PENNEFATHER, RICHARD THEODORE, fonctionnaire, né vers 1830, fils d’Edward Pennefather, juge, et de Suzan Darby ; le 18 janvier 1851, il épousa à Fredericton Ariana Margaretta Shore ; décédé le 27 septembre 1865 à Colombo, Ceylan (Sri Lanka).
Richard Theodore Pennefather descendait d’une famille anglo-irlandaise de militaires et de pasteurs. De 1848 à 1854, il fut le secrétaire particulier du lieutenant-gouverneur du Nouveau-Brunswick sir Edmund Walker Head, puis il accompagna ce dernier au Canada, toujours en tant que secrétaire particulier, lorsque celui-ci fut nommé gouverneur général en 1854. Head faisait confiance à Pennefather mais il n’aimait pas ce jeune bourgeois plutôt introverti et ne le comprit jamais. « C’est un jeune homme d’environ 21 ans, bien instruit, et un gentleman », écrivit Head peu après son arrivée au Canada, « mais je ne peux pas dire que je l’apprécie particulièrement, du fait qu’il est si timide et si réservé. » Pennefather n’améliora pas sa réputation auprès de Head lorsqu’il épousa une jeune personne, d’assez bonne famille sans aucun doute, mais que le gouverneur était loin de trouver jolie. En septembre 1860, pendant le séjour du prince de Galles en Amérique du Nord, Pennefather se fit remarquer de la plus belle façon en tombant dans le fleuve à Detroit alors que le vaisseau royal quittait le port. Il apparaît avec tout ceci comme un jeune homme plutôt sérieux et distant voué à faire des faux pas.
En février 1856, Pennefather devint secrétaire civil du gouverneur général et surintendant général des Affaires indiennes pour la province du Canada. Alors qu’il occupait ces fonctions, le département des Affaires indiennes était encore sujet à des changements et la confusion qui régnait dans l’administration au début des années 1840 n’avait pas encore disparu. Les relations avec les Premières Nations avaient été administrées séparément au Haut-Canada et au Bas-Canada après 1830, mais en 1841, les Autochtones de la province du Canada furent placés sous l’autorité du gouverneur général. Lorsqu’en 1842, une commission royale d’enquête sur le département des Affaires indiennes avait été créée, un remaniement complet, qui dura deux ans, avait été entrepris dans l’organisation du département. Les relations avec les Premières Nations de la province du Canada furent alors confiées au secrétaire civil qui était, de par ses fonctions, surintendant général ; au Haut-Canada, les surintendants et les agents relevaient directement du gouverneur général par l’entremise du secrétaire civil, mais au Bas-Canada, même si la responsabilité des politiques envers les Autochtones incombait nominalement au secrétaire civil, c’est le secrétaire militaire qui en définitive s’en occupait (c’est à lui qu’en référa le fonctionnaire principal des Affaires indiennes au Bas-Canada pendant les années 1840 et 1850, Duncan Campbell Napier). Les problèmes de juridiction se compliquèrent par la suite du fait que les fonctionnaires britanniques avaient fait clairement savoir dès les années 1820 qu’ils souhaitaient que les autorités canadiennes prennent en main un jour ou l’autre le département des Affaires indiennes. Les sentiments de la « petite Angleterre » pendant les années 1840 et 1850 renforcèrent cette opinion ; à la fin des années 1850, la Grande-Bretagne fit savoir au Canada qu’il fallait entreprendre ce changement.
En tant que surintendant général, Pennefather était le chef officiel du département des Affaires indiennes, mais les affaires courantes étaient réglées en bonne partie par les surintendants et les agents, surtout au Haut-Canada. Au début, Pennefather eut la chance d’avoir à son service des fonctionnaires dévoués, notamment Napier au Bas-Canada et Thomas Gummersall Anderson* au Haut-Canada. Ils devaient cependant donner respectivement leur démission en 1857 et 1858.
