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Titre original :   Alexander William Aitchison

Provenance : Lien

AITCHISON, ALEXANDER WILLIAM, manufacturier et capitaine de pompiers, né le 20 mai 1850 à Binghamton, New York, fils de William Aitchison et de sa femme Janet ; il épousa une prénommée Martha Diana, et ils eurent cinq fils et trois filles ; décédé le 5 avril 1905 à Hamilton, Ontario.

Après avoir quitté l’Écosse pour les Etats-Unis, les parents d’Alexander William Aitchison vécurent à Binghamton, puis s’établirent en 1853 à Hamilton. À sa sortie de l’école, Alexander retourna dans l’État de New York pour y faire son apprentissage de charpentier. Rentré à Hamilton en 1870, il fut contremaître dans l’atelier de rabotage et la fabrique de boîtes qui appartenaient à son père. Au bout de quelques années, il devint associé de la firme Aitchison and Company, et passa à la direction de la section des boîtes. Cependant, il n’y resta pas longtemps. Fasciné depuis l’enfance par la lutte contre les incendies, il avait été porteur de lanterne pour une escouade de pompiers volontaires. En novembre 1877, le conseil municipal de Hamilton approuva sa nomination à titre de pompier volontaire. À peine 14 mois plus tard, le 14 janvier 1879, il devint, malgré son inexpérience, le premier chef mécanicien à plein temps de la ville.

En créant ce poste, Hamilton avait franchi la première étape de l’organisation d’un service des incendies professionnel et discipliné. Montréal, Ottawa et Toronto en possédaient déjà un. Depuis quelque temps, les principaux contribuables de la ville exigeaient des changements afin de réduire leurs primes d’assurance. Après avoir consulté le bureau local des assureurs sur les solutions possibles, le conseil municipal avait décidé, en 1875, d’installer un système d’alarme électrique et de maintenir une garde jour et nuit au Central Fire Hall. Le conseil était d’autant plus impatient de mettre sur pied un service permanent que, à l’instar d’autres administrations municipales, il connaissait des conflits d’autorité avec ses pompiers volontaires. En choisissant Aitchison, il avait délibérément écarté la candidature du chef à temps partiel et celle de son assistant au profit d’un candidat qui, vu sa courte expérience au sein de l’escouade, était relativement dégagé de la tradition d’indépendance de celle-ci.

Les compagnies de volontaires jouaient un rôle important parmi les nombreuses associations que comptait Hamilton au xixe siècle. Comme les pompiers risquaient leur vie pour protéger les biens d’autrui alors qu’eux-mêmes en possédaient peu, ils estimaient que la société leur devait le respect, une place de choix dans les défilés publics et l’autonomie dans leur organisation. Its entendaient bien avoir l’occasion de fraterniser et de se détendre au poste de pompiers, de tenir des soupers annuels et de recevoir de la bière et du fromage après les incendies, d’accueillir les pompiers des autres localités et de faire des excursions. Le conseil, qui fournissait les locaux, les uniformes et l’équipement, estimait ne pas exercer une autorité suffisante sur les escouades et ne voyait que laisser-aller dans les activités sociales des pompiers. En créant un service des incendies professionnel, non seulement allait-il mieux protéger la propriété, mais il allait aussi assurer son emprise. Le régime des volontaires prit donc fin en 1879. Le nouveau service dont Aitchison prit la direction comptait 9 pompiers à temps plein et 24 hommes payés pour rester en disponibilité.

