ALCALÁ-GALIANO, DIONISIO, officier de marine et explorateur, né en 1762 à Cabra, Espagne, fils d’Antonio Alcalá-Galiano Pareja y Valera de la Sema et d’Antonia Alcalá-Galiano ; décédé le 21 octobre 1805, lors de la bataille de Trafalgar, au large de la côte espagnole.

Dionisio Alcalá-Galiano entra à l’école navale en 1775 et commença son service actif en 1779. Comme officier possédant une formation scientifique, il participa à divers relevés hydrographiques des côtes espagnole et sud-américaine avant de se joindre, en juillet 1789, à une expédition autour du monde, sous les ordres d’Alejandro Malaspina, à Cadix, en Espagne. Il serait vraisemblablement resté dans l’ombre, si la couronne espagnole n’avait décidé de détourner Malaspina de la route qu’il entendait suivre dans le Pacifique pour l’envoyer plutôt sur la côte nord-ouest de l’Amérique du Nord. Le fait que Malaspina ne réussit pas à découvrir le légendaire passage du Nord-Ouest pendant la courte visite qu’il fit à l’été de 1791, joint à la croyance du vice-roi de la Nouvelle-Espagne, le comte de Revilla Gigedo, que le détroit de Juan de Fuca aurait pu en être l’entrée, amena le vice-roi à ordonner aux lieutenants Alcalá-Galiano et Cayetano Valdés y Flores Bazán de laisser l’expédition pour diriger un groupe qui retournerait dans cette région afin d’y faire des relevés hydrographiques. Sur la recommandation de Malaspina, ils furent tous deux promus capitaines de frégate et nommés commandants du Sutil et du Mexicana, schooners dont le faible tirant d’eau les rendait aptes à l’exploration des eaux intérieures.

Les deux officiers prirent possession des navires à Acapulco, en Nouvelle-Espagne, le 28 décembre 1791 ; sous le commandement d’Alcalá-Galiano, à bord du Sutil, ils appareillèrent le 8 mars suivant. Ils avaient reçu instructions de compléter l’exploration du détroit de Juan de Fuca, commencée en 1790 sous la direction de Francisco de Eliza* y Reventa. Dans l’éventualité où la voie navigable aboutirait à la baie d’Hudson ou à celle de Baffin, les schooners devaient rentrer directement en Europe et éviter les ports étrangers, où la nouvelle de la découverte aurait pu être divulguée. Le voyage en direction du nord s’avéra difficile, mais les deux navires arrivèrent sains et saufs à la baie de Nootka (Colombie-Britannique), le 13 mai. Le poste espagnol de l’anse Friendly, alors sous les ordres de Juan Francisco de la Bodega* y Quadra, était en train de prendre les apparences d’une occupation permanente, par suite des efforts d’Eliza et de Pedro de Alberni au cours des deux années précédentes. À l’instar d’autres visiteurs de plusieurs nationalités, Alcalá-Galiano nota les bons rapports qui existaient avec les Nootkas et rendit visite au chef Muquinna*.

Partis de la baie de Nootka le 5 juin 1792, les schooners arrivèrent le lendemain à Núñez Gaona (Neah Bay, Washington), poste récemment établi par Salvador Fidalgo. Le 13 juin, en contournant la pointe maintenant désignée sous le nom de Roberts, ils croisèrent le Chatham, aux ordres de William Robert Broughton, commandant en second de l’expédition dirigée par Vancouver* ; le 21 juin, près de ce qui est aujourd’hui Vancouver, ils rencontrèrent le commandant anglais lui-même. Il s’ensuivit de cordiales relations, et l’esprit de collaboration scientifique l’emporta sur la rivalité internationale : ayant échangé des renseignements, les deux parties travaillèrent ensemble jusqu’à ce qu’elles reprirent séparément leur navigation autour de l’île de Vancouver, le 13 juillet. Après avoir fait voile en direction du nord dans le détroit de la Reine-Charlotte et démontré, au profit de l’Espagne, l’insularité de l’île, Alcalá-Galiano acheva son périple le 31 août à la baie de Nootka, où il trouva les navires de Vancouver déjà à l’ancre.

