de Toronto. Comme il s’agissait de contrats mineurs (les deux premiers se chiffraient à un peu moins de 10 000 $), on ne les attribua pas par appel d’offres et on en paya l’exécution selon un tarif horaire fixe, conformément aux modalités du département des Travaux publics. En 1900, Phin et son nouvel associé, George Plunkett Magann, entrepreneur forestier et ferroviaire de Toronto, présentèrent avec succès une soumission pour le dragage du port et la prolongation d’un quai à son entrée. Une fois les travaux terminés, des conservateurs de la Chambre des communes – notamment le plus véhément, Edward Frederick Clarke, député de Toronto West – protestèrent en alléguant que Phin manquait d’expérience et qu’on l’avait surpayé. Le ministre des Finances, William Stevens Fielding*, le ministre des Travaux publics, Joseph-Israël Tarte*, le ministre des Postes, William Mulock*, et Paterson répliquèrent vigoureusement en défendant la compétence de Phin et la valeur de l’ouvrage accompli. En 1908, les conservateurs critiqueraient la décision du gouvernement d’avoir accordé à Phin un contrat de 5 100 $, sans appel d’offres, pour draguer le port de Bronte (Oakville), travaux selon eux non nécessaires, et d’avoir omis la somme dans le budget des dépenses parlementaires. Le bien-fondé de l’accusation était discutable ; son importance réelle (et probablement son intention) relevait de la procédure, car elle suscita, au comité des subsides de la Chambre des communes, un débat sur des opérations de dragage bien plus vastes et onéreuses, et souleva des questions sur les relations des libéraux avec des entreprises qui avaient reçu des contrats de dragage valant des millions de dollars. Ce type de controverse était inhérent au système de favoritisme et, à titre de bénéficiaire, Phin se trouvait dans le collimateur.

La Phin and Company (nom sous lequel Phin et Magann avaient constitué leur firme) acheva ses travaux dans le port de Toronto en juillet 1902, puis se concentra sur un contrat lucratif de plusieurs années, obtenu l’année précédente pour draguer et élargir des sections du « long niveau » du troisième canal Welland, entre le canton de Humberstone (Port Colborne) et Allanburg. Phin avait déplacé sa jeune famille à Toronto quand il travaillait dans cette ville ; il la réinstalla cette fois à Welland. Ce projet rapporta 553 805 $ à Phin et Magann, et fournit de l’ouvrage à leur société jusqu’au printemps de 1907. Ils mirent ensuite fin à leur partenariat.

Phin continuerait à exécuter des contrats de dragage et d’excavation jusqu’en 1920 partout en Ontario. Il réalisait la plupart de ses travaux dans de petits ports sur le lac Ontario, de Napanee à Hamilton, mais s’attaqua aussi à des projets de plus grande envergure, notamment l’élargissement du canal au nord de Welland, le creusage de la rivière Thames à divers endroits et le dragage autour de Port Arthur (Thunder Bay). Ce dernier travail, mené entre 1909 et 1920, représenta 70 % du revenu brut des 986 000 $ que Phin gagna grâce à des contrats gouvernementaux au cours des 13 années où il exerça seul.

La Canadian Dredging Company

Phin ne manquait pas de travail, mais possédait un équipement relativement modeste : trois dragues et leurs remorqueurs et allèges. Il ne put donc se lancer dans la concurrence pour répondre aux appels d’offres alléchants pour le creusage du quatrième canal Welland, également nommé canal de navigation Welland. Au cours de ses années de dragage dans la région, il avait toutefois acquis une connaissance approfondie des conditions locales. Vers 1913, il fusionna ses activités d’affaires avec celles de la Canadian Dredging Company de Midland, société plus importante fondée en 1906 (sous la raison sociale de Canadian Dredge and Construction Company) par un entrepreneur du comté de Simcoe, James Playfair, et des associés. Peu de temps avant la transaction avec Phin, cette société avait absorbé l’Owen Sound Dredging Company. Phin ne siégeait pas au conseil d’administration de la Canadian Dredging Company, mais on le reconnaissait comme l’un de ses directeurs.

