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ACQUIN (Atwin, Decoine, Dequine, Equin, Echkewen), GABRIEL, (Kobleah, Gobliel) (connu sous le nom de chef ou sachem Gabe ; aussi Noel Gabriel et Noel Gable ; peut-être Newel Gabriel et Newell Gov’-leet), chasseur, guide, interprète et forain malécite, fondateur de la réserve amérindienne de St Mary, Nouveau-Brunswick ; né vers 1811, il s’agissait probablement de l’enfant baptisé en 1811 du nom de Gabriel, fils de Gabriel et Marie, à Kingsclear, Nouveau-Brunswick ; il épousa Marie (Mary ; aussi appelée Delaide (Delaire) Francis) ; le mariage célébré le 7 août 1839 à Fredericton entre Noel Gabriel et Marie Marthe était probablement le leur ; décédé le 2 octobre 1901 à Devon (Fredericton).

La famille de Gabriel Acquin fut l’une des nombreuses familles déplacées par l’afflux de loyalistes dans ce qui allait devenir le Nouveau-Brunswick et par l’achat frauduleux d’Aucpaque (île Savage), emplacement du principal village malécite situé à environ sept milles à l’ouest de Fredericton, qu’effectua le juge Isaac Allen en 1794. Elle semble avoir vécu çà et là dans la région comprise entre Kingsclear et la baie de Fundy et peut-être aussi, de façon saisonnière, dans les campements indiens situés en face de Fredericton. Le territoire de chasse de Gabe était compris, dit-on, entre la rivière Salmon et la rivière Gaspereau, mais il guida aussi des « amateurs de chasse » sur presque toute l’étendue de la Saint-Jean ainsi que sur la Miramichi et la Restigouche.

Apparemment, Gabe n’utilisa pas le nom d’Acquin ni ses nombreuses variantes avant le baptême de son fils Stephen en 1845. Le Newel Gabriel qui figure, dans les années 1830 et après, sur les listes de primes d’encouragement à la chasse à l’ours de divers comtés était peut-être lui. Il se peut aussi qu’il ait été le Newell Gov’-leet qui fut gardien du wampum malécite à l’assemblée tenue par les Wabanakis à Old Town, dans le Maine, en 1838. La conclusion selon laquelle Noel Gabriel prit par la suite le nom de Gabe Acquin s’appuie sur trois documents : le baptistaire du fils de Noel Gabriel, Francis, qui date de 1841 ; les recensements de 1861 et de 1881, où l’on trouve, parmi les membres du ménage de Gabe Acquin, un dénommé Francis dont l’âge correspond à celui qu’aurait eu le Francis baptisé en 1841.

Sans être le premier Amérindien à dresser son campement à St Mary, Gabe fut, semble-t-il, le premier à s’y fixer, sur l’invitation, en 1847, des exécuteurs d’une succession loyaliste. Délaissant la vie nomade que menait traditionnellement son peuple, il finit par défricher et clôturer 14 acres et y cultiva des pommes de terre. Lui-même et sa famille vécurent dix ans dans un wigwam avant de construire une maison à pans de bois. Peu à peu, d’autres familles malécites s’installèrent autour d’eux. Malgré le fait que Gabe avait été invité à vivre sur cette terre, elle fut vendue plusieurs fois, à son insu. La dernière vente – deux acres et demi au bord de la rivière vendus à la couronne en 1867 – ne garantissait, en fait, que cette petite parcelle aux Malécites. En 1883, Gabe revendiqua auprès du gouvernement fédéral la propriété de toute la superficie sur laquelle lui-même et son peuple s’étaient établis à l’origine, mais il ne reçut pas de réponse. En raison du surpeuplement de ces deux acres et demi, des terres avoisinantes seraient achetées pour la bande de St Mary plusieurs décennies après la mort de Gabe. Aujourd’hui, cette bande vit sur ces terres, qui forment la réserve amérindienne de St Mary.

