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CADOTTE, MARIE-ELMIRE, dite Marie de Saint-Alphonse-de-Liguori, supérieure provinciale des Sœurs du Bon-Pasteur d’Angers, née le 23 février 1848 à Sainte-Rosalie, Bas-Canada, fille d’Alexis Cadotte, cultivateur, et d’Apolline Blanchard ; décédée le 10 février 1909 à Halifax.

Marie-Elmire Cadotte entre au noviciat du monastère du Bon-Pasteur à Montréal le 11 novembre 1868. On pense qu’elle avait fait un séjour de quelques années au pensionnat des Sœurs de la Présentation de Marie à Saint-Hyacinthe. La congrégation du Bon-Pasteur d’Angers, implantée à Montréal en 1844, est un ordre cloîtré français qui poursuit un but particulier : la réhabilitation et la surveillance des délinquantes. C’est cette vocation spécialisée qui lui a vraisemblablement valu un rayonnement international exceptionnel.

Marie-Elmire Cadotte prononce ses vœux en 1870 et est nommée assistante puis directrice du pensionnat que les religieuses viennent d’ouvrir à Saint-Hubert et où elles offrent l’enseignement post-primaire ; ce pensionnat permet à la congrégation de recruter des vocations. En 1877, à la mort de la première provinciale canadienne, Marie-Aurélie Cadotte, dite Marie de Saint-Alphonse-Rodriguez (qui ne lui est pas apparentée), elle est élue supérieure provinciale en dépit de sa jeunesse : elle a 29 ans.

La congrégation dirige alors plusieurs œuvres. L’asile Sainte-Darie, nom de la prison des femmes de Montréal fondée en 1870, voit défiler un grand nombre de détenues, habituellement condamnées à des peines légères pour vagabondage, vol, querelle, alcoolisme et prostitution. L’asile abrite aussi des  « pénitentes », ex-prisonnières qui sont incitées, parfois par leurs parents, à demeurer avec les religieuses pour compléter leur réhabilitation et fournir un travail rémunérateur ; si elles prennent la décision de demeurer au monastère, elles prononcent chaque année des vœux de stabilité et deviennent des « consacrées ». Le monastère de la rue Sherbrooke, à Montréal, abrite, en plus du noviciat et du couvent, une école de réforme où sont accueillies les jeunes « réformées » placées par la cour. Il accueille également les « Madeleines », ordre de contemplatives associées au Bon-Pasteur et recrutées parmi les pénitentes. Le monastère comprend enfin une école industrielle où les religieuses hébergent les « protégées » et les « préservées », fillettes de 3 à 16 ans qu’elles tentent de protéger d’un milieu familial jugé risqué ou marginal et à qui elles offrent une formation essentiellement pratique. Les protégées sont placées par des organismes variés à cause de la conduite délinquante de leurs parents ; les préservées sont souvent des enfants de parents séparés ou décédés : quelques-unes paient pension. Le choix de tous ces termes est éclairant sur la pédagogie qui inspire l’ensemble des œuvres, pédagogie basée sur la conversion et le retrait du monde. Le « Bon-Pasteur » protège les « brebis égarées » et les textes de l’époque font référence « aux brebis blessées par la dent meurtrière du loup ravisseur ». « Nous ne nous lassions jamais, disent les Annales [...], de [...] chercher et de [...] trouver des perles précieuses, perdues dans la boue et les ordures du monde. » En 25 ans, de 1876 à 1900, sur les 13 908 détenues condamnées à la prison, 839 (6 %) sont devenues pénitentes et une quarantaine (0,3 %) sont entrées chez les Madeleines. À l’exception des Madeleines et du pensionnat, toutes les œuvres sont financées, bien que très chichement, par le gouvernement provincial. À titre d’exemple, l’État paie en moyenne 168 $ par année pour chaque détenue, alors qu’un prisonnier coûte 410 $ au gouvernement.

Comptant sur la protection efficace de l’abbé François-Théophile-Zotique Racicot* à l’archevêché de Montréal, la nouvelle provinciale entreprend de mieux assurer la sécurité financière de son institut. Elle fait construire, en 1878, une chapelle semi-publique attenante au monastère, dont les revenus annuels sont estimés à 800 $. Elle prend, la même année, la décision d’ouvrir un second pensionnat à proximité du monastère, l’académie Saint-Louis-de-Gonzague, qui acquiert rapidement une réputation enviable parmi les grands pensionnats montréalais et procure des revenus additionnels. Le recrutement est si efficace que le nombre de professes passe de 76 en 1876 à 134 en 1883.

