CREIGHTON, JAMES GEORGE AYLWIN, ingénieur, journaliste, avocat et athlète, né le 12 juin 1850 à Halifax, fils aîné de William Hudson Creighton et d’Anna Fairbanks ; cousin de la folkloriste Mary Helen Creighton* ; le 25 juin 1878, il épousa à Montréal Eleanor Platt, et ils n’eurent pas d’enfants ; décédé le 27 juin 1930 à Ottawa.

Après avoir fréquenté la Halifax Grammar School, où il reçut son diplôme à 14 ans, James George Aylwin Creighton obtint une licence ès arts avec mention très bien du Dalhousie College en 1868. Il étudia par la suite auprès de Sandford Fleming* qui, à titre d’ingénieur en chef pour le chemin de fer Intercolonial, l’embaucha pour des travaux d’arpentage en Nouvelle-Écosse. Creighton s’installa à Montréal en 1872 et travailla comme ingénieur au canal de Lachine, au port de Montréal et à d’autres projets d’aménagement public. Il fut élu associé de l’Institution of Civil Engineers of Great Britain en 1876.

L’année suivante, Creighton entra au McGill College et entreprit des études de droit sous la direction du barrister Donald Macmaster ; il obtint une licence en droit en 1880. Le 9 juillet de la même année, il fut admis au Barreau de la province de Québec et, deux ans plus tard, il devint associé dans le cabinet Barnard, Beauchamp, Creighton et Doucet de Montréal. Jeune avocat en 1881, il dut témoigner dans l’enquête sur la mort de son jeune frère Harry Montgomery, qui avait été poignardé. Pendant ses études de droit, Creighton fut également journaliste actif et agit comme correspondant de la Gazette de Montréal à la galerie de presse de la Chambre des communes.

Grâce à cette expérience jumelée à sa formation en droit, Creighton fut nommé le 3 mars 1882 greffier en loi du Sénat, fonction qu’il occuperait pendant 48 ans. L’Ottawa Citizen salua ce choix, qu’il commenta en ces termes : « M. Creighton remplira cette fonction avec honneur. » Creighton confirma cette prédiction dès le début. Le 27 juin de la même année, il reçut le titre de maître à la Cour de la chancellerie et en 1909 il devint conseiller parlementaire au Sénat. De 1885 à 1886, il travailla à la consolidation et à la révision des lois du Canada [V. George Wheelock Burbidge*]. Il contribua également à la rédaction de textes de législation importants, notamment la Loi de la marque de l’or et de l’argent de 1906, presque entièrement le fruit de ses compétences dans le domaine juridique. Creighton bonifiait son salaire annuel de 2 500 $ du Sénat en rédigeant des articles pour le Scribner’s de New York et d’autres magazines. Il reçut le titre de compagnon de l’ordre de Saint-Michel et Saint-Georges en 1913 ; il fut également nommé conseiller du roi.

Tout au long de sa carrière en génie et en droit, Creighton continua de nourrir sa passion pour les sports, qui remontait à son enfance à Halifax, où les gens s’adonnaient à un jeu libre dans lequel ils utilisaient sur la glace des bâtons et une balle, et qu’on appelait « ricket » ou parfois « hockey ». À Montréal, Henry Joseph, coéquipier de Creighton, attribua plus tard à ce dernier le mérite d’avoir organisé la première démonstration publique de hockey sur glace au Victoria Skating Rink le 3 mars 1875 ; à cette occasion s’affrontèrent deux équipes formées à même le club où Creighton était également juge de patinage artistique. Son équipe de neuf joueurs remporta la victoire par deux « jeux » (buts) contre un dans l’équipe adverse, menée par Charles Torrance. « Ce fut cette démonstration qui éveilla l’intérêt à la grandeur de la ville et entraîna la formation d’autres équipes de hockey sur glace ainsi que la croissance rapide de ce sport », écrirait le directeur de l’éducation physique à la McGill University, Emanuel M. Orlick, dans la Gazette en 1943.

Sur la patinoire, Creighton recevait des éloges pour son aisance à passer la pièce de bois circulaire et plate utilisée comme rondelle à cette époque et pour ses efforts en vue d’intégrer la notion de jeu d’équipe. En 1876, quand il était capitaine d’une équipe du club de football-rugby de Montréal – dont il était vice-président –, on nota qu’il jouait en situation « hors-jeu », ou à l’avant du porteur de la rondelle, preuve que les premières parties à Montréal étaient disputées selon les règlements de la nouvelle Hockey Association (hockey sur gazon) et ceux du rugby plutôt que selon les règlements dits de Halifax, qui autorisaient les passes avant. En février 1877, Creighton fut capitaine d’une équipe du Club Metropolitan, qui affronta les membres du Club St James de Montréal. Pour l’occasion, la Gazette publia « les règles du jeu » ; à cette époque, elles ne se distinguaient de celles du hockey sur gazon que par l’emploi du mot « glace ». À titre de vice-président du club de football-rugby, Creighton fut à la tête d’une délégation de Montréal présente à une réunion qui eut lieu à Toronto, en octobre 1875, afin de créer une association interprovinciale ; il y présenta une motion, qui fut acceptée, en vue de l’adoption des « règles de rugby de l’union », qui comprenaient la règle cruciale du joueur « en jeu ».