Gabe est surtout connu en tant que chasseur, guide et interprète. « Dès son plus jeune âge », selon le capitaine Richard Lewes Dashwood, il fit des expéditions de chasse avec des officiers britanniques en garnison à Fredericton. Il avait si peu son pareil pour appeler et chasser l’orignal, le caribou, la sauvagine et autres gibiers que ses talents devinrent légendaires. On dit qu’il pouvait tuer en une seule année 25 caribous et 5 orignaux, et il se vantait lui-même d’avoir déjà abattu 60 cerfs en 15 jours. Avec le temps, il en vint à approvisionner régulièrement la garnison en gibier et à avoir ses entrées avant les autres pourvoyeurs tant à la résidence du lieutenant-gouverneur qu’au pavillon des officiers. Comme, semble-t-il, il n’avait pas fréquenté l’école, c’était sûrement en raison de ses relations avec ces gens qu’il avait appris à parler couramment l’anglais.

Parmi les nombreux notables auxquels Gabe servit de guide dans les premiers temps de son activité, on trouve le jeune Henry Allan Braithwaite, qui allait s’illustrer comme chasseur et trappeur et devenir le premier guide non autochtone de la province, de même que le lieutenant William Smythe Maynard Wolfe, qui peignit des aquarelles des expéditions de chasse de 1853 et 1854 qu’il entreprit avec Gabe et d’autres guides autochtones. Gabe servit aussi de guide à deux lieutenants-gouverneurs, John Henry Thomas Manners-Sutton* et Arthur Hamilton Gordon*, avec qui il se lia d’amitié. Gordon a publié, sur ses expéditions avec Gabe, un livre qui contient une section d’histoires malécites racontées ou interprétées par Gabe. Au moins un des voyages de Cordon et Gabe (sur la rivière Tobique) a été immortalisé sur pellicule par un maître de la photographie au Nouveau-Brunswick, George Thomas Taylor*.

En 1860, le prince de Galles, alors âgé de 18 ans, visita Fredericton, événement qui marqua un point tournant dans la vie de Gabe. Tandis qu’il passait en canot devant la résidence du lieutenant-gouverneur, le prince le héla et lui demanda de lui faire faire un tour. Faisant fi des remontrances des officiers et membres de la maison royale, Gabe conduisit le futur monarque de l’autre côté de la rivière, puis dans l’embouchure de la Nashwaak, avant de le ramener à terre. Par la suite, on l’invita en Angleterre. La première fois, en 1883, il fit partie des attractions présentées par le Canada à l’International Fisheries Exhibition de Londres. Nanti de son canot et de sa tente, revêtu d’un costume orné de perles par sa femme, artisane remarquable, il établit son campement sur les étangs de South Kensington, renoua avec des membres de la famille royale et des officiers qu’il avait connus autrefois et devint, selon William Austin Squires, « la plus grande célébrité du jour ». Il paraît qu’il retourna en Angleterre au cours des années 1880, mais aucun document ne l’atteste. À sa dernière visite, en 1893–1894, il avait 82 ans et faisait partie du World’s Water Show de Paul Boyton.

Après la fermeture de l’établissement colonial de Fredericton en 1869, Gabe continua de servir de guide à des grands personnages et ce, même quand il fut devenu octogénaire. Pendant la même période, il participa à des expositions sportives à Boston, à New York et à Chicago. En 1900, il légua par testament sa maison et ses biens à sa fille Catherine. Il mourut l’année suivante à l’âge de 90 ans. Divers dignitaires, dont le lieutenant-gouverneur Abner Reid McClelan, assistèrent à ses obsèques. Il avait, semble-t-il, eu quatre fils et trois filles. Aujourd’hui, on trouve de ses descendants dans la plupart des réserves malécites du Nouveau-Brunswick.

