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PERRY, STANISLAUS FRANCIS (né Stanislas-François Poirier), instituteur, juge de paix, agriculteur et homme politique, né le 7 mai 1823 à Tignish, Île-du-Prince-Édouard, fils de Pierre Poirier et de Marie-Blanche Gaudet ; le 11 avril 1847, il y épousa Margaret Carroll, et ils eurent dix enfants ; décédé le 24 février 1898 à Ottawa et inhumé dans son village natal.

Stanislas-François Poirier fréquenta d’abord l’école élémentaire de son village puis poursuivit durant trois ans des études en anglais au St Andrew’s College, établissement du diocèse catholique de Charlottetown. Il y acquit la maîtrise de l’anglais et, en 1843, il commença à enseigner à Tignish. L’année suivante, le bureau d’Éducation le reconnut comme instituteur de première classe et il devint ainsi l’un des premiers Acadiens de l’île à obtenir un tel certificat. Vers cette époque, afin de mieux s’intégrer à la société insulaire majoritairement anglophone et d’« éviter les attaques qu’on [...] destinait » aux Acadiens, il anglicisa son nom comme l’avait d’ailleurs fait son oncle, l’abbé Sylvain-Éphrem Perrey*. En 1851, on le nomma juge de paix.

Perry quitta l’enseignement en 1854 pour se lancer en politique. Pourvu de moyens financiers très modestes (d’ailleurs, ses adversaires politiques lui rappelaient sa « pauvreté » à l’occasion des campagnes électorales), il devint peu après agriculteur à Tignish afin de mieux soutenir sa grande famille. Au cours des 43 années qui suivirent, il brigua les suffrages à 13 élections provinciales et 8 fédérales, toutes dans la circonscription de Prince, et fut défait trois fois dans le premier cas et quatre fois dans l’autre. Il fut ainsi le premier Acadien à siéger à la chambre d’Assemblée de l’Île-du-Prince-Édouard et à la chambre des Communes.

Perry se fit d’abord élire en 1854 dans le deuxième district de la circonscription de Prince sous la bannière du parti libéral, dirigé par George Coles*. L’objectif du parti était de libérer l’île des grands propriétaires fonciers afin que les milliers de locataires puissent acquérir les terres qu’ils exploitaient et s’affranchir du joug économique des propriétaires et de leurs agents. Il allait de soi que Perry embrasse cette cause et le parti qui la soutenait, car de nombreux Acadiens étaient aux prises avec ce problème. Cependant, en août 1870, à l’instar de la plupart des députés libéraux de religion catholique et de Peter McIntyre, l’évêque catholique de Charlottetown, Perry quitta les rangs du parti libéral, alors au pouvoir sous Robert Poore Haythorne, pour aider à former un gouvernement de coalition avec les conservateurs dirigés par James Colledge Pope*. Les dissidents étaient frustrés du fait que leur gouvernement, à prédominance protestante, refusait d’accorder des subventions aux établissements d’enseignement catholiques. Les conservateurs, de leur côté, se disaient favorables à cette forme d’aide. Au printemps de 1873, sous le gouvernement de coalition, Perry fut nommé président de l’Assemblée ; il occuperait ce poste jusqu’en 1874. Cette nomination peut s’expliquer en partie par le fait que le gouvernement voulait plaire à la communauté acadienne qui se plaignait d’être écartée de toute nomination politique, même si elle avait joué un rôle important dans la formation du gouvernement de coalition grâce à la participation de ses deux députés, Perry et Joseph-Octave Arsenault.

Quand il fut question de l’entrée de l’île dans la Confédération, Perry se montra d’abord opposé à ce projet. En février 1867, au cours de la campagne électorale, il proclama du haut de la tribune qu’il ne donnerait pas à des étrangers le pouvoir de taxer les insulaires et menaça même de quitter l’île si elle était annexée au Canada ! Son attitude fort hostile ne dura pas longtemps une fois que l’île eut joint la Confédération, en juillet 1873. Aux premières élections fédérales tenues dans la province en septembre, Perry se présenta sous la bannière libérale dans la circonscription de Prince, mais il ne réussit pas à se faire élire. Cependant, il connut le succès aux élections générales de 1874 qui furent remportées par les libéraux d’Alexander Mackenzie. Défait aux élections de 1878, il siégea à l’Assemblée de la province de 1879 à 1887, puis aux Communes de 1887 à 1896 et de 1897 jusqu’à sa mort.