Après un voyage à la maison mère à Angers en 1886, mère Marie de Saint-Alphonse-de-Liguori consacre ses énergies à la consolidation des missions d’Amérique du Sud. Depuis 1871, en effet, le monastère de Montréal est responsable d’une mission à Quito, en Équateur, et à Lima, au Pérou, où les religieuses ont fondé à leurs frais un grand collège. La provinciale envoie des renforts et fonde de nouveaux établissements en 1887 dans les régions de Guaranda et de Napo, chez les Incas, en Équateur, et, en 1896, à La Paz en Bolivie. En 1894, le Bon-Pasteur de Montréal avait déjà envoyé 37 Québécoises en Amérique du Sud et contribuait ainsi au rayonnement international de la congrégation. Un nouveau voyage à Angers, en 1892, permet vraisemblablement à la provinciale canadienne de rendre compte de ces activités missionnaires.

En 1888, mère Marie de Saint-Alphonse-de-Liguori agrandit le monastère et installe une buanderie ultramoderne, fonctionnant à la vapeur, qui devient rapidement le principal moyen de subsistance de la congrégation. Les pénitentes et les réformées y travaillent, parfois même des préservées, ce qui n’est pas sans susciter quelques critiques dans la ville.

En 1890, à la demande de Mgr Cornelius O’Brien, évêque de Halifax, la provinciale y établit un monastère responsable des mêmes œuvres sociales ; elle est soutenue financièrement par Geneviève Walsh, philanthrope de l’endroit. En 1893, elle répète l’exercice à Saint-Jean, au Nouveau-Brunswick, à l’invitation de Mgr John Sweeny. L’année 1894 est celle du cinquantenaire, événement célébré avec solennité par un triduum de festivités et de cérémonies religieuses. Dès l’année suivante, la provinciale est incitée à inaugurer un nouveau service pour les femmes, la pension Sainte-Euphrasie, qui accueille les alcooliques et les morphinomanes dans des locaux à l’intérieur du monastère.

L’œuvre des préservées ayant pris une expansion considérable, la provinciale procède en 1895 à la construction d’une nouvelle maison, Lorette, dans l’île Jésus, où seront déménagées les préservées et les protégées de l’école industrielle. Elle en sera d’ailleurs la première supérieure en 1898, après que les nouvelles directives romaines, qui limitaient les années de service à la tête d’un même établissement, eurent mis fin à son mandat de 20 ans comme supérieure provinciale. En 1901, mère Marie de Saint-Alphonse-de-Liguori est envoyée à Halifax pour renflouer une situation financière désastreuse. Elle y multiplie les neuvaines à saint Joseph, mais procède également à l’établissement d’une buanderie sur le modèle montréalais. L’initiative est convaincante, ce qui lui permet de mettre sur pied en 1908 une nouvelle congrégation de Madeleines dans cette province, un de ses grands objectifs.

Mère Marie de Saint-Alphonse-de-Liguori, atteinte du cancer depuis 1907, meurt à Halifax le 10 février 1909. Femme douée et énergique, elle avait su incarner avec une rare efficacité administrative, mais selon l’idéologie de l’époque, le charisme particulier du Bon-Pasteur, pour venir en aide aux femmes en difficulté.

Micheline Dumont

ANQ-M, CE2-25, 24 févr. 1848.— Arch. de la chancellerie de l’archevêché de Montréal, 525.107.— Arch. des Sœurs du Bon-Pasteur d’Angers (Montréal), Corr. de Zotique Racicot ; Dossier M.-E. Cadotte ; Religieuses du Bon-Pasteur décédées, 1901–1950 ; Tableau des œuvres de la fondation.— Annales des religieuses de Notre-Dame de Charité du Bon-Pasteur d’Angers à Montréal : depuis leur établissement jusqu’en 1896 (2 vol., Montréal, 1895).— Annales du monastère de Notre-Dame de Charité du Bon-Pasteur d’Angers, dit asile Sainte-Darie à Montréal, 1870–1900 (Montréal, [1900 ?]).— Au soir d’un siècle ; le Bon-Pasteur d’Angers à Montréal, 1844–1944 (Montréal, 1944).— Sous les feux des saints cœurs : le Bon-Pasteur à Sainte-Darie, 1870–1920 (Montréal, 1937).

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Micheline Dumont, « CADOTTE, MARIE-ELMIRE, Marie de Saint-Alphonse-de-Liguori », dans Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13, Université Laval/University of Toronto, 2003– , consulté le 19 mars 2024, http://www.biographi.ca/fr/bio/cadotte_marie_elmire_13F.html.

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Auteur de l'article:    Micheline Dumont
Titre de l'article:    CADOTTE, MARIE-ELMIRE, Marie de Saint-Alphonse-de-Liguori
Titre de la publication:    Dictionnaire biographique du Canada, vol. 13
Éditeur:    Université Laval/University of Toronto
Année de la publication:    1994
Année de la révision:    1994
Date de consultation:    19 mars 2024