Plus tard en 1913, la Canadian Dredging Company soumissionna avec succès, au prix de 1 948 788 $, pour le dragage, l’excavation et la construction de ponts dans la section 5 (la « Deep Cut ») du canal de navigation Welland, entre Allanburg et Port Robinson. Les travaux progressèrent selon le calendrier jusqu’en janvier 1917, moment où, comme mesure de guerre, le gouvernement conservateur de sir Robert Laird Borden ordonna leur suspension, et interdit aux entrepreneurs de retirer leur installation et leur équipement sans autorisation. Ces derniers protestant contre la violation de leurs contrats, le gouvernement conclut une entente avec eux au printemps de 1918 et annula tous les engagements. À la fin de la guerre, Borden tenta de relancer le projet, mais les entrepreneurs refusèrent de reprendre leurs activités dans les mêmes conditions en raison de l’imprévisibilité des coûts, en particulier des salaires. En réponse, le gouvernement accepta de payer les prix augmentés de 8 % et justifia ces modalités en invoquant une mesure de reconstruction d’après-guerre qui demeurerait en vigueur seulement jusqu’à la fin de 1919. Des grèves interrompirent les travaux et le financement fit défaut durant cette période, ce qui força une pause de la construction. Des préoccupations relatives au chômage et à l’agitation ouvrière entraînèrent la prolongation des contrats jusqu’en 1920.

Le gouvernement n’avait jamais eu l’intention d’achever le canal en attribuant des contrats à prix coûtant majoré. En 1921, on lança de nouveaux appels d’offres, et la Canadian Dredging Company réussit à récupérer le contrat pour la section 5. À la fin des travaux, en 1926, l’entreprise avait déjà amorcé ceux de la section 7 (les six milles entre Welland et le canton de Humberstone), pour lesquels elle avait présenté la plus basse soumission en 1924. Le projet s’échelonna jusqu’en 1929 et rapporta plus de 9 500 000 $, selon les autorités de la compagnie. Par la suite, celle-ci continua à réaliser des travaux sur le canal et ailleurs sur les Grands Lacs et le fleuve Saint-Laurent.

La Canadian Dredging Company termina un autre projet paralysé par la guerre, cette fois au Nouveau-Brunswick : l’amélioration du port de Saint-Jean, ainsi que la construction et l’exploitation d’un chantier maritime et d’une cale sèche sur les lieux. En 1918, Phin et d’autres dirigeants de la firme avaient créé une filiale, la Saint John Drydock and Shipbuilding Company, qui prit en charge le contrat. La nouvelle société transféra alors les travaux de dragage en sous-traitance à l’entreprise mère.

La Canadian Dredge and Dock Company

En 1928, James Playfair racheta la part de la Canadian Dredging Company dans la Saint John Drydock and Shipbuilding Company, puis vendit ses avoirs dans la Canadian Dredging Company, ce qui en provoqua la réorganisation. L’équipe de direction et les principaux investisseurs fondèrent la Canadian Dredge and Dock Company, avec Phin en qualité de président du conseil d’administration, dans le but d’acquérir les actions de la Canadian Dredging Company et d’en prendre le pouvoir. La nouvelle société, la plus importante dans son domaine au Canada, demeura rentable pendant une grande partie de la crise économique et versa, sur ses actions ordinaires, des dividendes supérieurs à ceux exigés pour ses actions préférentielles. Les actions ordinaires gagnèrent en attrait, non seulement grâce à leurs dividendes, mais aussi aux fluctuations de leur valeur par la spéculation, ce qui souleva de la méfiance quant à la possibilité de délits d’initiés. En raison de la réduction des dépenses gouvernementales, l’exploitation de la Canadian Dredge and Dock Company perdit de la rentabilité à la fin des années 1930 ; sa situation financière n’en resta pas moins solide. À cette époque, Phin avait cessé de participer activement aux affaires de la société. En 1938, on nomma son fils, Donald Egerton, vice-président et membre du conseil d’administration.

Autres champs d’intérêt et vie privée

Tout en faisant progresser ses affaires dans le dragage, Phin s’était engagé dans plusieurs autres domaines. En 1906, il fut l’un des promoteurs de la Niagara Frontier Bridge Company, constituée pour construire et exploiter un pont sur la rivière Niagara près de Queenston, en Ontario ; le projet échoua. Il fit aussi partie du conseil d’administration de la Mutual Steamship Company de Port Colborne, de sa création en 1907 jusqu’en 1912. Dans une autre initiative, plus fructueuse que les deux précédentes, il participa à la fondation de la Welland Electrical Company et siégea à son conseil d’administration. Établie en 1906 pour distribuer l’électricité produite par la centrale d’énergie de la Hamilton Electric Light and Cataract Power Company aux chutes DeCew, près de St Catharines, la compagnie fournissait de l’électricité à Welland à un prix plus bas que dans tout autre centre industriel de l’Ontario. De plus, Phin acheta des actions de la firme qui lui succéda, la Dominion Power and Transmission Company, fondée en 1907 pour gérer des investissements dans un réseau complexe de sociétés d’énergie et de transport dans la région de Hamilton et Niagara.