En retournant en Nouvelle-Espagne, Alcalá-Galiano commença à mettre au point les comptes rendus de son voyage. Son expédition allait devenir la plus connue de celles que firent les Espagnols au nord-ouest, car d’une façon assez surprenante – vu le caractère secret que l’Espagne conférait à ces explorations – son récit fut publié, bien qu’il ne parût qu’en 1802. Comparé à beaucoup de comptes rendus portant sur la côte nord-ouest de l’Amérique du Nord, celui d’Alcalá-Galiano donnait une vision positive du potentiel économique de la région, et ses descriptions des forêts et des terres fertiles évoquaient même des images d’une beauté primitive. Sa correspondance personnelle laisse voir qu’il croyait à l’intérêt, pour sa nation, de poursuivre les expériences scientifiques et les explorations ainsi que d’assurer la permanence de la souveraineté espagnole sur cette région. Il n’était pas optimiste quant aux possibilités du trafic de la loutre marine comme fondement économique durable de l’établissement ; la quantité de ces animaux était limitée, et les Chinois avaient interdit qu’on continuât d’en importer la fourrure. Il était néanmoins persuadé que l’Espagne devait participer activement à la traite, au nord, pour conserver sa mainmise sur la région. Il proposa un système, subventionné par le gouvernement, qui consisterait à échanger aux Indiens, au prix coûtant, les lourdes tôles de cuivre qu’ils recherchaient contre leurs fourrures ; une fois leurs profits sapés, les trafiquants britanniques et américains [V. Robert Gray ; John Meares] perdraient tout intérêt à la côte nord-ouest. Malgré les recommandations confiantes d’Alcalá-Galiano, sa recherche intensive de 87 jours dans les eaux qui entourent l’île de Vancouver, même si elle reçut un accueil favorable de la part des scientifiques, fut écartée par les autorités espagnoles comme n’ayant fait guère que satisfaire une curiosité scientifique. Nul passage vers l’Atlantique n’ayant été découvert, elles ne virent aucune raison pour créer des établissements dans cette région.

Dionisio Alcalá-Galiano rentra en Espagne en 1794 et y poursuivit ses relevés hydrographiques. En 1796, au commandement de la frégate Vencedor, il prit part, au large du Portugal, à la bataille du cap Saint-Vincent, que l’Espagne perdit contre la marine britannique. Plus tard, il commanda des navires d’escorte pour les flottes qui, de Veracruz (Mexique) à Cadix, transportaient de riches cargaisons d’argent. Le 21 octobre 1805, au commandement du Bahama, Alcalá-Galiano mourut en combattant les Britanniques, à la bataille de Trafalgar. Il était, à sa mort, brigadier des armées navales.

Christon I. Archer

Archivo General de la Nación (Mexico), Sección de Historia, vol. 71.— Museo Naval (Madrid), ms nos 619, 826.— Relación del viage hecho por las goletas Sutil y Mexicana en el año de 1792, para reconocher el estrecho de Fuca [...] (Madrid, 1802 ; réimpr., 1958).— Viaje político-científico alrededor del mundo por las corbetas Descubierta y Atrevida al mando de los capitanes de navío D. Alejandro Malaspina y Don José de Bustamante y Guerra desde 1789 á 1794, Pedro de Novo y Colson, édit. (Madrid, 1885).— Cook, Flood tide of empire.- H. R. Wagner, Spanish explorations in the Strait of Juan de Fuca (Santa Ana, Calif., 1933). Pour une opinion différente sur l’identité de l’auteur de Relación del viage, V. la biographie de Manuel José Antonio Cardero [d. b. c.].

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Christon I. Archer, « ALCALÁ-GALIANO, DIONISIO », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 11 oct. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/alcala_galiano_dionisio_5F.html.

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Auteur de l'article:    Christon I. Archer
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 5
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1983
Année de la révision:    1983
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