BRECKEN, FREDERICK DE ST CROIX, avocat, homme politique et fonctionnaire, né le 9 décembre 1828 à Charlottetown, deuxième fils de John Brecken* et de Margaret Leah de St Croix ; le 28 septembre 1858, il épousa à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick, Helen Leith Boyd Emslie, et ils eurent trois enfants ; décédé le 14 octobre 1903 à Charlottetown.

Frederick de St Croix Brecken appartenait à une famille de l’Île-du-Prince-Édouard où faire de la politique était une tradition. Son père était député à la Chambre d’assemblée, conseiller exécutif et conseiller législatif. Son grand-père Ralph Brecken et son arrière-grand-père Joseph Robinson* avaient été présidents de l’Assemblée. Après des études à la Central Academy de Charlottetown, Brecken fit un stage de deux ans au cabinet de Robert Hodgson*. Contrairement à la plupart des avocats de l’île, qui n’allaient pas se former ailleurs, il passa ensuite deux ans au Lincoln’s Inn et à l’Inner Temple de Londres. En juin 1852, de retour à Charlottetown, il fut admis au barreau de la Cour suprême. Il exerça avec son cousin Thomas Heath Haviland* jusqu’en 1874, puis avec Rowan Robert Fitzgerald. Fait conseiller de la reine en 1875, il continuerait de pratiquer le droit jusqu’à ce que le gouvernement fédéral lui confie un poste en 1884. Il fut membre du comité directeur de la Law Society de l’Île-du-Prince-Édouard en 1877, l’année de la fondation.

Brecken avait été nommé procureur général le 11 avril 1859 dans le gouvernement d’Edward Palmer* ; il le resta jusqu’à ce que cette fonction devienne élective en 1863. Cette année-là, il devint député tory de Charlottetown à la Chambre d’assemblée ; il conserva son siège aux élections générales de 1867, 1870 et 1873. Il fut à nouveau procureur général de 1870 à 1872 et de 1873 à 1876. Brillant orateur, il n’avait guère de mal, semble-t-il, à suivre les tergiversations de son parti et de son chef, James Colledge Pope*, sur des sujets comme la Confédération. Sur la question scolaire, qui domina la vie politique de l’île durant toutes les années où il fut député, sa position était passablement ambiguë, mais son appui à Pope était sans équivoque. Brecken et Pope subirent la défaite aux élections provinciales de 1876 parce qu’ils étaient favorables à ce que le gouvernement subventionne les écoles confessionnelles.

Brecken avait tenté de se faire élire à la Chambre des communes au scrutin spécial de 1873, qui avait suivi l’entrée de l’Île-du-Prince-Édouard dans la Confédération. Apparemment, il refusa par la suite un siège au Sénat. En 1878, il fut enfin élu aux Communes avec Pope dans la circonscription de Queens. Quatre ans plus tard, un autre conservateur, John Theophilus Jenkins, lui arracha de justesse l’un des sièges de cette circonscription. Après avoir contesté le scrutin devant la Cour suprême de la province, Brecken obtint le siège en février 1883.

L’année suivante, Brecken se trouva mêlé aux tractations qui précédèrent la désignation du successeur de Thomas Heath Haviland, lieutenant-gouverneur de la province. On parla de le nommer en faisant valoir qu’il était un candidat méritant contre qui les catholiques ne trouvaient pas trop à redire. Il fit bien savoir qu’il n’accepterait pas le poste si on le lui offrait, mais on ne l’oublia pas. Donald Ferguson, membre du gouvernement provincial, nota dans une lettre au premier ministre du pays, sir John Alexander Macdonald*, qu’on pourrait faire d’une pierre trois coups en casant Brecken quelque part.

Dans sa circonscription, on trouvait que Brecken ne débordait pas de zèle ; le parti aurait donc avantage à le remplacer par un député plus actif. De plus, en lui confiant un poste politique, on le récompenserait de ses états de service et l’on ferait plaisir à ceux qui, dans les deux partis, le tenaient en haute estime. Finalement, le premier ministre offrit la fonction de lieutenant-gouverneur à Andrew Archibald Macdonald*, qui était catholique, maître de poste de Charlottetown et inspecteur des Postes de la province. Brecken, lui, se vit offrir la place de Macdonald.

Brecken protesta qu’il n’était pas qualifié, mais il finit par accepter à la condition que cela « n’affaiblisse pas [ses] chances d’avancement ». Le premier ministre lui ayant garanti que sa nomination « ne serait pas considérée comme une « quittance finale » », il assuma la fonction de maître de poste en juillet 1884. Comme prévu, Jenkins se fit élire aux Communes sans difficulté au scrutin complémentaire.

Frederick de St Croix Brecken espérait accéder à la dignité de juge, mais on continua de lui préférer d’autres candidats. Il exerça sa fonction de maître de poste jusqu’à sa mort, en 1903. Le Morning Guardian rappela alors qu’il avait autrefois été « l’idole du Parti conservateur ». Le fait que son appui aux tories lui ait valu de demeurer durant presque 20 ans dans l’administration au lieu de siéger dans un tribunal avait dû le décevoir cruellement.

Henry Tinson Holman

AN, MG 26, A.— PARO, RG 1, 74 : 97 ; 75 : 257, 300, 308 ; RG 6, Supreme Court, court admission papers, 1er juin 1852 ; minutes, 1er juin 1852.— St Paul’s Anglican Church (Charlottetown), Reg. of baptisms, 1828.— Daily Examiner (Charlottetown), 14 oct. 1903.— Daily Patriot (Charlottetown), 14 oct. 1903.— Morning Guardian, 16 oct. 1903.— P.E. Island Agriculturist (Summerside, Î.-P.-É.), 17 oct. 1903.— Past and present of P.E.I. (MacKinnon et Warburton), 141.— I. R. Robertson, « Religion, politics, and education in P.E.I. ».— Vital statistics from N.B. newspapers, 1857–59 (Johnson), no 794.

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Henry Tinson Holman, « BRECKEN, FREDERICK DE ST CROIX », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 5 nov. 2024, https://www.biographi.ca/fr/bio/brecken_frederick_de_st_croix_13F.html.

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Auteur de l'article:    Henry Tinson Holman
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Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
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