Phin quitta Welland avec sa famille vers 1911 pour s’installer dans l’un des quartiers les plus élégants de Hamilton ; il exposa son ascension sociale en faisant construire une demeure de huit chambres au 12, avenue Ravenscliffe. John Morison Gibson*, alors lieutenant-gouverneur de l’Ontario et associé en affaires, faisait partie de ses voisins. En 1916, Phin occupait une place de choix au sein de l’élite commerciale de la ville : il administrait la Dominion Power and Transmission Company et présidait l’une de ses filiales, la Hamilton Street Railway Company. Il soutint l’effort de guerre à titre de membre de la Hamilton Recruiting League, et siégea à son comité des finances et assurances. Au fil des ans, il joignit les conseils d’administration de nombreuses entreprises locales d’envergure, notamment la Bank of Hamilton (et la Banque canadienne de commerce, qui absorba la Bank of Hamilton en 1924), la Hamilton Bridge Works Company Limited, la National Steel Car Company Limited et la Tuckett Tobacco Company Limited. Pendant un certain temps, il présida la Guelph Trust Company, division de l’immobilier et de la gestion de propriétés de la Guelph and Ontario Investment and Savings Society, dont il occupait la vice-présidence. À l’instar de plusieurs de ses partenaires d’affaires, Phin appartenait à la franc-maçonnerie et à des clubs privés de Hamilton, Toronto et Guelph, ainsi qu’à plusieurs associations sportives.

Présidence de la Dominion Power and Transmission Company

En 1925, au départ à la retraite de James Robert Moodie, on élut Phin président de la Dominion Power and Transmission Company. Celle-ci venait de vivre sa pire année financière depuis la Première Guerre mondiale, et plusieurs de ses filiales connaissaient des difficultés. Les entreprises de transport comme les chemins de fer interurbains, qui subissaient la rude concurrence des autobus et des voitures privées, figuraient parmi les moins prometteuses. En 1928, en raison de l’expiration imminente de la franchise de la Hamilton Street Railway Company, la société mère hésita à rénover son installation et ses garages, ou à intégrer le service d’autobus. Les compagnies d’électricité, notamment la Hamilton Electric Light and Power Company, étaient les plus puissantes, car elles comptaient d’importants clients industriels. Cependant, l’expansion des secteurs desservis par la Commission d’énergie hydroélectrique de l’Ontario et par les services municipaux d’électricité suscitait de l’inquiétude au sujet de l’avenir à long terme de la Dominion Power and Transmission Company. Ses dirigeants se plaignaient de leur taxation, qu’ils jugeaient injustement plus élevée que celle des entités publiques.

Comme président, Phin réussit à régler certains problèmes de la compagnie. Il reçut une aide appréciable de la Power Corporation du Canada, société de portefeuille fondée en 1925 par la maison de courtage montréalaise Nesbitt, Thomson and Company, afin d’investir dans des entreprises de production d’électricité et de participer à leur gestion. Cette année-là, on élut le vice-président de la Power Corporation, James B. Woodyatt, ingénieur en électricité, au conseil d’administration de la Dominion Power and Transmission Company. Ce dernier conseilla la firme sur des questions de changements organisationnels et techniques. On sépara les divisions d’électricité et de transport de manière plus efficace et on réalisa de nouveaux investissements dans chacune, ce qui permit d’améliorer les profits. Plus particulièrement, l’entreprise élargit son champ d’action en offrant un service d’autocars interurbains et, en 1929, elle se hisserait au premier rang des autocaristes du pays. Phin chercha aussi à accroître le soutien du public envers la compagnie, et à neutraliser les critiques des travaillistes et des défenseurs de la propriété publique des services d’électricité. En 1926, il annonça la vente de 500 000 $ d’actions préférentielles aux employés, clients et autres résidents des environs. Pour ce faire, la firme n’eut pas recours à des courtiers ou à des représentants ; ses travailleurs en firent la promotion et nombre d’entre eux en achetèrent. Dans le numéro du 9 novembre du Hamilton Spectator, l’entreprise affirma que chaque nouvel investisseur serait non pas un simple actionnaire, mais plutôt « un partenaire dans le partage des profits ».