Gabe était un homme talentueux, réputé sûr, honnête et plein d’esprit. Aujourd’hui, toutefois, sa renommée repose moins sur ces qualités que sur les circonstances dans lesquelles il vécut et la manière extraordinaire dont il fit face à la situation. Pour son peuple, le colonialisme avait signifié la destruction rapide des territoires de chasse et le début d’une époque de misère, de maladie et de désespoir. Les nombreux autochtones qui se faisaient guides et adoptaient un mode de vie sédentaire s’adaptaient en somme, par obligation, à de tristes réalités. Gabe ne fut que l’un d’entre eux, mais il fit plus que s’adapter. Il présente le cas classique du colonisé qui cherche à imiter, souvent à l’excès, la langue, les manières et les préférences du colonisateur. En outre, par la radicalité avec laquelle il abandonna les valeurs traditionnelles de conservation, il contribua à l’extinction du mode de vie des Malécites.

Gabe fut porté par deux puissants courants du xixe siècle : le romantisme, qui tendait à exalter les « indigènes », et le colonialisme, qui tendait à les « civiliser » et à les assimiler. Ces deux courants prirent une urgence nouvelle au plus fort des rébellions des Indiens de l’Ouest, c’est-à-dire dans les années 1880, au moment même où la popularité de Gabe était à son sommet. Ce n’est pas un hasard si la société blanche, et non la société autochtone, lui conféra le titre de « chef » ou de « sachem » et l’idolâtra. Que l’on ait, par voie de conséquence, tant écrit à son sujet constitue en soi un facteur de sa renommée et fait prendre conscience du caractère paradoxal de son héritage. Tout en participant à la destruction d’un mode de vie, du moins a-t-il permis d’en consigner un peu l’histoire sur papier.

Andrea Bear Nicholas

Une photographie de Gabriel Acquin est reproduite dans les ouvrages de D. R. Jack (en regard de la page 250) et de F. H. D. Vieth (en regard de la page 277) cités ci-dessous. Un autre portrait photographique est conservé au British Museum (Londres), MM 024082 ; un croquis de ce portrait réalisé par Juliana Horatia [Gatty*] Ewing figure à la page 47 de Canada home, mentionné ci-dessous. Des reproductions d’une troisième photo identifiée comme étant celle d’Acquin sont conservées dans la coll. Erickson à la UNBL, MG H117, et au Musée canadien des civilisations (Hull, Québec), Coll. de photographies (dans les deux cas, sous le numéro de référence NM74-17338) ; ces reproductions figurent dans Carole Spray, Will o’ the wisp : folk tales and legends of New Brunswick (Fredericton, 1979), 15, et dans les ouvrages de Squires (page 49) et de F. B. Greene (page 17) cités ci-dessous. Cependant, il est clair qu’il s’agit d’un non-autochtone vêtu comme un Malécite.

Deux aquarelles représentant des expéditions de chasse du lieutenant Wolfe avec Acquin sont conservées aux AN, Div. de l’art documentaire et de la photographie, 1985-3-21 et 1985-3-47. Des photographies de G. T. Taylor représentant le lieutenant-gouverneur Gordon à la chasse avec Acquin sont conservées aux APNB, Photograph Sect., dans les collections Taylor (P5/248, P5/253, P5/263) et 22nd (Cheshire) Regiment (P42/64). La collection Taylor comprend aussi au moins trois autres photos de Gabe lors d’expéditions de chasse ultérieures (P5/181, P5/267, P5/355).

On peut voir un pictogramme réalisé par Acquin en 1888, et représentant un voyage en canot autour du Nouveau-Brunswick, dans Garrick Mallery, Picture-writing of the American Indians (Washington, 1893 ; réimpr. en 2 vol., New York, 1972), 1 : 334–336 (figure no 446), ainsi que des notes biographiques qui ne figurent nulle part ailleurs. Plusieurs vêtements et articles garnis de perles confectionnés par la femme d’Acquin sont conservés au Musée du N.-B., Humanities Div., D. J. Hazen estate coll., 59.88.1–9 et 59.89.1–6. Certains de ces vêtements et articles sont illustrés dans Musée du N.-B., Micmac & Maliseet decorative traditions : a catalogue featuring a selection of Maliseet and Micmac decorative arts from the collections of the New Brunswick Museum, Gaby Pelletier, édit., photographies de Don Simpson (Saint-Jean, 1977), 26s., 31, et dans The spirit sings : artistic traditions of Canada’s first peoples (Toronto et Calgary, 1987). [a. b. n.]