Cependant, la tradition du volontariat était tenace, et la nomination d’Aitchison suscita une controverse. En mars 1879, un certain nombre de pompiers et d’anciens volontaires l’accusèrent publiquement d’avoir fait preuve de négligence quand il était volontaire en ne répondant pas à la moitié des alertes et d’avoir manifesté de la lâcheté. Quand il assuma ses fonctions de capitaine, il en savait moins que ses hommes sur la lutte contre les incendies et sur l’équipement. Pour compenser, il usa de favoritisme dans l’embauche, força ses hommes à faire des choses qu’il ne pouvait pas ou ne voulait pas faire lui-même, et congédia ses détracteurs. Un comité de vigilance, probablement constitué des propriétaires qui avaient fait pression sur le conseil pour obtenir sa nomination, se forma pour le défendre dans la presse. Une minorité de conseillers prit parti pour les volontaires, mais la majorité exonéra le capitaine, affirma son droit d’engager et de congédier, et opposa une fin de non-recevoir aux anciens volontaires qui souhaitaient organiser une nouvelle escouade.

Sûr de sa position, Aitchison entreprit de discipliner le service, comme le conseil l’avait espéré. De nouvelles règles vinrent modifier plusieurs aspects du régime des volontaires : interdiction de consommer des boissons alcooliques et de jouer à des jeux de hasard dans les postes d’incendie, de s’endetter pour de la bière ou des spiritueux sous peine de renvoi, de se mal conduire au travail ou en dehors, de gaspiller du matériel, d’accepter des pourboires ou des récompenses pour services rendus à la population, d’appartenir à un parti politique. À compter de 1881, Aitchison se passa des pompiers en disponibilité, qui, employés seulement à temps partiel, échappaient plus facilement à sa surveillance. Le personnel permanent devait porter un uniforme au travail et s’entraîner. Ceux qui refusaient d’obéir au nouveau règlement étaient passibles d’amendes, de suspension ou de congédiement. Les pompiers récalcitrants risquaient même d’être malmenés par leur chef, qui mesurait plus de 6 pieds 2 pouces et pesait, dans la fleur de l’âge, environ 260 livres. Coupable d’insubordination, le mécanicien du service, D. B. Skelly, fut projeté hors du poste de pompiers et aboutit dans le caniveau. Il avait refusé de porter l’uniforme car il estimait que sa compétence le distinguait des autres pompiers et qu’il n’avait pas à se vêtir comme eux. En tant que mécanicien qualifié qui connaissait parfaitement sa machinerie, il affirmait en outre pouvoir être dispensé de l’entraînement. Après enquête sur l’incident, le conseil donna raison au capitaine.

En 1886, Aitchison tenait la situation bien en main. Cette année-là, au cours d’un banquet public, on le félicita de la « lutte acharnée qu’il avait dû mener pour faire du service ce qu’il [était] ». Il répondit avec orgueil : « Depuis que j’ai pris la direction de ce service, mon but a été de promouvoir l’efficacité et la moralité de ses membres. [...] Non seulement avons-nous gagné la confiance des citoyens, mais aussi celle des assureurs du Canada. » Trois ans plus tard, une députation de citoyens obtint du conseil que l’on porte son salaire à 2 000 $.

Bien qu’Aitchison se soit surtout signalé par ses contributions à l’organisation et à la promotion de son service, il avait commencé dès 1879 à chercher de nouvelles méthodes de lutte contre les incendies. Il acquit des rudiments d’électricité afin de pouvoir entretenir et perfectionner lui-même le système d’alarme. Régulièrement, il réclamait au conseil une augmentation et une amélioration de l’équipement. La controverse qui avait entouré sa nomination l’avait peut-être convaincu de l’importance de l’opinion publique. Quoi qu’il en soit, il avait le sens du théâtre, et pour prouver que les innovations valaient ce qu’elles coûtaient, il faisait des démonstrations en public. En 1888, une foule de 2 000 personnes alla voir fonctionner la nouvelle pompe chimique du service des incendies, de fabrication torontoise, dans laquelle un gaz résultant du mélange d’acide sulfurique et d’une solution de bicarbonate de soude servait à expulser un jet de la solution. L’année suivante, Aitchison organisa une alerte surprise en pleine nuit pour la presse. Le lendemain, les contribuables purent lire que le système électrique dont le chef avait vu une première démonstration à Buffalo, dans l’État de New York, avait bien marché. Automatiquement, au son de l’alarme, ce dispositif faisait tomber les harnais sur les chevaux et ouvrait leurs stalles.