Vente de la Dominion Power and Transmission Company

Ces changements avaient une importance cruciale pour les activités de la Dominion Power and Transmission Company, mais ils visaient aussi à rendre la firme plus attrayante pour les investisseurs dans la perspective d’une mainmise par la Commission d’énergie hydroélectrique de l’Ontario. Les deux sociétés avaient tenu des négociations de façon intermittente depuis 1917, et rumeurs et démentis avaient surgi à l’occasion dans la presse au sujet d’une vente. Arthur James Nesbitt, courtier en valeurs mobilières de Montréal et président de la Power Corporation, représentait la Dominion Power and Transmission Company dans ces discussions et, en 1927, devint le deuxième représentant de la Power Corporation à siéger au conseil d’administration de l’entreprise. À cette époque, la Power Corporation avait augmenté sa part d’investissement dans la Dominion Power and Transmission Company, dont elle possédait environ le tiers des actions préférentielles. Selon la rumeur, elle acquérait également des actions ordinaires et les deux catégories d’actions avaient pris de la valeur.

Le 26 mars 1930, le premier ministre de la province, George Howard Ferguson*, annonça l’achat, pour la somme de 21 000 000 $, de la Dominion Power and Transmission Company par la Commission d’énergie hydroélectrique de l’Ontario. Au cours des deux années suivantes, l’affaire servit de cible aux détracteurs du gouvernement, qui soupçonnèrent des délits d’initiés et alléguèrent qu’on avait payé un prix excessif. En 1932, le premier ministre, George Stewart Henry*, mit sur pied une commission royale d’enquête pour examiner l’acquisition de la Dominion Power and Transmission Company (ainsi que d’autres questions relatives à la Commission d’énergie hydroélectrique de l’Ontario). Dans son témoignage, Phin affirma que l’achat avait constitué « l’une des transactions les plus propres jamais conclues ». William Renwick Riddell* et George Herbert Sedgewick, qui terminèrent les travaux de la commission et en rédigèrent le rapport, estimèrent que le marché « avait été raisonnable quant au prix et n’avait été conclu pour nul autre motif que le bien public ».

Après la vente, Phin participa moins au monde des affaires ; il supervisa toutefois la fermeture des dossiers financiers, processus qui s’échelonna sur plusieurs années. Robert Lochiel Fraser II, comptable en service pendant cette période, se rappela que Phin l’avait parfois fait traverser la ville en tramway pour aller chercher ses lunettes qu’il avait oubliées à la maison. Quand Fraser se présentait au 12, avenue Ravenscliffe, la femme de Phin, Bertha, l’invitait toujours à prendre « un verre de lait et une pointe de tarte ». S’il protestait qu’il devait retourner au travail, elle répondait invariablement : « Ça va, Bob, Bill m’a dit de faire cela. Entrez donc. » Ils bavardaient à la table de la cuisine pendant que Fraser savourait sa collation. Il conserva un souvenir affectueux de Phin, « un homme bon et honnête, un homme bien, un vrai gentleman et un bon patron ».

Dernières années

En avril 1934, Phin pleura la perte de deux êtres chers : Bertha s’éteignit en rentrant d’un voyage aux Bermudes en bateau et, le lendemain, leur fille Dorothy Evelyn succomba à une maladie chronique. La santé de Phin se détériora en avril 1938 ; son état le confina à sa résidence au cours des cinq mois qui précédèrent sa mort, survenue en février 1939.

William Egerton Phin grandit à la campagne, puis s’installa en ville. Issu d’un milieu ni humble ni pauvre, ni privilégié ni riche, il bénéficia d’une éducation solide, de la réputation d’une famille respectée et d’un talent pour inspirer confiance. Son succès reposa sur sa capacité à fusionner sa modeste entreprise avec d’autres sociétés beaucoup plus importantes et à veiller à la gestion de compagnies fondées par des partenaires plus âgés.

David G. Burley

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David G. Burley, « PHIN, WILLIAM EGERTON », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 9 déc. 2025, https://www.biographi.ca/fr/bio/phin_william_egerton_16F.html.

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Auteur de l'article:    David G. Burley
Titre de l'article:    PHIN, WILLIAM EGERTON
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 16
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    2025
Année de la révision:    2025
Date de consultation:    9 déc. 2025