La contribution la plus notable qu’apporta Pennefather au Canada fut de présider une commission de trois hommes qui mena, de 1856 à 1858, une enquête sur les activités du département des Affaires indiennes. Le rapport de 1858 avait pour but d’améliorer et d’accélérer la politique d’assimilation des Premières Nations, mais aussi de moderniser la structure administrative soutenant cette orientation. Il offrait une description détaillée du département et des communautés autochtones de la province, à travers une quantité impressionnante de statistiques. On constatait avec surprise que les efforts déployés pour « civiliser » les membres des Premières Nations étaient encore inopérants en dépit de presque 30 ans de politique poursuivie dans ce sens. Du fait que les Autochtones restaient insensibles aux tentatives d’assmilitation, et à cause du manque d’argent et d’organisation au sein du département, leur situation n’évoluait pas comme l’administration le désirait vers la fin des années 1850 [V. George Ironside]. Le rapport prônait une prise en charge plus efficiente de l’éducation des enfants autochtones, avec l’ambition de mieux les isoler de leurs parents et de leur culture traditionnelle. La commission soulignait également les misères sociales au sein des Premières Nations et elle recommandait d’y remédier efficacement et avec sympathie. Consciente que beaucoup de leurs problèmes venaient encore de la confusion régnant dans l’administration, elle préconisait l’établissement d’un département des Affaires indiennes centralisé possédant son propre chef permanent. Le gouvernement canadien adopta finalement cette solution en 1862, deux ans après que le gouvernement impérial se fut départi de sa juridiction sur ce département.
Ce transfert de pouvoir au Canada en 1860 signifia pour Pennefather la réintégration de son poste de secrétaire particulier de Head. Il quitta le Canada lorsque la période d’activité de Head prit fin en 1861. Il se rendit à Ceylan où il fut conseiller exécutif et auditeur général de 1862 jusqu’à sa mort en 1865.
APC, RG 10, vol. 116–118, 270–272, 714, 752–760.— Canada, prov. du, Legislative Assembly, Journals, 1858, 6, app.21.— Macdonald, Letters (Johnson et Stelmack), I.— John Ferguson, Ceylon in 1883 : the leading crown colony of the British empire ; with an account of the progress made since 1803 under successive British governors (Londres, 1883), 243.— Hodgetts, Pioneer public service, 205–225.— D. G. G. Kerr, Sir Edmund Head, a scholarly governor (Toronto, 1954), 57.— E. W. Watkin, Canada and the States ; recollections, 1851 to 1886 (Londres et New York, [1887]), 502.
Bibliographie de la version modifiée :
Ancestry.ca, « Actes d’état civil et registres d’église de l’Acadie (Collection Drouin), 1670 à 1946 », Fredericton, 20 janv. 1851 : www.ancestry.ca/search/collections/1110/ (consulté le 26 avr. 2025) ; « Calendrier national des successions (Index des testaments et administrations), Angleterre et Pays de Galles, 1858 à 1995 », Londres, 11 avr. 1866 : www.ancestry.ca/search/collection/1904/ (consulté le 26 avr. 2025).— Michel Lavoie et Denis Vaugeois, l’Impasse amérindienne : trois commissions d’enquête à l’origine d’une politique de tutelle et d’assimilation, 1828–1858 (Québec, 2010).
Douglas Leighton, « PENNEFATHER, RICHARD THEODORE », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 4 déc. 2025, https://www.biographi.ca/fr/bio/pennefather_richard_theodore_9F.html.
| Permalien: | https://www.biographi.ca/fr/bio/pennefather_richard_theodore_9F.html |
| Auteur de l'article: | Douglas Leighton |
| Titre de l'article: | PENNEFATHER, RICHARD THEODORE |
| Titre de la publication: | Dictionnaire biographique du Canada, vol. 9 |
| Éditeur: | Université Laval/University of Toronto |
| Année de la publication: | 1977 |
| Année de la révision: | 2025 |
| Date de consultation: | 4 déc. 2025 |