Les journaux rapportaient fidèlement les exploits d’Aitchison, ses voyages et sa participation aux événements publics. Quels qu’aient été les fondements des accusations dirigées contre lui après sa nomination, personne, par la suite, ne douta plus qu’il était prêt à risquer sa vie. Il se précipitait dans les immeubles en flammes pour secourir les résidents et les pompiers incommodés par la fumée ; un jour, il fut enseveli sous des ruines fumantes. Lorsqu’il se rendait sur les lieux d’un incendie, sa voiture passait à toute vitesse dans les rues et sur les trottoirs, et les gens s’écartaient de son chemin. On peut le voir, sur une photographie datant de 1899 environ, gravir une nouvelle échelle de sauvetage de 65 pieds. Il paraît que les curieux gémirent en voyant l’échelle osciller et plier (il pesait alors 306 livres), mais elle ne cassa pas. En 1898, il amusa ses concitoyens en assistant à l’inauguration de plusieurs établissements de bains dans la baie. « Les gars, je ne suis vraiment pas bon nageur, annonça-t-il, mais j’y vais. » Son plongeon sidéra le reporter du Hamilton Herald : « La vague qu’il a provoquée n’a pas envahi l’établissement de bains, mais elle a terni le brillant des bottes du maire et failli noyer trois ou quatre gamins qui se tenaient sur la rive. »

La mort d’Alexander William Aitchison, en 1905, fut aussi spectaculaire que sa carrière. En se précipitant vers les lieux d’un incendie, sa voiture rouge entra en collision avec la pompe chimique, qui arrivait aussi vite d’une autre direction. Éjecté du véhicule, il mourut sur le coup. Dans son éloge funèbre, le journaliste du Daily Times, de Hamilton, rappela que « Alex. était un bon sujet de nouvelles ». De son côté, Aitchison avait bénéficié de l’appui des journaux : le revirement de l’opinion publique lui avait permis de transformer le service des incendies. L’escouade des volontaires qui avait suscité l’admiration des citoyens n’existait plus ; le nouveau héros était le capitaine des pompiers, sa célébrité légitimant son autorité.

David G. Burley

AO, RG 22, Ser.205, nos 3946, 4030, 6119.— Hamilton Municipal Cemeteries, Records for Hamilton Cemetery, sect. C9, lot 78–136.— HPL, Arch. file, Hamilton Fire Depart. ; Clipping file, Hamilton biog., A. Aitchison ; Hamilton city records, RG 1, 1870–1885 ; Scrapbooks, H. F. Gardiner, 139 : 18 ; Hamilton Fire Depart. ; Herald ; Spectator ; Times ; Victorian Hamilton.— Daily Times (Hamilton), 12 août 1884, 5, 15 avril 1905.— Hamilton Herald, 11 févr. 1898, 2 févr. 1901.— Hamilton Spectator, 1878–1879, 1884–1889, 3 juin 1896, 12 déc. 1898, 5 avril 1905.— DHB.— Fire Journal (Toronto), févr. 1880 : 1 ; mars 1880 : 9 (copies aux AO).— History of the Hamilton Fire Department ([Hamilton], 1920).— B. D. Palmer, A culture in conflict : skilled workers and industrial capitalism in Hamilton, Ontario, 1860–1914 (Montréal, 1979), 46–49.— Reginald Swanborough, « The early history of the Hamilton Fire Department, 1816–1905 », Wentworth Bygones (Hamilton), 8 (1969) : 23–33

Bibliographie générale

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David G. Burley, « AITCHISON, ALEXANDER WILLIAM », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/aitchison_alexander_william_13F.html.

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Permalien: http://www.biographi.ca/fr/bio/aitchison_alexander_william_13F.html
Auteur de l'article:    David G. Burley
Titre de l'article:    AITCHISON, ALEXANDER WILLIAM
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
Date de consultation:    19 mars 2024