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Titre original :  Hugh Bell

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BELL, HUGH, enseignant, homme d’affaires, fonctionnaire, homme politique et philanthrope, né en 1780 à Enniskillen (Irlande du Nord), fils unique de Samuel Bell et d’Ann Cross ; le 5 décembre 1808, il épousa à Halifax Elizabeth Lain, et ils eurent cinq enfants, puis le 14 juin 1815, au Mantua Estate, près de Newport, Nouvelle-Écosse, Ann Allison, sœur de Joseph Allison, et de ce mariage naquirent neuf enfants ; décédé le 16 mai 1860 à Halifax.

Hugh Bell, fils d’un vétéran de la guerre d’Indépendance américaine, arriva en Nouvelle-Écosse vers l’âge de deux ans. Son père mourut alors qu’il était encore enfant, et sa mère ne put lui payer le peu d’instruction dispensée à Halifax à cette époque, de sorte que dans une large mesure il dut s’instruire par lui-même. Sa passion précoce pour la lecture fut apparemment à l’origine de la réputation qu’il se fit plus tard comme « orateur concis et convaincant » et comme « écrivain [s’exprimant] dans un anglais pur ». Bell allait exploiter ses talents d’orateur, à la fois comme prédicateur laïque méthodiste à Halifax et dans des établissements voisins où il était très en demande les dimanches, et comme homme politique capable d’affronter les orateurs les plus redoutables de la législature. Quant à sa réputation d’écrivain, elle lui vint, en grande partie, des articles qu’il écrivit pour l’Acadian Recorder au cours des années 1830. Le fait qu’on lui demanda, en 1843, de prononcer une conférence au Halifax Mechanics’ Institute sur le « développement personnel » fut sans doute la façon la plus éloquente de reconnaître la qualité de sa formation d’autodidacte. Son intérêt pour le savoir se manifesta aussi par sa participation, au début des années 1840, à la fondation d’une école rattachée à l’Église méthodiste wesleyenne et par son travail comme membre du conseil d’administration du Dalhousie Collège, de 1840 à 1858.

Après avoir enseigné un court laps de temps dans le comté de Cumberland au tournant du siècle, Bell travailla en qualité de comptable pour la compagnie Lydiard and Nock de Halifax, qui possédait une brasserie et une manufacture de chandelles. Quand l’association originale fut dissoute quelques années plus tard, Bell devint un associé à part entière de la nouvelle firme Nock and Bell. Les hauts et les bas de l’entreprise de Bell furent à l’image des fluctuations que subit l’économie de la Nouvelle-Écosse au début du xixe siècle. La compagnie prospéra pendant la guerre de 1812, lutta pour sa survie durant la récession qui suivit immédiatement la fin des hostilités, puis reprit assez de vigueur vers 1818 pour étendre ses opérations en construisant une nouvelle brasserie et une autre fabrique de chandelles et de savon. Lors de la récession des années 1830, Bell se trouva de nouveau aux prises avec des difficultés financières, mais il semble qu’il les ait surmontées assez rapidement, puisqu’en 1838 il était en mesure de s’installer à Bloomfield, sa vaste propriété située dans la partie nord de la ville. Trois ans plus tard, il était suffisamment assuré de la stabilité de son entreprise pour la confier à ses fils aînés, William et Samuel, afin de s’occuper lui-même davantage d’affaires publiques.

Jusqu’à l’âge de 55 ans, Bell avait consacré presque tous ses loisirs aux œuvres de son Église, mais par la suite il s’intéressa de plus en plus à la chose publique. Bien qu’il ait abordé ce domaine à un âge relativement avancé, il obtint des succès appréciables comme homme politique et comme fonctionnaire. Sa carrière publique commença en 1835 lorsqu’il fut fait commissaire chargé de la « surveillance [...] des pauvres de la ville et de la péninsule de Halifax », afin de seconder les efforts du lieutenant-gouverneur sir Colin Campbell*. Celui-ci tentait alors de réformer l’administration municipale à la suite de la défense présentée avec succès par Joseph Howe* contre l’accusation de diffamation portée contre lui après qu’il eut publié dans le Novascotian une lettre accusant de corruption les juges de paix de la ville [V. Richard Tremain]. La même année, Howe proposa la candidature de Bell à l’élection partielle tenue dans le canton de Halifax pour choisir un député à la chambre d’Assemblée. Bell fut élu sans opposition et réélu aux élections générales de 1836. À cette époque, le scrutin pouvait durer jusqu’à deux semaines ; le bureau de scrutin se transportait d’un endroit à un autre, accompagné de jeux d’argent, de danses et de beuveries. À la fin du scrutin, au bureau de la circonscription de Halifax qui se tenait dans la région de la baie St Margaret, les gens juchèrent les « candidats populaires sur des chaises et les portèrent sur une distance de près d’un mille, parcourant la baie parmi les acclamations ». Howe, candidat réformiste élu dans la circonscription de Halifax, se plaisait dans cette atmosphère de carnaval, mais Bell jugeait ces manifestations « extrêmement déplaisantes ». En cela, comme dans ses affaires et dans ses activités concernant son Église, Bell se conduisait conformément à l’image que Howe avait tracée de lui et qui le dépeignait comme un « digne représentant » des vertus de la « classe moyenne ». Bien que Bell ait déclaré dans un discours électoral qu’il n’était « le champion d’aucun parti » et qu’il n’ait pas toujours appuyé la cause de la réforme aussi énergiquement que Howe l’aurait souhaité, il se considérait comme un défenseur de la classe moyenne. Aussi, en tant que tel, il se montra un soutien constant et parfois « zélé » du parti de la réforme dans sa lutte contre la suprématie exercée par l’oligarchie des marchands, surtout dans les affaires municipales. C’est ainsi qu’il participa au mouvement qui préconisait l’érection de Halifax en cité et l’élection des fonctionnaires municipaux [V. Thomas Forrester*] ; toutefois, il favorisait une application restreinte de ce principe en exigeant un cens d’éligibilité élevé.