Le barrister et homme d’affaires Byron Arthur Weston, de Dartmouth, en Nouvelle-Écosse, décrivit Creighton comme étant « grand et maigre ». Ce dernier ne pesait que 144 livres à 25 ans, lorsqu’il joua au rugby pour le Canada contre la Harvard University. Même s’il était « tranquille et réservé », selon le sénateur Charles Elliott Tanner, de Pictou, en Nouvelle-Écosse, Creighton se vit cité dans le registre du tribunal de première instance pour une affaire non résolue en 1883 où il était question de poivre de Cayenne brûlé et de meubles retirés d’un appartement. L’un des rares membres de la famille à ne pas s’intégrer à l’entreprise Creighton à Halifax (son grand-père avait exploité la James G. A. Creighton and Son, commerce de fournitures pour bateaux et d’alimentation en gros), il ne retourna que rarement dans sa ville natale. Néanmoins, il entretint des liens avec sa province d’origine et, en 1874, il rédigea un texte en faveur des patins à ressorts – les « premiers au monde à s’ajuster à l’aide d’un levier » – fabriqués par la Starr Manufacturing Company de Dartmouth.

Après s’être installé à Ottawa, où il préférait se faire appeler par l’ancien patronyme de sa famille, soit Aylwin, plutôt que par James, Creighton continua de s’intéresser aux sports. Il était un membre important du club de hockey Rideau Rebels, formé en 1889 et au sein duquel on trouvait deux fils du gouverneur général lord Stanley*, des aides de camp vice-royaux, des députés ainsi que des sénateurs. L’équipe voyageait occasionnellement à bord du wagon personnel du gouverneur général et contribuait à promouvoir le sport dans le sud de l’Ontario par les parties hors concours qu’elle jouait dans des centres urbains tels que Kingston, Lindsay et Toronto. Creighton était dans sa quarantième année lorsqu’il joua sa dernière partie aux côtés de parlementaires contre une équipe de la résidence du gouverneur.

Certains auteurs modernes attribuent à Creighton le mérite d’être l’« inventeur du hockey » ; le modeste greffier en loi ne réclama jamais cet honneur ni ne prit part aux premiers débats entourant le lieu de naissance de ce jeu. Quelques années avant sa mort, il écrivit à Henry Alfred Ward, coéquipier dans les Rideau Rebels et ancien député, pour formuler son unique revendication dans le domaine des sports : il avait eu l’honneur d’être capitaine du premier club de hockey à horaire régulier formé au Canada, à Montréal en 1877. Avant que le carnaval d’hiver de Montréal ne rende ce jeu populaire, Creighton décrivit l’intérêt que portait cette ville à l’égard des sports de plein air dans un article intitulé « French-Canadian life and character », rédigé pour Picturesque Canada (1882–1884), publié par George Monro Grant*. Il y fit état d’« éblouissantes activités costumées » qui attiraient la royauté au Victoria Skating Rink, mentionna des clubs de curling, de golf, de bicyclette et de football, acclama la crosse – « jeu national du Canada » –, mais omit le jeu sur glace qu’il avait contribué à faire évoluer.

Membre du Rideau Club d’Ottawa depuis longtemps, James George Aylwin Creighton mourut à ce club d’une crise cardiaque en 1930. À ses funérailles figurait entre autres l’ex-premier ministre sir Robert Laird Borden*. Des notices nécrologiques dressaient la liste de ses activités de loisir (pêche à la ligne, exploration, collection de livres et patinage), mais ne faisaient aucune mention de sa contribution à l’émergence du sport d’hiver national du Canada. Récemment, l’historien du hockey Michael McKinley a toutefois fait observer que « l’idée géniale de Creighton de mettre le hockey sous un toit visait à permettre sa croissance dans une sorte de serre [dédiée aux] sports, à l’abri des intempéries ». Les auteurs Sydney Francis Wise et Douglas Mason Fisher l’ont classé, comme ils l’ont fait dans le cas des fondateurs de la crosse et du basket-ball organisés, William George Beers* et James Naismith*, parmi les « quelques rares personnes qui créent ou cristallisent des jeux ou des compétitions ». En 1993, Creighton fut intronisé au Nova Scotia Sport Hall of Fame à titre de « père du hockey structuré ». Au Temple de la renommée du hockey à Toronto, ce pionnier a été mis en nomination comme bâtisseur, mais n’a pas encore été élu.

J. W. Fitsell

ANQ-M, CE601-S68, 25 juin 1878.— Arch. privées, J. W. Fitsell (Kingston, Ontario), Photographie d’équipe des Rideau Rebels d’Ottawa, 1889 ; M. J. Pothier (Dartmouth, N. É.), arbre généalogique de la famille Creighton.— SAUM, RG 46, J. W. Regan à Henry Joseph, 29 mars 1944.— Gazette (Montréal), 3–4, 17 mars 1875, 27 févr. 1877, 27 nov. 1943.— Ottawa Citizen, 4 mars 1882, 28–30 juin 1930.— Ottawa Evening Journal, 28–30 juin 1930.— Canadian men and women of the time (Morgan ; 1912).— CPG, 1927.— J. W. Fitsell, Hockey’s captains, colonels and kings (Erin, Ontario, 1987), 30–39.— Michael McKinley, Putting a roof on winter : hockey’s rise from sport to spectacle (Vancouver et New York, 2000).— Nevill Miroy, The history of hockey (Laleham-on-Thames, Angleterre, 1986).— B. M. Patton, Ice-hockey (Londres, 1936).— Who’s who in Canada, 1929.— S. F. Wise et Douglas Fisher, Canada’s sporting heroes (Don Mills [Toronto], Ontario, 1974).

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J. W. Fitsell, « CREIGHTON, JAMES GEORGE AYLWIN », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 15, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 10 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/creighton_james_george_aylwin_15F.html.

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Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
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