TALBOT, JACQUES, clerc minoré, maître d’école, né à La Plaine (dép. de Maine-et-Loire, France), et baptisé le 12 novembre 1678, fils de Jacques Talbot et de Mathurine Sylvain, décédé à Montréal le 2 janvier 1756.
Arrivé en Nouvelle-France en 1716, Jacques Talbot remplaça probablement Antoine Forget comme maître d’école à Montréal. La première école organisée pour les fils des colons par Gabriel Souart* en 1666, se tint au séminaire de Saint-Sulpice de Montréal jusqu’en 1683, alors qu’on décida de construire un bâtiment sur un terrain cédé par la fabrique de Notre-Dame. En 1686, les « petites écoles » – c’est ainsi qu’on désignait l’école primaire sous le régime français –, où l’on offrait toujours un enseignement gratuit, devinrent indépendantes du séminaire et deux communautés d’hommes apparurent : les « Frères maîtres d’écolle », aussi appelés frères Rouillé [V. Louis-François de La Faye*], qui demeuraient sous la direction de Saint-Sulpice, et, par la suite, les Frères hospitaliers de la Croix et de Saint-Joseph, fondés en 1692 par François Charon* de La Barre, qui voulurent se charger des « petites écoles » de Montréal. Saint-Sulpice s’opposa au projet de ces derniers et reprit en main la direction de l’enseignement, veillant à obtenir de leur séminaire de Paris des maîtres compétents ; ainsi sont venus en Nouvelle-France : Yves Priat, Armand Donay, Jacques-Anne Bœsson, Antoine Forget, Marc-Anselme de Métivier, Jean Girard et notamment, Jacques Talbot.
Jacques Talbot se prépara à devenir maître d’école, probablement en s’initiant aux méthodes du fondateur des Frères des Écoles chrétiennes, Jean-Baptiste de La Salle, méthodes qui connaissaient alors une grande vogue chez les sulpiciens. Il utilisa pour l’enseignement les manuels scolaires qu’on faisait venir de France : des alphabets latins, des psautiers, des offices de la sainte vierge et les Devoirs d’un Chrétien envers Dieu (1703) de Jean-Baptiste de La Salle. En 1742, dans leur correspondance avec leurs confrères de Paris, les sulpiciens de Montréal demandèrent pour Talbot « douze exemplaires de l’Escole paroissiale ou manière de bien instruire les enfants des petites écoles », ouvrage publié à Paris en 1654. Il s’agit d’un manuel de pédagogie qui reste le témoin des méthodes scolaires en usage au xviie siècle. Talbot en fit venir 12, probablement pour en distribuer à ses collègues, car la population de Montréal ayant augmenté, on avait dû accroître également le nombre des maîtres d’école. Dès 1693, on parle déjà d’un « premier maître » qui avait la direction des « petites écoles », ce qui laisse à penser qu’il y avait un second maître. Jean Girard, arrivé à Montréal en 1724, enseigna en compagnie de Talbot durant plusieurs années.
Cependant la situation n’était pas la même dans le reste de la Nouvelle-France. Si les habitants de Montréal pouvaient profiter de maîtres d’école formés selon les méthodes lasalliennes, il n’en était pas ainsi pour les autres paroisses de la colonie. Certaines ne pouvaient compter que sur les religieuses de la Congrégation de Notre-Dame ou les ursulines et sur quelques missionnaires ou curés prêts à dispenser les premiers éléments de la lecture et de l’écriture. Quant aux autres, elles devaient, la plupart du temps, se contenter de maîtres qui n’avaient d’autre diplôme que leur bonne volonté, un peu d’instruction et beaucoup de dévouement à la cause de l’enseignement. C’était alors bien suffisant pour dispenser l’enseignement prévu par le programme des « petites écoles » : le catéchisme, la lecture, l’écriture et le calcul, auxquels venaient s’ajouter pour les filles quelques notions d’enseignement ménager. Parmi ces maîtres d’école on peut mentionner, entre autres, Charles Corvaisier dont on signale la présence à Sainte- Anne-de-la-Pérade, en 1738–1739, Nicolas Datte, à Batiscan, en 1721, et Étienne Guillemin, à Beauport, en 1750.
Pour sa part, Jacques Talbot enseigna à Montréal pendant près de 40 ans et il y mourut le 2 janvier 1756, à l’âge de 77 ans.
AD, Maine-et-Loire (Angers), État civil, La Plaine, 12 nov. 1678.— Gauthier, Sulpitiana, 267.— L.-P. Audet, Histoire de l’enseignement au Québec, 1608–1971 (2 vol., Montréal, 1971) I : 136s., 144–150.— Amédée Gosselin, L’instruction au Canada.— Yves Poutet, L’auteur de L’Escole Paroissiale et quelques usages de son temps (1654), Bulletin de la Société des bibliophiles de Guyenne (Bordeaux), 1963, 4–29 (dans cet article, Poutet établit péremptoirement que l’auteur de cet ouvrage est Jacques Batencourt et non Charles Démia [l.-p. a.]) ; Une institution franco-canadienne au XVIIe siècle : les écoles populaires de garçons à Montréal, Revue d’histoire ecclésiastique (Louvain), LIX (1964) : 52–88, 437–484.
Louis-Philippe Audet, « TALBOT, JACQUES », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 6 déc. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/talbot_jacques_3F.html.
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Auteur de l'article: | Louis-Philippe Audet |
Titre de l'article: | TALBOT, JACQUES |
Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 3 |
Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
Année de la publication: | 1974 |
Année de la révision: | 1974 |
Date de consultation: | 6 déc. 2024 |