En 1840, Bell abandonna son siège à l’Assemblée pour se tourner vers la politique municipale. Il se présenta avec succès au poste d’échevin à la première élection municipale tenue à Halifax le 12 mai 1841. Réélu en 1842 et en 1843, il fut choisi par ses collègues échevins en octobre 1844 pour remplir les fonctions de maire l’année suivante. Entre-temps, la réputation de Bell comme porte-parole de la classe moyenne qui était alors en plein essor à Halifax attira l’attention du nouveau lieutenant-gouverneur, lord Falkland [Cary*], qui le nomma au Conseil législatif en 1841. La carrière politique de Bell atteignit son apogée lorsqu’il fut nommé en février 1848 au Conseil exécutif du premier gouvernement responsable de la Nouvelle-Écosse. Membre du ministère de James Boyle Uniacke, il remplit la fonction de président du bureau des Travaux publics et, pendant un court intervalle, occupa le poste de secrétaire aux Finances. De plus, il fit souvent partie de comités chargés d’étudier des questions financières, et il fut l’un des délégués à la conférence sur la politique commerciale tenue à Halifax en septembre 1849 qui réunit les représentants des gouvernements de l’Amérique du Nord britannique. Bell démissionna du Conseil exécutif en 1854, mais continua à agir comme président du bureau des Travaux publics jusqu’au moment où la victoire électorale des conservateurs l’obligea à quitter son poste en 1857. Il avait alors 77 ans.

La décision de Bell de demeurer à la présidence du bureau des Travaux publics était motivée par son désir d’atteindre le but qui avait été « omniprésent dans ses pensées depuis plus d’une décennie ». Lors de son accession à la mairie de Halifax en 1844, Bell avait fait une déclaration inhabituelle : plutôt que de dépenser le salaire du maire, soit £300, pour des réceptions officielles, « c’était son intention d’affecter tout cet argent à la fondation d’un asile d’aliénés à Halifax ». C’est probablement à l’époque où il était commissaire de l’hospice des pauvres que Bell avait pris conscience de la triste condition des déficients mentaux en Nouvelle-Écosse, car, en plus des indigents, des vieillards et des orphelins, le Poor’s Asylum abritait aussi des aliénés dont les familles ne pouvaient ou ne voulaient pas s’occuper. Par exemple, l’année où il fut maire, 40 résidents de l’hospice des pauvres étaient classés comme aliénés. En outre, on estimait leur nombre à au moins 200 dans toute la province, la plupart étant gardés dans les prisons locales. On considérait alors la maladie mentale comme un mal incurable ou encore comme la manifestation de l’esprit malin dans le corps d’un possédé, ce qui, dans un cas comme dans l’autre, écartait tout traitement autre que l’internement. L’adoucissement du sort des aliénés fut le but principal de l’activité de Bell dans le secteur public.

En 1845, en sa qualité de maire de Halifax et avec l’appui du conseil municipal, Bell adressa une requête au gouvernement demandant qu’un hôpital soit construit où l’on pourrait soigner les aliénés plutôt que de les traiter « comme des animaux inférieurs qu’il [fallait] encager, enchaîner et fouetter afin de les soumettre [...] comme si le chaînon qui les rattach[ait] à la famille des humains s’était irrémédiablement rompu ». En réponse à sa requête, le gouvernement créa une commission composée de trois membres : Bell, le docteur Alexander Frater Sawers et Samuel Prescott Fairbanks*. Cette commission avait pour tâche d’étudier la possibilité de mettre sur pied un établissement où seraient traités les aliénés des trois provinces Maritimes (ce projet fut éventuellement abandonné par les commissaires) et de se rendre aux États-Unis pour étudier le fonctionnement de divers établissements. Le rapport présenté par les trois membres de la commission en 1846 reflétait l’influence de deux figures éminentes de l’histoire du traitement des maladies mentales aux États-Unis : le docteur Luther Vose Bell, surintendant du McLean Hospital for the Insane, à Charlestown (Boston), et la philanthrope Dorothea Lynde Dix. L’étroite association de Hugh Bell et de Dorothea Lynde Dix plaça son projet sur la voie du « traitement moral », mouvement de la psychiatrie du xixe siècle fondé sur la notion humanitaire selon laquelle la maladie mentale est en grande partie imputable aux contraintes causées par l’environnement et doit être traitée par une thérapie individuelle combinée à des influences sociales et à un milieu physique appropriés, toutes conditions que l’on retrouve dans un hôpital.