La carrière politique de Perry fut plutôt longue, mais peu remarquable. À l’échelon provincial, il occupa le poste de président de l’Assemblée ; aucun document ne permet cependant de confirmer qu’il fit partie du Conseil exécutif, comme on l’a parfois affirmé. À la chambre des Communes, il plaida durant plusieurs années pour la construction d’un tunnel qui relierait l’île à la terre ferme, question d’ailleurs maintes fois soulevée par les députés de l’île à Ottawa, notamment par le sénateur George William Howlan*. Un journaliste jugeait que Perry avait la parole facile et entraînante et qu’il « ne se [trouvait] peut-être pas dans toute la chambre un député mieux instruit des besoins de son comté », mais il ajoutait : « Pour un fervent libéral en politique, il est très conservateur [quant aux] intérêts de ses commettants. »

Les succès de Perry aux nombreuses élections étaient dus, en grande partie, au vote acadien. Toutefois, il ne se fit presque jamais le champion de la cause acadienne, notamment de l’éducation française. Les nationalistes acadiens – dont la plupart étaient des conservateurs – lui firent souvent la vie dure à cause de son attitude. On lui reprochait de jouer la corde patriotique seulement en temps d’élections, et ce pour gagner la faveur de ses compatriotes. On lui pardonna difficilement, par exemple, d’avoir boudé l’importante convention nationale des Acadiens tenue en 1884, à Miscouche, dans l’Île-du-Prince-Édouard, et surtout d’avoir incité les gens de sa circonscription à boycotter complètement la grande rencontre. Perry, qui faisait partie du comité organisateur du congrès, était offusqué parce qu’on ne l’avait pas consulté sur le choix du lieu de l’événement qu’il aurait bien souhaité chez lui à Tignish. Il y avait sans doute aussi un côté politique à cette affaire, car les principaux membres du comité, tels Pierre-Amand Landry*, Pascal Poirier* et Arsenault, étaient des adversaires de Perry en politique.

Aux élections fédérales de juin 1896, Perry fut l’objet de virulentes attaques de la part de la presse acadienne et catholique, ce qui contribua à sa défaite. On lui reprochait d’être antipatriotique en n’appuyant pas la cause des écoles françaises et catholiques du Manitoba, car il avait voté, avec son parti, contre le projet d’une loi réparatrice présenté par les conservateurs de sir Mackenzie Bowell* en mars. Mais l’ostracisme fut de courte durée. En avril 1897, à l’occasion d’une élection complémentaire, Perry se fit réélire au Parlement où il rejoignit les libéraux de Wilfrid Laurier*, revenus au pouvoir en 1896.

Stanislaus Francis Perry mourut dans la capitale nationale en 1898, à la suite d’une brève maladie ; premier Acadien de l’Île-du-Prince-Édouard à œuvrer sur la scène politique, tant provinciale que fédérale, il n’eut droit qu’à quelques courts éloges dans la presse au moment de sa mort. La chambre des Communes se montra elle aussi réservée ; on souligna, entre autres, sa fidélité au parti libéral et son dévouement dans l’exercice de ses tâches publiques.

Georges Arsenault

CEA, Fonds Placide Gaudet, 1.64–19 (Perry à Gaudet, 22 déc. 1887).— Î.-P.-É., House of Assembly, Journal, 1840–1886.— Acadian Recorder, 26 févr. 1898.— Daily Examiner (Charlottetown), 23 mars 1878, 15 août 1882, 1er avril 1892, 1er mars 1898.— L’Événement, 25 févr. 1898.— Examiner (Charlottetown), 9 févr. 1863, 20 mars, 10 avril, mai–juill. 1871, 18 mars 1872, 9 mars 1874.— L’Impartial (Tignish, Î.-P.-É.), 23 mai 1895, 2, 16 avril, 6, 21, 28 mai 1896, 3 mars 1898.— Le Moniteur acadien (Shédiac, N.-B.), 16 mars 1876, 10 janv., 14 mars, 11 avril, 18 juill., 23 août, 12 sept. 1878, 22 mars, 1er, 5, 22 avril 1887, 3 mai 1888, 20 mai 1890, 1er, 8, 28 mars 1898.— Star (Montréal), 24 févr. 1898.— Summerside Journal (Summerside, Î.-P.-É.), 21 févr. 1867, 7, 14 juill. 1870, 30 oct. 1873.— Weekly Examiner and Island Argus (Charlottetown), 12 juill, 23 août, 6 sept., 8 nov. 1878, 4 août 1882, 23 mars 1883.— Canadian directory of parl. (Johnson).— CPC, 1874 ; 1877 ; 1887 ; 1891.— J.-H. Blanchard, The Acadians of Prince Edward Island, 1720–1964 (Charlottetown, 1964) ; Acadiens de l’Île-du-Prince-Édouard ([Charlottetown], 1956).— Conventions nationales des Acadiens, Recueil des travaux et délibérations des six premières conventions, F.-J. Robidoux, compil. (Shédiac, 1907).— Georges Arsenault, « le Dilemme des Acadiens de l’Île-du-Prince-Édouard au 19e siècle », Acadiensis (Fredericton), 14 (1984–1985), nº 2 : 29–45.

Bibliographie générale

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Georges Arsenault, « PERRY, STANISLAUS FRANCIS », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 29 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/perry_stanislaus_francis_12F.html.

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Auteur de l'article:    Georges Arsenault
Titre de l'article:    PERRY, STANISLAUS FRANCIS
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 12
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1990
Année de la révision:    1990
Date de consultation:    29 mars 2024