AN, RG 31, C1, 1851, 1861, 1871, 1881, 1891, St Mary’s.— APNB, MC 300, MS2/128 : 2–4, 14–16.— Arch. paroissiales, Sainte-Anne (Fredericton), RBMS, 1806–1824 : 12 (mfm aux AN).— Library of Congress (Washington), Prints and Photographs Div., Joseph and Elizabeth Robins Pennell coll., C. G. Leland papers, container 372, Edward Jack à Leland, 4 mai 1884 ; container 373, Jack à Leland, 17, 29 déc. 1883, 18 mars, 16 avril 1884.— St Dunstan’s Roman Catholic Church (Fredericton), RBMS, 2 : 126, 210, 267 ; 3 : 36, 98, 292 ; 5 (mfm aux APNB).— Saint John Regional Library (Saint-Jean), C 27 : 358 (« Sachem Gabe », coupure de journal non datée, le Daily Sun de Saint-Jean).— UNBL, MG H9, Gabriel Atquin, affidavit, 29 mars 1883 (texte dactylographié).— York Regional Library (Fredericton), F. B. Greene, « Saint Mary’s–its land and its people » (photocopie, s.d.), 18–26, 30–34, 40s., 48–50, 55s., 61–69.— Daily Gleaner, 13 sept. 1894, 3 oct. 1901.— Daily Sun, 16 mai 1883, 29 mai 1883, 5 déc. 1883.— Illustrated London News (Londres), 2 juin 1883 : 557s.

R. L. Dashwood, Chiploquorgan ; or, life by the camp fire in Dominion of Canada and Newfoundland (Dublin, 1871), 124, 127–131.— J. H. [Gatty] Ewing, Canada home : Juliana Horatia Ewing’s Fredericton letters, 1867–69, Margaret Howard Blom et T. E. Blom, édit. (Vancouver, 1983).— A. H. Gordon, [1er baron Stanmore], Wilderness journeys in New Brunswick, in 1862–3 (Saint-Jean, 1864).— Douglas Hyde, « On some Indian folklore », Language, lore and lyrics : essays and lectures, Breandán Ő Conaire, édit. (Blackrock, république d’Irlande, 1986), 135–144 ; et dans l’introd., 43s.— D. R. Jack, « Gabe Acquin », Acadiensis (Saint-Jean), 1 (1901) : 250–252.— Edward Jack, « The Abenakis of Saint John River », Canadian Institute, Trans. (Toronto), 3 (1891–1892) : 195–205 ; « A day with the Abenaquis », Daily Sun, 30 juill. 1881 : 2 (article republié dans celui de D. R. Jack, « The Indians of Acadia », Acadiensis, 1 : 191–194) ; et « Maliseet legends », Journal of American Folk-Lore (Boston et New York), 8 (1895) : 193–208.— Thomas Parkhill, « Of Glooskap’s birth, and of his brother Malsum, the wolf » : the story of Charles Godfrey Leland’s « purely American creation », American Indian Culture and Research Journal (Los Angeles), 16 (1992), no 1 (à paraître).— [W.] A. Squires, « The great sagamore of the Maliseets », Atlantic Advocate, 59 (1968–1969), no 3 : 49, 51s.— F. H. D. Vieth, Recollections of the Crimean campaign and the expedition to Kinburn in 1855, including also sporting and dramatic incidents in connection with garrison life in the Canadian lower provinces (Montréal, 1907).

Bibliographie générale

Comment écrire la référence bibliographique de cette biographie

Andrea Bear Nicholas, « ACQUIN, GABRIEL », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/acquin_gabriel_13F.html.

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Auteur de l'article:    Andrea Bear Nicholas
Titre de l'article:    ACQUIN, GABRIEL
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
Date de consultation:    19 mars 2024