Une loi créant un tel hôpital fut finalement adoptée par le gouvernement de la Nouvelle-Écosse en 1852, et, moins d’un an plus tard, Hugh Bell était en mesure d’annoncer à Dorothea Lynde Dix qu’une somme de £15 000 avait été affectée à cette fin par le gouvernement, à la condition qu’un montant supplémentaire de £5 000 soit souscrit par des intérêts privés. L’emplacement de cet hôpital, en face de Halifax, de l’autre côté du port (à environ deux milles de Dartmouth), fut choisi par la philanthrope américaine. Cette dernière eut aussi son mot à dire dans l’adoption du plan de l’hôpital, lequel prévoyait un bâtiment en brique de trois étages pouvant recevoir 120 patients. Chaque étage devait compter six salles, chacune dotée d’un parloir, d’une salle à manger, d’un vestiaire et d’une salle de bains. En sa qualité de président du bureau des Travaux publics, Bell était chargé de mener à bien la construction de l’hôpital et d’acheter une partie de l’équipement requis. Quelques mois avant que Bell soit délogé de la présidence par les conservateurs, un éditorial paru dans l’Acadian Recorder critiqua le montant des deniers publics « gaspillé » par le bureau des Travaux publics « à une bombance [le 9 juin 1856] à l’occasion de la pose de la pierre angulaire de l’asile des aliénés [...] Nous constatons, poursuivait l’éditorial, que le président du bureau des Travaux publics a donné carte blanche à la personne qui agissait comme pourvoyeur et maître de cérémonie à cette occasion [...] Pourquoi le vieux et bienveillant gentleman n’aurait-il pas fait les choses libéralement en fondant son cher établissement, puisqu’il savait que [l’événement] était aux frais de la province ? » Toutefois, cet éditorial ne traduisait pas le sentiment de la majorité ; au contraire, la population en général était reconnaissante à Bell pour son travail comme principal fondateur du Provincial Hospital for the Insane (aujourd’hui le Nova Scotia Hospital). Bell devait mourir bien avant 1874, année où la construction de l’hôpital fut entièrement terminée, mais Howe déclara que cet établissement « demeur[erait] à jamais un monument à sa mémoire ». L’activité déployée par Bell en faveur de cet hôpital lui vaut sans aucun doute une place de choix dans l’histoire de l’évolution du traitement des maladies mentales en Nouvelle-Écosse.

Phyllis R. Blakeley

PANS, Biog., Bell family, docs., 1817–1897 (mfm) ; MG 100, 110, doc. 12 ; 235, nos 22–22e ; RG 1, 175 : fos 1–2, 229–234, 256–360, 371–375, 410, 440, 518, 558 ; 199–200, 1847–1854 ; 411 : 91b ; RG 5, P, 44 ; 69–71 ; 73 ; 81 ; 121–122 ; RG 7, 1 : 128A ; RG 34–312, P, 10–15.— N.-É., House of Assembly, Journal and proc., 1836–1840 ; 1846, app. 32 ; 1847, app. 11 ; 1850, app. 18, 72 ; 1851, app. 74 ; 1851–1852, app. 24, 74 ; 1908, app. 3A ; Legislative Council, Debates and proc., 1858–1860 ; Journal and proc., 1841–1860.— HalifaxMorning Sun, 1er mars 1848, 18, 21 mai 1860.— Morning Chronicle (Halifax), 5 oct. 1844.— Novascotian, or Colonial Herald, 26 nov., 17 déc. 1835, 17 nov., 8, 15, 22 déc. 1836, 2, 21 févr., 25 oct., 1er nov. 1837, 8, 15 mars 1838.— W. P. Bell, A genealogical study (2 vol., Sackville, N.-B., 1962).— J. S. Bockoven, Moral treatment in American psychiatry (New York, 1963).— D. A. Sutherland, « The merchants of Halifax, 1815–1850 : a commercial class in pursuit of metropolitan status » (thèse de ph.d., Univ. of Toronto, 1975).— Francis Tiffany, Life of Dorothea Lynde Dix ([6e éd.], Boston et New York, 1891).— W. [P.] Bell, « A Halifax boyhood of one hundred and twenty years ago [...] », N. S. Hist. Soc., Coll., 28 (1949) : 108–111, 119, 129 ; « Hon. Hugh Bell, founder of the Nova Scotia Hospital », Nova Scotia Medical Bull. (Halifax), 31 (1952) : 61–71.— M. H. L. Grant, « Historical background of the Nova Scotia Hospital, Dartmouth, and the Victoria General Hospital, Halifax », Nova Scotia Medical Bull., 16 (1937) : 314–319,383–385.

Bibliographie générale

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Phyllis R. Blakeley, « BELL, HUGH », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/bell_hugh_8F.html.

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Auteur de l'article:    Phyllis R. Blakeley
Titre de l'article:    BELL, HUGH
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 8
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1985
Année de la révision:    1985
Date de consultation:    19 mars 2024